Quand on vit en mer, certaines choses sont plus compliquées à trouver. Un coiffeur par exemple. Ça faisait des années que Shanks n'était pas allé chez un coiffeur. Cependant dans son équipage, plusieurs maîtrisaient plutôt bien la paire de ciseaux. Yasopp était d'ailleurs très talentueux. Mais pas assez pour que le second de l'équipage accepte de mettre sa tête entre ses mains. Ben était très attaché à ses cheveux. Il ne prendrait pas le risque de les faire couper en dehors d'un salon de coiffure et encore moins si c'était par un membre de l'équipage.
Cela ne plaisait pas à son capitaine. Shanks adorait les journées coiffure sur le Red Force, c'était toujours drôle. Alors cette fois-ci pas question que le rabat joie de service y échappe. Ben n'aurait jamais accepté d'y participer, il campait dans sa cabine quand la moindre paire de ciseaux faisait son apparition sur le pont, le Roux avait donc mit au point un plan infaillible. C'était ses mots, infaillible.
Avec le soutien de Yasopp, toujours présent pour les idées foireuses de son capitaine, il mit son plan a exécution la nuit précédant la fameuse journée. Ben n'était pas sur ses gardes. Il dormait à poings fermés, profitant d'un repos bien mérité avant le lendemain qui risquait d'être agité. Alors, chacun armé d'une paire de ciseaux, le capitaine et le sniper se faufilèrent "discrètement" jusqu'à la cabine du second en traversant le couloir plongé dans la pénombre. Pour être plus discrets, ils n'avaient pas allumé la lumière, ce qui n'était pas pour les aider.
"Aie ! C'était mon pied ça !"
"Chuuuut il va nous entendre"
"Vous n'êtes pas discrets les gars"
Ah tiens ? Roo était de la partie ? Non. Il passait simplement dans le couloir pour aller à la cuisine et avait entendu les plaintes de son capitaine qui sautillait en se tenant le pied. Il en fit d'ailleurs tomber sa paire de ciseaux et les deux trouble-fêtes se figèrent. Lentement, ils ouvrirent la porte.
Pas de mouvement dans le lit. Ouf, sauvés. Le cliquetis métallique n'avait pas réveillé le pirate. Le rouquin se pencha prestement pour récupérer son arme. Retenant leurs respirations, les deux reprirent l'avancée, cette fois-ci en terrain hostile.
Tout le mobilier s'étant visiblement passé le mot pour attaquer les pieds de Shanks, après bon nombre de cri de douleur étouffé, la longue chevelure de Ben était enfin en vue. Yasopp leva les yeux au ciel pour réfléchir avant de regarder son capitaine.
"On fait quoi déjà ?"
"On coupe."
"Mais comment ? On fait un dégradé ?"
"Mais j'en sais rien moi, c'est toi le coiffeur !"
Ben remua dans son lit et interrompit aussitôt le début de discussion. Shanks regarda son sniper qui retenait sa respiration puis la tête de Ben. Soulevant sa main droite, armée de sa paire de ciseaux, il l'approcha des cheveux et coupa bravement dans le tas. Yasopp plaqua une main sur sa bouche en voyant la mèche de cheveux que Shanks avait découpée.
"Chef, c'est n'importe quoi !"
"Chut ! On s'en va !"
Rapidement, la mèche de cheveux avec eux, les pirates quittèrent la pièce et détalèrent ensuite jusqu'à la cuisine.
"Lucky. On a un problème."
"Ben va sûrement tuer quelqu'un demain"
"Et par quelqu'un Yasopp veut dire : moi."
Devant l'annonce dramatique, Lucky reposa son gigot dans son assiette.
"Qu'est-ce qu'il c'est pas... Oh mon dieu ! C'est ses cheveux ?!"
Shanks baissa les yeux vers la mèche et prit un air contrit.
"Oui."
Dans un long soupir commun, les trois pirates s'attablèrent autour d'une bouteille de rhum.
"Il en faudra plus..."
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"SHANKS !"
Le Roux envisagea un instant de sauter par dessus bord à l'idée d'affronter son second. Mais il finit par prendre ses responsabilités et sortit fièrement de sa cabine, évitant de justesse une balle qui traversa le bois de sa porte à quelques millimètres de ses mèches rouges. Shanks déglutit et afficha un sourire tremblant.
"Heeyy Ben... Très jolie coupe..."
Et pendant que de bon matin Shanks courrait pour échapper à la fureur de son fidèle second, la mèche de cheveux resta cachée au fond d'un tiroir, preuve irréfutable de cette fameuse nuit mais surtout de la journée qui l'avait suivit où le Roux avait frôlé la mort à plusieurs reprises.