Peut-être savez-vous à quel point un jeune en pleine crise d'adolescence peut être insupportable. Et bien, pensez un instant que, sur Asgard, deux parents et un frère ont dû supporter la crise d'adolescence du dieu de la malice au mauvais caractère, j'ai nommée : Loki.
Après une grosse journée de travail, quoi de mieux que de passer quelques jours de repos. C'est ce que s'étaient dit les Avengers. Taper sur des méchants aliens, déjouer les plans machiavéliques d'un Asgardien habillé en vert, se faire sévèrement reprendre par le directeur du SHIELD pour avoir démoli une bonne partie de la ville, tout ça, ça fatiguait. Après tout ce chaos, ils prenaient donc une journée de repos bien méritée. Et moment de repos rimait forcément avec... Moment de détente, aidé par quelques verres évidemment, dans le salon de la tour (encore vaguement en travaux, ne prêtez pas attention à la baie vitrée remplacée par des plaques opaques, ni aux quelques échafaudages disséminés un peu partout). Et pour l'instant, l'heure était aux interrogations des Avengers, et en particulier de Tony Stark, sur le cas Loki. Plus précisément sur son enfance. En effet, après un tour de table sur des anecdotes diverses et variées, le tour de Thor s'était, de loin, avéré être le plus intéressant. Et pour cause ! Le dieu blond avait lâché plusieurs informations sur son frère adoptif. Et forcément, ça intéressait au plus au point le milliardaire.
- Attends... Ton frère, Loki, le mec qui tente de prendre le contrôle de la Terre tous les deux jours, insensible, méchant, traître au possible et particulièrement irritant au passage... S'est enfermé dans sa chambre pour bouder ?
Thor hocha positivement la tête et vida sa bière. Tony le regarda une demi-seconde et explosa de dire. Rapidement rejoint par Clint. Un sourire s'étira sur les lèvres du Cap'tain et de Natasha et même Bruce, qui n'appréciait pas vraiment le dieu de la malice, pouffa légèrement. Tony, lui, se tenait toujours le ventre.
- Une autre, une autre, réclama-t-il au dieu du tonnerre.
- Je ne pensais pas que les histoires d'adolescence de mon frère te passionneraient tant, Stark.
- Tu plaisantes ? Je crois que je suis devenu accro. Vas-y blondinet, balance les dossiers !
- Les dossiers ? répéta Thor éberlué et, pour une fois, ne relevant pas le surnom ridicule.
- C'est une expression, expédia Tony en secouant la main. Vas-y, raconte.
- Eh bien, débuta Thor, je me rappelle qu'une fois...
Et c'est ainsi que les aventures d'adolescence du petit frère, adoptif, du dieu du tonnerre étaient arrivées jusqu'aux oreilles attentives, très attentives, des super-héros.
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- Loki ! Viens ici !
- Laisse-moi tranquille Mère ! hurla le dieu de la malice à travers l'épaisse porte de sa chambre dans laquelle il s'était enfermé.
Il grogna en s'éloignant de la porte et balança son casque au sol. L'objet brillant atterrit dans un grand bruit et glissa sur le sol en marbre jusqu'à buter contre un des murs. Loki ne s'y intéressa pas et préféra se jeter sur son immense lit. Il enfouit son visage dans ses oreillers et inspira profondément. Se calmer. Il devait se calmer. Inspirer calmement. Expirer calmement. Ne pas jeter un sort dans sa chambre, il tenait trop à ses affaires. Au bout de plusieurs minutes il se sentait mieux. Ses envies meurtrières semblaient calmées quand soudain on frappa à sa porte.
- Mon frère, tout va bien ?
Loki, la tête toujours dans les oreillers, serra vivement les poings. Que venait faire cet imbécile heureux devant sa porte ?
- Mon frère ? Tu es là ?
- Dégage, grommela l'interpellé.
- Loki ?
Il fallut plusieurs secondes pour que le dieu aux cheveux noirs réalise qu'il avait parlé dans son oreiller. Il rejeta sa tête en arrière, ses courts cheveux venant chatouiller sa nuque, et reprit la parole.
- Dégage ! Laisse-moi tranquille !
Derrière la porte, le dieu du tonnerre baissa la main qui allait frapper une nouvelle fois à la porte. Thor ne comprenait pas son frère.
Il l'aimait pourtant, mais Loki semblait le détester. Pourtant, quand ils étaient encore enfants, ils s'entendaient bien. Les deux jeunes dieux avaient passé des longues journées à jouer ensemble, avaient même fait les quatre cents coups, au plus grand désespoir des parents. Quand ils avaient grandi, le dieu de la malice s'était naturellement éloigné de son frère. Préférant jouer seul avec sa magie que supporter l'exaspérante bonne humeur et joie de vivre du jeune dieu blond. Et quand était arrivée sa première crise d'adolescence, Loki, qui avait en plus découvert être un géant des glaces, avait ouvertement déclaré qu'il les détestait tous sans exception. Père, mère, frère, Valkyries, servants, cuisiniers, tout le monde y était passé. Au plus grand dam de Thor qui chaque jour regrettait l'absence de son frère. Cela faisait déjà plusieurs années que Loki l'ignorait royalement et préférait vivre sa vie dans son coin. Il s'était même échappé du palais et avait disparu plusieurs jours. Puis, il était revenu sans dire un mot et s'était barricadé dans sa chambre. Pendant près d'un an, personne ne l'avait vu.
Le dieu nordique se détourna de la porte et repartit dans les immenses couloirs du palais. Loki, lui, respirait enfin. Il se sentait tellement mieux quand il était seul. Bien qu'en y réfléchissant, il ne soit pas vraiment seul. Une double porte donnait sur son balcon, une vers sa salle de bain, une autre vers une seconde chambre. Loki se leva d'un bond et se dirigea vers cette dernière porte. Il l'ouvrit et se retrouva dans une grande pièce qu'il avait aménagée à l'aide de ses pouvoirs pour ses habitants. Aussi, en face de lui, la pièce se transformait en un grand jardin abrité sous une verrière. Un étang, caché par des arbres, se trouvait au centre de cet étrange espace vert. Sur sa gauche, des colonnes soutenant le plafond mais pas de mur, tout le pan de la pièce donnait sur le vide et la cité. Et enfin, sur sa droite, couché dans un immense panier, un loup tout aussi immense, le regardait s'approcher de ses yeux vert foncé.
- Bonjour Fenrir, murmura Loki d'une voix douce. Où est ton petit frère ?
L'énorme loup ensommeillé remua légèrement et tourna son museau vers l'autre côté de la pièce. Loki caressa les oreilles du loup pour le remercier et se dirigea vers la verrière adjacente à la pièce. Il fit un pas sur l'herbe qui remplaçait brutalement le sol sous le dôme de verre quand un hennissement retentit. Sleipnir courrait vers lui. Loki eut un petit sourire en coin et eut tout juste le temps de faire un pas sur le côté pour éviter que l'animal ne lui fonçât dedans. Le cheval était certes très rapide, voir le plus rapide, mais encore et toujours maladroit avec ses huit pattes. Ce qui donnait fréquemment des chutes monumentales quand il s'emmêlait les sabots en pleine course. Cela inquiétait souvent sa mère, particulièrement protectrice.
- Je savais que je te trouverais comme ça.
Loki écarquilla les yeux, Thor venait de sortir de derrière un arbre. Il était probablement rentré en volant entre les colonnes.
- Que...
- Maman poule, sourit le dieu du tonnerre. Tu ne peux pas t'empêcher d'aller les voir.
Le dieu de la malice dont les joues rosissaient serra les dents et détourna la tête, mais Sleipnir vint déposer la sienne sur son épaule.
- Vraiment mon frère. Comment, débuta Thor en indiquant Sleipnir.
- Je veux pas en parler, répondit sèchement Loki tout en caressant distraitement l'animal.
- Bien, dit Thor en croisant les bras. Parlons d'autre chose.
- Je n'ai pas envie de te parler, répliqua Loki, tournant le dos à son frère pour repartir vers sa chambre.
Sleipnir le suivit aussitôt, soufflant dans la nuque du dieu.
- Sleipnir ça suffit ! Laisse-moi tranquille.
Loki fit claquer sa langue avec énervement et le cheval baissa la tête en ralentissant l'allure. Le dieu de la malice s'arrêta brusquement et se tourna vers son frère qui le suivait nonchalamment.
- Je peux savoir ce que tu fais ?
- Je te suis.
Loki grogna avant de faire demi-tour pour partir rapidement vers le jardin et, plus précisément, le bassin. Il s'accroupit au bord et plongea son bras gauche dans l'eau. Un instant plus tard il le ressortit, un serpent enroulé autour. Il le lança vers Thor qui l'avait une énième fois suivi.
- Tiens.
Les yeux du dieu s'illuminèrent pendant qu'il contemplait Jörmungand sous toutes ses coutures. Loki en profita pour passer à côté de lui et retourner dans sa chambre, Sleipnir et Fenrir sur les talons. La double porte claqua dans son dos et Thor releva la tête du serpent.
- Mon frère ?
Le dieu soupira et remit le serpent dans son bassin. Le reptile siffla avant de disparaître sous l'eau. Thor s'éloigna vers le mur par lequel il était rentré, récupéra son marteau qu'il avait posé au pied d'une colonne et s'envola.
- Pas mes cheveux Sleipnir, soupira Loki alors que les naseaux du cheval frottaient ses mèches sombres.
L'animal hennit et secoua la tête. Loki l'ignora et se colla un peu plus contre la fourrure de Fenrir. Le loup était un excellent coussin, chauffant en prime. Loki dormait presque toujours contre lui, soit enroulé sur lui-même, entre les pattes du loup et le dos collé à son ventre, soit adossé contre son flanc. Dans tous les cas, la taille hors norme de son lit n'avait pour seul objectif que de permettre au canidé de dormir avec lui. Sleipnir, lui, se contentait de rester à côté, posant seulement sa tête sur le matelas. Le dieu de la malice ferma les yeux. Là, il se sentait bien. Entouré par ses enfants, certes Jörmungand manquait à l'appel mais comme il était plus à l'aise dans l'eau, Loki préférait qu'il reste dans son bassin. La respiration du dieu se fit plus lente, plus régulière tandis qu'il s'endormait. Il lui avait fallu du temps pour s'habituer à la présence des monstres qu'étaient ses enfants. Mais dorénavant, il avait une famille. Une vraie famille et pas son frère ou ses parents adoptifs. Non, c'était sa famille.