Memento Mori

par L-Keriel

« Quand j'étais petit, je pensais que je ne méritais pas d'être en vie. Mais vous avez changé ça les gars ! »

Sous un ciel bleu qui semblait s'étendre à l'infini, Portgas D. Ace sourit en tenant son chapeau d'une main pour l'empêcher de s'envoler. Le vent soufflait et balayait brièvement la chaleur étouffante de l'île sur laquelle l'équipage de Barbe Blanche faisait une escale.

« Ça me fait plaisir d'être avec vous, je me sens à ma place. »

Son sourire éclatant, chaleureux, qui mettait l'accent sur ses tâches de rousseur était communicatif. Ses frères sourirent à leur tour devant le visage jovial du commandant de la seconde division.

Et les sourires entraînèrent d'autres sourires et puis des rires.

Car ils l'aimaient tous tellement ce sourire. Son sourire.

Son sourire chaleureux sur son visage rieur.

Son sourire moqueur face à ses camarades lors d'une partie de carte.

Son sourire assuré quand on lui attribuait une mission.

Son sourire bouleversant d'amour quand il parlait de son petit frère.

Son sourire provocateur quand il cherchait les ennuis.

Son sourire naturellement accueillant quand il parlait à des inconnus.

Son sourire empli de fierté devant les membres de sa division.

Son sourire empressé face à une assiette de nourriture.

Son immense sourire quand il rigolait, juste avant de rire aux éclats.

Son sourire euphorique quand ils remportaient une bataille.

Son sourire enfantin quand il faisait une bêtise.

Son sourire charmeur quand il prenait la pose.

Son sourire sûr de lui quand on le provoquait en duel.

Son sourire émerveillé devant une découverte.

Son sourire timide et discret quand on lui faisait un compliment inattendu.

Son sourire en coin quand il avait une idée derrière la tête.

Son sourire rouge pivoine quand certains de ses camarades le taquinaient.

Son sourire rebelle quand il se vengeait sournoisement d'une blague sur le Moby.

Son sourire démesuré quand il imitait celui de leur père.

Son sourire tout simplement.

Son sourire, son sourire, son sourire.

Ce sourire si particulier qu'ils ne verraient plus jamais.

Ce sourire triste, fatigué, résigné, qui substituait sur ces lèvres bleutées.

Portags D Ace était mort comme son père, le sourire aux lèvres ; et c'était un déchirement.

Ace était mort et personne ne voulait y croire. Ses compagnons le pleuraient ; et le souvenir brûlant de son sourire aggravait les torrents de larmes et les sanglots.

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Ils contemplaient les deux grandes tombes blanches. Celle, immense, de leur père à tous. Celle, juste à côté, de leur frère.

Quand ils voyaient le chapeau et le couteau, les larmes montaient aux yeux des pirates et dévalaient leurs joues. Quand ils levaient ces mêmes yeux vers le ciel, l'image d'Ace apparaissait sur la toile bleue. Et il souriait. Il souriait tellement que ça en donnait sûrement mal aux joues mais peut importait : il souriait.

Alors ses frères, sur terre, souriaient à travers les larmes et le chagrin, transportant dans leurs cœurs l'héritage de ces deux hommes.

Et de leurs sourires.