Chapitre 7: la mort née du ciel

par Atizumai

Azula rangea son sabre et toucha du bout du pied Anbu. Morte. Intéressant. Elle était figé, la bouche à demie-ouverte, les yeux grands ouverts.

« J’espère que le monde des esprits est agréable. »

Astra s’était relevé et titubait, dans un râle affligeant. Elle s’écroula à côté de son maître.

-         Salut, bande de clowns.

Sanguini s’approcha, du sang sur les babines.

-         Bon appétit, mon grand.

Il enfouit sa tête dans la carcasse d’Astra. Azula détourna les yeux. Bien qu’elle ait l’habitude de tuer et d’observer des carnages, c’était tout de même répugnant. Maintenant, il s’agissait de réduire à néant tout espoir de renaissance. Pour Zuko, comme pour tout le monde. Le maître, à présent, c’était elle.

Allons, récapitulons. Aton, Anbu, Mai, un ou deux dragonniers, trois Dragons et cinq gardes. Hum. Pas mal. Il fallait penser à inclure Arul, Katara, Aang et Zuko.

« J’accrocherais leur têtes sur le mur de mon salon. »

Elle éclata de rire.

-         Allez, viens, Sanguini. N’oublions pas d’emballer le corps d’Anbu. Je veux le remettre personnellement à mon frangin et à Arul.

« Direction, mon armée. Il est temps de mettre un terme au règne de mon frère. »

 

-         Zuko ! s’exclama Katara.

Je relevais la tête. Ce n’était pas un meurtrier, juste Katara. Elle s’approcha de moi et passa un bras autour de mes épaules. Je détournais la tête. Je ne voulais pas qu’elle me voie dans cet état. Pitoyable.

-         Il est temps que j’abdique. Je ne suis pas capable d’affronter cela sans Mai.

-         Zuko.

Je relevais la tête. Et sentit une cuisante gifle me sonner. Etonné, j’écarquillais les yeux et observais Katara. Elle se releva, les mains sur les hanches, furieuse. Elle me pointa du doigt.

-         Suis-moi, tout de suite.

Toujours surpris, j’obéis.

-         Et remue-toi un peu.

 

Toph observa la salle. Un abattement considérable y régnait. Aang était prostré, comme la plupart. Il fallait avouer que Toph aussi avait perdue son incroyable enthousiasme.

Bon Dieu, comment allaient-ils mourir ?

Soudain, il y eut des cris. Tous relevèrent leurs carcasses, surpris.

Katara trainait Zuko à l’aide de grands cris furieux, Arul et Dara sur leurs pas. Zuko était toujours dans cet état comateux mais Arul et Katara avait une nouvelle détermination sur le visage.

Toph se releva et les suivit, curieuse. Que fichaient-ils ?

Ils allaient dans la salle d’entrainement. Toph s’assit sur un siège et contempla l’étrange spectacle, soudainement plus vive.

Katara centra Zuko et monta sur une estrade. Elle ouvrit en grand la gigantesque fenêtre menant au cœur de la cité de Rozen. Toph poussa un cri de stupéfaction quand elle vit des milliers de personnes, en haillons, mourant de faim, campant ainsi devant le Palais.

Zuko avait lui aussi ouvert de grands yeux de merlans fris.

Arul monta sur Dara et se mit à attaquer Zuko. Automatiquement, il se défendit. Il esquivait, parait. Mais n’attaquait pas.

-         Attaque, Zuko ! Arrête de faire cette tête d’enterrement ! s’écria Arul.

Il fronça les sourcils et lança de faibles boules de feu sur eux.

-         Plus que ça, espèce de limace !

Zuko commençait à s’énerver. Comment osait-il le traiter de cette façon ? Il avait perdu Mai ! Ursa, sa mère…

Il se mit à se battre plus frénétiquement.

-         Oui, c’est ça ! Allez Zuko ! Réveille-toi, bon sang ! Tu vas laisser tout ce monde mourir sans même te battre ? cria Katara.

-         Non.

Les boules de feu s’intensifiaient.

-         Mai n’aurait jamais voulu que tu te ramollisses comme ça ! Ta mère non plu !

-         Elles sont MORTES ! MORTES, KATARA, TU M’ENTENDS ?

-         OUI, ET A CAUSE DE QUI ?

-         AZULA !

Un puissant orage de déversa dans la pièce, Zuko était au comble de la haine la plus puissante. Et il maîtrisait l’Orage. Toph s’était relevée, n’en croyant pas ses yeux. Zuko était de retour. Et beaucoup plus apte à les aider.

Aang avait lui aussi rejoins la scène. Et une lueur nouvelle brillait dans ses yeux. Il rejoignit Zuko et tenta de reproduire la même chose.

Après plusieurs heures d’entraînements, une réussite complète pour le Seigneur du Feu et l’Avatar, ils s’écroulèrent, totalement épuisés. Sauf Zuko. Il tremblait. Mais de rage.

Il ne cesserait le combat que lorsqu’Azula poussera son dernier soupir.

-         Que Rozen se prépare au combat.

 

Je pris un sabre, le soupesant. Oui, ce sera celui là. Je transpercerais Zuko de ce sabre là. Je le rangeais à ma ceinture. Bien. Il est temps que le combat le plus mémorable de l’Histoire commence. Le combat pour la liberté.

Et nous pour le pouvoir.

Je me tournais vers les milliers de Chevaucheurs du Vent qui étaient montés sur leurs Dragons, impatients.

-         Dragonniers ! Il est temps de reprendre ce qu’ils vous ont retiré il y a de cela trop longtemps. Il est temps qu’une nouvelle aire commence. En avant !

Je pointais mon sabre vers le ciel et Sanguini et moi nous élançâmes dans le ciel, suivie d’une nué mortelle de Dragons.

Je souris. Démoniaque, géniale. Oui, c’était ce que j’étais.

Et j’allais écraser ces minables au sol. J’en ferais de la bouillie et je la donnerais aux futurs dragonneaux. Ils allaient mourir si vite qu’ils n’auraient même pas eu la possibilité de se prosterner.

J’étais folle. Et alors ?

J’étais intelligente, démoniaque et redoutablement douée. La folie ne jouait plus à ce stade de perfection.

J’observais les paysages qui se succédaient sous nos bêtes. Bientôt, ils m’appartiendraient.

Je ris.

Et mon rire se perdit dans le vent.

Car j’entendis un autre rire.

Beaucoup moins doux à mes oreilles.

Celui de mon Dragon. Une sorte de cri aigu, saccadé.

Même s’il n’était pas plaisant, il prouvait que lui et moi n’abandonnerions pas, même si la mort nous menaçait.

Mais pour l’instant, la mort, c’est moi.

 

Katara s’approcha d’Aang et lui tint la main. Il soupira.

-         Une guerre encore pire que la précédente se prépare. Et je crois que le prix à payer est très lourd pour Zuko. Il a perdu sa mère, sa femme.

Il ferma les yeux. Katara acquiesça.

-         Cette guerre fera de terribles ravages. Mais on se bat pour nous tous. Pour ceux qui n’on jamais rien demandé, pour les orphelins de la guerre, pour les vieillards, pour les mères veuves et a qui la guerre a enlevé leurs enfants.

Une larme coula le long de sa joue.

-         Comme moi et Sokka.

Aang la serra contre lui.

-         Je te promets que plus aucune guerre ne fera rage dans ces contrées.

Bien qu’il sache que cette promesse n’était que trop flou.

 

Zuko pensait à Mai. Comment avait-ils puent se quitter sur une dispute ?

Au fond de lui se mêlait tristesse, rage et déception. Et aussi une haine amère. Contre sa propre sœur. Il se releva et posa ses mains rugueuses sur le mur d’enceinte de Rozen. Des gardes l’entouraient et l’observaient.

Ils observaient sa posture, droite, menaçante. Son armure que lui avait confectionnée Arul, à la manière des dragonniers. Ils observaient son courage, sa détermination.

Zuko et Arul se tenait côte à côte et attendait qu’Anbu revienne, éclaireur complètement déjantée mais pourtant si attachante, à la chevelure rousse et au courage inépuisable. Et aussi à la langue bien pendue. Mais tellement adroite et c’était un atout de l’avoir avec eux.

Personne ne l’égalait en répliques bien placés et Arul et Zuko en avait déjà fait les frais. Malgré tout, elle avait raison et c’était finalement assez amusant de s’autocritiquer.

Brusquement, il y eut un petit point au loin. Arul poussa un cri de joie et enfourcha Dara, s’élançant dans les airs.

Zuko plissa les yeux. Non, pas un point… des milliers !

-         ARUL ! REVIENS, C’EST UN ORDRE !

Il stoppa, éberlué.

-         C’est impossible… marmonna t-il.

Il fit faire demi-tour à Dara et se posa dans une grande bourrasque.

-         Capitaine, allez prévenir les autres et préparez les Maîtres du Feu à tirez, ordonna Zuko.

-         Comment a-elle pu réunir autant de Maîtres de l’Orage… continuait Arul. Et Anbu… Où est Anbu ?

-         Calme-toi. Il s’agit de leur montre qu’ils ne nous impressionnent pas. Sinon, ils auront l’avantage.

-         Mais… Aurais-tu perdu la tête ? Ils y en a des milliers ! Nous n’y arriverons jamais !

-         Il ne fallait pas me mettre cette idée en tête, alors.

Arul écarquilla les yeux et se détourna, marmonnant un juron. Il descendit les marches, quatre à quatre et rejoignit Aang, Katara, Sokka, Suki, Toph et Iroh. IL leur expliqua que Zuko avait perdu la tête.

-         Non, il n’a pas perdu la tête. Il n’a plus rien à perdre, Arul, déclara sagement Iroh.

-         Et de toute façon, il faut se battre, plaça Katara avec détermination.

-         Oui, nous ne sommes pas des lâches ! s’écria Sokka.

Tous acquiescèrent. Mais Arul continua à protester.

-         On court à notre perte ! Il faudrait… tiens la Mère Porteuse et le Premier Dragon, allons-y gaiement ! Il faudrait déjà que leur esprit prenne le dessus sur leur instinct sauvage. Et ce n’est pas près d’arriver.

-         Tu as été un des premiers à vouloir te battre ! cria Katara, hors d’elle.

-         Oui, mais je ne m’attendais pas à une armée aussi grande.

-         De toute façon, il est trop tard pour reculer. Alors, soi vous continuez à discutez de mon esprit dérangé soi vous venez vous battre à nos côté, déclara une voix.

Tous se tournèrent vers Zuko, gênés. Sans un mot, ils le rejoignirent et se postèrent devant la muraille, attendant.

Zuko se souvint de ce que lui avait dit Mai, un jour, juste après qu’ils aient fait l’amour.

« Tout passe, les heures,  les nuages dans le ciel, la vie des hommes, emportés de la naissance vers la mort. Ne t’attache pas à la chronologie affective des choses. C’est une très mauvaise manière de voir le monde. Fais de chaque seconde une expérience enrichissante, sans t’inquiéter du temps qui fuit et des matins qui ne reviennent plus. Le présent est la seule chose qui n’ait pas de fin. »

Et elle l’avait embrassé tendrement, longuement. Et il l’avait doucement bercé, caresser. Et il s’était rendu compte qu’elle avait raison.

«  J’ai toujours raison. »

Lui avait-elle dit. Et il avait rit.

Il se souvint de cette fois où il lui avait dit qu’il aimerait comprendre le temps, son passé et ce qui lui arrivait. Elle l’avait gentiment rembarrée. Et elle avait eu encore raison.

« Comprendre... Vous n'avez que ce mot-là à la bouche, tous, depuis toujours. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas jouer avec l'eau et rester des heures sous l'orage les mains en l'air, qu'il n'est pas normal d'aimer trainer seule sous la pluie, qu'on ne touche pas à la terre parce que cela tache les robes et qu'il n'est pas en vogue de ne pas être présentable. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, qu'on doit parfois s'arrêter de courir après le bonheur, que courir dans le vent jusqu'à ce qu'on tombe par terre est dangereux. Comprendre que la vie ce n'est pas toujours faire ce que l'on a envie, que l'on ne vit pas de ses désirs et ni au jour le jour. Comprendre qu'on ne hurle pas sans raisons et que pleurer tous les jours est malsain. Comprendre que l'âme sœur est une connerie internationale et que cracher les mots qui nous râpent la bouche ne sert à rien. Comprendre que l'on doit faire parfois semblant d'aller bien devant les gens et que la vie est souvent notre premier ennemi. Comprendre que l'on tombe par terre sans manifester sa douleur et qu'on doit trouver la force de se relever seul. Comprendre que compter sur les autres est un leurre, que notre plus beau trésor est nos souvenirs et que ceux ci nous appartiennent pour la vie. Comprendre, toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille. Si je deviens vieille. Pas maintenant. »

Ce qui lui fit le plus mal dans cette phase fut surtout le fait qu’elle avait dit ne pas compter sur les autres et que l’âme sœur n’était qu’une connerie.

« Oui. Mais je t’aime, et ça, ce n’est pas une connerie. »

Il gardait précieusement cette phrase au fond de lui, un souvenir plus que précieux. Tout l’être de Mai était enfoui au fond de lui. Et il sentait quelque chose, une sorte de petit fourmillement. Ce genre que vous avez dans le bas ventre quand vous sentez que le désir vous envahi en présence de cette personne que vous aimez tant. Mais Mai n’est plus là. Pourquoi cette réaction ?

Et si Mai était vraiment là ?

« Là, tu dérailles mon pauvre… »

Brusquement il la sentit. Cette chose, ce petit soleil dans son cœur que Mai renforçait jour après jour.

« Mai… je sais que tu m’en voudras… Mais je compte sur toi. »

‘’Et pour une fois, tu as raison. Mais je n’irai spas jusqu’à admettre que j’ai tort.’’

Zuko écarquilla les yeux. Il regarda autour de lui. Rien. Que… ?

-         Mai ? murmura t-il.

Arul se tourna vers lui.

-         Bah, ça ne va pas mon vieux ? Tu parle tout seul, maintenant ?

Zuko secoua la tête.

-         Ce n’est rien, j’ai dû rêver.

Arul haussa les sourcils mais ne dit rien. Le pauvre, il doit stresser, c’est tout, se dit-il.

Arul ajusta sa lance et monta sur Dara. Un Dragon contre mille. Il soupira. Enfin… Il se redressa. Dara avait la tête bien relevée et semblait défier ses ennemis.

« Bah mon vieux, ton Dragon a plus de couilles que toi.… Que dirait Anbu si elle te voyait ? Hein ? D’ailleurs, quand reviendra t-elle ? »

Nouveau soupir. Il se redressa.

« Hors de question de baisser les bras. Allez en avant ! »

Il sortit son sabre, attendant la menace. On voyait d’énormes nuages noirs qui s’étiraient au fur et à mesure qu’ils approchaient.

Puis, lentement, de plus en plus bruyant, à leurs oreilles parut un chant de guerre, sinistre, inquiétant.

Tous observèrent au loin la mort qui approchait doucement, comme née du ciel.