Deuxième atelier de 2023

par S3b34

Deuxième atelier de 2023

1 : Décrire la médiathèque du point de vue d’un extra-terrestre.

Le commandant m’a désigné pour aller explorer un hameau que les autochtones appellent Carnon. Il m’a fallu, à mon grand dégoût, endosser l’apparence des primates qui pullulent sur cette planète. Me voici devant un petit bâtiment de verre et de béton, que les gens d’ici ont certainement le front de trouver beau.

Ce qui m’a le plus intéressé, ce sont les salles de l’étage qui font office de médiathèque.

À l’entrée, un accueil avec de vraies personnes et non des hologrammes générés par intelligence artificielle. Les médiathécaires sont équipés d’un matériel informatique antédiluvien. Juste à côté, se trouve un îlot où des appareils du même type sont mis à la disposition du public.

La majeure partie de la médiathèque est remplie de banques de données archaïques, faites de papier et de carton. Mais peut-être serait-il plus juste de considérer que c’est ce lieu lui-même qui constitue une banque de donnée, les éléments décrits n’étant que des fichiers.

Ceux-ci sont classés selon un système d’arborescence spatiale. Des primates braillards errent au milieu des étagères surmontées d’écriteaux, à la recherche de ce qu’ils convoitent. Les individus adultes glapissent parfois plus fort que leur progéniture à la voix suraiguë. Certains aboient dans leurs téléphones primitifs, alors que c’est normalement interdit. Mais personne ne fait respecter l’ordre, ce qui semble d’ailleurs être un problème général de cette société décadente.

La salle du fond est consacrée à la bande-dessinée, à la musique et au cinéma. Il ne faut cependant s’attendre ni à trouver de la réalité virtuelle, ni même des films holographiques immersifs et en relief, comme ceux qu’appréciaient nos grand-parents. Uniquement des disques compacts audios et vidéos, ces derniers ne permettant de visionner que des images en deux dimensions.

Je me suis déjà trop attardé, et il me faut explorer le reste du hameau.


2 : Donner la parole à un objet puis lui faire raconter, à la première personne, l’histoire de son propriétaire.


Lyradelphe


Au commencement des temps, Hermès le Rusé,

Voyant une tortue, eût l’idée de créer

Un nouvel instrument de musique à partir

De sa carapace : la première lyre.


Il fit ensuite cadeau de son invention

Au dieu patron des arts, le brillant Apollon.

Des siècles et des siècles plus tard, celui-ci

Voulut enseigner la musique à son pupille.


Il commanda alors au plus grand des luthiers,

Un bel instrument, digne de son protégé.

Ainsi, des mains de Lyropoïos, suis-je née.

Puis Apollon décida de me baptiser :


« Lyradelphe, amie et servante de Dumias. »

Ma forme ronde rappelle la carapace

Avec laquelle fut fabriquée la première

De notre lignée d’instruments à la voix claire.


Les débuts de Dumias furent difficiles.

Mais maintenant j’aime quand ses doigts agiles

Me parcourent, me caressent et me pincent.

Je le suis pour jouer dans toutes les provinces.


Nous voyageons ensemble par vaux et par monts,

Depuis que Phoïbos lui donna cette mission :

« Prends ta lyre et ton bâton, Dumias. Part au loin

Chanter les hauts faits des héros des temps anciens. »


Au crépuscule, nous descendons chez les humains.

Au pèlerin, ils offrent le pain et le vin.

Mon maître me prends et m’emmène au coin du feu.

De ses lèvres s’élève un chant mélodieux.


Ses doigts pincent mes cordes et me font vibrer.

Une musique que je ne peux réprimer,

Commence à ravir et enchanter l’assistance.

J’exulte de joie, lui et moi sommes en transe.


Hélas ! Il faut toujours que la mélodie cesse,

Que la magie s’efface, que retombe l’allégresse.