Ikura s'assit sur le lit, fatiguée. Elle ferma les yeux. Puis les rouvrit, observant son Takashi dormir paisiblement dans le grand lit. Complètement nue, elle s'étira. Puis se pencha vers lui.
- Bonne nuit, mon coeur, chuchota t-elle à son oreille.
Elle caressa ses cheveux, attendrie par cet air si paisible et apaisé que lui donnait le sommeil.
Pour une fois, c'est lui qui l'avait épuisée.
- Je prendais ma revanche, lui avait-il susurer, avant de l'allonger doucement sur le lit.
Elle sourit.
- Tu l'as eu... enfin plus ou moins, ce n'est pas moi qui dort, chuchota t-elle.
Elle rit silencieusement. Puis se rendit de son comportement. "Non, mais je rêve ! Moi, romantique ? C'est inquiètant ! La folie me guète..."
Elle fit glisser ses doigts dans ses cheveux, puis les fit lentement descendre, caressant son dos. Il était beau, comme ça. Il était beau tout court, en fait.
Elle s'allongea à ses côtés, posant sa tête sur ses bras croisés. Elle l'observa longuement. Des secondes, des minutes, des heures peut-être. Désir ? Non, passion. Passion intense et sincère. Peut-être même... amour ?
Non, pas depuis ça. Depuis ce qui c'était passé. Avec son précepteur. Elle s'était juré de ne pas aimé. De ne plus aimé. Les hommes ne méritaient pas qu'on leur donne tant d'attention. Pourquoi se torturer pour eux ?
Elle avait aimé. Oui, une seule fois. Une seule grande déception. Dégoutante.
Oui, elle l'aimait. Mais elle ne l'aimait plus. Elle avait quatorze ans, comme Ukomi. Petite garce délinquante, oui, c'est vrai. Elle ne le cachait pas. C'était bien ce qu'elle avait été. Elle l'avait même peut-être méritée. Elle lui avait déclarer sa flamme. Plus jamais elle ne le ferait. C'était la seule chose qui la paralysait littéralement, tellement elle était terrorisée. Mais elle ne disait rien à son Takashi ? Comprendrait-il ? Non. Elle l'avait bien compris. Il était si... confiant, certain que chaque personne qu'il connaissait lui disait en face ce qu'il pensait. En fait, il pensait qu'elle était juste attirée. Si elle ne lui disait pas, il ne se rendrait pas compte qu'il lui ferait mal s'il interrompait leur rendez-vous quotidiens. Il fallait qu'elle lui dise. Mais elle n'était pas encore prête. Mais si elle attendait encore trop longtemps... Ukomi et lui ferait sans doute quelque chose qu'il regretteraient longtemps. Elle savait que c'était déjà comme s'ils étaient ensemble. S'ils se regardaient dans un miroir quand ils s'observaient chacun ! On aurait dit deux amants en pleine passion fusionelle, ne partageant que leurs secrets. Oui, elle était jalouse, oui, horriblement jalouse même. Jalouse d'un amour qui n'était pas là physiquement. C'était un peu honteux d'être jalouse d'une gamine, qui n'est même pas au premier stade de l'amour...
Elle soupira. Finalement, elle essaya de ne pas y penser, sentant une boule se former au creux de son estomac, et se blottit contre son amant, enfouissant sa tête dans son puissant torse. Elle ne put pas sentir que l'homme était réveillée et observait tous ses faits et gestes.
De laquelle des deux était-il vraiment amoureux ?
L'une était fusionnelle, Ukomi. Mais leur amour était déjà condamné d'avance, c'en était d'avantage douloureux. Il l'aimait, maintenant, il le savait.
L'autre était passionelle, Ikura. Elle était douce, et ne manquait jamais d'inspiration ! A l'écoute, elle ne voulait pas le laisser s'éloigner. Elle ne s'en rendait peut-être pas compte, mais elle était extrèmement posessive. Peut-être juste jalouse. En revanche, il ne savait quels étaient ses sentiments exact envers la jeune femme. Mais ce qu'il savait, c'est qu'elle l'attirait comme un aimant. Et qu'il n'arrivait plus à ce passer de cette exquise drogue qu'était la jeune Ikura.
Il se sentait pris dans un étau, entre deux charmes différents, mais si complémentaires. Ukomi, la fougeuse, Ikura, la douce.
Laquelle l'attirait-il le plus ?
Ou les deux l'attiraient-ils, tout simplement ?
Eblouie par mon propre bohneur, cette sensation que je n'avais pas connue depuis longtemps, cette sensation qui m'avait tant manqué, abandonnée, avant de revenir maintenant. Cette sensation m'avait quittée le jour où tout avait commencé. Le jour où tout avait basculé. A jamais.
Le jour où j'étais devenue cette personne. Inexpressive, mauvaise, narquoise... mais malgré tout si fragile. J'avais quatre ans. Et pourtant, je me rapellais de tout, de tous les détails. Et je me les remémmorais encore, certaine de l'impact que ça avait eu sur moi.
C'était un jour sombre, où de lourds nuages masquaient le soleil aux rayons réconfortants. Ma mère, mon père et moi allions à une fête de leurs amis. Au début, je devais être gardé par une baby-sitter, mais elle était tombée malade au dernier moment et ils avaient été contraint de m'emmener.
Je regrettais d'avoir assister à ça.
C'était tout con, en plus.
Je me dirigeais vers une vitrine, émerveillée par les couleurs des jouets. Et oui, j'avais quatre ans, ne l'oublions pas.
C'est là qu'un type bien habillé avait comencé à se battre avec une adolescente vêtu pareillement, en pleine rue. J'avais ouvert de grands yeux, un peu effrayé par le spectacle, mais en même temps, fascinée.
J'avais réussi à comprendre que c'était un professeur-précepteur et son élève délinquante, fille de riches personnages influents. Elle était dans une maison de redressement. Et pas pour rien, d'après ce que j'avais compris.
Une petite pimbêche qui se croyait tout permis. A qui on n'avait probablement jamais dit non, une de celles que je haïssais. Une fille riche, qui se foutait de tout, et qui était une emmerdeuse de première. Une fille super jolie en plus. Une file gâtée par la vie. Mais qui ne se rendait pas compte qu'elle gâchait tout, cette garce. Et j'ai envie de dire que c'est bien mérité.
Par la suite, elle est passée devant un tribunal correctionnel. Elle a été condamnée à trois ans, je crois. C'est triste, à dix-sept ans.
Et je crois qu'elle avait retâpé sa vie, après être sortie de taule. J'espère qu'elle souffre, cette petite garce.
Alors, mon père a voulu intervenir, mais la fille a mal réagi et lui a donné un coup en criant quelque chose d'indigne pour mon père que je ne penserais pas.
Le précepteur a tapé la fille à la figure, elle est tombée par terre. Pourquoi est-ce que je me souviens que maintenant qu'elle aussi en a pris plein la gueule ? Peut-être que c'est parce qu'à la télé, ils ont dit qu'elle avait agressé son précepteur et mon père, et qu'elle n'avait jamais eut de coups. Une autre preuve que la vie est injuste, même pour elle. Quelque part, elle avait dû avoir des parents étranges pour la laisser traîner avec des types pareils, la laisser devenir ça, tout simplement.
Alors, le gars la tabasse, en lui lançant des coups de pieds. Je crois qu'elle pousse un cri de rage et se jette sur lui. Elle l'étrangle. Je sais que c'est étrange, mais pour ça, je ne lui en veux pas d'avoir essayer de massacrer cette ordure. Je sais toute l'adrénaline qu'on ressent quand on se bat, je sais aussi que quand on se prends un coup, on pourrait faire n'importe quoi, même tuer, pour remettre son adversaire à sa place. Je le sais, parce que j'ai déjà fait la même chose. Mais pas dans le même contexte. Un type qui avait essayé de me désapper en pleine rue. Maintenant que j'y pense, j'avais déjà croiser cet étrange couple. Ce même précepteur... oui, je me rapelle ! Il aurait dû être condamné pour attouchements et tentative de viol comme l'avait dit le juge, mais après une courte pause, il avait changé d'avis. Tiens donc ! Un peu d'argent, monsieur le juge ? Raaah ! C'est déguelasse. La fille, elle, fut comdamné pour agression, avec un allégemment parce que c'était de la légitime défense. Oui, c'est ça, le type avait un couteau.
Alors mon père a voulu empêcher le type d'embrocher la fille avec le couteau... Il s'est interposé. Et... il a tout pris.
Voilà comment mon père nous a quitté. Et on avait aussi déversé pas mal d'argent pour le procès.
Plus tard, autour de mes neuf ans, on a appris pour la maladie de ma mère. Irréversible, sauf opération. On avait pas assez pour l'opération. On n'a toujours pas assez d'ailleurs. Alors, voilà. C'est tout. Voilà comment, en enchainant malheur sur malheur, j'en étais arrivé là. Mais maintenant, grâce à Ikura...
Ikura ! Cette jeune adolescente, aux yeux magnifiques, d'un vert sublime. Oui, maintenant, je sais. C'est ça. C'est elle. Mais à l'époque, elle était étrangement plate, sans forme. Etrange. Comme quoi tout peut devenir magnifique.
C'est elle qui a pris tout à cause de ce connard ! Elle a pris trois ans alors que ce bouffon batifole tranquillement à essayer de violer d'autres filles innocentes. Ikaru aurait été... violée ? Non, tentative, hein ? D'un coup, je ne suis plus sûre.
Je me met à pleurer. Pour elle, pour tout ça. Qu'est-ce que c'est que ce monde de merde ?
En fait c'est seulement mainenant que je me rends compte de tout ça. De tous ces petits détails qui m'avaient autrefois échappés. Je m'en rends compte maintenant. Parce qu'avant, j'étais trop préocuppée par mon père. Maintenant, je vois tous les autres qui étaient là, je me rapelle même qu'un type avait une petite verrue sur le menton. En fait, je m'en rapelle parce qu'il y a eu un évènement qui a provoqué une sorte de secousse. Un moment de bohneur. Comme s'il me disait, réveille-toi, sors de ta torpeur.
"Le malheur n'est pas partout présent, il suffit d'apprécie tous les autres petits bohneurs de la vie."
Voilà ce que lui avait dit Ikura. Oui, tous ces petits bonheurs, comme aimer, être aprécier par une amie, savoir que quelqu'un se soucie de vous. Que vous n'êtes pas seule à avoir souffert. Qu'on vous soutiens. Et ma mère. Ma mère qui lutte tous les jours pour rester à mes côtés. Ma mère que je peux voir tous les jours. Avoir son amour. Oui, c'est pour ça que je ne me suis pas suicidée. Ce serait trop lâche de ma part. Je ne pouvais pas la laisser là, seule, à attendre sa dernière heure.
Amour... L'amour d'une mère. Je cromprenais maintenant que c'est le plus précieux amour que l'on peut avoir. Avec celui d'un père. Chose qu'Ikura avait perdu. Somme toute, nous étions quasiment à égalité.
De mon côté, la misère, l'incompréhension, la détresse, le désespoir et la maladie.
Du sien, des abus, peut-être même un viol, toujours de la détresse, sa solitude familiale, une déprime, de la prison, la culpabilité d'avoir participé à cette bagarre et d'avoir provoqué le courroux de son précepteur pervers, et ainsi, sans l'avoir voulu, tuer mon père.
Oui, on pouvait dire qu'on était à égalité.
Je continuais à verser mes larmes. Quelque part, ça faisait bien de tout vider. J'entrais dans l'appartement, le vieux gardien fut surpris de me voir rentrer aussi tôt, dans cet état. Aussi ne fit-il aucun commentaire. Je pénétrais notre petit appartement.
Je vis ma mère. Maigre, fièvreuse, mais vivante. Allongée sur le canapé. Dans la pénombre. Je vins près d'elle et la serrait contre moi.
Maman... si tu savais tous les sentiments contradictoires que j'ai ressentie ces derniers jours...
Tout ça depuis l'arrivée de Tsunade.
Quelque part.
Merci, professeur.
Mais j'espère secrètement qu'il n'est pas télépathe. Je n'ai pas envie qu'il entende ça. J'aime bien le charrier...
Daichi Giichiro laisser échapper un long soupir. Exaspéré, voir désespéré. Le vieux proviseur, grand, mince et sympathique, se faisait violence pour punir ses élèves. Il avait horreur de le faire. Surtout cette petite Genki. Surtout ce qu'il était en train d'écouter.
- Alors, monsieur Giichiro ? Nous avons votre feu vert ? demanda un des trois agents de police.
- Je ne sais pas. Etes-vous vraiment certain que le témoignage d'alcooliques, de drogués et de pervers soit suffisant pour arrêter une jeune fille ? Mademoiselle Genki commencera par s'expliquer avec moi, en compagnie de son professeur principal. Je ne pense vraiment pas qu'elle est tabassé toute cette vermine dans un bar miteux. Et puis, que faisait-elle là-bas ?
- Je ne pourrais pas l'expliquer, monsieur. Pouvons-nous interroger son professeur principal sur son comportement général ?
- Oui, pour commencer, mais sachez qu'il n'est pas arrivé, aujourd'hui. Depuis ce matin, il est absent. Il a dit qu'il prenait un congé.
- Bien. Est-il en compagnie de la petite ?
- Je ne crois pas mais il avait dit qu'il était en présence d'une personne avec qui il voudrait passer du temps.
- Genki ?
- Je ne pense pas. Vous m'écoutez quand je vous dit que je ne sais pas ? Cela va faire plusieurs jours que mademoiselle Genki ne vient pas en cours. Je ne suis pas agent secret. Tout ce que que je peux faire, c'est essayer de l'aider, même si elle refuse catégoriquement toute aide extérieure.
- Hum. Vous a t-il précisé la personne avec qui il était ? Une femme, je pense, fit l'agent en souriant.
- Non.
- Une collègue, peut-être ? Un enseignant n'est pas là, aujourd'hui ?
- L'infirmière, mais elle s'occupe également d'un cabinet, donc il est possible que...
- Hey ! L'enfoiré ! Il se tape l'infirmière !
- C'est laquelle ?
- La meuf bien roulée en blouse blanche.
- Ah, ouais, le salopard. Elle est trop bonne, cette petite salope !
Le proviseur pianota sur son bureau. Les agents se détournèrent dans une ignorance royale digne d'Umiko. Ils quittèrent le bureau, direction la baraque de Tsunade.
Daichi soupira. Pauvre Umiko, pauvre Takashi. Qu'est-ce qu'ils vont leur faire ?
Et aussi Ikura. Il avait peur de les laisse seuls avec elle. Il suffisait de les entendre parler d'elle comme une canette de bière, on imaginait bien le gente d'interrogatoire qu'ils lui réserveraient.
Il décida de les attendre au poste de police.
Enfin, police...
Si on peut appeler ça police...