Epilogue : La volonté du Feu

par marin-chan

Epilogue – La volonté du feu

 

 

            Jiraya était épuisé alors qu’il n’était même pas encore officiellement Hokage. Le vieil homme, assis derrière son tout nouveau bureau, soupira bruyamment. La paperasse s’empilait déjà à des hauteurs désespérantes. Jetant un coup d’œil morne à tous ces dossiers, il préféra se lever et regarder le village à travers la baie-vitrée. Contrairement à son humeur, il faisait grand soleil et quelques nuages cotonneux traînassaient dans le ciel bleu. Pourquoi avait-il accepté déjà ? Ah oui, ce garçon blond, accessoirement son filleul, et ses reproches d’un jour. L’ermite des crapauds fronça les sourcils. Son accession au poste d’Ombre du Feu apportait tout un nombre de problèmes qu’il se devait de résoudre le plus rapidement possible. D’abord, il ne pouvait plus rejoindre un indic parmi son réseau d’infiltration et d’espionnage. Il devait donc trouver un homme de confiance qui serait prêt à quitter Konoha et voyager seul durant de longs mois. Un shinobi n’ayant de préférence que très peu d’attaches et professionnel dans la recherche d’information.

 

- Un casse-tête dont je me serai bien passé ! renifla Jiraya.

 

            Plusieurs ninjas correspondaient aux critères. Namiashi Raidô avait les compétences nécessaires, seulement, sa large balafre sur le visage l’empêchait de passer inaperçu. Et puis, il y avait aussi le fait qu’il soit très lié à Shiranui Genma, qui lui aussi aurait pu convenir. Mais ces deux-là, ainsi que leur coéquipier, le bien plus discret Tatami Iwashi, allaient très certainement postuler pour faire parti de sa garde personnelle. Réfléchir à tout cela était d’un ennui ! Rin avait son équipe, Itachi avait parfaitement sa place en tant que capitaine ANBU et Obito… Pourquoi pas ? Il avait été l’élève de Minato après tout.

 

- Non, non, non ! secoua-t-il la tête. Sa bien-aimée risque de me faire la peau.

 

            Quelques coups discrets contre la porte le firent sortir de ses pensées. Le Rokudaime se retourna et d’un ordre bref, permis à l’inconnu d’entrer. Il s’agissait justement de l’aîné Uchiwa. Les deux hommes se saluèrent d’un hochement de tête et restèrent silencieux quelques secondes.

 

- Jiraya-sama, fit le jounin, solennel. Je venais vous demander un faveur.

- Oh, oh ! rit le vieillard d’un air lubrique. Tu viens enfin demander la permission d’épouser Rin ?

 

            Obito piqua un fard et bégaya qu’il ne s’agissait absolument pas de cela.

 

- Zut, dire que j’avais enfin le nouveau sujet de mon projet Icha Icha Lune de Miel !

- Vous ne pouvez plus écrire ce genre de roman, le vieux. Vous avez été nommé Hokage, je vous rappelle.

 

            L’ermite se renfrogna. C’était justement là son deuxième problème. En acceptant sa promotion, il mettait fin à sa passion et ses recherches. Maudit Naruto et son influence bienveillante. A cause de lui, sa carrière de super-pervers prenait fin. Il devenait un simple pervers et ça, il en était hors de question. Et les ouvrages anonymes ?

 

- Bon, qu’est-ce que tu veux, gamin ? demanda-t-il d’un seul coup plus serein.

- Prendre votre place, annonça Obito de but en blanc.

- Hein ?!

- Ce que je veux dire, votre réseau d’information est le meilleur du continent. Il serait dommage de le laisser dépérir. Je viens donc me proposer pour vous remplacer.

 

            Jiraya redevint sérieux. Il observa celui que Naruto appelait affectueusement tricheur-sensei et ce qu’il vit ne lui plût pas. Bien que semblant déterminé et prêt à voyager, il y avait cette lueur de désespoir que le vieillard nota dans ses yeux. Il n’appréciait pas du tout cet air nonchalant face à cette situation désastreuse.

 

- Ce n’est pas en partant que tu ramèneras Sasuke.

- J’en suis parfaitement conscient.

- Ce n’est pas non plus cela qui t’aidera à faire ton deuil.

- Je suis au courant, merci ! Vieux schnoque…

- Tss, fit Jiraya. Et Rin dans tout ça ?

 

             Cette fois-ci, l’Uchiwa sembla hésiter. Le Hokage le vit crisper la mâchoire puis affirmer qu’il n’y avait rien entre eux et qu’il était parfaitement capable d’assumer ce rôle. Un imbécile qui ne se rendait même pas compte qu’il quittait volontairement la femme dont il était dingue alors qu’elle aussi l’aimait et n’attendait que de le lui révéler.

 

- Je ne sais pas, Obito, soupira-t-il. Laisse-moi y réfléchir quelques jours. En attendant…

 

            Un petit rictus moqueur s’afficha sur les lèvres du sannin.

 

- En attendant, va donc retrouver ta coéquipière et faites quelques galipettes pour vous détendre.

- Eh ! s’offusqua le jounin.

- Ouais, ouais… fit le sensei de Naruo en lui faisant signe de partir.

 

oOoOoOoOoOo

 

            Naruto, assis sur la tête du visage du Yondaime Hokage, une jambe repliée contre son torse, l’autre suspendue dans le vide, observait le village, réfléchissant. Que s’était-il donc passé dans la tête de son coéquipier pour qu’il pense à déserter ? Et qu’en plus il suive Orochimaru ? Le jeune garçon ne comprenait pas. Sasuke avait Itachi et Obito. Bon, d’accord, son clan avait presque disparu, mais il avait encore de la famille… Le genin soupira. Il était déçu. Certes, l’Uchiwa n’était pas particulièrement loquace, et se moquait de lui, mais il l’aimait bien tout de même. C’était un ami. Peut-être pas aussi proche que Tenten, Neji ou Lee, mais un ami tout de même. Il ferma les yeux et se gratta le cou.

 

            Lorsqu’il les rouvrit, le jinchuuriki se trouvait devant la cage du démon renard qui l’observait avec dédain.

 

- Que me vaut le déplaisir de ta visite, gamin ?

- J’avais envie de discuter avec toi. Tu ne m’as toujours pas dit ton nom, quel est-il ?

- Tu es têtu, fit le renard dans un sourire carnassier. Mais je ne dirai rien. Autre chose d’inutile à me dire ?

- Est-il possible que dans un futur plus ou moins proche on puisse réellement travailler ensemble ?

 

            Le bijuu resta silencieux quelques instants, fixant sérieusement son hôte.

 

- Que veux-tu dire par là ?

- Il est vrai que tu me prêtes ton chakra quand j’en ai besoin, mais ce n’est pas forcément terrible. J’ai du mal à le contrôler.

- Evidemment que tu as du mal ! C’est le mien je te signale, et je ne suis pas n’importe qui. Shukaku est un minable face à moi.

- D’accord, d’accord ! sourit Naruto en levant les mains. Alors… C’est possible ?

- Pourquoi vouloir savoir ça, maintenant ? s’enquit froidement le renard.

 

            L’adolescent resta silencieux un instant, le regard dans le vague.

 

- T’es chiant à ne répondre à aucune de mes questions… Mais bon, c’est parce que je me trouve faible.

- Et tu l’es, lâcha le démon.

- Oui, je le suis ! râla Naruto, levant les yeux au ciel. J’ai pensé que si je m’améliorais, peut-être que tu accepterais de travailler avec moi. On est deux alors autant en profiter, non ?

- Hn ! ricana Kyûbi. Dans tes rêves, humain. Mais moi aussi j’ai une question.

- Je t’écoute.

- Pourquoi n’es-tu pas en train de courir après ton pathétique équipier Uchiwa ?

 

            Naruto revint à la réalité à ce moment précis tout en entendant le renard éclater de rire. Il tourna la tête vers la gauche et vit Tenten qui s’approchait en l’appelant. Il lui offrit un doux sourire alors qu’elle s’installait à ses côtés. La jeune fille resta silencieuse, observant à son tour le village qui se trouvait en contrebas. Elle avait cherché son ami toute la journée puis Rin-sensei lui avait indiqué la statue du Yondaime. Seulement maintenant qu’elle se trouvait avec lui, elle ne savait plus quoi dire.

 

- Ton bras est guéri ? demanda l’adolescent.

- Oh, ça ! sourit-elle en le bougeant. Totalement ! Tsunade-sama est venue à la maison et en cinq minutes, j’ai récupéré deux semaines. Elle m’a simplement dit de ne pas trop forcer cette semaine mais que la suivante il sera comme neuf.

- C’est bien…

 

            L’hôte de Kyûbi se tut et leva les yeux vers le ciel.

 

- Dis Tenten

- Quoi ? répondit-elle.

- Si Neji ou Lee venait à déserter… Comment tu te sentirais et comment réagirais-tu ?

 

            L’élève de Gai pencha la tête, pensive.

 

- Hum… faisait-elle, réfléchissant. Je suppose que je me sentirais trahie, sans pour autant me mettre à le détester. Après tout, nous avons passé énormément de temps ensemble tous les trois. Je pleurerai certainement et me détesterai pour mon incompétence. Je sais pas trop.

 

            Le blond hocha la tête.

 

- Pourquoi me sens-je extérieur à tout ça ? s’enquit Naruto plus pour lui-même. Je ne ressens rien et pourtant j’aimerai pouvoir dire que je suis en colère qu’il ait blessé Sakura ou qu’il rejoigne Orochimaru, celui qui a voulu détruire le village ! Je suis indifférent à sa désertion… Comment est-ce possible ? Il a été mon ami ! Suis-je donc un monstre sans sentiments ?

 

            La jeune maîtresse d’arme lui attrapa la main, attirant son attention. Elle le força à la regarder puis prit calmement la parole.

 

- Tu n’es pas indifférent à la trahison de Sasuke Uchiwa, dit-elle car elle avait été mise au courant par son sensei. La preuve en est que tu t’énerves en ce moment contre toi-même. Tu es furieux de ne rien ressentir. Mais je ne pense pas que ce soit le cas. Tu sais… Il s’est passé beaucoup de choses lors de l’examen chuunin et puis tu as changé après ton combat contre Gaara. Tu m’as dit avoir appris un secret de rang S – et je veux toujours le connaître – tout cela est, je pense, l’origine de ton état actuel. Tu as beaucoup trop de choses à penser pour un simple genin et ça te travaille. Tu ne sais plus vraiment où tu en es, mais tu essais de faire face. Alors, suite à la désertion de ton équipier, tu rejettes inconsciemment tous tes sentiments face à cela. Et ce, pour ne pas devenir totalement fou.

 

            Tenten s’étonna elle-même de ses paroles. Où était-elle donc allée chercher cela ? Naruto la regardait avec étonnement. Puis, il lui offrit un sourire timide et détourna le regard.

 

- Merci, dit-il en lui serrant la main. Même si je dois avouer que tu me fais peur à lire comme ça en moi.

 

            La jeune fille eut un rire cristallin et entrelaça ses doigts à ceux de l’hôte de Kyûbi.

 

- Je t’aime, souffla le garçon.

 

            La kunoichi piqua un fard et eut l’impression que son cœur allait sortir de sa poitrine.

 

- Et toi ? demanda-t-il, légèrement anxieux.

- Imbécile, marmonna-t-elle. Pourquoi crois-tu que je te tiens la main ?

 

            Tenten le vit sourire. C’était le premier vrai sourire qu’il lui donnait depuis l’attaque coalisée d’Oto et de Suna. Alors qu’il regardait de nouveau de village, apaisé, la jeune fille déposa un léger baiser sur la commissure gauche de ses lèvres puis posa sa tête contre son épaule.

 

- Moi aussi, je t’aime... murmura-t-elle.

 

oOoOoOoOoOo

 

            Tsunade regarda la jeune Sakura Haruno avec attention. Cette petite kunoichi l’avait impressionnée à Tanzaku. Elle avait su combattre en équipe avec Naruto face à Kabuto et mieux encore, elle restait digne après la désertion de son coéquipier.

 

- Tu peux rester, Rin, fit la sannin alors que la jeune femme s’apprêtait à sortir. J’ai aussi à te parler.

 

            La sensei de l’équipe sept haussa un sourcil et revint s’installer devant la Senju.

 

- Bien, on va commencer par toi, gamine. Ton instructrice m’a dit que cela faisait six mois que tu étudiais le ninjutsu médical, alors je ne vais pas y aller par quatre chemins. Tu m’as fait forte impression lors de notre rencontre et tu es douée. C’est pourquoi, après en avoir discuté avec Rin, j’ai décidé de te proposer de devenir mon élève.

 

            Tsunade se tut et afficha un petit sourire en voyant la jeune fille écarquiller les yeux.

 

- Mais… Mais et l’équipe ? bégaya Sakura.

- Naruto va être entraîné par Jiraya, l’informa la coéquipière d’Obito. Par conséquent, on ne peut plus vraiment dire que l’équipe sept existe toujours. Tu devrais accepter, Sakura, c’est un grand honneur.

- Hum… se contenta-t-elle de faire en hochant la tête.

- D’accord, venons-en à toi, Rin ! reprit la vieille femme. Pendant leur affrontement contre Kabuto, Naruto a été gravement touché au cœur et, sans tes sceaux que tu avais au préalablement donné à ton élève, je ne suis pas sûre qu’il ait survécu à sa blessure. J’ai donc je plaisir de t’annoncer que tu vas travailler en duo pendant quelques mois avec Shizune. Le but : former tous les ninjas médecins à utiliser ton sceau défibrillateur. Et j’espère que tu continueras à travailler avec moi pour former des équipes médicales ! Héhé.

- Mais… Mais… Et l’équipe ? balbutia la jounin.

- Naruto va être entraîné par Jiraya et moi par Tsunade, dit la plus jeune en reprenant le même ton que Rin avait utilisé précédemment, un petit sourire moqueur accroché aux lèvres. Vous devriez accepter, Rin-sensei, c’est un grand honneur.

 

            Tsunade pouffa, rapidement suivie par les deux autres kunoichi.

 

- Si j’en crois mes informations, reprit calmement la princesse des limaces, tu es amie avec Hinata Hyuuga, n’est-ce pas ?

- C’est vrai, acquiesça la rose. Pourquoi cette question ?

 

            La Directrice de l’Hôpital lui offrit un grand sourire.

 

- Tu peux aller lui dire que Neji est entre de bonnes mains. Le fait qu’il ait en quelques sortes « démagnétisé » le sable de Gaara avec le juken a considérablement réduit les effets dévastateurs de sa technique. D’ici deux mois, sous mes soins, il sera parfaitement remis.

 

            Quelques minutes plus tard, après une vague discussion médicale, Rin et Sakura quittèrent le bureau de la sannin, le sourire aux lèvres. C’était peut-être la fin de l’équipe sept, mais ce n’était pas leur fin à eux. Non, c’était un nouveau départ. Elles se séparèrent et Rin se demanda si Obito allait accepter de prendre les deux adolescents avec lui, de temps en temps pour une mission.

 

oOoOoOoOoOo

 

            Naruto et Tenten avaient décidé de garder leur relation naissante secrète. Le blond ne tenait pas à ce que la jeune fille ne souffre à cause de lui, le réceptacle de Kyûbi. Et c’est ainsi qu’il se promenait seulement côte à côte dans les rues de Konoha. Les deux adolescents passèrent devant un magasin à la vitrine attirante. Le garçon s’arrêta et jeta un coup d’œil rapide aux articles proposés. Puis, il regarda son habillement et poussa un profond soupir.

 

- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda son amie.

- Il se passe que je viens de me rendre dompte de la bêtise que j’ai eu de m’habiller en orange. Non mais franchement, quelle idée ! Lors d’une mission d’infiltration j’aurai tout fait rater !

 

            Tenten sourit et se laissa entraîner dans la boutique. Naruto se dirigea immédiatement vers les vêtements et étudia les différentes étoffes. Il ramassa finalement une petite pile et partit se changer. La maîtresse d’arme l’entendit grommeler des « trop sombre »,  « pas d’éclat », « imbécile, on veut pas de couleur chatoyante ! ». Se retenant de rire, elle le vit finalement sortir vêtu d’un pantacourt noir et d’un simple pull blanc. L’adolescent s’approcha du miroir le plus proche et afficha une petite grimace. Penchant la tête, la coéquipière de Neji réfléchit à un moyen pour que son petit-ami… Son petit-ami… Rougissant seule, elle se détourna et remarqua la veste qui fallait à Naruto. Noire, elle était bordée d’un orange vif sur les bords ainsi que le col. Elle la tendit au garçon.

 

- Tiens, mets ça, marmonna-t-elle.

 

            Le jinchuuriki l’enfila et, de suite, un gai sourire apparut sur son visage. Il se tourna et se retourna pour s’observer, ravi.

 

- T’es géniale ! lui dit-il en déposant un discret baiser sur la joue.

- Mouais, ricana-t-elle. Tu pouvais pas passer d’une extrême à l’autre. Et puis, un peu de orange, ça fait de mal à personne.

 

            Payant rapidement, ils sortirent – Naruto vêtu de sa nouvelle tenue – et se dirigèrent vers la maison de Tenten. Tout en marchant, ils discutaient tranquillement, riant et profitant de ces derniers moments avant leur nouvelle mission.

 

- Yo ! cria soudainement le blond. Rin-sensei !

 

            La jounin se retourna et eut un moment d’hésitation. Son élève avait complètement changé de style. Choquée, elle se rapprocha doucement et vit que sa tenue ressemblait énormément à celle d’Obito quand ils avaient son âge.

 

- Alors ? demanda-t-il. Comment vous me trouvez ?

- Changé, se contenta-t-elle.

- Mais encore ? insista le garçon.

- Transformé.

- Tu es très classe, Naruto ! lui dit la maîtresse d’arme.

- Rin-sensei, vous ne semblez pas très bien, remarqua-t-il alors qu’elle restait silencieuse. Vous êtes toute pâle.

- Ce n’est rien ! le rassura sa sensei avec un sourire qui sembla faux.

- Vous êtes sûre ?

 

            Tenten leva les yeux au ciel. Il avait peut-être légèrement mûrit, mais il manquait toujours de tact.

 

- Viens, on y va. Rin-sensei a sûrement des choses à faire.

 

            L’adulte acquiesça lentement, encore trop surprise par ce changement soudain. Un petit sourire étira ses lèvres rosées puis elle se tourna pour rejoindre son équipier. Ils avaient à parler tous les deux.

 

- Alors comme ça je suis très classe ? rit joyeusement l’hôte de Kyûbi.

- Oui, tu es très beau, dit-elle. Et j’ai beaucoup de chance.

- Hein ?

- J’ai beaucoup de chance que mon amoureux ait suivi mon conseil vestimentaire.

 

            Eclatant d’un rire cristallin, elle ne remarqua pas que le garçon avait rougi. Attendri, il oublia sa résolution et lui attrapa la main. Liant ses doigts aux siens, ils continuèrent à marcher, soudainement silencieux. Alors qu’il réalisait une livraison, Teuchi, le propriétaire des ramens Ichiraku, haussa un sourcil en voyant son client favori. Puis ils croisèrent Konohamaru et sa petite bande.

 

- Boss ! Que faites-vous ? s’enquit le petit garçon.

- Je vais chez Tenten.

- Vous êtes amoureux ? fit Moegi, la rousse, les mains jointes car elle trouvait cela bien romantique.

 

            Les deux aînés rougirent  légèrement.

 

- Oui, affirmèrent-ils d’une même voix.

 

            Ce fut aux apprentis ninjas de rougir, puis ils les laissèrent passer, Konohamaru un air ahuri accroché au visage. Son rival venait de prendre une longueur d’avance sur lui.

 

- Papa, je suis rentrée ! cria l’élève de Gai, alors qu’ils entraient dans la maison de la jeune fille.

- Je suis dans la cuisine, lui répondit son père. Ah, bonjour Naruto !

- Bonjour, Kenji-san. Je ne dérange pas, au moins ?

- Mais non ! sourit le quarantenaire en secouant la main devant lui.

 

            Son regard s’attarda sur leurs mains entrelacées, puis sur la tenue de l’amoureux de sa fille. Il secoua la tête, amusé et souffla un « Ah, les jeunes d’aujourd’hui » qui eut pour effet de les séparer.

 

- Attends ici quelques minutes, dit-il finalement. Je n’ai pas eu l’occasion de te donner ton cadeau d’anniversaire et ça fait longtemps, mais tant pis. Considère ça comme ta récompense pour t’être bien battu pour le village.

 

            L’homme disparut pour réapparaître une demi-dizaine de minutes plus tard, un coffret de bois brut dans les mains.

 

- Je n’ai pas vraiment eu le temps, ni l’envie je dois dire, de fignoler la boîte, mais… Après tout, c’est ce qu’il y a à l’intérieur qui compte.

 

            Il tendit l’objet à Naruto qui le posa sur la table avant de l’ouvrir. Il en sortit cinq armes identiques, des sortes de kunai personnalisés à trois branches. Il fronça les sourcils et se tourna, une lueur interrogatrice dans les yeux, vers Kenji.

 

- Jiraya-sama m’a dit que tu avais appris pour ton père. Je ne pense donc pas avoir besoin de t’éclairer sur l’utilisation de ces kunai spéciaux.

- Moi j’aimerai bien savoir, marmonna Tenten. Ils ne sont pas faits pour cibler car les deux branches supplémentaires les alourdissent…

- Comment et surtout, pourquoi ? demanda Naruto, ému de recevoir ce présent si significatif.

- Le Hokage t’expliquera, conclut mystérieusement Kenji.

 

            Le silence tomba sur le petit groupe, puis le blond remercia d’un sourire le père de Tenten. Il les laissa, prétextant un quelconque entraînement.

 

- Qu’est-ce que c’était ? s’enquit la kunoichi.

- Secret de rang S, ma chérie.

- Et comment, toi, tu es au courant ?

- J’ai été un grand ninja ! clama-t-il. Ne te l’ai-je jamais dit ?

- Si… Mais tu ne m’as jamais dit ce qui était tes coéquipiers, ni qui avait été ton sensei

 

            Kenji posa sa main sur son épaule.

 

- Ni même compté une de vos aventures, grogna la brune en détournant la tête.

- Hum… songea-t-il. Je peux quand même te dire une chose.

- Ah oui ?

- Le père de Naruto a été mon coéquipier lorsque nous étions genin.

 

oOoOoOoOoOo

 

- Ero-sennin ! cria Naruto dans l’oreille de Jiraya.

 

            Ce dernier endormi, se réveilla en sursaut et renversa une bonne partie de ses dossiers sur le sol.

 

- Naruto ! rugit le sannin. Ça va pas de crier comme ça.

- Ça fait dix minutes que j’essaie de vous réveiller, répliqua le garçon.

- Je ne dormais pas… mentit effrontément le vieillard.

- Mais oui, mais oui… Et cette immense trace de bave sur votre joue ? répliqua-t-il sèchement.

 

            L’ermite des crapauds, pris sur le fait, se redressa et haussa un sourcil interrogateur en voyant son protégé.

 

- Tiens, tu as décidé de quitter ta tenue orange ?

- Oui, dites…

- Et ta petite-amie, qu’est-ce qu’elle en pense ?

- Elle me trouve très beau. J’ai une question à vous poser…

- Qu’est-ce qui…

- Mais vous allez arrêter de poser des questions ?! s’énerva Naruto.

- Qu’est-ce qui t’amène ? sourit malicieusement le nouvel Hokage.

- Ça, fit le jinchuuriki en lui montrant le cadeau de Kenji.

 

            Jiraya les regarda un instant avant de soupirer.

 

- Tu sais certainement à quoi ils servent.

- Oui, mais ça n’explique pas comment Kenji-san est au courant pour mon père.

 

            L’écrivain se leva.

 

- Approche… Tu sais que Minato a été mon élève.

- Oui.

- Kenji faisait parti de son équipe de genin. Il a également été sous ma responsabilité.

 

            Restant silencieux, Naruto regarda d’un nouvel œil ses kunai spéciaux.

 

- C’est lui qui a forgé ces lames ?

- Oui, comme celle de ton père.

- Mais dans ce cas, pourquoi n’est-il plus shinobi ?

- Un accident avant la guerre. Malgré cela, ils sont restés bons amis avec Minato. Si tu veux plus de détails, il faudra lui demander directement.

 

            Le blond acquiesça lentement.

 

- Et votre discours Ero-sennin ? demanda ensuite le garçon.

- Disons que je pensais m’inspirer d’une de mes œuvres…

- Jiraya-sama, vous me décevez ! lâcha le réceptacle du démon renard.

 

oOoOoOoOoOo

 

            Rin tambourinait à la porte de l’appartement d’Obito. Il finit par venir lui ouvrir, maussade. Alors qu’ils se regardaient silencieusement sur le pas de la porte, la jeune femme bouillait intérieurement. Quel idiot égoïste ! Elle le gifla. Il se laissa faire. Il serra la mâchoire et elle serra les poings.

 

- Tu pars, souffla-t-elle.

- Jiraya ?

- Oui, il a eu la bonne idée de me prévenir, cracha-t-elle.

 

            L’Uchiwa resta silencieux.

 

- Dis quelque chose !

- Je suis pressé, on parlera une autre fois…

 

            Une autre claque retentit dans le petit couloir de l’immeuble. Sous l’impact, Obito avait tourné la tête. Il passa sa langue sur ses lèvres.

 

- Si tu pouvais arrêter de me…

 

            Il ne termina pas sa phrase car il remarqua Rin essuyer rageusement une larme.

 

- T’es vraiment qu’un imbécile !

 

            Le jounin ferma les yeux, résigné.

 

- Oui.

- Reviens-moi.

- Oui.

 

            Elle recula d’un pas et après un dernier regard, il ferma la porte. Obito s’adossa contre le mur et se laissa glisser jusqu’au sol. Il ferma les yeux et soupira. Rien n’avait changé depuis qu’il était genin. Il avait peut-être progressé, était peut-être monté en grade, mais finalement il était toujours pareil. Un lâche. Fuyant, encore et toujours. Il fuyait l’équipe qui lui était destinée, fuyait Itachi et le village pour oublier la désertion de Sasuke. Il fuyait Rin, la femme qu’il aimait, tout ça pour se jeter corps et âme dans l’ancienne mission de Jiraya. Oui, il fuyait même son deuil par ce départ. Il allait mourir, peut-être… Sûrement. Mais il avait également promis de revenir.

 

oOoOoOoOoOo

 

            Jiraya était face à la population de Konoha. Sur le balcon, du palais de l’Hokage, il s’apprêtait à faire son discours d’intronisation. Derrière lui, se trouvait Koharu et Homura, ainsi que son ancienne coéquipière Tsunade.

 

- Habitants du pays du feu, dignitaires, visiteurs, ninjas, kunoichi, civils ! Vous me connaissez, je suis Jiraya, l’un des trois sannin légendaires, ermite des crapauds et élève du Sandaime Hokage.

 

            Il fit une courte pause et son regard scruta les visages.

 

- On nous enseigne à l’académie que nous, shinobi de Konoha, possédons la Volonté du feu. Il s’agit d’une expression bien vague pour la plupart d’entre nous. Et je dois avouer que jusqu’à récemment, je ne savais pas de quoi il s’agissait. Ou plutôt j’avais oublié…

 

            Il croisa le regard de Naruto, lui faisant comprendre par la même occasion que c’était grâce à lui qu’il avait compris.

 

- C’est à chacun d’entre nous de l’apprendre. Pas à pas, comme une jeune équipe. Réussir et progresser. S’intégrer et travailler. Combattre et changer. Se lier et améliorer. Protéger, réformer et vivre, être responsable et pardonner ! Tous ces mots la définisse, et de nombreux autres. Courage, loyauté, amour, paix… Nous ne pourrions tous les citer. Seul le Shodai Hokage le pourrait. Et, même si la définition exacte nous échappe, nous shinobi de Konoha, nous la vivons tous les jours. Nous l’expérimentons et faisons notre maximum pour la suivre. Même si elle a différentes formes, rien ni personne ne nous la retirera. On peut perdre ou échouer, on se relèvera toujours. En tant que Rokudaime Hokage, je m’efforcerai de la suivre et de la transmettre ! Et j’espère, peuple de Konoha, que vous m’accepterez.

 

            Il se tut et la foule se mit à applaudir.

 

- C’est un nouveau départ pour Konoha. La volonté du feu nous préservera !

 

            Après un silence, il reprit.

 

- Toujours !