Chapitre 6 – Le caranaval
Chaque hiver, la ville de Konoha se parait de ses plus beaux habits organisant sur deux semaines son célèbre Carnaval annonçant l’arrivée du printemps. Offrant un spectacle sans égal de jour comme de nuit grâce aux parades géantes et colorées, la ville attirait tous les ans plusieurs centaines de milliers de spectateurs venant du monde entier. Hinata attendait Tenten à la terrasse d’un bar-restaurant observant les marionnettes géantes de papier mâché mesurant près de vingt mètres de haut sur la place Senju près de la grande roue. L’ouverture de la période festivale avait été annoncé par le Roi du Carnaval représentant un chef cuisinier en prenant les clés de la ville, il trônait désormais sur la place Senju en compagnie de sa Reine vêtue de sa robe en forme de charlotte aux fraises durant toute la durée des festivités.
« Ouh ouh, Hinata ? fit une voix masculine en passant sa main devant les yeux de la jeune femme.
- Oh, Naruto, salut, répondit-elle surprise de la voir.
- Tu attends quelqu’un ?
- Tenten, mais elle est en retard, répondit-elle en regardant sa montre
- Je peux te tenir compagnie en attendant ?
- Oui, bien sûre, installe-toi, fit-elle en lui souriant.
- Cool ! fit-il en posant son manteau sur le dossier de sa chaise, dévoilant sa veste orange qu’il ne quittait jamais.
- Gaara n’est pas avec toi ?
- Non, il est chez sa famille à Suna, répondit-elle, s’abstenant de lui demander si Karin le rejoignait.
- Hum, je vais me commander un café, tu veux quelque chose ? demanda-t-il essayant de cacher la satisfaction d’être seul avec elle.
- Non merci, j’ai ce qu’il me faut.
- Salut Hinata !
- Salut Saky, ça va ? T’as une petite mine !
- Ça va, juste un peu fatiguée, j’ai du mal à dormir en ce moment.
- Oh, encore des cauchemars ? lui demanda-t-elle, en regardant son téléphone qui venait de sonner.
- Oui encore. Tenten n’est pas là ?
- Non, elle vient de m’envoyer un message pour me dire qu’elle a un empêchement.
- Salut Sakura !
- Bonjour, Naruto.
- Vous vous connaissez ? demanda Hinata
- Oui, Tenten nous a présenté l’été dernier, répondu Naruto.
- Puis, Hinata me parlait beaucoup de toi, fit Sakura, se rendant soudain compte de sa maladresse en apercevant la gêne d’Hinata. Enfin, fit-elle en se raclant la gorge a-a-avant elle me parlait de toi, n’arrangeant pas la situation. Euh dis-moi Hina, tu n’aurais pas vu Saï par hasard, je n’arrive pas à le joindre, demanda-t-elle en en changeant de conversation ce qui fit sourire Naruto.
- Non mais j’ai vu Kiba avec son chien se diriger vers les miroirs d’eau il y a environ dix minutes. Saï ne devrait pas être loin, ils sont cul et chemise ces deux-là.
- Ouais je sais. De toute façon il faut que je passe à la parfumerie avant. Bonne aprèm à vous deux, fit-elle en s’éloignant en marche arrière lui mimant un « désolée » pour sa gaffe faisant sourire son amie.
- Dis-moi, vous parliez bien de Saï UCHIWA ? questionna le jeune homme
- Oui, ils sortent ensemble depuis trois mois je crois.
- Ah oui ? Et ça se passe bien entre eux ? demanda-t-il suspicieux en buvant son café.
- Oui, il est très attentionné avec elle.
- Ah oui ? Pourvu que ça dure dans ce cas. fit-il sans plus de détail.
- Qu’est-ce que tu sous-entends ?
- Saï n’est pas le genre de mec à avoir une relation sérieuse avec une fille.
- Tu te trompes Naruto, je les ai observés, il semble vraiment amoureux, fit-elle avec assurance.
- Sasuke dit que c’est quelqu’un de nuisible, insista-t-il.
- Ce n’est pas parce qu’il ne s’entend pas avec son cousin, qu’il est obligatoirement mauvais pour les autres.
- Hum ».
Discutant de choses et d’autres, Naruto était heureux car depuis quelques temps le dialogue entre eux était devenu plus facile et l’animosité dans le regard d’Hinata à son encontre avait disparu. Il avait également remarqué qu’elle portait la montre qu’il lui avait offerte lorsqu’ils étaient ensemble faisant gonfler son cœur de joie. Plongé dans sa bulle, il ne fit pas attention à son téléphone qui sonnait dans la poche de son manteau ni à la jeune femme rousse qui les fixait immobile sur le trottoir d’en face. Le téléphone à la main, Karin observait Naruto et Hinata constatant qu’ils étaient encore amoureux la blessant davantage, elle savait qu’elle devait tourner la page et arrêter d’essayer de le reconquérir mais c’était trop difficile pour elle. Le cœur serré et ayant besoin de se confier, elle leur tourna le dos et envoya un message à sa meilleure amie.
***
Les spectateurs remplirent peu à peu les tribunes installées de chaque côté de la place Senju, impatients d’assister au dernier défilé du carnaval. Traversant la place le téléphone à l’oreille, Sasuke se disputait avec Ino qui lui avait enfin répondu après plusieurs appels. Il ralenti sa marche essayant de garder son calme, mais voyant que leurs joutes ne menaient à rien et s’énervant de plus en plus, il finit par lui raccrocher au nez s’arrêtant près des miroirs d’eau, soupirant regardant loin devant lui. Il pensait que la discussion qu’ils avaient eu quelques semaines plus tôt aurait améliorée la situation, mais il constatait malheureusement que c’était pire et que leur relation était vouée à l’échec. Il envoya un message à Naruto pour savoir où il se trouvait, souhaitant le rejoindre car sa harpie de cousine lui faisait faux bon et se dirigea lentement vers la fontaine en attendant sa réponse. Il croisa Sakura qui ne fit pas attention à lui et l’observa se diriger vers les miroirs d’eau pour rejoindre son cousin. Akamaru, le grand chien blanc de Kiba vint à la rencontre de la jeune femme qui lui caressa sa large tête et repartit auprès de son maître adoré en faisant de grands bonds. La vue de Saï augmentant sa mauvaise humeur, Sasuke se détourna et rejoignit Naruto et Hinata en se faufilant à travers la foule après avoir reçu un message de son ami.
Arrivée à leur hauteur, Sakura salua Kiba qui était au téléphone et embrassa Saï en l’enlaçant et le questionna sur son retard. S’éloignant pour échapper à la foule de plus en plus nombreuse pour assister à l’ultime parade avant la clôture finale des festivités, Saï lui répondit qu’il avait eu un empêchement sans plus d’explication. Contrariée par cette réponse évasive, Sakura se renferma sur elle-même et observa la grande roue située derrière les miroirs d’eau où il y a quelques jours, elle avait eu le plaisir d’y passer un agréable moment avec sa famille à l’occasion d’un repas gastronomique organisé pour une œuvre caritative. Un apéritif avait d’abord été servi aux pieds de la roue pour accueillir les clients qui embarquaient ensuite à bord des nacelles équipées de tables tournantes et d’une vue imprenable sur la ville. Kiba faisait l’idiot comme à son habitude amusant Sakura alors que Saï ne quittait pas son téléphone envoyant plusieurs messages. Après quelques minutes, il l’éteignit et se glissa derrière Sakura en lui embrassant le cou et la serrant dans ses bras pour faire disparaitre l’amertume de la jeune femme. Sentant son petit ami plus entreprenant que d’habitude, Sakura ressentit la pluie de papillons au creux de son estomac se manifestant de plus en plus ces derniers temps en présence de Saï. Souhaitant se changer les idées, elle se concentra sur la foule et attendit patiemment le début du défilé sourire aux lèvres en apercevant au loin son frère et ses deux meilleurs amis faire les pitres, déguisés en mousquetaires aux pieds de la roue.
Attendant patiemment leurs compagnes, Sasori et ses amis improvisaient des scènes de cape et d’épée devant des spectateurs admiratifs pensant qu’ils faisaient partie du spectacle. Ils cessèrent leur combat lorsque Meï vêtue d’une robe du XVIIe siècle, monopolisa son fiancé en l’enlaçant tendrement. Deidera et Itachi reprirent leur duel mais furent de nouveau interrompu par la voix d’une petite fille courant dans leur direction en appelant son père. Retirant son chapeau de feutre à larges bords, Itachi s’accroupi à la hauteur de la fillette à la chevelure brune nouée d‘un chignon et ouvrit les bras pour accueillir Kagura qui devançait sa mère. Après avoir étreint son père, la petite fille aux yeux brun semblables à ceux de sa mère tournoya sur place lui montrant fièrement sa jolie robe jaune et sautilla ensuite vers Sasori et Deidera pour leur montrer son beau costume de la princesse Belle. Itachi embrassa sa femme qui avait caché ses cheveux noirs par une perruque blonde et bouclée. Il serra Anko contre lui, la couvrant de sa cape, cachant sa robe verte trainant au sol et ils regardèrent leur fille jouant avec Deidera et Sasori.
Vêtue d’une robe rose drapée de dentelle et coiffée d’un chignon orné d’une rose, Konan rejoignit ses amis et se cacha derrière son éventail, rougissant légèrement devant le sourire charmeur de Deidera qui lui fit un clin d’œil en inclinant légèrement son chapeau. Le défilé débuta, le Roi et la Reine de la gastronomie prirent la tête d’une trentaine de chars décorés, Konan se concentra sur la parade essayant de calmer les battements de son cœur lorsque Deidera se rapprocha d’elle, la perturbant davantage. Les monarques continuaient leur ascension entourée de marionnettes géantes aux côtés d’une centaine de musiciens, d’artistes de rue et de danseurs venus des quatre coins du pays. Itachi porta sa fille sur ses épaules pour qu’elle puisse profiter du spectacle et regarda les marionnettes géantes parader lorsque quelque chose attira son regard.
« Sasori !
- Ouais ?
- Dis-moi, c’est pas ta sœur là-bas ? demanda le Itachi en lui montrant une jeune femme du doigt.
- C’est pas bien papa, on ne montre pas du doigt, fit Kagura en jouant avec le chapeau à plume d’autruche de son père.
- Oui, tu as raison ma chérie.
- Oui c’est elle, répondit Sasori.
- Elle sort avec mon cousin ?
- Depuis environ trois mois.
- Hum…
- Qu’est ce qui se passe mec ?
- Dis à ta sœur de faire attention !
- Pourquoi ?
- C’est pas le genre de mec à se caser sérieusement avec une fille.
- Pourtant de ce que j’ai pu constater, il a l’air de tenir à Saky, fit Meï.
- Ouais et elle a même retrouvé le sourire depuis qu’elle l’a rencontré, ajouta Sasori.
- Peut-être bien qu’il est devenu sérieux… mais garde le à l’œil.
- T’inquiète pas, je l’attends au tournant au moindre faux pas ! » dit Sasori en lui tapant l’épaule.
****
Le ciel était maintenant recouvert d’un drap sombre étoilé, le Roi et la Reine avaient atteint le rivage laissant derrière eux un chemin recouvert de mimosas, de gerberas et de lys lancés depuis les chars. Le carnaval de Konoha qui avait permis de voir la ville sous un autre œil prendra bientôt fin. Comme le veut la tradition, après avoir veillé des jours la place Senju, le Roi de la gastronomie était placé sur une barge attendant l’heure de son incinération. La plage était bondée de monde mais contrairement à l’été dernier, les manteaux avaient remplacé les maillots de bain protégeant les spectateurs de la brise du mois de mars. En retrait de la foule, Naruto et Sasuke sirotaient une bière profitant du calme après le scandale qu’Ino avait fait plus tôt dans la soirée car son cousin faisait souffrir Karin. Le jeune homme était attristé pour son ex, ils avaient passés de bons moments ensemble mais c’était vite rendu compte de son erreur et ne pouvait plus mentir sur ses sentiments. Il était toujours amoureux d’Hinata et il se promit de faire tout ce qui lui était possible pour la reconquérir. Repensant à l’agréable après-midi passé avec elle, il observa le Roi du Carnaval flottant sur l’eau s’embraser devant plusieurs centaines de spectateurs émerveillés.
Blottie bien au chaud dans les bras de Saï, Sakura était fascinée par la scène qui se déroulait sous ses yeux et attendait patiemment le feu d’artifices qui conclura la soirée. Après ça, tout semblera bien ennuyeux lorsque la ville retrouvera son calme après toutes ces effervescences. La musique retentie annonçant les premières explosions célestes se reflétant dans le regard admiratif de Sakura. Accoudée à la balustrade délimitant la route de la grève, Tenten observait d’un regard éteint le ciel coloré par le feu d’artifices. Les souvenirs de sa mésaventure étaient encore trop présents et elle n’avait pas eu le courage de tout raconter à son amie sachant pourtant qu’elle serait là pour l’épauler. Elle avait honte d’être si faible, elle qui se montrait si forte et confiante en public. Fermant fortement les yeux en secouant la tête, elle balaya les images qui l’assaillaient et se replongea dans le spectacle lorsqu’une main posée sur son épaule la fit sursauter.
« Qu’est-ce que tu fais ici toute seule ? lui demanda une voix masculine.
- Neji ! Tu m’as fait peur, fit-elle en chassant discrètement les larmes qui menaçaient de s’échapper.
- Tu vas bien ?
- Oui oui, ça va, fit-elle sans le regarder.
- Tenten, dis-moi ce qui se passe fit-il en la retournant doucement vers lui.
- Nejis’il te plaît, le supplia-t-elle le visage baissé.
- Ce n’est pas dans tes habitudes de t’isoler comme tu le fais.
- Faut croire que tu ne me connais pas si bien que ça.
- Tenten, c’est quoi ces marques sur ton visage ? l’interrogea-t-il en passant sa main sous son menton pour lui relever le visage.
- C’est rien, fit-elle en détournant les yeux
- Tenten ! Dis-moi qui t’as fait ça !
Ne se contenant plus, la jeune femme éclata en sanglot cachant son visage derrière ses mains. Neji laissa ses questions de côté devant la détresse de son amie et l’enlaça le cœur serré. Répondant à son étreinte, Tenten nicha son visage dans son cou laissant évacuer sa peine et Neji se promit de découvrir ce qui lui était arrivé et de faire payer le responsable de ses blessures. Resserrant son étreinte, le jeune homme apporta tout le réconfort dont son amie avait besoin, observant le bouquet final clôturant définitivement les festivités sous un tonnerre d’applaudissements.