Chapitre 1 - Bienvenue à la maison

Chapitre 1 : Bienvenue à la maison

Installée près d'une vitre, les écouteurs dans les oreilles, Sakura admirait le paysage et découvrit avec plaisir le ciel devenir de plus en plus bleu et le soleil toujours plus éclatant au fur et à mesure que le train s'éloignait de Iwa. Durant son avancée, la locomotive fit plusieurs arrêts et elle constata que plus son voyage progressait vers le Sud plus les vêtements étaient légers annonçant un été beaucoup plus agréable que dans la partie Nord du pays. A chaque halte, des voyageurs descendaient et montaient dans les wagons, d'autres attendaient sur le quai des gares faisant des signes d'au revoir à leurs proches. Ces scènes lui provoquèrent un élan de nostalgie, personne n'était présent au quai pour lui dire au revoir car hormis une lettre laissée à sa mère, elle n'avait prévenue personne de son départ. Elle tournait définitivement le dos à son passé, c'était la bonne décision, elle le savait mais cette boule au fond de sa gorge était toujours présente et prête à éclater. 

Peu après son retour de vacance il y a deux mois, Sakura avait fait part à sa mère de sa décision de partir vivre chez son père à Konoha pour poursuivre ses études et depuis ce jour, leur relation s'était dégradée plus qu’elle ne l’était. Les dernières semaines étaient devenues invivables, Sakura et sa mère se disputaient si souvent qu'elles avaient fini par s'éviter, cette situation l’avait encouragé à avancer son départ. Malgré tout, cette séparation lui brisait le cœur car même si elles n'avaient jamais été proche, elle aimait sa mère. Elle soupira longuement et sortit de sa poche la lettre d'Hinata qui ne la quittait jamais. Elle l’a parcourue une énième fois et à la fin de sa lecture, elle la serra une fois de plus contre sa poitrine puis reporta à nouveau son attention vers le paysage. Cela faisait maintenant huit heures qu'elle avait quitté sa ville natale, la jeune femme s’adossa contre son siège et ferma les yeux sous la fatigue tandis que la nuit évinçait peu à peu les derniers rais de lumière.

L'aube laissait place aux rayons du soleil sortant progressivement la jeune femme de son sommeil, elle fronça le nez et ses yeux émeraude papillonnèrent le temps de s'accommoder à la lumière. Elle s'étira et grimaça puis se massant la nuque en se redressant du siège inconfortable. Elle recoiffa un minimum ses cheveux auburn en regardant à travers la vitre et fût émerveillée par la vue qui défilait sous ses yeux. Le soleil remontait progressivement l'horizon laissant refléter ses couleurs chaudes à la surface de la mer scintillante qui bordait l’aéroport de Konoha situé dans le prolongement de la grande avenue. Le train dévia vers le centre-ville après avoir longé la grande avenue et se stoppa sous deux grandes verrières abritant le quai de la gare. Une fois immobilisé, les portes du train s'ouvrirent pour permettre aux passagers de descendre sur le quai. Sakura regretta de ne pas avoir troqué son jean et son pull contre des vêtements beaucoup plus légers tellement l'air était étouffant.

Le quai était bondé de monde, des étudiants attendaient le train qui les ramènerait chez eux pour les vacances d'été, il y avait également deux enfants qui se jetaient dans les bras de leur père vêtu d'un uniforme militaire. Munit de son sac de voyage et de son sac à main, Sakura emprunta le passage souterrain. Arrivée dans le hall central aux grands carrelages bleus et blancs, la jeune femme se sentit observer et vit un jeune homme vêtu d’une casquette se diriger vers elle. Sentant l’angoisse monter peu à peu, elle prit sur elle pour rester calme et chercha des yeux un agent de sécurité en s'engouffrant dans la foule. Une main posée sur son épaule la fit sursauter et son cœur se mit à battre la chamade, elle prit son souffle pour crier mais se stoppa lorsque la personne prononça son prénom. Elle se retourna lentement et soupira de soulagement en reconnaissant cette tignasse parme et laissa apparaître un sourire familier.

« Bonjour, Papa, dit-elle en se jetant dans ses bras pendant qu'elle observait le jeune garçon faire demi-tour.

- Bienvenue à la maison ma chérie », lui répondit Kizashi en la serrant contre lui et lui déposant un baiser sur la tempe. 

Après ces chaleureuses retrouvailles, Kizashi lui prit son bagage et ils se dirigèrent vers la sortie faisant une halte au kiosque pour acheter le journal du jour. Ils passèrent ensuite les portes automatiques de la gare regagnant la Volkswagen grise garée en double file sur la voie de bus. Sakura s’installa sur le siège passager tandis que son père fût abordé par un jeune homme qui cherchait son chemin. La jeune femme observait la façade de la gare habillée de briques rouges et coiffée d'un pavillon central orné d'une grande horloge blanche. Elle stoppa sa contemplation lorsqu'elle vit le jeune homme qu’elle avait croisé un peu plus tôt, traversant la voie de bus pour atteindre celle du tramway. Une fois le bagage de sa fille déposé dans le coffre, Kisashi s'installa au volant amusé par la vieille dame qui donnait des coups de sac à l’homme avec qui elle se disputait un taxi un peu plus loin.

« Ça te dit un petit resto ? Tu dois être morte de faim ? 

- Oh que oui ! Je dévorerais un bœuf !!! affirma Sakura !

- Eh bien, c'est parti ! ». répondit Kizashi en mettant le contact.

****

Il n'était pas loin de dix-huit heures lorsque Kizashi longea la clôture en bois vert clair avant de franchir un grand portail. Il se gara en face d'une porte de garage marron, le long d'un laurier rose en fleur délimitant la propriété. Une étendue de gazon embellie de plantes et de fleurs bordait l'allée et comblait l'espace. Sakura prit son sac de voyage dans le coffre et rejoignit sa belle-mère qui les attendait sur le pas de la porte. Arrivée à sa hauteur, Kuneraï serra Sakura dans ses bras puis détailla la jeune fille à travers ses lunettes et pu voir des cernes sous ses grands yeux verts.

« Je vous attendais beaucoup plus tôt ! fit Kuneraï. 

- On est allé manger au restaurant ce midi et ensuite, on est allé faire quelques courses après s'être promené au centre-ville, lui expliqua Sakura.

- Tu m'as l'air bien exténuée ma belle, constata sa belle-mère en lui embrassant le front.

- Oui le voyage a été long et le siège du train n'était pas du tout confortable. 

- Rentre, dépose tes affaires et repose-toi un peu.

- Et moi, bien sûr personne ne vient m’aider !!! se plaignait Kizashi chargé des sacs de courses.

- Je suis très occupée chéri, fit sa femme en agitant une cuillère en bois avec un grand sourire avant de rentrer à son tour.

- Bah voyons, sale harpie marmonna-t-il en franchissant la porte.

- Qu'est-ce que tu as dit ?! demanda Kuneraï les poings sur les hanches !

- Oh, euh, rien, rien ma puce ! répondit Kizashi qui ne s'attendait pas à ce que sa femme réapparaisse, tu es rayonnante aujourd’hui », fit-il déglutissant difficilement.

- Mouais j’t’ai à l’œil ! fit-elle en lui tourna le dos pour se diriger dans la cuisine. 

- Pff, t’as eu chaud mon vieux ! se dit-il à lui-même.

Amusée, Sakura longea la cuisine sur sa droite et le séjour à sa gauche pendant que son père déposait ses emplettes sur l'ilôt central de la cuisine et se chamaillait gentiment avec Kuneraï. Elle posa son sac dans le salon et vit sa demi-sœur âgée de neuf mois jouer dans son parc, elle s'en approcha avec hâte et la petite Miraï leva la tête et tendit ses petits bras vers sa sœur aînée. Sakura la prit dans ses bras et s’installa contre les coussins du canapé et prit une petite brosse posée sur la table en verre pour brosser les cheveux noirs de Miraï que celle-ci fixait de ses grands yeux marrons la télévision accrochée au mur. L’heure du dîner approchait lorsqu’un cabriolet bleu se gara le long de la clôture, un jeune homme aux cheveux écarlates en sortit et huma la délicieuse odeur de barbecue qui planait dans l’air. Une fois à l'intérieur, il posa le courrier sur le petit meuble du couloir situé sous le miroir et rangea sa veste et ses chaussures dans la penderie. Il esquissa un large sourire en découvrant la tignasse de sa sœur installée sur le canapé et s'approcha à pas de loup pour se jeter sur elle, mais il se résigna en voyant qu'elle avait Miraï sur ses genoux. Ne se laissant pas abattre, il baissa la tête à la hauteur de la jeune femme, bien décider à la surprendre.

« Bouh ! hurla-t-il près de son oreille.

- Même pas peur frangin ! dit la cadette souriant en faisant la deuxième couette de Miraï qui mordait son anneau de dentition.

- Pfff, t’es pas drôle sœurette !

- Ah Sasori, tu es rentré, s'exclama Kuneraï en installant autour de la terrasse des bâtons d'encens à la citronnelle et au géranium pour profiter d'un repas sans moustiques. Tiens, rends-toi utile et apporte les plats qui sont dans la cuisine à ton père ».

- Oui Chef, à vos ordres Chef, fit Sasori en se mettant aux gardes à vous.

- Active-toi au lieu de faire l’imbécile, répondit Kuneraï en ricanant.

Sakura erra dans le jardin et admirait les changements qu’il y avait eu depuis sa dernière venue. Derrière son père qui s’occupait du barbecue se trouvait un tonneau récemment enterré sous le grand cerisier, elle y découvrit un bassin composé d'un nénuphar jaune, d'un lotus jaune et rose et de multiples plantes aquatiques. Captivée par les poissons rouges qui occupaient le bassin, elle se fit surprendre lorsque son frère la porta sur son épaule pour la faire tourner. Quand il la déposa au sol, la pauvre cadette perdit l'équilibre et s'étala dans l'herbe fraîchement tondue. Elle fusilla son frère du regard pendant que celui-ci se moquait d’elle et se jeta sur son dos et lui ébouriffa les cheveux tandis qu’il rebroussait chemin. Sasori rejoignit difficilement la table après l’appel de leur père pendant qu'il se débattait avec sa sœur sur le dos. Après un repas animé, Sakura regardait la télévision dans le salon, concentrée devant son émission, elle sursauta lorsque Kuneraï s’installa à ses côtés en lui tendant son téléphone portable.

« Tiens ma belle, je l'ai entendu sonner pendant que je couchais Miraï.

- Merci. Ah, c'est Hinata ! Elle me propose de la rejoindre en ville dans deux semaines à son retour de vacance. s'exclama-elle, toute souriante envoyant un message à son amie pour accepter l'invitation.

- Hinata ? Ah oui ! La jolie brune avec qui tu passais ton temps pendant les vacances. Très gentille fille.

- Oui, elle est géniale ».

****

Après cette journée exténuante, Sakura monta dans sa chambre en passant devant la chambre de Miraï qui dormait à poing fermé. Son sac de voyage trônait sur son lit et des cartons qu’elle avait fait parvenir étaient entassés dans un coin. Elle déplaça son sac sur le tapis et s’affala sur son lit, remettant le rangement de ses affaires au lendemain. Elle regarda son téléphone et soupira, déçue, car sa mère ne lui avait pas donné le moindre signe malgré les nombreux messages envoyés pour lui dire qu'elle était bien arrivée. Un bruit de ballon, la tira de ses pensées, elle se leva et ouvrit sa porte fenêtre pour accéder au balcon où elle vit son père et son frère faire des paniers sur le mini terrain de basket du lotissement. Elle les observa jouer, ravie d’être auprès d’eux, dans cette ambiance beaucoup plus chaleureuse qu'à Iwa. Il faisait doux et la vue était superbe, elle admira les couleurs chaudes du coucher du soleil sur les feuilles du cerisier au milieu du jardin. Elle soupira de bien-être car pour une fois il n'y avait aucune voiture rouge garée devant chez elle. Tout en observant le ciel s'assombrir de plus en plus, elle se perdit dans ses souvenirs en jouant avec les deux chaînettes en argent qui ornait son poignet ....

C’était une journée pluvieuse comme souvent, Sakura était plongée dans ses pensées assise sur le rebord de la fenêtre de sa chambre, un vrombissement la fit revenir à la réalité. Elle poussa un profond soupir en voyant une fois encore cette voiture rouge garée à quelques mètres, occupée par un homme aux cheveux argentés coiffés en brosse. Depuis son retour de vacances, il faisait le pied de grue en face de chez elle plusieurs fois par semaine, n’acceptant pas qu’elle ait enfin réussit à lui tenir tête et à rompre définitivement avec lui. Contrairement à son habitude, elle ne ferma pas les volets pour se cacher, elle l’observa, un sourire naissant sur son visage pensant à son départ imminent. Après de longues minutes, elle se mit à frissonner à cause du vent glacé, elle retourna dans sa chambre et ferma les volets avant de se réfugier sous sa couette. Quelques minutes plus tard, elle entendit la voiture de Hidan s'éloigner et se laissa gagner par le sommeil.

Le lendemain soir elle le vit à la sortie des cours, il était adossé contre sa Honda écarlate, une cigarette à la main ne la lâchant pas du regard. Un long soupir de lassitude sorti de sa bouche sachant qu'il allait la harceler une fois de plus. Elle rompit le contact visuel faisant abstraction de son regard pénétrant afin de rester forte lorsqu'elle se fit bousculer sans ménagement. Sakura se retourna et reconnue les longs cheveux cramoisis de celle qui avait été sa meilleure amie. Karuï avait opté pour un nouveau look, elle qui ne se maquillait jamais, elle était maintenant peinturée de pourpre autour de ses petits yeux marrons recouverts par des lentilles ambrées. Son teint était plus hâlé, des piercings ornaient son arcade gauche, son nez et ses lèvres rouge sang étaient également percées d'un anneau.

« Tu ne crois tout de même pas qu'il est venu pour toi !!!! » lança-t-elle avec arrogance avant de rire aux éclats en se dirigeant vers Hidan. 

Ne s'attendant pas à une telle animosité, Sakura resta abasourdie sur place et la vit sauter au cou de Hidan et l'embrasser sauvagement avant de se retourner vers elle avec un sourire mesquin. Sakura partie à rire tellement la situation était pathétique et reprit son chemin sans un regard pour eux effaçant la mine réjouie de Karuï. Mais elle fut brutalement stoppée après quelques mètres. Elle se retourna et son regard croisa les yeux recouverts de lentilles violettes de son bourreau qui lui agrippait le bras tandis que son ancienne meilleure amie tapait du pied derrière eux, contrarié que Hidan la délaisse pour Sakura.

« Il faut qu'on parle !! lui avait-il dit sèchement tout en resserrant sa prise
- On n'a plus rien à se dire, lâche-moi tu me fais mal ! lui répondit-elle en se dégageant. Va rejoindre Karuï, elle s’impatiente.

- Je me fiche de cette fille, c’est toi que je veux !

- S’est terminé Hidan ! Laisse-moi tranquille !

- Je ne te laisserais aucun répit ma belle, tu finiras par me revenir. Comme toujours ! lui dit-il un sourire malsain gravé sur son visage.

- Détrompes-toi, cette fois-ci je ne reviendrais pas ! » hurla la jeune femme avec toute l'assurance qu'elle avait en évitant le baisé forcé que Hidan avait tenté. 

Sakura fit deux pas en arrière tout en fixant Hidan et reprit sa route le cœur battant à tout rompre, fière d'avoir su lui tenir tête et se dit qu’Hinata aurait été fière d’elle.

... Neko, le chat angora de la maison la sortie de ses pensées en se frottant contre ses jambes, elle le prit dans ses bras et le câlina provoquant des ronronnements chez le petit rouquin. Le félin finit par se défaire des bras de Sakura après quelques minutes de câlin et sauta sur la balustrade pour atteindre la toiture pour faire sa promenade du soir. Elle ferma ses volets et s'effondra sur son lit, fermant les yeux pour ne les rouvrir qu'au petit matin.

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