Ikura Hyuga poussa la porte en soupirant. Encore une journée de travail qui s'annonçait longue et vaguement ennuyeuse. Vêtue d'une jupe et d'un simple chemiser blanc, elle ne se compliquait pas particulièrement la vie.
Elle saisit sa blouse blanche et l'enfila en réprimant un long baillement, encore ensommeillée. La nuit qu'elle venait de passer avait été interminable. Elle n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, en réfléchissant à ce qu'elle avait entendu.
" - Ukomi m'inquiète, elle est devenue encore plus agresseive, envers un professeur cette fois ! exposait le dirlot à un des professeurs de la jeune Genki.
- Hum... si vous voulez mon avis, il faudrait la faire transférer dans un établissement de redressement pour délinquants.
- Ce serait effectivement la solution. Je vais en parler avec la petite. Au pire, j'irais personellement rendre visite à sa mère."
Cette pauvre petite n'avait rien demandé à personne, qu'on lui fiche la paix ! Et si elle était réellement transférée ?
Ikura passa une main lasse dans ses cheveux et les ébouriffa en soupirant. Mais elle ne pourrait en aucun cas intervenir, elle était infirmière, pas psy.
Ikura haïssait les psys. Etant petite, elle avait été une jeune délinquante, un peu comme Ukomi. Mais à la différence près qu'elle avait été une enfant trop gâtée à qui on n'avait jamais dit non. Son transfert dans un établissement pour délinquants l'avait confronté à la dure réalité. Plusieurs fois remise à sa place, quelques fois tabassée par d'autres délinquants, elle avait progressivement sombrée dans une noire dépression, se renfermant sur elle-même. Une psy l'avait pris en charge, et, au lieu de l'aider, avait aggraver son cas en lui répétant sans arrêt que son petit délire n'intérréssait personne et que ses parents, qui ne lui avaient jamais refusé quelque chose, ne s'intérréssaient absolumment pas à leur fille. En gros, "tout le monde te hais et tu le sais."
Merci, docteur. "Vous ne pouvez pas savoir à quel point vous m'avez aidé... Sale petite pétasse !"
Ikura toussa, saisit d'une peur un peu idiote. Imaginez que quelqu'un entende ses pensées... Très pédagogique, pour une infirmière, vraiment.
Finalement, elle était devenue encore pire. Vraie petite racaille, totalement persuadée que tout le monde lui mentait et que ses parents l'aimaient plus que tout, elle avait déjà passé le cap du jeune rebelle. Ne faisant qu'empirer, elle s'était retrouvé devant un tribunal correctionnel. Alors que les témoins passaient à la barre, vint le tour de ses parents.
Ce jour était gravé à jamais dans sa mémoire.
" - Condamnez-là à ce que vous voudrez, je m'en fiche, cette petite garce le mérite bien."
Voilà les seuls mots que sa mère avait prononcé et que son père avait acquiesçé, la blessant profondémment, choquant tout le public, juges compris. La psy, elle, comptait son argent avec un petit sourire entendu.
" Je ressens de violentes pulsions, j'ai l'impression de glisser vers le fond... mais... j'adore ça."
C'est ce qu'elle s'était dit. Mais elle s'était vite remise sur le droit chemin.
Ikura balança un coup de pied rageur dans un lit de l'infirmerie en y repensant. Et elle gémit.
- Putain de merde, fichu lit ! s'écria t-elle en sautillant sur place.
- Quel language châtié pour une aussi jolie jeune femme, fit une voix amusée.
Elle se retourna, s'apprêtant à remettre à sa place un nouveau prétendant. Sauf que pour un prétendant, il était bien plus mignon que d'habitude...
Une vingtaine d'année, de beaux yeux vert sombre, des cheveux bruns en bataille soyeux et un apparent flegme naturel. Racé, élégant, il ne ressemblait en rien aux ogres qui lui faisait la cour à tous les repas.
Elle s'assit sur le lit et sourit, y mettant du sien en repoussant lentement une mèche.
- Que me vaut l'honneur de votre visite, bel inconnu que ne connais pas, ce que je regrette profondémment ?
Il s'esclaffa.
- Takashi Tsunade, marmonna t-il.
- Oh rien, juste... ajouta t-il, avec plus de délicatesse.
Il passa un doigt hésitant sur le bureau d'Ikura.
- Je voudrais savoir... heu... Ikura ?
- Oui.
Il s'était renseigné. Ikura l'encouragea à continuer, ça sentait bon le duo sous les draps. Ne croyez pas qu'Ikura était une fille facile... simplement... qui cracherait sur un morceau pareil, hein ?
- Hem, il semblerait qu'Ukomi est fini par passer ses déjeuners dans votre bureau, je me trompe ?
Quelque peu déçue, Ikura croisa ses longues jambes galbées. Ukomi...
- Fascinante jeune fille, murmura Ikura.
- Je suis bien de votre avis, c'est pourquoi je voudrais que vous me renseigniez.
La séduisante infirmière fronça les sourcils.
- C'est-à-dire ?
- Sais-tu... je peux vous tutoyez ?
Elle hocha affirmativement la tête. Son comportement de gentleman lui plaisait.
- Sais-tu quelque-chose que mes collègues et moi ignorons ?
- Et bien... c'est délicat, j'ai donné ma parole. Je ne suis pas psy, mais je respecte mes engagements.
- Vous êtes infirmière. Votre travail consiste aussi à aider autrui, déclara le bel enseignant, oubliant qu'il pouvait la tutoyer.
- Effectivement. Mon travail, c'est ma foi vrai, consiste à aider autrui. Mais sur le plan physique, fit-elle, appuyant un peu plus sur le dernier mot.
Elle se leva et marcha vers lui, l'air d'un fauve sur le point de dévorer sa proie. Il ne bougea pas. Elle crut percevoir une certaine agitation chez le jeune homme.
Elle arriva près de lui et se saisit de veste, caressant sa cravate du bout des doigts.
- J'imagine... que je que je raconte ne vous intérresse pas ? demanda t-il.
- Exellente question, mon cher, rouccoula t-elle.
- Hum... je suppose qu'on pourrait trouver un arrangement ?
- Vous supposez bien. Mais à mes conditions.
Il soupira. Mais avec un sourire réprimé qui n'échappa pas à Ikura.
- Je vous écoute, mademoiselle. Quelles sont vos conditions ?
- Hum... vous devez bien avoir une petite idée, non ?
Il se passa une langue humide sur les lèvres.
- Exact.
- Bien bien. Je veux qu'on s'arrange... hum, que diriez-vous de demain soir, chez moi ?
- Pourquoi pas... maintenant ? souffla t-il, l'oeil brillant.
Surprise, Ikura ne vit pas la main câline se glisser sous sa chemise. Elle gémit. Ses mains étaient brûlantes.
Il la fit reculer et la colla contre le mur. Elle n'avait pas pour habitude de se laisser dominer, mais il avait une manière si particulière de la charmer et un irrésistible elle-ne-savait-quoi de très craquant.
Elle se blottit contre lui, l'air complètement soumise. Pitié, qu'est-ce que c'est que cet air mièvre et soumis ?! se sermonna t-elle intérieurement. Mais elle n'eut pas le temps de reprendre son souffle qu'il déboutonnait la chemise devenue encombrante d'Ikura. Haletante, elle gémit de plus belle quand il l'enlaça, plus tendrement encore qu'elle n'aurait osé rêver.
Mais il tenait à en finie au plus vite, c'est pourquoi, aussitôt, il la repoussa et la caressa de plus belle. Ikura ferma les yeux. Ses lèvres... elle voulait absolumment les goûter...
Elle s'empara de sa nuque et l'attira à elle. La distance qui les séparait fut réduite à néant et ils échangèrent un fougueux baiser. Ikura, à bout de souffle, le rompit à contrecoeur.
Mais alors qu'elle comptait l'emmener un peu plus loin, il se saisit de ses mains et les bloqua dans son dos. Ahurie, Ikura fut immobilisée sans aucuns problèmes, à sa plus grande honte.
- Je dois avouer m'être bien fais avoir, sourit-elle.
- Je ne peux pas attendre vos aveux, pardonnez-moi. Que savez-vous d'Ukomi ?
- Ahaha ! Ukomi, Ukomi, vous n'avez que ce mot là à la bouche, fichtre ! Je vais finir par être jalouse, rit Ikura.
Sans raison apparente, il rougit. Elle se demanda à quoi il pouvait bien penser.
- Bon, je vais pas rester coincée dans cette position toute la journée, si ?
- C'est à vous de voir, Ikura.
- Vous finirez bien par vous ennuyez, mon cher. Et vous vous distrairez avec les moyens du bord...
Fière de son insinuation, elle observa sa réaction. Il leva les yeux au ciel.
- Ce n'est pas de cette façon que vous me ferez pliez, répondit traquillement Takashi.
- Mince, alors ! Il va falloir que j'aille aux toilettes... le cas présent, vous m'accompagnerez ?
- Vous ne renoncez pas facilement, n'est-ce pas ?
- Non. Surtout pas sur une aubaine pareille ! Non, monsieur, je ne vous laisserais filez pour rien au monde !
- Je m'en doutais. Néanmoins, vous m'obéirez.
- C'est cela, oui, fit la jeune infirmière en riant.
- Vous le prenez comme ça ? D'accord. J'ai bien vu vos réactions, et je vais en tirer profit.
- Mes... quoi ?
Il se colla complètement à elle, la plaquant un peu plus contre le mur.
- Oh ! Mes fesses sont confortables ? ironisa t-elle.
- Bien, bien. Coriace, la demoiselle.
Il sourit. Qu'avait-il donc derrière la tête ?
Takashi colla une partie sensible contre les fesses de l'infirmière. Poussant un cri de surprise, elle sentit des frissons la parcourir.
- Je n'ai pas pour habitude de pratiquer ce genre de... technique, monsieur Tsunade, je vous préviens.
- Ce n'est pas non plus mon genre. Mais... je pense que...
Il passa son doigt sur la colonne vertévrale d'Ikura. Elle gémit. Désir et envie bouillaient horriblement en elle. Une horrible douleur au bas-ventre la prit.
- Je croyais que... aaaah... la torture était interdite par la loi, essaya t-elle de placer faiblement.
- A ce point là ? Je pourrais continuer longtemps...
Quand allait-il cesser son petit jeu ? Il l'exitait suffisamment sans en rajouter une couche.
- Bo... bon, d'accord, ça suffit ! murmura t-elle. Arr... arrêtez ! supplia t-elle.
Il passa ses bras autour de son délicat ventre plat, ce qui la fit frissoner encore plus, et souffla dans sa nuque.
- Je vous écoute. Très attentivement.
- Si... si je... je vous balance tout, vous finirez le travail ?
- Hypothèse.
- Certitude... si... sinon... vous pouvez vous les mettre dans le cul mes aveux.
- Croyez-vous être en position pour négocier ?
Il marquait un point.
- Aaaaaaah, gémit-elle. Je vous en prie.
- Hum. Dîtes, je verrais bien si vous le méritez, sussura t-il au creux de son oreille.
- Raaah ! Vous m'emmerder, saviez-vous ?
Il rit.
- J'imagine que ce n'est pas tous les jours que vous vous faîtes soumettre par un homme ?
- Jamais. Pas mes principes, marmonna t-elle. C'est bientôt fin...
La porte claqua soudainement. Takashi se retourna vivement et vit une crinière noire qui disparaissait, témoin d'une situation embarassante.
- Ukomi ! s'écria t-il avant de lâcher Ikura.
Elle faillit tomber à genoux, ce qu'elle s'abstint de faire, dans toute la dignité qu'il lui restait. Quelle humiliation ! Elle se promit de se venger de Takashi Tsunade.
En attendant, que faire ?
Rester ici bien sagemment comme une brave petite infirmière ?
Certainemment pas ! C'était bien plus marrant de quitter son poste pour se lancer à leur poursuite.
- Hum, il faut que je cours, murmura t-elle. Tant pis ! Je peux bien faire un petit effort de tant en tant.
Reste à empêcher Tsunade de se faire mettre KO par la jeune fille. Quoi que... ?
Elle secoua la tête. C'était à elle de lui faire payer cette affront !
Elle s'élança. Par bonheur, elle n'avait rien perdu de sa rapidité.
Takashi s'élança à sa poursuite. Mais la perdit bien vite. Elle était trop rapide. Valait-il mieux se rendre au bar où elle travaillait illégalement ?
Illégal... ce mot lui faisait sans cesse penser à son action. Il avait honte d'avoir agi ainsi envers une jeune femme innocente, néanmoins, comme personne ne semblait se soucier d'Ukomi, c'était un risque à prendre pour s'informer un peu plus sur la jeune fille.
ll soupira. Comment convaincre cette furie qu'il voulait l'aider ?
Soudain, une main frappa l'arrière de son crâne.
- Aie heu !
Il se retourna.
- Vous ! s'écria t-il.
Ikura Hyuga sourit de toutes ses dents.
- Pourquoi vous m'avez frappé ?! s'écria Takashi.
- Petite vengeance personnelle... mais c'est loin d'être fini ! Vous avez des comptes à me rendre !
- Hum, grommela t-il. Vous avez une idée ?
- Une idée ? J'en ai toujours plein en réserve des idées !
- Je ne parlais pas de ce genre d'idée...
- Moi non plus ! Vous avez les idées bien mal placées pour un enseignant à la poursuite d'une de ses elèves chéries ! s'écria Ikura, faussement outrée.
Choqué, Takashi la regarda droit dans les yeux.
- Moi, j'ai les idées mal placées ? C'est vous qui vous faîtes des films.
- Vous ais-je déjà dit que vous embrassiez bien ? demanda t-elle d'un air innocent.
Tsunade rougit.
- Ce n'est ni le moment, ni le lieu pour aborder ça ! s'écria t-il.
- Exact, alors, comme vous n'ignorez pas mes avances, ça veut dire que je peux m'incrustez dans votre lit ? plaça sournoisement Ikura.
- Vous êtes impossible !
- Non, fortemment têtue, nuance. Au, et, juste au passage, on ferait mieux de l'attendre devant le bar.
- Comment savez-vous ça ?!
- Une infirmière sait tout, et doit tout savoir ! Y compris les monologues dans les bureaux...
- Vous m'espionniez !
- Hey ! C'est pas moi la skizo, que je sache.
Il s'empourpra.
- Pas du tout, je réfléchissais à voix haute !
- Mais bien sûr.
- Vous êtes vraiment...
- Charmante ? Irrésistible ?
Il leva les yeux au ciel.
- Aidez-moi à la retrouvez, sinon, on va la perdre !
- C'est un peu logique, non ?
- Ah ! Arrêtez de vous moquez de moi !
- Si je veux. Et ce n'est pas le cas.
Il soupira. Drôle de coéquipière.
- Bon, je vais dans cette direction, vous, vous rebroussez chemin et allez l'attendre au collège, on ne sait jamais.
- Vous savez très bien qu'elle ne reviendra pas là-bas. Elle, elle n'est pas stupide. Oh, mais ! je viens de comprendre ! Vous voulez vous retrouvez seul à seule pour lui déclarer votre flamme ardente ! Et votre tromperie prématurée...
- HIN ?!
Il rougit violemment.
- MAIS CA VA PAS D'INSINUER DES CHOSES COMME CA !!!???
- Je n'insinue pas, je constate. Et puis, si vous voulez être crédible, arrêtez de rougir.
- N'importe quoi, je ne rougis pas ! Allez, faîtes ce que je vous demande !
- Ben voyons...
Il était mignon quand il était embarassé...
Ikura tourna les talons et attendis qu'il disparaisse. Maintenant, il était tout à son loisir de surveiller les agissements du jeune professeur. Ikura était très sérieuse face à l'évidente attirance qu'il éprouvait pour Ukomi. Et elle ne devait pas laisser se produire cela. Elle ne voulait pas qu'ils tombent tous les deux dans l'illégallité...
Et puis maintenant... maintenant qu'elle était tomber éperdumment amoureuse... c'était SON Takashi...
Ukomi commençait à avoir mal aux jambes. A force de fuir, elle transpirait. Et elle détestait transpirer.
Elle reprit sa respiration en s'adossant à un mur crasseux. Des pas parvinrent à ses oreilles. Son battait la chamade. Elle ne voulait pas que Tsunade la retrouve... mais d'un autre côté... quelque chose en elle voulait qu'il la prenne dans ses bras et lui dise que tout allait bien, que tout irait bien, désormais...
" Mais à quoi je pense !"
Frustrée, elle croisa les bras. Oui, c'était bien de la jalousie qu'elle avait éprouvée en stoppant les ébats amoureux de sa confidente et de son professeur. Et elle n'aimait pas ça. Ikura était une jeune femme qui avait, elle aussi à un moment de sa vie, tout perdu. Certes pas de la même manière, et c'était même un peu plus grave qu'elle, comme l'avait gentiment supposée l'infirmière, mais elles avaient ça en commun, et c'était pour ça qu'elle était la meilleure des psy pour son cas. Elle lui apprenait à supporter ses ennuis quotidiens dont elle ne connaissait pas l'ampleur. Elle lui répétait sans cesse:
"Je sais que tu dois avoir de bonnes raisons d'agir comme ça. Mais tu sais, dans la vie, il faut avancer... et pas à reculons !"
Et elles avaient ri.
Ukomi soupira. Et son souffle resta bloqué dans sa gorge quand elle vit appraître son professeur à l'angle de la rue.
Il l'avait vu, et elle était trop fatiguée de fuir. L'affrontement direct était innévitable.
Mais comment chacun allait-il réagir face à l'autre ?