Chapitre 1 : Et si je n’avais pas été la meilleure amie d’un narcissique, égoïste, sadique, manipulateur et très méchant garçon
Tout avait commencé un dimanche matin, dans une usine désaffectée de la banlieue nord de Konoha. Je me souviens avoir errée quelques minutes dans les bâtiments en ruine sans croiser âme qui vive. Je jetai régulièrement des coups d'œil à ma montre ce qui ne faisait qu'augmenter ma panique. J'allais être en retard au traditionnel brunch d'affaire que mon père et ses amis organisaient tous les premiers dimanches du mois. Étant l'héritière de l'immense empire financier de mon père, je ne pouvais me permettre de louper ce rendez-vous mensuel avec la majorité des grands hommes du pays. Je cherchais frénétiquement du regard un quelconque signe de vie dans les alentours.
Finalement, une main surgie de nulle part et s'abattit sur mon épaule, m'arrachant un cris de surprise. Je fis volteface et me retrouva nez à nez avec un curieux personnage. Ses cheveux blancs étaient plein de nœuds, d'énormes cernes trônaient sous des yeux aux étranges pupilles violettes. Il était torse nu, son jean troué de partout lui tombait sur les hanches dévoilant le haut d'un caleçon aux couleurs vives, un joint à la main. Malgré moi, j'eu un mouvement de recul, ce qui sembla le faire sortir de sa léthargie. Il me dévisagea longuement, se demandant probablement ce qu'une fille comme moi venait faire dans un endroit comme celui-ci. Il fit un pas en avant, j'en fit un en arrière ce qui parut l'amuser. Ses lèvres s'étirèrent en un drôle de sourire et, sans dire un seul mot, il me fit signe de le suivre. J'hésitais. Je ne le connaissais ni d'Ève ni d'Adam, et bien que son état plus que déplorable sur le moment me permettrait d'avoir l'avantage sur lui en cas d'agression, je n'étais pas très rassurée. Ce fut un énième coup d'œil à ma montre qui me décida. L'heure tournait, et comparé à la colère de mon paternel, le garçon devant moi me semblait aussi inoffensif qu'un agneau.
Je lui emboitais donc le pas, le laissant me guider à travers de nombreux couloirs. Nous finîmes par pénétrer dans une pièce qui semblait légèrement en meilleur état que le reste des bâtiments. Une horrible odeur de tabac, d'alcool, et de vomis flottait dans l'air. Toutes sorte de vestiges de la fête qui avait eu lieu la veille jonchaient le sol, bouteilles, canettes, emballages, boites de pizzas. On avait aménagé la pièce à l'aide de canapés et de fauteuils tous plus miteux les uns que les autres. Sans plus me soucier de mon guide improvisé, je me mis à enjamber les corps des quelques fêtards qui avaient finis leur soirée ici, scrutant les visages, désespérant de reconnaitre celui que j'étais venue récupérer. Ce fut un enchevêtrement de mèches noires corbeau s'échappant d'une couverture plus vraiment bleue qui attira mon attention. M'accroupissant près du dormeur, je reconnus sans trop de mal le but de mon périple. Posant doucement la main sur son épaule, je me mis à le secouer énergiquement.
_Sasuke, Sasuke, réveille-toi.
Je n'obtenais pour résultat qu'un vague grognement tandis qu'il me tournait le dos. Je soupirai, loin de me décourager. Il n'avait jamais été du matin et, bien que désolé pour lui du réveil brutal que je m'apprêtais à lui faire subir, je me saisis de la bouteille d'eau que j'avais toujours dans mon sac et en déversai le contenu sur le jeune homme à mes pieds. Résultats garantis, il se redressa en sursaut, l'air hagard. Ne lui laissant pas le temps de s'indigner, je déclarais à toute vitesse:
_Jesuisdésolémaistuneteréveillaispasetonestdéjàsuperàlabourre.
Je repris ma respiration. Il me fixa quelques secondes un sourcil levé signe qu'il n'avait strictement rien compris de ma tirade. Il se résigna néanmoins à se lever sans faire d'esclandre et pris la direction de la sortie. Je m'empressais de le rejoindre sachant pertinemment qu'il n'aurait jamais la gentillesse de m'attendre.
Sans un mot, nous quittâmes les lieux. Quelle ne fut la ma surprise lorsque, me dirigeant vers ma voiture garée sur le trottoir d'en face, j'aperçus le garçon de tout à l'heure adossé contre cette dernière. À la lueur qui s'alluma dans ses yeux, je sus qu'il nous attendait. Je lançais un regard interrogateur à Sasuke qui se contenta de lever les yeux au ciel. Il rejoignit l'inconnu, posa une main sur son épaule et lui murmura quelque chose à l'oreille qui n'eut pas l'air de faire grand plaisir à l'autre. Il me lança un bref regard où pointait un mélange de curiosité et de frustration, ce qui eut le don de m'agacer légèrement. N'étant pas de nature à faire des histoires, je gardais ce sentiment au plus profond de moi tout en m'installant au volant de ma coccinelle, dans l'attente que ce très cher Sasuke daigne venir prendre place à mes côtés. Enfin il monta dans l'auto, mais quel ne fut pas mon étonnement lorsque l'autre en fit de même. Je me tournais vers mon ami d'enfance.
_Euh Sasuke, est-ce que ...
Passant sa main sur son front, signe qu'il en avait déjà ras-le-bol, il me lança un "on le ramène, vas-y démarres!". Je soupirai, maudissant ma nature passive. Je jetais un coup d'œil à l'horloge numérique du tableau de bord: 10h45. Bien il nous restait quarante-cinq minutes pour traverser la moitié de la ville, rendre Sasuke présentable (ce qui incluait bien entendu douche, rasage, habillage), puis traverser l'autre moitié d'en la ville, la banlieue nord et continuer jusqu'à la petite villa de mes parents une trentaine de kilomètres plus moins. Je lançais un regard noir à la cause de tous mes malheurs. Bien entendu celui-ci m'ignora totalement. De toute façon, je savais pertinemment ce qu'il m'aurait répondu si j'avais eu le courage d'énoncer mes reproches de vive voix. Il m'aurait regardé, son sourcil droit relevé, un micro sourire sur les lèvres, et aurait reporté la faute sur moi et mon caractère de bonne poire. Et il m'aurait été difficile de prétendre le contraire. Alors il aurait gracieusement accepté les excuses que je ne lui aurai en aucun cas faites. Sérieusement, je n'avais jamais compris comment ce sale type était devenu mon meilleur ami. Enfin il avait quand même ses bons côtés parfois. Un bref coup d'oeil dans le rétroviseur me rappela la présence du garçon aux cheveux bleus. Je sursautais. J'avais complètement oublié mon passager de dernière minute. Je donnais un discret coup de coude à Sasuke avant de lui chuchoter discrètement :
_ Faut le déposer où ton ami?
Il réfléchit quelques instants avant de se tourner vers le jeune homme aux cheveux blancs :
_ On te jette à Oto Sui.
Ce n'était pas une question, encore moins une proposition. Fidel à lui-même, Sasuke Uchiwa, faisait régner sa loi. Le dit Sui répondit d'un ton monotone, comme si cela lui était égal.
_ Ouais ouais.
Il était onze heures passées lorsque je me garai devant mon immeuble. Les deux garçons sortirent de ma voiture et je réprimais une moue ennuyée. Je n'aimais pas beaucoup l'idée qu'un inconnu soit introduit dans mon appartement, surtout si c'était un ami de Sasuke. Enfin, ce dernier habitant toujours chez ses parents dans la banlieue chic de la ville, nous ne pouvions pas nous permettre un détour aussi conséquent. De toute façon, Sasuke avait investi mon T2 le jour même où l'on m'en avait remis les clés. Je soupirai en introduisant la clé dans la serrure. J'étais vraiment trop gentille, surtout envers Sasuke à qui je laissais passer le moindre de ses caprices.
_ Hina, fais-moi un café.
Qu'est-ce que je disais, monsieur ordonnait et hop, je sortais un filtre, le moulin à café et hop, deux minutes plus tard la cafetière était en marche. Je me tournais vers le dernier membre de la pièce pour lui proposer une tasse. Je remarquais avec un certain agacement qu'il avait déjà pris ses aises, affalé sur le sofa du salon, pieds posés négligemment sur ma table basse en verre, feuilletant un magazine.
_ Tu, tu veux un café ?
Il releva la tête, sembla hésiter avant de s'approcher, un sourire charmeur au coin des lèvres. Prenant appuis sur le bar américain qui séparait le salon de la cuisine il se pencha en avant de sorte à ce que son visage se retrouve à ma hauteur.
_ T'aurais pas plutôt du chocolat chaud princesse?
Je ne sais pas si ce fut à cause de la proximité, du ton suave qui pointait dans sa voix, ou l'ironie contenue dans ce stupide surnom, mais je sentis mes joues s'embraser comme elles le faisaient dès que j'étais mal à l'aise.
_ Euh, je, je ...
Je n’eus pas le loisir de finir ma phrase. Sasuke était sorti de la salle de bain et venait de saisir son ami sous le bras faisant mine de l'étrangler. Enfin, au vu de la couleur rouge que prenaient petit à petit les joues de sa victime, je ne fus plus si sûre qu'il fasse semblant.
_ Euh Sasuke, tu devrais peut-être le lâcher non?
De mauvaise grâce, l'Uchiwa desserra sa prise suffisamment pour permettre à Sui de s'échapper. Ce dernier fut pris d'une violente quinte de toux.
_ Bordel Sasuke, t'as voulu me tuer!
Le brun haussa les épaules.
_ Qu'est-ce que j'avais dit?
Dans un soupir l'autre répondit.
_ Pas touche. Mais j'ai rien fait de mal!!!
C'était donc ça! Sasuke avait tendance à tout vouloir diriger. Il s'évertuait d'ailleurs à diviser ses amis. Le fameux Sui faisait à coup sûr partit de son autre bande d'ami, celle que seuls Sakura et Naruto avaient eu l'occasion de rencontrer et qu'aucun des deux ne pouvaient supporter d'ailleurs. Pour une raison obscure, Sasuke n'avait jamais voulu nous mélanger. Je supposais que là étaient les raisons de cet accord. Bon, il y avait aussi le fait que Sasuke prenait son rôle d'ami d'enfance parfois très à cœur, surtout quand il s'agissait de mes fréquentations masculines.
Prise de pitié pour le pauvre garçon je décidai de prendre sa défense.
_ C'est vrai Sasuke, il m'a juste demandé un chocolat chaud.
Je déglutis difficilement devant le regard noir que venait de m'adresser le brun. Il tourna les talons vers sa chambre (en réalité la chambre d'ami, mais il était là tellement souvent qu'il avait pris ses marque et y avait installé une partie de sa garde de robe) tout en grognant un " t'es pas sa bonne" avant de claquer la porte.
Je soupirais et mon regard croisa celui compatissant de l'homme aux cheveux blancs. Mes lèvres s'étirèrent en un léger sourire alors que je me retournais pour transférer le café de sa majesté Uchiwa dans un thermos.
_ Vous sortez ensembles?
La question me pris au dépourvu.
_ Heureusement que non.
Je jetais un coup d'œil vers la chambre d'ami. Même s'il n'y avait rien d'autre qu'une amitié fraternelle entre nous, la réponse était sortie si spontanément que son égo en aurait pris un coup et qu'il me l'aurait fait payer.
Visiblement, Sui connaissait mon ami d'enfance assez bien puisque lui aussi eut le même réflex. Son sourire s'agrandit découvrant une rangé de dents légèrement plus pointu que la moyenne.
_ Donc t'es libre?
Et beh, on ne pouvait pas dire qu'il avait froid aux yeux celui-là. Mes joues reprirent instantanément leur teinte carmin. Encore une fois, ce fut Sasuke qui mit fin à notre conversation.
_ Elle sort pas avec les voyous dans ton genre Hôzuki. Du moins, elle a pas intérêt.
La dernière phrase avait été agrémentée d'un regard appuyé à l'encontre de ma personne. Je soupirais une énième fois. Constatant que Sasuke était prêt à partir, nous sommes donc retournés à la voiture.
_ Passe-moi les clés je conduis.
Je m'arrêtais net. Ma gentillesse avait des limites.
_ Plutôt mourir.
Les deux garçons s'arrêtèrent à leur tour, l'un me regardant avec incrédulité, l'autre avec exaspération.
_ Je serais prudent promis.
Mais oui c'est cela.
_ C'est pas ce que t'as dit à Sakura quand elle t'a prêté sa mini? C'est pas ce que Neji pensait quand tu lui as emprunté sa Porsch? Sans parler de la Lamborghini d'Itachi.
Ouh, j'avais vexé le Uchiwa. Mais bon, c'est pas moi qui avait rayée la mini sur toute sa longueur, était rentré dans un camion poubelle avec la Porsch et avait planté la Lamborghini dans un fossé. Oui Sasuke était un chauffard, je ne savais même pas comment il avait pu avoir son permis. Dans tous les cas, il était hors de question qu'il touche à ma coccinelle.
C'est donc la mine renfrognée qu'il rejoignit la place du passager.
_ Ouah, il existe donc quelqu'un capable de contredire Sir Sasuke!!!! Respect princesses.
La remarque me tira un demi-sourire contrairement à mon deuxième passager qui se retourna vers l'arrière en foudroyant du regard le premier.
_ Ta gueule Suigetsu, ou on t'abandonne sur le bord de la route.
Visiblement la menace fit son petit effet puisque le silence s'installa. Pourtant, lorsque je regardais dans le rétroviseur, l'Hôzuki me fit un clin d'œil qui me fit rougir une fois de plus. Finalement, Suigetsu qui, je le découvrais un peu plis chaque instant, était d'une nature plutôt bavarde une fois réveillé, ne tint pas plus de cinq minutes avant de s'adresser cette fois au ténébreux à mes côtés.
_ Dis Sasuke, pourquoi j'ai pas le droit de parler à la princesse?
Je perçus avec amusement la grande inspiration que pris Sasuke et les efforts qu'il dû déployer pour ne pas sauter à la gorge de l'autre.
_ Parce qu'elle est trop gentille et si naïve que t'aurais vite fait de l'embobiner.
Ce fut mon tour de le fusiller du regard. Je n'étais plus une gamine, pourtant, tout le monde continuait de me traiter comme telle et je commençais à en avoir par-dessus la tête. J'allais répliquer lorsque Sasuke m'ordonna de m'arrêter. Par réflex, je m'exécutais. Suigetsu sortit alors de la voiture, non sans m'envoyer un baiser volant accompagné d'un clin d'œil.
_ Au revoir jolie princesse, encore merci pour la balade.
Je restais un moment à contempler cet étrange garçon disparaitre dans les rues d'Oto, sa démarche nonchalante, son allure si particulière. Ce fut d'une pichenette sur le nez que Sasuke me tira de mes pensées.
_ Aïe!!!
_ Allez démarres idiote. On est en retard je te ferais dire.
Et alors, quelques minutes de plus n'allaient pas changer grand-chose, j'allais finir en pâtée pour chien, dévorée par Tachi le bulldog de ma petite sœur de toute façon.
Nous arrivâmes vingt minutes plus tard. Comme prévu mon père était furieux, je me fi copieusement remonter les bretelles jusqu'à ce que, pris d'un élan rarissime d'altruisme, Uchiwa junior jugea bon d'intervenir en précisant que tout était de sa faute. Et, comme à chaque fois que sa grandeur ouvre la bouche, mon père, son père, nos mères, et tout le reste des invités présent se sont prosternés à ses pieds en scandant son nom dans une litanie digne des plus grands films d'horreur.
Non mais j'exagère à peine. Je n'ai jamais compris pourquoi ce narcissique, égoïste, sadique, manipulateur et très méchant garçon suscitait autant d'admiration. D'accord il était beau et intelligent mais ça s'arrêtait là. A moins d'être victime du syndrome de "je suis trop bonne poire, je dis oui à tout, mais ça ne veut pas dire que ça m'enchante, bien au contraire" dans ce cas, mais seulement dans celui-là, s'aplatir devant Sasuke était excusable.
Je repensai à Suigetsu qui ne paraissait pas vraiment craindre les foudres de l'Uchiwa.
Oui, si je n'avais pas été la meilleure amie de Sasuke, je n'aurai jamais rencontré Suigetsu Hôzuki.