Chapitre 3: jalousie

par Atizumai

Zuko pensait à Mai. Que pouvait-elle bien faire ? A quoi pensait-elle ? A lui ? A Sael ? Toutes ces questions tourbillonnaient dans sa tête, au point qu’un mal de crâne vint s’ajouter à ses malheurs. Il grogna. Lon leva la tête, inquiet.

-         Quelque chose ne va pas, Seigneur ?

-         Mal à la tête, marmonna Zuko.

-         Je fais venir les médecins royaux, Monsieur ?

-         Non, ce n’est pas la peine, ça va passer.  

-         Bien.

Zuko allait se lever quand il y eut un messager. Il le fit approcher d’un geste de la main.

-         Monseigneur, Lady Mai et son fiancé veulent vous rendre visite.

-         Mai, bien sûr et… QUOI ?!

Il cracha le thé au jasmin que lui avait apporté son oncle. Celui-ci se précipita vers Zuko, l’air furieux.

-         Mon thé ne te plaît pas Zuko, certes, mais ce n’est pas la peine de le cracher !

-         Non, non, mon oncle ! C’est juste que… que…

-         Que quoi, très cher neveu ? Arrête donc de bégayer !

Zuko renonça à lui dire et pointa Mai et Sael du doigt. Ceux-ci arrivaient par la grande porte.

-         Hum, son fiancé, je suppose ? fit Iroh.

Il hocha la tête. Le vieil homme se radoucit, soulagé que son thé ne soit pas la cause de ce brusque rejet. Mais il ne se doutait pas que les deux jeunes fiancés allaient s’embrasser, oh ça, non ! Iroh se tint au siège de Zuko pour ne pas tomber sur les fesses. Quant à Zuko…

La rage se voyait clairement dans ses yeux. Les poings serrés et brûlants, il se leva brusquement et se dirigea vers Mai. Il écarta les fiancés en manquant de leur arraché les bras. Mai se retourna, furieuse.

-         Zuko ! Fais un peu attention ! Tu veux nous tuer ou quoi ?

-         Mai ! Comment as-tu pu ?

-         Quoi, qu’est-ce que j’ai encore fait ?

-         Tu... tu l’as embrassé ! Devant moi ! Mai, qu’est-ce qui te prends ?

-         Moi ? Rien. En revanche mon cœur, beaucoup !

Zuko faillit en ouvrir la bouche de stupéfaction.

-         Quoi ?!

-         Tu as bien entendu, dit-elle froidement.

Elle se détourna. Sael la prit par la taille et l’éloigna du Seigneur du Feu. Zuko la retint par le bras, souvenir de leur précédente altercation. Mai se retourna et sembla triste un moment avant de se reprendre et de reconstituer son masque d’indifférence.  

-         Qu’est-ce que tu veux ? lui demanda t-elle la voix légèrement tremblante.

-         Laissez-la ! s’exclama soudain Sael, paniqué.

Il l’attira à lui et la poussa devant.

-         Va devant, je te rejoins, lui dit-il.

-         Bien, déclara t-elle.

-         Mai ! Attends ! s’écria Zuko. Je sais que quelque chose ne va pas. Tu n’es pas obligé de lui obéir, tu sais. Je suis là. Je peux te protéger.

Elle marqua un temps d’arrêt. Elle se tourna vers le Seigneur du Feu. Un rictus parfait s’affichait sur son visage. Méprisant et moqueur.

-         Tu n’as pas à t’inquiéter, Zuzu. Je vais très bien. Mais ton pauvre petit cœur serait-il en miette ? glissa t-elle sournoisement, un sourire en coin.

Elle repartit en avant, avec un rire glacé. Zuko écarquilla les yeux. Elle avait dégagé une telle méchanceté, une telle haine…

Il y eut un long silence. Zuko en profita pour observer Sael.

Il était grand et semblait plus âgé que Zuko. Il possédait une carrure impressionnante et l’on devinait facilement ses muscles sous sa tunique en soie. Il avait un visage racé et soigné. Ses cheveux étaient de la couleur du miel et frisaient en de longues boucles soyeuses. Il possédait des yeux azurs, où l’on pouvait se perdre dans leur beauté. Il était douloureusement beau. Et son visage, si sain, sans aucune marque, aucune cicatrice, tâches ou on ne sait trop quoi. On aurait dit un ange. Une telle bienveillance émanait de son regard qu’on voulait le prendre en sympathie dès la première rencontre. Mais le fait est qu’il ne pouvait l’apprécier, non, il le haïssait.

Sael posa une large main sur son épaule.

-         Je suis désolé, Seigneur. Mais je n’ai pas demandé de vous faire de la peine. Je parlerais à ma fiancée, déclara t-il d’un ton amical, avec un léger accent irrésistible.

-         Je n’ai pas besoin de votre sympathie, cracha Zuko, écartant vivement sa main.

Sael eut l’air désolé, s’inclina et tourna les talons. Puis il s’arrêta.

-         Je voudrais que nous soyons amis. Hélas, une femme peut tout nous condamner. Y comprit l’amitié, c’est dommage, vous auriez mérité un peu de compagnie, fit-il d’une voix triste.

Puis il rajouta, tout bas, d’un ton menaçant.

-         Ay ibibigay ko ang mga mensahe kung saan ikaw ay bumibisita. Kung ikaw touch ang isang buhok ng kaniyang ulo, namatay Mayo.

Zuko resta coi. Sael s’en fut et il ne comprit toujours pas son message. Qu’était cette étrange langue ?

Il sursauta quand il sentit la main d’Iroh se poser sur son épaule. Mais qu’est-ce qu’ils avaient tous aujourd’hui avec son épaule ?!

-         Zuko, dit-il gravement.

-         Oui, mon oncle ?

-         Il faut que je te dise quelque chose de très important.

Zuko se tut et observa son oncle avec inquiétude.

-         Je crois qu’il va falloir racheter du jasmin.

Zuko se passa une main sur le visage, l’air désespéré puis se frappa le front du plat de la main avec un faux air paniqué.

-          Oh ! Suis-je bête ! Le jasmin est bien plus important ! Mon oncle ! Vous ne pouvez pas plutôt m’aider à décrypter ce message ?

-         Oh, cela m’étonnerait. C’est une langue très étrange, très cher neveu. A moins que…

-         A moins que quoi, mon oncle ?

-         C’était peut-être du Tagalog.

-         Du quoi ?

-         Du Tagalog. J’ai reconnu l’accent. Une langue que vous ne pourrez traduire nulle part, je ne le crains.

-         Cela ne m’avance pas beaucoup, grogna Zuko. Je vais dans les jardins.

Sael était beau, riche, parfait. Et surtout, il avait un visage parfait. Il avait été aimé, adoré même, par des parents qui le voyaient gagné combat après combat. Pourquoi, lui, Zuko, ne méritait-il pas encore un soulagement ? Il était terriblement angoissé. Et beaucoup de choses le tracassaient. Et principalement un sentiment. La jalousie. 

 

Zuko remonta la couverture. Même ce lit le faisait penser à Mai. Le lit qu’ils avaient partagé. Il se sentait trahi, humilié. Mais il ne pouvait pas détester Mai. Il lui en voulait beaucoup certes. Mais il l’aimait toujours. Et cela, il ne pouvait se résoudre à en effacer les traces. C’était trop douloureux. Il finit par s’assoupir, dans un sommeil, agité et comateux. Il fit un cauchemar cette nuit là.

Il courait aussi vite qu’il le pouvait, même s’il avait la désagréable impression de faire du sur-place. Il voyait Mai. Elle lui tendait les bras. Avant de tomber dans un trou sans fin. Il criait son nom, l’appelait. Soudain, il sentit un souffle dans sa nuque. Il se retourna. Mai était là. Mais avec de grands yeux d’un blanc laiteux. Il recula.

Il se réveilla, la tête dans l’oreiller. Il était crispé. Et il avait toujours l’impression de ce souffle dans sa nuque. Un souffle qui semblait le réchauffer. Mais il ne rêvait pas.

Il y avait bel et bien une ombre qui se tenait au-dessus de lui. Une ombre qui s’était introduit dans sa chambre.

Une ombre, qui tenait un sabre.

Pire, son sabre.