Un après-midi alors que le temple se veut magnifique, un Mélofée sort d’une décharge publique et présente une drôle de frimousse. Effectivement, l’animal a trouvé une paire de lunettes qui peut encore tenir sur le bout d’un nez mais l’un de ses verres est brisé. Cela n’empêche pas le Pokemon d’y avoir trouvé un intérêt quelconque pour s’en emparer et s’amuser avec.
Fier de ses trésors, Mélofée s’éloigne de la décharge en trottant gaiement et s’arrête lorsqu’il se trouve à proximité d’un marronnier. Là, il se pose à son pied et décide de s’occuper avec ses deux autres trouvailles : un cahier vierge et un stylo.
Le livre présente une couverture souple de couleur verte et c’est avec une joie non dissimulée que le Pokemon l’ouvre à la première page. Les lunettes sur le nez, l’animal porte l’extrémité du stylo à sa bouche et lève les yeux au ciel. Que peut-il bien raconté dans son cahier qui est bien parti pour ne plus jamais le quitter ? Soudain, une idée lui traverse l’esprit. Pourquoi ne pas raconter dans ce livret son quotidien ?
Content d’avoir trouvé une très bonne idée, Mélofée retire le bouchon du stylo, pose la mine sur la première ligne et commence à écrire de drôles de signes. Venant de la lune, l’animal a apprit l’écriture propre à son espèce : l’alphabet lunaire. Celui-ci est constitué de petits motifs dont chaque symbole semble vouloir dire quelque chose. Pour un humain comme vous et moi, on pourrait croire que ce cahier appartient à un enfant si un jour, l’un d’entre nous tombe dessus par hasard. Pour un autre Mélofée, il pourrait constituer une lecture des plus divertissantes.
Tandis que la créature vient d’achever sa première ligne en mettant un point, il ne se doute pas qu’une présence s’approche discrètement de lui, dans son dos. Mélofée est tellement absorbé par sa nouvelle occupation qu’il en oublierait presque qu’il vit dans un monde peuplé d’humains mais surtout, d’autres Pokémons.
D’ailleurs, l’être qui s’approche de lui silencieusement est justement, l’une de ces magnifiques créatures. Toutefois, cette dernière fait plusieurs mètres de haut et présente un poids des plus imposants. Qui peut-être ce Pokémon qui se promène par-là alors que les bordures de décharges ne présentent aucun intérêt pour lui, en temps normal ? Cet animal n’est autre que l’évolution d’Onyx : Steelix.
Cela fait un moment qu’il observe discrètement Mélofée et il doit bien l’avouer, le comportement de celui-ci l’intrigue énormément. Pourquoi ne vit-il pas comme ses congénères au lieu d’adopter des attitudes propres ? Pourquoi Steelix ne pourrait-il pas faire comme ce petit être ? Avoir des actes et des décisions qui n’appartiennent qu’à lui au lieu de réagir et de se comporter come ceux de sa propre race ? D’ailleurs, n’agit-il pas déjà de son propre chef, en se promenant loin des siens et en observant le petit Mélofée ?
Le Pokémon lunaire ne se doute de rien et tourne la première page dont il vient de remplir le recto. Au moment où il s’apprête à écrire une nouvelle phrase sur le verso de son cahier, le soleil s’éclipse, plongeant l’endroit dans une obscurité faible mais ténèbres tout de même. Intrigué, le Mélofée lève une nouvelle fois la tête et remarque le visage de Steelix dépassant du feuillage de l’arbre contre lequel il s’est posé.
« Mélofée ? »
De suite, le Pokémon ferme son cahier en prenant soin de glisser son stylo à l’intérieur et se met très vite debout. Ensuite, il recule de plusieurs pas afin d’être bien en face du second animal. L’être de plusieurs mètres de haut le regarde faire, ne bouge pas de peur de l’effrayer inutilement. Bizarrement, Mélofée ne ressent aucune crainte. Même s’ils sont des représentants de deux races distinctes, ils font partis du même monde : celui des Pokémons.
Faisant son intellectuel, le Pokémon lunaire rehausse sa monture sur son nez et regarde attentivement l’animal qui se tient devant lui. Tiens, pourquoi ne passerait-il pas un peu de temps pour l’observer mais surtout, marquer ses remarques sur son cahier ? Et puis pourquoi ne pas parcourir le monde afin de dresser un inventaire complet de toutes les créatures qui résident sur cette planète ? Voilà que l’idée commence à grandir dans l’esprit de Mélofée tandis que Steelix ne bouge toujours pas. Le jeune écrivain est désormais bien motivé à parcourir l’univers qui l’entoure mais une question se pose alors. Comment ferait-il pour se défendre s’il doit rencontre un Pokémon hostile en cours de route mais surtout, beaucoup plus puissant que lui ? Tout seul, il sait très bien que Mélofée aura beaucoup de mal à survivre. Par contre, en ayant Steelix à ses côtés, l’animal serait rassuré. Il doit tenter d’entrer en communication avec lui.
Se prenant pour un scientifique, Mélofée s’adresse alors à son observateur.
« Mélofée. »
Steelix, ravi de voir que le petit être se montre plutôt chaleureux, s’empresse de répondre favorablement à sa salutation.
« Steelix. »
A son tour, la créature lunaire semble ravie de constater que la créature qui se tient à quelques mètres d’elle n’est guère hostile. Il décide alors de se présenter mais surtout, de lui présenter son projet. Comme un véritable scientifique, Mélofée lève sa main devant sa bouche et toussote, avant de discuter avec Steelix. Pendant plusieurs secondes, les animaux sont en pleine conversation et visiblement, ils ont l’air de se comprendre parfaitement, ce qui est vraiment étonnant.
Soudain, au bout de quelques minutes, voilà que Mélofée est sur le dos de Steelix tandis que celui-ci se déplace sans trop se presser vers la première forêt qu’il parvient à distinguer à l’horizon. Avec un peu de chances, il devrait y avoir plusieurs Pokémons à l’intérieur et forcément, les recherches de son compagnon avanceraient plus vite. D’ailleurs, étant assit sur l’un des anneaux de son collègue, Mélofée reprend l’écriture de son journal et consacre deux pages à la race des Steelix. Il n’oublie pas de marquer que c’est la forme évoluée d’Onyx et que son corps est fait d’une autre matière que celle de l’enveloppe offerte dès la sortie de l’œuf.
Désormais, Mélofée comprend mieux les humains et leurs motivations à vouloir capturer mais surtout, étudier le comportement des Pokémons. Ce monde est si merveilleux, si fascinant que lui-même n’a pu résister à l’appel de ces nombreuses et éventuelles découvertes. Les secondes et les minutes passent. Les deux compères arrivent enfin à l’entrée de la forêt mais Steelix ne souhaite plus avancer. S’interrogeant, Mélofée pose ses pieds sur le sol, se déplace pour se poster face à lui et là encore, une conversation a lieu.
En fait, le grand Pokémon lui explique qu’il ne peut entrer dans ce bois de peur de déraciner plusieurs arbres. Mélofée réalise alors que son nouvel ami est très soucieux de l’environnement et que sa grande taille le fait complexer. Que pourrait-il dire ou que pourrait-il faire pour tenter de lui venir en aide ? Voilà une question qui va demeurer sans réponse pendant quelques temps. Soudain, un bruit en provenance des buissons se situant à l’orée de la forêt se fait entendre. Mélofée se retourne et attend de savoir de quoi il retourne. Rapidement, un Chenipan sort de sa cachette et poursuit son chemin.
« Mélofée. »
Le Pokemon insecte s’arrête, se retourne et salue celui qui vient de se montrer poli. Mélofée lui demande s’il peut avoir son intention, ceux à quoi lui répond positivement Chenipan avant de recevoir une pluie d’interrogations concernant la vie au sein de cette forêt. Sans le vouloir, le petit du Papillusion va contribuer à la progression des études de Mélofée, une révolution dans le monde mais surtout, dans le comportement des Pokémons.