Personne n’avait jamais rien vu d’aussi incroyable. Un Dragon… qui danse ?
- HEY !
- Ah ! Ne crie pas, j’observe.
- Je t’ai fais peur, ah !
Je grognais.
- Toujours aussi gamine, Mira.
- Peuh ! Tu ne sais pas t’amuser, c’est tout.
- Si, je regarde le Dragon.
- Au passage, le Dragon s’appelle Flèche Nacrée.
- Mouais, quelle importance ? On est sûr de gagner, de toute façon.
- Mai, Mai, Mai. Quand apprendras-tu que la vie n’est jamais gagnée ?
- Ce n’est pas toi qui disais qu’il fallait positiver ?
- Oui, nous, pas toi !
- Pourquoi ? On risque tous de crever ! T’as pris ça en compte dans ton plan machiavélique ?
- Tu as oubliée un détail, ma chère.
Elle agita un doigt blanc dans les airs et sourit avec effronterie.
- Drenn et moi, on est déjà morts.
Je fis la grimace.
- Ah, oui, c’est vrai. Au fait, comment t’es morte ?
- Je ne vois pas ce que ça viens faire dans notre discussion, s’exclame t-elle.
- Bah, pourquoi t’as honte ?
- Moi, honte ? Je suis la reine de l’élégance et du charisme, voyons. Je n’ai jamais eu honte de ma vie.
- Si tu le dis. Et Drenn ?
- Quoi, Drenn ? Je ne vois pas d’imbécile dans les parages.
- Oh. Et une reine plus un imbécile, ça donne quoi ?
Je souris, narquoise et Mira fit un plongeon avant de remonter en toussotant, l’air vaguement gênée. J’hausse les sourcils, elle les épaules.
- Drenn n’est qu’un imbécile, insista t-elle.
- Pourquoi ? Parce que c’est le seul homme qui refuse tes avances ?
Elle toussote encore une fois et regarde dans le lointain, puis reporte son regard sur Flèche Nacrée. Il danse dans le ciel, c’est agréable à regarder. Comment peut-on se dire qu’on va participer à la bataille la plus sanglante de l’histoire, avec un tel spectacle ?
Je soupire. Mira tourne la tête vers moi.
- Quelque chose ne va pas, Mai ?
- Tu t’inquiètes pour moi, maintenant ?
Elle pique du nez et fronce les sourcils.
- Ne crois pas que j’ai une once d’instinct maternel.
- Instinct maternel ? Tu te prends pour ma mère ?
J’éclate de rire.
- Je suis beaucoup plus âgée que toi, fit-elle remarquée, vexée par ma moquerie.
- D’accord, mamie !
Nous rîmes. Soudain, je me sentis bien. Oui, voyager dans les airs, sur des créatures de légende, rire dans le ciel immense, confier sa tristesse au vent… Ce serait une existence qui me conviendrait. On était loin, ici. Loin des soucis de la vie, libre de tous. On était bien.
- Rozen en vue ! s’écria Drenn, partit en éclaireur.
Je me redresse, droite et inquiète. Zuko… J’espère que tu vas bien.
Prenant mon courage à deux mains, je sors mon sabre et saute sur le Dragon d’Azula. Celui-ci grogne et remuât. Mais moi, Arul, je n’étais pas un novice en Dragons. Désolé Sanguini, je ne suis pas au menu. Je remonte et passe le sabre sous la gorge d’Azula. Elle ne cille même pas, elle sourit.
- Hey, Arul, ça faisait un bail. Comment te portes-tu ?
- Aussi bien qu’un homme qui va tuer la plus dangereuse princesse de l’histoire.
- Mais je t’en prie. Tu as vu Rozen ?
Prit d’un doute, j’observe autour de moi. La cité est en flammes, les soldats hurlent leur douleur et leur peur, les Chevaucheurs du Vent ravagent tout. C’est un spectacle des plus désolants. Je resserre ma prise sur la garde de mon sabre et évite de trembler. La fatigue commence à se faire sentir.
- Tu as vu… Anbu ? rajoute t-elle, chuchotant presque.
- An… bu…
J’observe sa réaction. Qu’il est facile de maîtriser un esprit aussi simplet que le sien. Je sens qu’il tremble un peu. Il est fatigué de se battre pour une cause perdue. Tiens, je vais lui dire.
- Tu n’es pas fatigué de te battre pour une cause perdue ?
- Anbu ! Je veux savoir où est Anbu !
La réaction que j’attendais.
- Anbu, est morte.
L’épée se desserre complètement et tombe dans le vide. Pauvre chou. Je me retourne et le pousse juste un peu. Il se laisse faire, trop abattu.
- On a… perdu, souffle t-il.
- C’est ce que je m’efforce à faire rentrer dans le crâne de mon frangin, malheureusement, il est tellement borné qu’il préfère vous envoyez à la mort.
- C’est… fini…
- On peut dire ça. Pour moi, ça ne fais que commencer.
J’éclate de rire. Arul frémit. Ce qui me plaît d’avantage. Qu’il est bon d’inspirer la crainte aux plus grands. Je reprends les rênes. C’est alors que ce débile à une réaction que je n’avais pas prévue. Il se jette sur moi et j’enfonce involontairement une longue pique accrochée à ma sacoche dans le ventre de Sanguini. Il pousse un râle et ses ailes cessent de battre, tandis que mon cœur fait un soubresaut.
Je pique une lance à un Chevaucheur du Vent et lui enfonce dans le crâne. Il tombe par terre. Au suivant. Mais… Pourquoi je n’entends plus rien ? Je suis encerclé. Il n’y pas un de mes soldats qui soit morts ou vaincus. Malgré la dure réalité, je me bats plus férocement. Je refuse de renoncer. Tout comme Toph. Tout comme Aang. Tout comme Katara. Tout comme mon oncle, Iroh. Tout comme Arul, que j’ai perdu de vue. Tout comme Suki et Sokka. Et tout comme eux, je me fais immobiliser, impuissant. Katara me jette un regard désespéré. Je détourne les yeux. Je suis fou d’avoir pensé qu’on pouvait gagner.
Azula s’approche, visiblement furieuse et mal en point. Et derrière elle… traîne un Arul ensanglanté. Je remarque que Sanguini forme une masse rouge sur une muraille, immobile. Arul avait dû essayer de la crasher. Et ça avait plus ou moins réussi.
Elle jeta Arul à côté de nous et Katara tenta de refermer ses blessures à l’aide de sa médecine.
Azula repoussa une mèche et sourit sadiquement.
- Bien, maintenant que vous avez perdu, on peut commencer par jouer avec la nourriture.
- Tous vos Dragons sont morts, c’est déjà ça de pris, m’exclamais-je, ignorant la désapprobation fervente des autres.
Azula grimaça.
- C’est vrai que vous avez bien joué. Mais seulement pour les Dragons. Et encore, il nous en reste quelques-uns.
- Combien ?
Je voulais savoir. Bien que ça ne serve à rien.
- Quatre.
- Oh. C’est cool, fit Toph. Juste comme ça, on s’en fout de mourir ou non Azula. De toute façon, la plupart de nous sont morts. Ce serait être « gentille ».
- Oh, et bien, je vais être « gentille ». Mais d’abord, Zuko, viens là.
Je me redresse, soupirant. Azula me prends par la peau du cou et me jette à ses pieds sans ménagements.
- Je veux que ta défaite soit à jamais gravée dans les mémoires, Zuzu. Pour que les gens savent à qui ils doivent leur misère.
Ce fut le déclic.
Je me relève et fonce dans Azula en hurlant. Prends ça !
Elle tombe en arrière et crache du sang par terre.
- Si c’est ce que tu veux, Zuzu. Ce sera très plaisant pour moi de t’achever.
Elle sortit son sabre. Celui qu’elle avait minutieusement choisi pour ce moment crucial. Zuko sortit le sien.
- Pas de pouvoirs, Azula, je veux savoir ce que tu vaux.
- Bien plus que toi, en tout cas, ricana t-elle.
Les sabres s’entrechoquèrent. La lutte avait à peine commencée qu’Azula tirait profit de la rage aveugle de Zuko et de sa fatigue. Elle le toucha à l’épaule, puis au ventre et il tomba en arrière, essayant vainement de se relever.
Azula pointa son sabre sur sa gorge.
- Si tu savais depuis le temps que j’attendais ça.
- ZUKO ! hurla Katara.
Elle essaya de se dégager, mais sans succès.
Il y eut un long cri. Non, ce n’était pas Zuko, ni Katara, ni même Azula.
Un long cri harmonieux, mais bestial.
Zuko rit.
- Je savais que tu tiendrais ta promesse, Mai !
J’écarquillais les yeux de stupéfaction. Mai, vivante, entourée d’une armée des plus puissants Dragons, avec, à ses côtés, deux émissaires de la mort. Que faisaient-ils donc là ?
De la pure décoration, une illusion, c’était impossible !
Comment… ? J’étais pourtant sûre de sa mort, moi qui l’avait vue.
Mai talonna Lune Ombrée et elle fonça sur les soldats qui détenaient ses amis. Et Zuko, surtout son Zuko. Lune Ombrée cracha ses flammes et la bataille continua. Bien qu’en minorité, les Chevaucheurs du Vent restaient dangereux. Il fallait les neutraliser.
« Non, ‘faut les tuer, tous ! Jusqu’au dernier ! »
La voix de Mira résonna dans sa tête. Et d’ailleurs, où était-elle ?
- T’es pas vraiment super bien placée pour dire ça, toi ! T’es un fantôme, tu ne peux pas te battre, à moins que ta lâcheté s’évanouisse d’un coup et que tu viennes risquer ta vie d’immortelle !
Silence. On aurait dit qu’il y avait des grésillements sur leur lien télépathique. S’était-elle évanouit ? Etait-elle retournée dans son monde ?
Il y eut un éclair qui la désarçonna. Mai tomba de deux bons mètres sur les murailles en pierres. Elle se releva, pestant contre Azula. Celle-ci se tenait justement devant elle. Elle avait l’air furieuse.
J’écrasais sa main et l’immobilisais.
- Tu vas payer, Mai ! m’exclamais-je.
J’enrageais. Comment cette petite fille gâtée pouvait interférer avec mon plan ?! J’écrasais un peu plus sa main, la faisant gémir. Mais Zuko me lança un rai de feu que j’évitais et lui en relançait un à son tour.
- Deux contre une ! Où est donc passé ta royale chevalerie, majesté ?
- Boucle-la, vipère ! Ici, c’est moi qui donne la réplique ! Et personne n’a le droit d’être méchante avec Mai, sauf moi ! s’écria une voix.
Bouche bée, j’observais l’émissaire de la mort sauter d’une tourelle pour atterrir comme si de rien n’était. Je la connais ! Mira !
- Toi ! crachais-je.
- Et ouais. Je t’ai manquée ?
- C’est la dernière fois que tu me maintiendras en captivité !
- QUOI ? s’écria Mai. C’était TOI qui devais la garder ?!
- Ben, heu, oui, fit-elle, soudainement incertaine.
- ET TU L’AS LAISSEE S’ECHAPPER !?
Elle ne répondit pas. Je ris.
- Allons, mes pauvres, chacun ses funestes petits secrets. Bon, on arrête le bac à sable. Mira, j’espère que tu te souviens de ce que je t’ai dérobé.
L’émissaire porta machinalement sa main à son cœur.
- Une partie de mes pouvoirs, que tu as gobés. Si je m’en souviens !
Elle releva une de ses manches et je pus revoir l’immense cicatrice que je lui avais infligée. Elle tiqua. Je souris.
- Vieille rancune, marmonna t-elle.
- Vieille, c’est le cas de le dire ! Tu es tellement rouillée que tu n’arrives même plus à refuser d’aider les autres !
Elle croisa les bras et s’assit sur un rempart.
- Je vous regarde.
Trop facile. Mai semblait blessée. Quoi ? Surprise que Mira l’ai lâchée ? Mira, on parlait bien de Mira. Zuko s’en contrefichait. Il ne savait pas qu’elle était une des seules à être capable de me tuer.
Mais reprenons. Il est temps d’éradiquer le mal par la racine. Oh, suis-je bête, le bien !
Azula est en train de me manipuler, certes, mais j’ai un minimum de dignité ! C’est pourquoi je vais quand même la tuer. Pour qui elle se prend, cette pimbêche ? J’étais là bien avant elle ! J’ai joué à ce jeu plus longtemps. Elle ignore même qu’il y a un certain temps (environ six mille ans) c’est moi qui est fait sombrer les quatre nations dans le chaos. Et oui, à moi toute seule. Je n’avais jamais été clean, ça, tout le monde le savait. Même Drenn, surtout Drenn. Il le savait bien, après tout, devinez qui a tué ses parents ? Hum ? Je sais, grosse boulette…
Ce n’est pas franchement comme ça que je vais le séduire. Enfin, si j’avais su à l’avance qu’un esprit déguisé en moineau me tuerait… A votre avis, pourquoi je n’avais jamais précisé à Mai comment j’étais morte ? Non, ce n’est pas à cause de mon passé… vous êtes vraiment nuls… Parce que c’est trop nul ! C’est débile de mourir comme ça ! Vous vous rendez-compte ? Personne ne le sait, à part l’esprit en question, que je me suis chargée personnellement de faire taire à jamais…
J’allais quand même pas lui dire : « Un moineau s’est jetée sur moi et je suis morte ! »
Hein ? On déconne pas avec ça ! Si quelqu’un savait que la plus machiavélique femme des quatre nations s’était fait zigouillée par un moineau… snif. Je n’ose imaginer la réaction de Drenn. C’est la honte !
Enfin.
Une petite minute…
Pourquoi je vous raconte ma vie alors que je suis en train d’assister au combat décisif ???
Argh ! Maintenant, ça fait plein de gens qui savent que je suis morte à cause d’un moineau… !
Je repoussais Azula, faisant une sorte de jeu de passe avec Zuko. C’est un peu débile… Soudain, je ne m’y attendis pas. Azula nous plaqua tous deux contre le mur.
Tiens, Azula viens de remarquer qu’elle est en train de se faire ridiculiser par les Dragons que j’ai ramenés…
Il faudrait peut-être que j’intervienne, maintenant…
Je soupirais. J’espère qu’ils vont comprendre…
Je sentais l’odeur poisseuse du sang et sa chaleur couler le long de mon cou, tandis qu’Azula nous écrasait par sa folie dévastatrice. Elle s’était élevée dans le ciel, une onde bleuâtre autour d’elle, les yeux blancs, l’air effrayant.
Je serrais la main de Zuko, ayant de plus en plus de mal à respirer. Elle était en train de détruire Rozen, à l’aide des pouvoirs dérober à Mira.
Puis il y eut un choc, un bruit mat et le silence. Un silence… apaisant. Je pus respirer. Et j’observais la scène.
A moitié en train de rire et de pleurer, je pointais le petit moineau sur le corps inerte d’Azula qui levais haut ses ailes en criant :
- J’ME SUIS VENGEE, NANA NERE !
Je serrais Papa contre moi, sentant son odeur ambrée me réconforter encore un peu plus.
- … Et c’est alors que le petit moineau fût éclairé d’un halo vert, car il était vidé de sa puissance, il nous avait sauvé en sachant qu’il s’éteindrait comme une jolie petite étoile, et Drenn le prit dans ses bras, avec tendresse, tandis qu’il disparaissait tous deux, vers le cimetière des émissaires de la mort.
Je restais coi, fasciné par ce qu’il racontait.
- Et… c’est tout ? demandais-je, un peu déçu.
- Matapang ! La suite de l’histoire, c’est toi, rit Zuko. Tu es née juste un an après son sacrifice.
- Mais… c’est triste !
- C’est un beau geste. Je pense qu’elle a du éprouvée du remord par rapport à ses actions antérieures, et elle voulu se faire pardonner.
- Mais Papa, pourquoi, s’est-elle transformée en moineau et a crié « je me suis vengée » ?
Mai rit et lâcha la main de Zuko pour s’accroupir à mes côtés.
- Vois-tu, c’est une histoire très drôle, mais tu devras te taire, parce que c’est un secret, d’accord ?
- D’accord !
- Alors, tu vois, Mira se promenais le long d’un chemin sinueux, dans une forêt, et c’est là qu’un moineau déguisé en esprit se j…
Maganda se jeta sur Mai et la plaqua au sol. Maman ne réagit pas, elle rit.
- Mira ! Je sais que ta réincarnation n’est pas forcément un boulot qui te plaît, mais tu dois quand même nous respectez !
- Mira ? fis-je.
Je me jetais sur elle et éclatais de rire, du haut de mes six ans.
- Tu n’es pas morte !
- Si, si, regarde tu délires, bougonna t-elle, avec un demi-sourire.
Elle me caressa les cheveux et se releva, épousseta sa robe et se tourna vers la porte en sifflant. Un chien apparut et elle lui tapota la tête. Le chien remua la queue et sembla comprendre quelque chose. Une sorte d’homme argenté sembla s’extirper de l’enveloppe charnelle.
- Tu es Drenn ! m’exclamais-je.
Il toucha le visage de Mira et déposa un baiser sur ses lèvres. Celle-ci sourit.
- Je t’avais dit que cette enveloppe charnelle t’allait à merveille !
L’air offusqué, il se détourna, et Mira, à moitié hilare, lui toucha doucement le bras.
- Mon fils, je t’avais bien prévenue que ta mère te faisait surveiller de très près ! fit Zuko en riant.
Tous rirent…
- Hey, dîtes… quand es-ce que je peux de nouveau coucher avec Drenn et jouer des mauvais tours à Mai ?
- Mira !
- C’est vrai ça, c’est plus drôle après !
CLAC !
- Aïe euh…
« Elle est partie ? Vous en faîtes pas, cher lecteurs ! Je trouverais bien un moyen… »