Bras dessus, bras dessous, Lucy et Loki rentrèrent en marchant tout doucement à travers Magnolia en direction de l’appartement de la belle. Le contact avec l’air frais de la nuit semblait avoir apaisé les agitations fanfaronnes de la jeune femme, tout comme l’apparition de son esprit qui avait eu pour effet de la dessouler aussitôt, comme à chacune de ses venues par ailleurs. Lorsqu’un de ses esprits venait la voir, elle arrêtait toute activité pour pouvoir profiter pleinement de ce dernier avant qu’il ne retourne dans le monde des esprits. Etre à leurs côtés était son souhait le plus intime, et non plus se retrouver séparés par le monde céleste.
Ce n’était pas la première fois que Loki apparaissait lors d’une soirée où la constellationniste faisait des siennes. Ainsi, régulièrement, il intervenait lorsque sa maitresse se laissait un peu trop aller dans certains bars peu recommandables. Ce genre de soirée se passait principalement à Magnolia, la constellationniste souhaitant préserver sa réputation de rédemptrice. Toutefois, Loki se résignait régulièrement à ne pas intervenir systématiquement. Pour lui, Lucy devait prendre conscience qu’il ne pouvait pas être là à chaque fois mais que d’autres personnes bien plus proche pouvaient l’aider. Elle devait apprendre à se raisonner par ses propres moyens, et non pas en buvant plus que de raison. En général, elle se contrôlait plutôt bien mais les abus arrivaient parfois. Au départ, les esprits stellaires avaient laissé faire Lucy, sachant pertinemment que cette dernière cherchait à panser sa peine même si cela n’était pas la solution la plus judicieuse, mais cela avait eu le mérite de la rapprocher de Cana qui était le seul pilier de Lucy dans le monde des humains. Il ne l’a considérait pas comme une femme alcoolique, loin de là. Lucy ne buvait pas en permanence et pouvait passer de très longue semaine sans boire une goutte, mais au fil du temps, Loki craignait qu’elle ne tombe définitivement dans ce mal, et tout le monde n’avait pas la constitution de Cana pour résister aux affres de l’alcool. Néanmoins, Loki et les autres esprits espéraient bien que le retour des membres de l’équipe Tenro l’aiderait à retrouver sa joie de vivre d’antan, sans se laisser aller dans la dépression ou dans la boisson.
Lucy – Comment vont les autres Loki ?
Loki – Ils vont bien, tous tes esprits te passent le bonjour.
Lucy – Ils me manquent…répondit-elle tristement.
Loki – A eux aussi tu leur manques. Taurus se désespère de revoir ton joli corps.
Lucy – Il est toujours aussi désespérant de lourdeur celui-là, dit-elle affectueusement.
Loki – C’est certain. Et il va être fou de jalousie lorsqu’il saura que nous avons partagé un petit moment d’intimité toi et moi ! dit-il en riant doucement. En tout cas, l’ensemble des esprits se joignent à moi pour te recommander toujours la prudence.
Lucy - Mais je suis toujours prudente, tu le sais.
Loki – Ah bon ? rétorqua t’il. Et c’était quoi ce numéro à Onibus quand tu nous as appelé pour ce débile de poseur de bombe ? Nous n’avons pas apprécié d’être appelé pour si peu Lucy alors que tu es censée restreindre l’utilisation de ta magie.
Lucy – Oui, je sais. Je ne le ferai plus, répondit-elle avec une certaine nonchalance dans la voix.
Loki – Pourquoi cette phrase sonne faux ? Tu sais bien que si on te dit tout cela, c’est parce que l’on tient à toi.
La jeune femme ne put réprimer ce sentiment de honte qui s’empara de son cœur face aux paroles tranchantes du leader des esprits du zodiaque. Elle n’osait pas affronter son regard, certainement sévère et infantilisant. Bien qu’elle se sentit blessée par la critique faite sur ses actions passées, Lucy savourait secrètement cet échange et se rappela la chance d’avoir des esprits aussi loyaux envers elle. Si pour passer plus de temps avec eux elle devait se faire réprimander, elle acceptait son sort bien volontiers.
Lucy – Oui mais c’est dur de ne pas vous voir plus souvent.
Loki – Chacun prend sur soi, mais c’est pour la bonne cause, non ?
Lucy – A quoi bon Loki ? A quoi bon ne plus vous voir si c’est pour qu’au final, le résultat soit le même… Je ne vous verrais plus quand je serais…
Elle se pinça la lèvre, hésitante dans le choix de ses mots en sachant pertinemment qu’elle allait être aussitôt corrigé par Loki devant son fatalisme. Elle avait souvent cette impression que personne ne voulait accepter son sort et cela devenait pesant à la longue pour elle, lui donnant ce sentiment que tout reposait sur ses frêles épaules. Elle osa tout de même poursuivre sa pensée, sans vraiment savoir ce qu’elle attendait de son esprit.
Lucy - Peut-être qu’au contraire on devrait profiter un peu plus les uns des autres. Profiter de l’instant présent sans songer à l’avenir.
Loki – Ne dis pas ça Lucy, tu sais bien que ce n’est pas une solution.
Lucy – Je sais…soupira t’elle.
Sans surprise par la réponse sans appel de Loki, elle détourna les yeux légèrement embués face à la déception qui s’enracinait en elle. Puis, elle décida de se reprendre, ne souhaitant pas se laisser envahir plus que de mesure par ses émotions.
Lucy - De toute façon, je ne me préserve uniquement pour l’ultime bataille. Une fois que Zeref aura disparu, je suis certaine que l’on réussira à éradiquer les spectres. Après, vous ne pourrez pas m’empêcher de vous voir si je suis encore de ce monde.
La nuit défila pendant qu’ils continuèrent le reste du chemin en silence. Ils profitèrent de la présence de l’un et de l’autre, comme ça, en toute simplicité. Avec le temps, les mots n’étaient plus vraiment devenus utiles l’un pour l’autre, si ce n’est que pour renforcer ses liens forts qui les unissaient. Malgré leurs absences, Lucy était devenue très complice avec tous ses esprits. Ils la soutenaient dans toutes ses épreuves, ne pliant jamais face à l’adversité. Ils étaient toujours présents bien qu’agissant différemment. Comme Cana, ils étaient sa bouée, les ficelles qui faisait bouger et avancer la marionnette qu’elle était devenue. Sans ses fils, elle tombait, comme elle était déjà tombée peu après l’examen de rang S. C’est avec eux qu’elle relâchait la pression, qu’elle s’accordait un moment de répit en redevenant elle-même. Et pourtant, elle les voyait si peu. Il n’avait pas tous la puissance suffisante pour pouvoir franchir la porte les menant au monde des humains mais elle remercia le ciel pour chaque instant passé auprès d’eux. Chacun leur tour, ils venaient de temps à autre, mais toujours lorsque Lucy était seul, pour profiter pleinement de la présence de leur maîtresse qu’ils respectaient et chérissaient tant.
Loki – Tout de même, la situation pourrait être plus simple aujourd’hui. Tu ne trouves pas ?
Lucy – Comment ça ?
Loki – Ta maladie.
Il savait pertinemment qu’il avait abordé le sujet fâcheux, et le visage de Lucy qui s’était immédiatement fermé lui confirma qu’elle n’était toujours pas ouverte à la discussion. Malgré tout, il décida d’insister. Ses confrères du monde céleste ne lui pardonneraient pas de ne pas avoir tenté une approche avec leur maîtresse, et Loki avait toujours été le mieux placé pour cela.
Loki – Tu as toujours justifiée la dissimulation de ta maladie sous prétexte de ne pas blesser plus encore tes compagnons. Avec le retour de l’équipe Tenro, tu ne crois pas que la donne à changer aujourd’hui ?
Lucy - Loki, on en a déjà parlé plus d’une fois, tu sais très bien ce que j’en pense, répondit-elle sèchement.
Loki – Tu es vraiment trop têtue...dit-il sur un ton ne camouflant pas son exaspération sur la question. Ils ne vont pas s’apitoyer sur ton sort. Les mages de Fairy Tail sont bien plus forts que ce que tu ne le penses.
Lucy – Je n’ai pas dit le contraire, mais tout comme vous, ils ont pris sur eux pour ne pas montrer leurs chagrins lors de la disparition de l’équipe Tenro. Comment voulais-tu que j’alourdisse leur peine avec une nouvelle pareille ? Et maintenant, ce serait tout simplement gâcher le bonheur qui est revenu au sein de la guilde. Profitons un peu de ce moment de bonheur, tu veux bien ?
Loki - Alors quand ?
Lucy – Je ne leur infligerai pas ça maintenant.
Loki – Lucy, ce n’est pas de gamin dont on parle.
Désarmée par les paroles de Loki et vexée par la tournure que prenait ce qu’elle pensait être un moment agréable, Lucy, qui avait de moins en moins l’esprit embrumé par l’alcool, délaissa le bras de Loki et s’emporta en poussant l’esprit du lion, l’invectivant de bien vouloir s’écarter d’elle.
Lucy – Ça suffit Loki, je n’ai pas envie de me disputer avec toi ce soir alors qu’on se voit si peu. Si tu veux continuer sur ce terrain-là, vas-y, mais la pente est dangereuse.
Elle avait relevé son visage et regardait enfin son esprit droit dans les yeux. Celui-ci ne put que remarquer les pupilles humides de sa maîtresse trahissant la précarité émotionnelle de celle-ci. Sa respiration s’était accélérée, et sa lèvre inférieure tremblotait légèrement, tandis que ses yeux se remplissaient lentement de larme qui ne demandait pas grand-chose pour s’écouler le long des joues rosies encore par l’alcool. La sagesse lui commanda alors de ne pas poursuivre la conversation, préférant ne pas augmentait le sentiment fautif de cette dernière. Ce mensonge, qui originairement partait d’un bon sentiment, était devenu une muraille où Lucy s’était enfermée, la plongeant dans une extrême solitude. Il savait qu’elle se sentait seule, que malgré tout, elle n’aimait pas mentir à sa famille, mais quelque chose la bloquait et Loki ne souhaitait pas forcer le passage. Avec beaucoup de bienveillance, Loki se rapprocha de Lucy pour l’enlacer dans ses bras souhaitant lui donner un peu de réconfort. Celle-ci engouffra sans hésiter son visage contre le torse de son esprit, tournant tout de même sa tête en direction du sol pour mieux dissimuler sa faiblesse.
Loki – Excuse-moi Lucy. C’est juste que je te trouve trop dur avec toi-même.
Il sentit la respiration de Lucy se calmer lentement, une respiration légère et faible, presque inaudible, lui laissant même pensé qu’elle avait peut-être somnolé dans ses bras pendant ses quelques minutes. IL la garda dans ses bras, prêt s’il le fallait rester ainsi toute la nuit pour apporter le soutien nécessaire à sa maîtresse. Lucy, se sentant de nouveau maitre de son corps, se retira des bras de son esprit et lui saisit les mains pour les serrer très fort, lui offrant un grand et beau sourire. Il répondit à cette démonstration d’affection par un sourire plus timoré, mais tout aussi chaleureux.
Loki – Allez, on arrive bientôt. Il est temps de te coucher princesse.
Lucy – Aye.
Ils rompirent tout contact entre eux pour reprendre leurs marches en direction de l’appartement de la belle blonde. Lucy s’agrippa au bras de Loki et posa sa tête sur son épaule, en prenant un plaisir infini à ce contact. Une fois arrivée à destination, Lucy tergiversa avant d’ouvrir son appartement avec sa clé, sachant pertinemment qu’au moment où elle franchirait la porte cet instant magique allait se terminer. Une main rassurante se posa sur son épaule, comme pour lui dire que ce n’était que partie remise, et elle prit son courage en mains et tourna la clé dans la serrure, prenant soin de laisser passer son esprit en premier. Elle savait que c’était l’heure de se quitter, et l’appréhension de ce départ remontait en elle comme une lame brûlante. La séparation avait toujours été une chose difficile à accepter, mais c’était dans ses moments de solitude qu’elle se rappelait que ses esprits n’étaient en fin de compte jamais bien loin.
Loki invita Lucy à rejoindre son lit en tapotant le matelas, ce qu’elle fit avec grand plaisir. La fatigue était apparue soudainement, alourdissant subitement ses jambes. Elle se coucha de façon peu élégante dans son lit, laissant ses pieds dépasser du rebord. Loki commença alors à lui enlever les chaussures, pendant que Lucy s’endormait tout doucement, bercée par les gestes attentionnés de son esprit. Loki s’arrangea pour installer Lucy un peu mieux dans son lit, la remontant délicatement, puis la jeune femme se roula en boule sur le côté en serrant son oreiller tout contre elle.
Loki - Bonne nuit princesse.
Lucy – Bonne nuit Loki.
Ce fut le cœur lourd que Loki disparut de l’appartement de l’une des personnes qui comptait le plus à ses yeux. Au fil des siècles, chaque esprit avait pu vivre et découvrir plusieurs personnalités différentes au travers de leurs maîtres respectifs qui se succédaient avec le temps. Mais même s’ils savaient tous que leurs contrats se termineraient un jour ou l’autre, il était d’autant plus difficile de regarder son maître mourir à petit feu, sans pouvoir intervenir dans ce lugubre avenir.
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Un nouveau matin se levait sur Magnolia. Les prémices de l’été commençaient à se faire sentir tôt dès le matin malgré les rosées matinales. La jeune femme grimaça, se maudissant de ne pas avoir pris la peine de fermer ses rideaux en rentrant la veille, les rayons de soleil aveuglants étant bien trop brutales pour le réveil de celle-ci. Ce même rayon la dissuada d’ouvrir les yeux, de peur d’être éblouit. D’ailleurs, elle était encore trop enlisée dans son état comateux, en lien indéfectible avec sa petite cuite de la veille.
Elle chercha à se tourner dans le lit, mais le bref mouvement de sa tête raisonna comme un carillon magistral dans son cerveau, comme si elle était assise juste à côté du clocher de la cathédrale Kaldia de Magnolia. Elle posa ses deux mains sur son front pour le maintenir, en espérant éviter toute douleur supplémentaire. Son corps lui ordonna de ne pas bouger, pour éviter tout désagrément migraineux mais c’était peine perdue. Le problème, c’était qu’elle avait chaud… L’idéal serait de changer de place dans le lit, en trouvant ainsi une place plus fraiche sur l’autre partie du drap. Pourtant, elle savait que bouger signifierait le glas de son cerveau, mais elle avait chaud, chaud…si chaud. Elle ne put que se faire la réflexion que l’été promettait d’être très mauvais pour cette nouvelle année. Et puis, il faut dire qu’après une cuite, le corps ne réagissait pas tout à fait comme à la normal. Sentant la transpiration gagner son corps, elle jeta violemment sa couette en espérant faire évacuer la chaleur de son lit.
Elle essaya de trouver son réveil afin de regarder l’heure. Sans ouvrir les yeux, elle chercha à tâtons sur sa table de chevet, mais sans succès. Elle fit un effort pour tourner la tête et s’aperçut alors que son réveil n’était plus là, puis elle eut un vague souvenir d’elle en train de le faire tomber en plein milieu de la nuit. Il fallait qu’elle se lève, elle le savait, sa mission de rédemptrice ne pouvait pas attendre plus longtemps.
Pourtant, Lucy n’arrivait pas à réagir, le corps ne réagissant aucunement aux ordres rationnels de son cerveau. Elle était si bien dans son lit, la fatigue de son corps lui commandait de rester dans ce petit nid si douillet pour l’éternité. A l’évidence, elle n’arriverait à rien dans les prochaines minutes à venir, et c’est en se résignant à sortir de son lit que son corps réagit en se retournant pour se placer au milieu de son matelas. Encore ensommeillée et la tête vaseuse, elle agrippa alors sa couverture, une jambe enjambant celle-ci tout en croisant ses bras dessus pour la rapprocher contre sa poitrine, resserrant son étreinte sur le tissu. Pourtant, elle sentait encore la chaleur augmenter de plus en plus dans sa chambre, la chaleur devenait presque suffocante. « Merde », jura t’elle mentalement, elle commençait à croire que son corps lui-même avait fini par gober à cette histoire de grippe.
C’est alors qu’elle sentit le creux de ses bras bouger, doucement dans un premier temps, puis se débattre de plus en plus violemment, faisant remuer toute la chaleur de façon très désagréable. Elle resserra un peu plus fort sa couette pour refreiner cette chaleur, sans pour autant réfléchir à l’origine de ses mouvements brusques émanant de son lit lorsqu’elle entendit un gémissement en provenance de sa couette.
Lucy - Il va vraiment falloir que j’arrête l’alcool, je me mets à entendre des voix maintenant, marmonna t’elle entre deux bâillements.
… - Oumfff….
A ce nouveau son suspect, Lucy réalisa tout à coup que ce bruit était loin d’être un de ses délires. Elle ouvrit grand les yeux et s’aperçut que la couette qu’elle pensait être en train de serrer contre sa poitrine n’était autre qu’une touffe rose au visage virant au cramoisie.
Lucy – AAAAAAHHHHHHH !!!!!
Prise d’une peur panique, elle hurla et commença à se débattre, laissant son instinct de survie prendre le dessus, envoyant un violent coup de pied dans la chose qui avait pris place dans son lit. L’intéressé valdingua contre le mur, sans avoir le temps de dire quoique ce soit. Dans l’affolement, Lucy tomba à la renverse, chutant lourdement de son lit et roulant sur le sol allant jusqu'à se cogner la tête contre son bureau. Le choc ne fut pas très violent, mais suffisant pour réveiller définitivement son mal de crâne de façon bien plus virulente, réveillant aussi quelques envies de nausées. Et alors, elle hurla de colère, un cri qui sembla retentir dans toute la ville.
Lucy – NATSSSUUUUUU !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
A toute vitesse, elle se releva et se dirigea comme une furie vers le mage de feu qui était encore aplati contre le mur, la tête à l’envers, des étoiles tournoyant au-dessus de sa tête. Elle remarqua à peine Happy écrasé derrière lui qui était jusque-là en train de dormir tranquillement au côté du dragon slayer, emporté bien malgré lui dans cette histoire.
Vigoureusement, Lucy attrapa fermement Natsu par son écharpe pour décoller du mur, ayant pour conséquence de laisser Happy s’écraser lamentablement sur le sol, en mode KO. Des éclairs semblaient transpercer les yeux de la jeune femme en furie.
Lucy – Ne recommence plus jamais ça ! Y a quoi dans ton crâne ?! J’ai failli avoir une crise cardiaque !
Malgré sa rencontre avec le mur de l’appartement, Natsu ne put s’empêcher d’afficher un sourire benêt face à la réaction de la constellationniste.
Natsu – Bah quoi ? C’est pas la première fois. Ton lit est toujours aussi moelleux.
Lucy – Pas la première fois peut être mais est ce que j’ai déjà tolérée ta présence dans mon lit ? Jamais ! Tu vois Natsu, en sept ans, j’ai eu le temps de m’habituer et d’apprécier les réveils calmes et agréables que vie tout célibataire digne de ce nom.
Erza – C’est vrai qu’il faut que tu respectes son intimité Natsu. Ce n’est pas vraiment convenable de dormir dans le lit d’une fille sans son autorisation.
Simultanément, Lucy et Natsu tournèrent la tête, ahuris, examinant la personne à l’origine de cette phrase. Assise tranquillement en tailleur près de la table basse, Erza sirotait paisiblement un thé fumant, la mage aux armures étant visiblement présente dans l’appartement depuis un petit moment. La colère de Lucy s’amplifia en voyant l’air calme et incrédule de Titania.
Lucy – Mais je ne vous ai pas invité chez moi ! C’est pareil pour toi ! cria-t-elle.
Grey – Erza ! Apporte, moi une serviette s'il te plait !
Sans chercher à comprendre, la constellationniste attrapa Natsu par son écharpe, et le balança de nouveau contre le mur, furibonde de voir un nouvel intrus dans son appartement. Elle marcha en direction de la voix de Grey qui émanait de la salle de bain et ouvrit brutalement la porte. Celui-ci était debout, nu et trempé, profitant de son flegme légendaire pour prendre un bain.
Lucy – Pas toi Grey, c’est pas possible ! Dégage de ma salle de bain avant que je ne sorte mon sèche-cheveux qui ira s’écraser directement sur ton crâne !
Grey – T’affole pas Lucy. J’ai fini. Je te laisse la place
Dégoulinant, il quitta la salle de bain et retourna dans le salon, ne saisissant visiblement pas la nature du problème. Lucy serra les poings, essayant de conserver un tant soit peu de maîtrise d’elle-même, se demandant bien ce qu’elle avait pu bien faire au bon dieu pour subir une telle immixtion dans sa sphère d’intimité.
Lucy – Je vais m’arracher les cheveux… Tes vêtements merde !
Grey – Ah oui, désolé ! réalisant que sa nudité posait manifestement un problème.
Prête à le frapper à son tour, Lucy allait s’élancer à la suite du mage de glace pour lui apprendre ce que signifiait la notion de pudeur mais son mal de tête la secoua durement, lui rappelant ses frasques de la veille. Elle se dirigea vers sa trousse à pharmacie, poussant Grey au passage, et prit en vitesse un verre d’eau et une aspirine. Résigner, elle retourna se coucher sur son lit en tombant lourdement. Ce n’était pas la peine de lutter maintenant si ce n’était que pour subir un mal de crâne encore plus intensif.
Happy – J’ai faim !
Erza – Il y un peu de poisson au frigo si tu veux.
Natsu - Moi je veux des croissants.
Grey – Va les chercher toi-même le chalumeau ! Il fait chaud, on va manger des glaces.
Natsu – T’es malade ?! Je mange pas ça le nudiste. Ça fond tout le temps dès que j’en mange.
Grey – Comment tu m’as appelé bâtard ?!
Natsu – Lave-toi les oreilles !
Grey – Je vais éclater ta sale gueule de moche.
Natsu – J’aurai éclaté la tienne avant toi !
Erza – Calmez-vous ou ça va mal finir, réprimanda t’elle ses deux amis d’enfance, tentant vainement de siroter paisiblement son thé.
Grey – Allumette !
Natsu – Iceberg !
Grey – Crétin !
Natsu – Constipé !
Erza – Je vais vous faire la peau !
Grey/Natsu – Non !
Happy – Sauve toi Natsu !
Et une bagarre magistrale débuta dans l’appartement de Lucy. Hors course, cette dernière ne broncha pas. Elle plaça son bras sur son visage, enfouissant celui-ci dans son coude. Ce bruit lui donnait un mal de crâne sévère, et une envie de pleurer la bouleversa. Non pas à cause de ses maux de têtes, au contraire, mais à cause de cette sensation qu’elle ressentait et qu’elle n’avait pas vécu depuis sept longues années. Le plaisir d’entendre ses quatre-là rire comme au bon vieux temps. Tout semblait n’avoir jamais changé, et pourtant, tout lui semblait si lointain, ne réalisant pas vraiment que tout ceci n’était plus un rêve. Elle sourit discrètement avant de ravaler ses émotions.
C’est alors qu’elle sentit quelque chose se hisser sur son ventre. Elle enleva son bras pour voir Happy assis sur elle en train de manger un poisson à pleine dent. Ils se regardèrent droit dans les yeux, d’un regard complice que la jeune femme apprécia sur l’instant, quand un bruit faisant trembler légèrement le ventre de Lucy la laissa suspicieuse.
Happy – Prout…Oups, pardon !
Sans plus de commentaire, Happy continua de manger son poisson comme si de rien n’était. Il n’en fallut pas plus pour Lucy, excédée par ce manque de respect flagrant qu’elle venait de subir en étant le réceptacle de ce pet immonde, attrapa le chat par la peau du cou, et en profita pour choper le trio infernal pour les jeter à la porte de son appartement. Le silence s’installa quand les quatre amis comprirent qu’ils avaient été virés sans sommation. Alors qu’ils allaient rentrer de nouveau, la voix de Lucy s’éleva au-delà de la porte.
Lucy – Je vous préviens que la prochaine fois, c’est la mort assurée si vous franchissez le seuil de cet appartement!
Le silence qui émanait du couloir illustrait parfaitement l’hésitation des mages à pénétrer de nouveau ce lieu maudit. C’est alors que la constellationniste rajouta :
Lucy - ... Je vous rejoins à la guilde.
Etonnés, et après quelques regards interrogateurs, les compagnons de Fairy Tail rebroussèrent leur chemin, satisfaits par la réponse de la constellationniste. Lucy cala son oreille contre la porte, attendant la confirmation sonore de leur départ, écoutant attentivement. En entendant Grey et Natsu se chamailler de plus en plus faiblement pour savoir qui avait provoqué la colère de la constellationniste en premier, elle soupira de soulagement. L’écho de leur voix résonnait en elle, son cœur battant à cent à l’heure après ce trop-plein d’émotion matinale. Elle en avait oublié ses maux de tête, elle avait chaud au cœur, chaud… Elle s’en voulait terriblement de ressentir ce genre de sentiment, sachant pertinemment que cela la freinera dans sa tâche. Elle mit alors un point d’honneur à réprimer tout désir de se réconcilier avec son passé.
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C’est en fin de matinée que Lucy arriva à la guilde. Elle n’avait prévu qu’un passage éclair dans ses locaux car elle avait déjà pris suffisamment de retard dans ses missions, et ses missions n’attendaient pas. Pourtant, elle se surprit à vouloir entrer avec hâte dans la guilde pour saluer ses amis. La frénésie des temps d’avant semblait ressurgir. Poussé par la curiosité, elle s’interrogeait sur ce qu’elle allait découvrir en entrant dans la guilde : Des tables volantes ? Un concours de lancer de chaises ?
Elle poussa les portes de la guilde, remarqua Elfman et Natsu se bagarrant avec Grey, avec non loin de là une Juvia qui le regardait de façon hypnotique, Readers peignant frénétiquement la bagarre en cours,… Rien d’anormal en soi. Le bruit des chaises qui se fracassaient et le brouhaha continu accentua un peu plus son mal de crâne mais elle fit un effort pour ne pas rebrousser chemin. Elle remarqua quelques absents, comme Wendy et Charuru, ce qui était une bonne chose pour Lucy qui préférait se frotter le moins possible à la petite dragon slayer, et encore moins à la redoutable exceed. Toutefois, elle avait espéré trouver autre chose, ou plutôt quelqu’un d’autre dans la guilde mais après avoir examiné chaque recoin, elle conclut que cette personne ne devait pas être présente. Elle décida alors de se renseigner auprès de celle qui serait la plus à même à répondre à ses questions. Elle s’assit sur un tabouret du comptoir et entama la conversation.
Lucy – Bonjour Mira.
Mirajane – Oh, Lucy, comment tu vas ? Pas trop dur le réveil ? demanda-t-elle avec un grand sourire.
Lucy – Tu parles de mon mal de crâne ou de l’intervention inopinée de quatre intrus ?
Mirajane – Je ne sais pas, à ton avis ?
A cette réponse, Lucy roula les yeux. Bien évidemment Mirajane Strauss était déjà au courant de tout…
Lucy – Bref, dis-moi, Levy n’est pas là ?
Mira – Non, elle est venue tôt ce matin à la guilde mais quand Gajeel est arrivé, elle est presque aussitôt repartie. Et j’ai cru comprendre qu’elle n’avait pas vraiment envie de te voir non plus.
Même si cette vérité était un peu difficile à entendre, Lucy fut satisfaite de constater une réaction de la part de la mage des mots. Pour sa part, si on avait dragué aussi ouvertement l’homme qu’elle convoitait, Lucy ne l’aurait jamais pardonné, mais elle connaissait Levy. Avec le temps, elle lui pardonnerait, elle en était certaine. Maintenant que la preuve de son attirance pour Gajeel était faite, jamais la mage des mots ne viendrait avouer un quelconque sentiment à son égard, et si Levy devait le faire, il était clair maintenant que Lucy serait la dernière à être mise au courant. Cela lui fit malgré tout un pincement au cœur, car Levy était pour Lucy une personne qu’elle appréciait particulièrement. Leur complicité littéraire les avait unies, et ce fut tout naturellement qu’elles étaient devenues de grandes amies. Aujourd’hui, après sept ans, Lucy ne savait plus vraiment quelle place elle avait auprès de Levy, mais, même si cela lui faisait du mal, elle se raisonna en se disant que ce n’était qu’un mal pour un bien, au vu de sa situation personnelle très complexe.
Lucy – Normal… Mais ce n’est pas grave, c’était pour la bonne cause.
Mira – Oui, quel spectacle tu nous as fait hier ! s’exclama-t-elle encore toute émoustillé par la soirée passée. Levy a quand même drôlement bien gardé son calme. Je lui tire mon chapeau.
Lucy – Au moins, j’ai fait rigoler la galerie. Ça a avancé au moins ? J’ai servi à quelque chose dans cette histoire ?
Mira – Assurément ! Enfin, il ne s’est rien passé hier soir entre eux d’après mes sources car Levy s’était enfermée chez elle, Gajeel n’a pas pu rentrer. Mais vu la réaction de ces deux-là, la situation a pu être éclairci.
Lucy – Tant mieux. Bon après, tu te débrouilles sans moi Mira, je ne veux pas m’attirer plus les foudres de Levy. Tu me raconteras.
Acquiesçant, la barmaid reprit son activité suite au départ de Lucy qui avait mis un terme à la conversation. La constellationniste s’était levée dans l’optique de choisir sa prochaine mission de rédemptrice. Elle observa le tableau, sans savoir réellement quelle mission choisir. Elle put dénombrer en tout vingt et une mission de rédemptrice sur le tableau des missions, mais laquelle prendre ? Elle observa attentivement chaque fiche, puis se dirigea vers le bar et attrapa derrière le comptoir la cartographie spectrale du jour. Elle prit place à une table, en prenant soin de se servir un chocolat chaud au passage, espérant que cela apaisera un tant soit peu ses maux de tête. Le temps d’analyser la carte, Lucy but sa boisson chaude posément, examinant les masses spectrales du pays, lorsqu’elle remarqua du coin de l’œil une personne s’approchant d’elle. Faisant comme si de rien n’était, Lucy continua sa prospection, jusqu’à ce qu’on lui dépose sur la table une feuille, découvrant qu’il s’agissait d’une fiche de mission. L’intéressée pris de suite la parole.
Erza – J’ai trouvé cette mission. Tahori, le village céruléen. Les murs des maisons ont été construits avec une de roche de couleur bleue que l’on trouve uniquement sur les falaises de la côte est. Il y a un magnifique festival qui se déroule chaque été où, à cette occasion, la ville est fleurie de toute part. Ce serait dommage que celui-ci soit gâché par la venue des spectres.
Déconcertée, Lucy se retourna pour observer Erza. Debout devant elle, la mage aux armures croisait les bras, offrant sereinement son expertise à la constellationniste. Jusque-là, personne ne lui avait encore jamais suggéré ou imposé de prendre telle ou telle mission de rédemptrice. Elle avait toujours considéré que c’était son choix, sa responsabilité, que c’était à elle d’assumer et le fait qu’Erza s’immisce dans ce qui était devenue une routine la déstabilisait quelque peu.
Lucy – Je ne sais pas si des fleurs sont de bons critères pour choisir une mission.
Erza – Tu as raison, mais faut-il une raison pour aider ou non des personnes en détresse ? Non. J’essaye juste de soulager tes choix qui sont à chaque fois loin d’être sans conséquence. Si on peut soulager ton fardeau quelque peu, ce serait dommage de s’en priver.
Lucy – Erza…
Emue par cette démarche bienveillante, la constellationniste émit un faible sourire et observa un peu mieux son amie. Sa bienveillance la touchait, Erza avait clairement perçu les difficultés qu’elle pouvait rencontrer, et voir qu’elle essayait de l’aider lui faisait chaud au cœur. Depuis son retour de ses deux dernières missions, Lucy se rendait compte qu’elle n’avait pas beaucoup passer de temps avec elle. Le peu de fois où elle l’avait vu, Erza lui semblait affairée, certainement soucieuse de se remettre au goût du jour. Malheureusement, et bien qu’elle ne soit pas responsable de cela, Lucy aurait aimé lui épargner sa présence à la cérémonie spectrale. Se retrouver de suite confronter à une cérémonie n’était pas ce qu’il y avait de plus simple comme retour à la réalité. Lucy se souvenait parfaitement de la première fois où elle avait assisté à une cérémonie, avant qu’elle-même ne devienne rédemptrice. Elle se souviendrait toujours de ce sentiment intrinsèque, oscillant entre le dégout et la peur qui lui avait donner l’impression que son âme se brisait en mille morceaux. Elle avait eu du mal à s’en remettre, et Cana aussi. Pourtant, Erza ne semblait aucunement touchée par ce qu’elle avait pu vivre. Qu’elle était belle dans son armure brillante, aussi époustouflante qu’au premier jour de leur rencontre. Lumineuse, radieuse et si gentille… Enfin, sans oublier le côté effrayant de cette femme qui faisait malgré tout son charme. Toutefois, le temps avait passé et Lucy n’avait plus peur d’elle comme par le passé. Elle savait se défendre aujourd’hui, et les colères de Titania ne l’impressionnait plus. Lucy saisit la feuille, et regarda plus attentivement l’annonce. Le maire du village déclarait avoir repéré un spectre dans une région au sud du village. Il allait falloir se rendre jusqu’à Tahori pour demander de plus amples précisions. Force est de constater que Tahori était à l’autre bout du pays, ce point inquiéta bien évidemment Lucy.
Lucy – Cette mission est très loin de la guilde. Il faut d’abord que j’étudie la cartographie spectrale aux alentours de Magnolia pour savoir si la guilde sera en sécurité en mon absence.
Erza – C’est déjà fait. Les spectres qui ont été repérés sont tous au nord, ou bien plus à l’ouest dans le pays voisin. Tu as a priori très bien ratissée la zone autour de Magnolia. La guilde ne risque rien et cette mission ne devrait pas durer plus de trois jours d’après mes estimations. Tu pars, tu localises le spectre concerné par cette quête, tu effectues la cérémonie, puis retour au foyer. Tu auras le temps de revenir à la guilde bien avant que le moindre spectre ne s’approche de Magnolia.
La jeune femme blonde prit quelques secondes pour réfléchir aux arguments de la mage aux armures qui étaient sommes tout convaincants et elle avait toute confiance en elle. Si Erza avait estimé que la guilde ne risquait rien, Lucy ne voyait pas d’objection à prendre cette mission. Elle hocha la tête en guise de remerciement et retourna auprès du comptoir la fiche en main afin de faire valider sa nouvelle mission, mais c’était sans savoir que la mage aux amures n’avait pas terminé son discours.
Erza – Très bien. On se rejoint à la gare alors.
La blonde se stoppa, et sentit un frisson lui parcourir l’échine.
Lucy – Pardon ?
Elle se retourna et affronta le regard à la fois dur et bienveillant d’Erza. Manifestement, la mage aux armures ne comptait pas négocier. Sur le coup, Lucy se sentit sotte. Comment avait-elle pu croire un seul instant que la proposition d’Erza avait été faite en toute bienveillance ? Sans aucune contrepartie ? Anxieuse à l’idée de voir encore une amie s’immiscer dans sa vie de rédemptrice, elle dû inspirer profondément pour reprendre toute son assurance, espérant ne pas laisser paraître sa confusion.
Lucy – Je pense que j’ai du mal comprendre Erza, mais j’exécute mes missions de rédemptrice en solitaire.
Erza – Je sais mais pas cette fois-ci. Tu as très bien entendu Lucy. Nous partons avec toi.
Lucy – Nous ?
Erza – Oui, avec Happy, Natsu et Grey.
En entendant leurs noms, les intéressés se retournèrent, interrogeant en même temps la mage aux armures, manifestement pas au courant du projet de la grande Titania.
Happy/Grey/Natsu – Ah bon? Depuis quand?
Erza - Depuis que j’en ai décidé ainsi, affirma-t-elle avec sang-froid.
Happy/Grey/Natsu – Aye…répondirent-ils sans broncher.
Lentement, Lucy sentait le piège se refermer sur elle. Ce matin encore, en suite de l’intrusion de Natsu et Happy dans son lit, elle s’était doutée qu’ils allaient faire une nouvelle tentative pour s’incruster dans une de ses missions et elle avait d’ores-et déjà prévu de mettre le holà à leur agissements sournois, étant convaincu que lorsqu’elle aurait argué que la mission choisit concernait les spectres, ces derniers auraient indubitablement renoncés par eux même à se joindre à elle. Toutefois, à aucun moment elle n’avait pensé que Titania s’emmêlerait. Erza était plutôt en retrait ses derniers jours, Lucy en avait déduit qu’elle était peut-être préoccupée par un tout autre sujet, mais de toute évidence, elle se trompait lourdement. Pour sa sécurité et sa santé, Lucy devait résister. Déterminée, elle s’avança et fit face à Erza, souhaitant bien faire comprendre ce qui était en jeu.
Lucy – La décision ne te revient pas Erza, répondit-elle sèchement.
Un froid fut jeté et toute la guilde s’étaient retournés pour observer de plus près cette confrontation pour le moins atypique. Personne n’avait oublié les grandes colères de la majestueuse Titania, mais les anciens de la guilde connaissaient l’opiniâtreté et parfois le caractère féroce de la constellationniste. Un conflit démesuré venait de naître en quelques secondes soulevant de multiples interrogations quant au sort de ce conflit.
Les deux jeunes femmes se toisèrent du regard, intensément et durement. Elle savait que la première qui oserait baisser le regard aurait perdu. La guilde assistait effarée à cette scène hors du commun. Qui aurait cru qu’un jour Lucy oserait contredire Erza ? Du côté du bar, Lisanna et Mirajane s’étaient rapprochées en se tenant par la taille, soucieuses de ce qui allait advenir. La barmaid connaissait parfaitement les intentions de la chevalière. La veille, Erza lui avait confié ses plans futurs. Le Maître leur avait confié une mission, celle de protéger la guilde, et pour Titania, cela incluait inévitablement la tâche de porter assistance à Lucy dans son rôle de rédemptrice. Au vu du contexte mondial, c’était celle qui était la plus exposée. D’autre part, Erza n’avait pu omettre cette désagréable sensation qu’elle avait ressentie concernant la magie de Lucy. Mirajane l’avait aussi ressenti, mais elle savait surtout que la constellationniste n’était plus aussi ouverte à la conversation que dans le temps et qu’il serait impossible d’aborder le sujet sereinement. Aussi, peu de temps après que Lucy soit partie la veille, Mirajane avait reçu un courrier officiel avec le sceau de la royauté de Fiore annonçant la mort de la cinquième rédemptrice, lettre qui assurait que la mort de celle-ci fut atroce et sanglante, une mort affligée par Zeref en personne. Le Maître leur avait dit de protéger la guilde, et c’est ce que comptait faire Erza et Mirajane. Et qui de mieux que ses amis les plus proches pour la protéger ? Et outre cette mission propre qu’on lui avait donnée, Erza était soucieuse. Lucy avait toujours été une personne très joviale et très famille, la personne qu’elle était aujourd’hui était bien différente. Lucy avait en permanence dans ce fond de regard de la tristesse. Erza avait l’impression que Lucy était rongée par une culpabilité profonde qui ne semblait pas disparaitre malgré leur retour. C’était la preuve pour elle que quelque chose de plus profond la tourmentait. Peut-être que devoir choisir et prioriser ses missions de rédemptrice pesaient sur la constallationniste. En tout état de cause, voir Lucy ainsi affectait particulièrement la mage aux armure, pour la simple et bonne raison qu’en regardant son amie, elle avait l’impression de se voir dans un miroir en train de refouler ses sentiments.
Erza - La mission a déjà été validée. Tu ne pourras pas m’en empêcher.
Lucy - Tu crois ?
Agacé d’être forcé par Erza, Lucy ne savait plus vraiment comment se sortir de ce pétrin sans recourir à un affrontement. Elle n’était pas tout à fait sûre de pouvoir la battre, mais elle venait de comprendre que sa solitude et son fardeau avait un prix. Elle devait continuer à préserver ses amis, quitte à retarder un peu son départ, il fallait qu’elle réagisse. Ses pensées se tournèrent aussitôt vers Cana. Si elle avait été là, elle aurait surement trouvé une meilleure solution, lui faisant regretter une nouvelle fois amèrement son absence.
Déterminée, Lucy décoinça son fouet de sa ceinture avec sa main gauche et l’agita avec dextérité et précision pour informer son adversaire du combat qui l’attendait. De sa main droite, elle saisit fermement dans son dos le sceptre Belladonne, arme très résistante et donc très utile face à un adversaire épéiste. Ses intentions étaient claires, sa liberté n’avait pas de prix et elle emploierait les grands moyens si besoin. Ce n’était clairement pas judicieux pour sa santé, mais elle n’avait plus le choix. Elle réprima son angoisse ne songeant à Loki qui allait la tuer pour son irresponsabilité.
Devant l’attitude offensive de son amie, Erza n’attendit pas plus longtemps pour revêtir son armure du félin et pris un peu de recul face à son adversaire. Elle avait entendu parler des prouesses physiques de Lucy et elle verrait au fil du combat si cette armure serait la plus adaptée. Certainement qu’en cas d’attaque magique, Erza serait obligée de changer d’armure, cette armure n’étant pas particulièrement résistante à la magie mais elle espérait ne pas avoir à en arriver là. La tension entre les deux jeunes femmes était à son comble, le combat menaçant de commencer à tout instant, à la plus grande joie des personnes présentes.
Macao – Les paris sont lancés ! Moi je vote pour Erza !
Max – Vas-y Lucy !! lâcha t’il très enthousiaste.
Natsu – Happy et moi, on parie sur Lucy ! Je m’enflamme ! Je veux combattre la gagnante !
Elfmann – Ce sont des hommes !
Wakaba – Un peu d’animation ! Macao ! Prend mon pari pour Lucy !
Elfmann – Ta aucune chance ! Faut voter pour Erza.
Certains scandait le nom de la reine des fées, d’autres celui de Lucy, laissant un brouhaha infernal s’élever au sein de la guilde. Tous étaient émoustillés par le combat qui allait se dérouler devant eux, tandis que les deux guerrières ne se quittaient toujours pas des yeux. Pendant que certains s’extasiaient, d’autres appréhendaient cette bataille, à l’instar de Laki et de Kinana qui regardaient d’un mauvais œil ce qui se tramait devant elle. Fairy Tail avait toujours été une guilde bagarreuse entre ses membres, mais il n’y avait jamais d’animosité, ce qui n’était clairement pas le cas ici.
N’attendant pas la fin des paris, Lucy s’élança la première, avec son fleuve étoile à la main qui réagissait à ses pensées. Les pas déterminés et rapides de Lucy faisaient trembler le sol de la guilde. Tous s’écartèrent du futur champ de bataille, tandis qu’Erza s’élança à son tour pour prendre de la vitesse. La célérité des deux combattantes annonçait un premier choc d’une violence extrême. Tout Fairy Tail retenait son souffle en attendant de voir le premier coup porté.
Les deux mages n’étaient plus qu’à quelques mètres l’une de l’autre lorsqu’au moment de lancer la première charge, toutes les deux s’écrasèrent l’une contre l’autre en s’entrechoquant leurs têtes, déséquilibrées par un défaut soudain d’appui sur le sol, pour ensuite entamer une chute dans un trou profond qui venait subitement d’apparaître sous leur pied.
Un petit nuage de poussière se forma au contact lourd et peu élégant des deux mages au fond du trou. Dans un premier temps sonné, les deux jeunes femmes ne comprirent pas tout de suite la cause de cette chute, se frottant chacun leur front respectifs suite au choc qu’elle venait de subir. Elle se regardèrent incompréhensives et entendirent les membres de la guilde chuchoter face à l’apparition inattendue d’une troisième combattante.
Happy – C’est Virgo !
Macao – La guilde !!! Bordel de merde ! grogna t’il. C’est qui qui va payer pour réparer ce trou immense ! J’ai envie de pleurer… dit-il en se désolant, malgré la main réconfortante de Wakaba lui tapotant le dos.
Erza releva la tête pour apercevoir l’esprit stellaire de Lucy, qui les surplombait du haut du sol de la guilde.
Virgo – Hime-sama, nous n’avons pas de temps à perdre avec des combats inutiles. Des personnes en détresse vous attendent. Si vous n’êtes pas contente de mon intervention, punissez-moi.
Entremêlée l’une dans l’autre, Lucy, qui était tombée sur Erza se releva et se hissa hors du trou avec l’aide de son esprit, puis, malgré leur différend, aida Erza à en faire de même. Entendre la voix de Virgo avait été comme un couperet pour Lucy qui savait parfaitement pourquoi son esprit était là. Dire qu’elle était assaillit de remords était un pur euphémisme, mais elle fit tout pour que rien de transparaisse sur son visage. Si son esprit avait pris la peine de franchir par lui-même sa porte, c’était parce qu’elle s’apprêtait encore à faire une chose stupide mettant sa vie en péril. La dévotion infinie de ses esprits lui scia le cœur devant l’infâme ingratitude dont elle faisait preuve.
De son côté, Erza fut dans un premier temps un peu frustrée par cette ingérence dans ce combat. Voir les talents de Lucy excitaient son esprit de compétitrice, et il lui avait semblé apercevoir cette même lueur stimulante dans les yeux de la constellationniste avant de chuter et de laisser place pendant quelques secondes à de l’embarras sur le visage de cette dernière. Habituellement, les esprits de Lucy n’intervenaient que lorsque sa maîtresse courait un grave danger. Virgo la considérait-elle comme une menace ? De toute évidence oui, toutefois, lors d’un infime instant, Erza avait remarqué la confusion de Lucy suite à l’apparition de son esprit, mais pourquoi ?
Cependant, ce furent surtout les autres membres de la guilde qui furent contrariés, déçu de ne pas pouvoir admirer un combat si prometteur.
Lucy – Non, pas de punition Virgo. Dit-elle en époussetant ses vêtements. Tu as raison, je devrais déjà être partie. Je pars même sur le champ. Erza, merci pour ta proposition. Je garde la mission pour Tahori mais ce ne sera pas utile de vous joindre à moi.
Virgo – Hime-sama, ils partent avec vous.
Le ton ferme et sans équivoque tétanisé la constellationniste qui se retourna en direction de son esprit, ne pouvant croire ce qu’elle venait d’entendre. Ne s’attendant certainement pas à se retournement de situation, Lucy paniqua, prise en porte-à-faux par son propre esprit. La situation lui échappait complétement, espérant profondément que tout ceci ne soit en réalité qu’un cauchemar. Virgo avait-elle réellement prononcé cette phrase ? Il y avait-il une infime possibilité pour que tout ceci ne soit qu’un simple et malheureux quiproquo ? La blonde adressa à son esprit un regard inquisiteur lui suppliant de retirer ses terribles paroles.
Pour Virgo, tout était clair, le rôle d’un esprit stellaire était de protéger son propriétaire par tous les moyens et si pour protéger sa maîtresse elle devait être déloyal envers elle, elle n’hésiterait plus une seule seconde. En l’occurrence, Virgo avait saisi l’occasion qui se présentait à elle. Elle connaissait les risques comme se mettre à dos sa maîtresse adorée, voir dans le pire des cas, une rupture de contrat si le roi des esprits venait à apprendre ce qu’elle venait de faire. Au mieux, elle pourrait enfin avoir la punition dont elle avait toujours rêvée, mais dans tous les cas, Virgo était satisfaite car elle avait stoppé sa maîtresse dans sa folie solitaire. Elle savait, qu’elle ne pourrait plus revenir en arrière.
Lucy – Non mais attends, je n’ai pas demandé à ce qu’ils viennent avec moi !
Virgo – Désolez Hime-sama, j’ai pris les billets de train pour tout le monde et tous les autres trains sont complets, pas la peine de vérifier. Prenez soin de vous Hime.
Lucy – Attends !
Sans attendre de réponse, Virgo disparut dans un nuage de fumée rose laissant Lucy en proie à un sentiment d’extrême solitude. Seule devant toute la guilde qui observaient intensément ses moindres faits et gestes, elle se retrouva coincée dans une situation dont elle ne voyait pas comment s’en sortir. Comment pouvait-elle justifier l’intervention de son esprit lui imposant des coéquipiers ? Comment pouvait-elle justifier de ne pas les laisser venir avec eux après cette ingérence de Virgo ? Peur de perdre le contrôle, elle serra les poings en essayant de calmer ses nerfs qui étaient mis à rudes épreuves. Elle était face à un mur, ce n’était non plus Erza mais son propre esprit qui venait de la trahir. Lucy n’aurait jamais à de tels agissements de leur part, car nul doute pour Lucy que ses autres esprits étaient au courant de la manigance de Virgo. Le stress annihilant toute réflexion, aucune excuse ne lui venait en tête. Elle s’ordonnait de réfléchir, de trouver une solution encore et encore, mais rien lui venait en tête.
Erza - C’est parfait, la question est réglée. Je viens de regarder les billets que Virgo nous a laissé, le train part dans une heure. Allez-vous préparez, rendez-vous dans trois quart d’heures à la gare.
Natus – Yosh ! Je m’enflamme !
Happy – C’est parti !
Grey – Compris.
Les trois camarades, manifestement content de repartir à l’aventure quittèrent la guilde au plus vite pour préparer leurs affaires chacun de leur côté. Pour Grey, cette mission était à la fois une échappatoire et une source de contrariété. La veille au soir après le départ de Lucy, il était allé retrouver Juvia pour faire une mise au point avec elle. Il avait fait une boulette et il devait absolument la rattraper mais tout ne s’était pas passé comme prévu. Laisser la situation dans un tel flottement ne lui plaisait pas, surtout que son rôle de dingue commençait à lui taper sur le système. Avant de quitter les lieux, il chercha l’intéressée en question et fit la moue en constatant son absence. Il aurait aimé savoir si tout allait bien avant de partir mais il n’avait pas le temps de retourner la voir avant leur départ. Il haussa les épaules, résigné à laisser la situation telle qu’elle et nota pour lui-même qu’à son retour, il irait directement la voir.
À court de mots, Lucy tourna les talons et parti précipitamment de la guilde, furieuse. Erza la regarda partir, soulagée de voir le conflit se terminer ainsi. Elle avait bien compris que leurs présences n’étaient pas désirées, mais elle s’en fichait. Protéger son amie, c’était le plus important, peu importait qu’elle soit d’accord ou non. Sans répondre aux commentaires des autres compagnons de guilde, elle s’en alla à son tour préparer son paquetage pour cette mission atypique.
Une fois rentrée chez elle, Lucy céda définitivement à l’angoisse. Comment allait-elle se sortir de là ? Une fois tous ensemble, lorsque cette mission sera finie, ils ne voudront certainement plus jamais la laisser partir seule. Et elle ? Oui, elle risquait de s’attacher à son tour, de les laisser s’immiscer dans sa vie, et lorsqu’un drame arriverait… Elle n’osait pas imaginer revivre ce qu’elle avait mis tant de temps à faire cicatriser. Elle arriva sans s’en rendre compte à son domicile, cherchant une solution en faisant les milles pas dans sa chambre. Partir avant eux ? Impossible, elle n’aurait jamais de train en partance pour Crocus avant celui qui a été réservé, et Virgo lui avait dit qu’il n’y avait plus d’autre train pour la journée. Elle ne pouvait pas décommander la mission non plus, qu’aurait-elle dit aux commanditaires pour justifier son désistement ? Erza avait pris soin de valider cette mission sans demander son avis. Et qu’allait-elle faire quand elle serait malade après sa cérémonie ? Désormais, elle s’arrachait les cheveux complétement nerveuse face à son dilemme. Elle avait peur… Peur de céder, peur de les perdre à nouveaux, peur qu’ils découvrent tout… Elles les détestaient d’être aussi intrusif dans sa vie. Tous ses sentiments contradictoires s’entrechoquaient dans sa tête, elle était aux bords de la crise de nerfs. C’était un risque trop grand, pourquoi persistaient-ils ? Pourquoi ne voulaient-ils pas comprendre ? Instinctivement, elle débuta alors un monologue, espérant que la soupape de son cerveau s’enclenche avant qu’elle ne devienne folle.
Lucy – Qu’est-ce que je vais faire ? Mais qu’est-ce que je vais faire ?! répétait-elle en se rongeant les ongles. En même temps, ma petite, peut-être qu’on en serait pas là si tu avais pris le temps de leurs expliquer les choses… Et puis quoi encore, qu’est-ce que ça aurait changé ? Personne n’a l’air de vouloir entendre que c’est dangereux. Ils se fichent du danger, ça va mal finir tout ça, je le sais. Et puis, et moi, et moi, quand je vais… La guilde va me détester s’ils apprennent ma situation, c’est certain. Que va dire Max ou Laki ? Ou encore le Maître, comment réagira t’il quand il saura pour moi ? Il va me haïr et pire, me bannir… Merde, merde, merde !!!
Elle rageait devant cette situation qui devenait très critique. Les deux problématiques qui s’imposaient en l’état lui paraissait ingérable et elle ressentait un besoin profond d’évacuer la pression, évacuer ses élucubrations qui la tourmentaient sans répit. Sans compter qu’elle estimait sincèrement que quelqu’un lui devait des comptes.
Lucy – Virgo !!! Ramène tes fesses tout de suite ! J’ai deux ou trois choses à te dire ! cria t’elle sans se soucier de passer pour une folle auprès du voisinage.
Personne ne vint rompre le silence malgré les injonctions de la constellationniste, mais Lucy savait comment faire réagir son esprit et appela encore plus fort.
Lucy – Virgo ! Ne me force pas à ouvrir ta porte !
Tout de suite un rayon lumineux apparu dans la pièce, laissant apparaître non pas Virgo, mais Loki, l’esprit du lion. Contrariée de ne pas voir celle qu’elle avait espéré, elle pesta silencieusement contre Virgo qui n’avait pas eu le courage de se présenter à elle. La présence de Loki lui confirma son intime conviction qu’ils s’étaient tous ligués contre elle.
Lucy – Ce n’est pas toi que j’ai appelé Loki, bougonna-t-elle.
Loki – J’ai empêché Virgo de venir te voir.
Sa réponse franche ne fit qu’accentuer la colère qui montait en elle. Frustrée de ne pas pouvoir s’expliquer avec la principale intéressé, Lucy tapa du pied de rage. La constellationniste aurait dû se douter que ce dernier allait intervenir pour défendre la position de Virgo. Il était leur chef après tout, et il ne pouvait aucunement faire semblant de ne pas être au courant. Malgré qu’il ne soit pas l’interlocuteur désiré, elle ne se priva pas pour faire part de sa colère à celui qui avait répondu à son appel.
Lucy – C’était ton idée ? Je parie qu’hier en rentrant tu en as profité pour discuter avec les autres de ce nouveau plan foireux n’est-ce pas ? Vous n’aviez pas le droit de me faire ça. J’enrage, comment avez-vous pu ? Vous êtes mes amis non ? Alors pourquoi tu…
Loki – Arrête tes enfantillages Lucy. On fait ça pour toi, répondit-il avec lassitude.
Lucy - Laisse-moi rire…dit-elle très ironique.
Loki – On cherche à te protéger Lucy, c’est tout. Zeref ne tardera pas à croiser ton chemin pour chercher à t’éliminer, comme toute les autres rédemptrices, et tu dosi être réaliste. Toute seule, tu ne pourras pas faire grand-chose.
Lucy – Je suis prête. Je me suis préparée à ce combat depuis longtemps.
Loki - Prête à quoi ? A te sacrifier ?! s’énerva t’il. Tu sais très bien que tu ne survivras pas même si tu gagnes.
Lucy – Et alors ? L’important c’est que Zeref disparaisse non ?
Loki – Je refuse que ce soit au prix de ta vie, répondit-il fermement.
Lucy – Ce n’est pas à toi de choisir Loki. Et qu’est-ce que tu crois ? Que Erza, Grey, Natsu, sans compter Happy, suffiront pour me protéger ? Si Zeref m’attaque, vous aurez mené ses quatre-là vers une mort certaine, c’est ça ce que vous voulez ? Avoir leurs morts sur la conscience ? Ils ne sont plus aussi forts qu’avant.
Loki – Tu sais très bien qu’il y a un moyen. Si tu leur demande, ils pourront remédier à ce problème.
Pendant quelques secondes, Lucy ouvrit la bouche pour rétorquer puis comprenant les intentions de Loki elle reprit, désemparée.
Lucy – Tu parles de … Non, je n’imposerai pas ça à Erza. Je n’irai pas le voir.
Loki – A toi de voir. Je pense que dans tous les cas, vu ta situation, être accompagné ne sera pas du luxe. De toute façon, tu n’as plus le choix maintenant. Ton secret sur ta maladie, c’est ton choix, je le respecte mais nous autres esprits stellaires n’accepteront pas que tu deviennes imprudente pour de mauvaises raisons. Vois le bon côté des choses, leur venue est un moyen comme un autre pour que tu évites d’utiliser ta magie si un contretemps se présentait, comme à Onibus.
Elle fit la grimace, irritée par cette remarque lui rappelant une nouvelle fois ses erreurs. Elle avait l’impression d’être querellée comme un gamine.
Loki - Tes erreurs te coûtent chères. Rappel toi de cela. Sur ce, je te laisse réfléchir à tout ça.
Lucy – Attends ! Loki !
Il disparut aussi vite qu’il était apparu, laissant Lucy seule dans ses pensées. Mais elle n’eut pas le temps de méditer sur les paroles sévères de son esprit puisqu’aussitôt quelqu’un toqua à la porte de son appartement. Quand Lucy ouvrit la porte, elle eut la surprise de voir Roméo sur le palier, essoufflé.
Lucy – Roméo ? Mais que fais-tu là ? demanda t’elle étonnée.
Roméo – Ah Lucy… J’avais peur que tu ne sois déjà parti, dit-il en reprenant son souffle. Je voulais te parler ce matin mais je n’ai pas eu le temps. Alors je suis vite venu te voir avant ton départ. C’est vrai que c’était plutôt mouvementé à la guilde !
Lucy – Oui tu peux le dire... Entre, je t’en prie.
Roméo – Merci.
Très à l’aise, le jeune garçon alla directement se poser sur le lit, suivit de près par Lucy qui prit place à ses côtés.
Roméo – C’est dommage que tu repartes si vite, je voulais qu’on aille faire une mission ensemble. J’avais repéré une petite mission à Hargeon pour prendre le relai d’un four en panne dans un restaurant. Mais bon, ça attendra.
Lucy – Oh je suis désolée Roméo, dit-elle vraiment navrée. En même temps, ce n’est pas comme si j’avais choisi de partir…
Roméo – On a retrouvé la terrible Titania, comme avant ! Ça fait tellement plaisir de tous les revoir à la guilde. Mais tu ne comptais pas partir de toute façon ?
Lucy – Non… Enfin si, j’avais prévu de repartir en mission de rédemptrice, mais pas avec eux à vrai dire.
Roméo – On dirait que tu n’es pas contente qu’ils soient là ?
Son visage s’assombrit devant l’interrogation du jeune garçon. Si ce jeune garçon connaissait tous ses tourments, ses états d’âme, que penserait-il d’elle ? Elle aimait Roméo, profondément, comme un petit frère qu’elle voudrait chouchouter à chaque instant, l’emmener dans chaque mission, l’épauler dans son chemin le menant vers l’âge adulte mais son rang de rédemptrice lui imposait de garder toute distance pour éviter de blesser les personnes qu’elles chérissaient. Les spectres n’étaient pas une menace à prendre à la légère. Raison de plus pour ne pas se brûler les ailes, et par l’occasion, préserver son secret concernant sa maladie. Elle n’osait pas imaginer la déception de ce garçon s’il venait à apprendre la vérité. Le décevoir serait terrible.
Lucy – Oh Roméo, ne complique pas les choses. Tu sais très bien que ce sont des missions dangereuses. Ce n’est pas pour rien si je ne t’ai jamais emmené avec moi, je n’ai pas envie de te perdre. Une catastrophe est si vite arrivée… Mais ça, ils n’ont pas l’air de vouloir le comprendre. J’ai déjà dû gérer Happy et Natsu pendant ma dernière mission, et je peux te dire que Natsu a été insupportable ! Je vais faire un meurtre si je pars avec eux tous ensembles…
Roméo – Natsu-nii m’en a parlé. Apparemment, tu as été vache avec eux.
La jeune femme se redressa d’un coup face à ses accusations, ne supportant pas que Natsu se fasse passer pour la victime.
Lucy – Quoi ? Mais c’est eux qui m’ont cherché pendant tout le voyage, je n’ai rien demandé moi !
Roméo – Et eux non plus tu sais. Allez, je file, sinon tu vas être en retard, et je n’ai pas envie qu’Erza me tienne pour responsable de ça… Mon père m’a dit de te dire de faire attention, et de ne pas être trop dur avec eux, ils n’ont pas l’habitude de te voir comme ça. Ils sont contents de te revoir… Comme nous quand tu rentres enfin à la guilde.
Un peu gêné par cette révélation, Roméo rougit, et adressa à son deuxième mentor un grand sourire en affichant toutes ses dents en se frottant le derrière de la tête. Elle déglutit, croyant voir un instant Natsu. Au fil des années, Roméo avait pris de plus en plus de mimique de son idole, au grand désarroi de Lucy. Elle secoua la tête, chassant l’image du mage de feu, et remarqua que Roméo avait pris le chemin de la porte d’entrée. Devant ce jeune garçon, elle ne sut comment dire les choses pour ne pas le froisser, lui expliquer que plus jamais ne sera comme avant, qu’elle ne pourrait, ou plutôt ne pouvait pas revenir sur le passé.
Lucy – Mais, tu sais Roméo…
Roméo – Oui ?
Son regard tendre la découragea de poursuivre dans cette direction.
Lucy – Non rien, finit-elle par dire. A bientôt Roméo.
Roméo – A plus Lucy, rentre vite.
D’abord hésitant, Roméo revint sur ses pas et lui sauta au coup, l’enlaçant affectueusement. Cette dernière répondit naturellement à l’étreinte avant de laisser filer le petit mage.
La porte se referma et Lucy se sentit soudainement vidée de toute énergie. Alors, elle prit la direction de son lit pour s’assoir confortablement sur le matelas, les pieds ballottant dans le vide. Le lourd silence l’assomma, se retrouvant à nouveau dans sa solitude. Elle baissa la tête, observant ses pieds s’agiter naturellement. Trop dur ? Oui, elle l’était, elle le savait mais c’était pour leur bien, et pour son bien à elle aussi. Pourquoi personne ne voulait-il comprendre ce qu’elle ressentait ? Elle devait se résoudre à leur présence. Manifestement, elle ne se sortirait pas de cette situation dans les prochaines minutes. Elle repensa à son amie, elle aurait tout donné pour pouvoir l’appeler et lui parler. Si Cana avait été là, elle l’aurait sûrement aidé à affronter ses conflits intérieurs. Elle secoua la tête, non elle ne pouvait pas éternellement compter sur Cana qui avait elle aussi droit au bonheur. Elle n’était pas là, il fallait qu’elle accepte définitivement cette idée. A cette réflexion, elle s’énerva encore. Elle se sentait vraiment perdu sans Cana, et ça l’exaspérait au plus haut point d’être aussi dépendante. Ne pouvait-elle donc pas s’en sortir toute seule ?
Devant ce dilemme, Lucy se frotta les tempes, sa dispute avec Loki n’ayant en rien arrangé aux maux de tête qu’elle subissait depuis son réveil. Légèrement soulagée, elle examina sa chambre en déatil : la peinture jaune, le rideau blanc au couleur passé, le tiroir qui contenait son roman qui était depuis bien longtemps à l’abandon, puis son regard se porta sur un cadre photo posé sur un recoin du bureau. Elle se leva et le prit dans ses mains, puis toucha du bout des doigts la surface vitrée. Des larmes remontèrent en observant sa mère dans sa somptueuse robe garance, radieuse comme dans ses plus lointains souvenirs. Ne souhaitant pas céder plus à sa mélancolie, elle reposa le cadre photo, mais sa main s’arrêta sur un autre cadre photo posé juste à côté de celui de sa mère. C’était une photo d’elle et de toute l’équipe : Grey, Erza, Happy, Natsu, Wendy et Charuru, posant fièrement juste devant la guilde. Elle resta indécise, puis d’un geste sec, elle rabaissa le cadre photo, comme si ce geste pouvait lui apporter une réponse concrète à son problème. Elle regarda l’heure, et constata amèrement qu’il était temps de se préparer. Elle n’avait plus le choix, il fallait partir.
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Déjà à la gare depuis une dizaine de minute, Natsu, Grey, Happy et Erza patientaient sur le quai. La tension était déjà forte entre le mage de feu et le mage de glace, qui se firent déjà réprimandés à plusieurs reprises par Erza. Pourtant, Erza était inquiète. Elle avait espéré au fond d’elle que Lucy accepte leur présence sans conflit mais cela n’avait pas du tout été le cas. Une petite partie d’elle ne pouvait s’empêcher de penser que Lucy ne viendrait peut-être pas au point de rendez-vous. Lorsque Virgo était intervenu, elle avait intérieurement remercié les esprits stellaires du coup de pouce qu’il lui avait donné pour forcer la constellationniste à venir avec eux. Reconnaissante certes, mais aussi inquiète car agir contre la volonté de son propriétaire n’était pas vraiment le genre des esprits stellaires. Bien au contraire, un esprit devait se conformer aux règles imposées par son propriétaire en vertu du contrat qui les liaient. Et si aujourd’hui eux aussi avaient fait cette démarche de contraindre Lucy, c’était qu’ils étaient eux aussi convaincue qu’elle était en danger. Erza en était persuadée, et il n’y avait pas de quoi rassurer la mage aux armures. Sans le montrer, elle fut soulagée d’apercevoir la jeune blonde au loin qui s’avançait vers la gare. Elle était arrivée quinze minutes plus tard que l’heure fixée par Erza, vêtue de son short en jean noir habituel et de son t-shirt rouge bordeaux au col rond dégageant bien sa poitrine, attachant ses cheveux par une simple couette haute.
Alors que Grey et Natsu étaient trop préoccupés à se battre, Erza regarda son amie arriver. Elle sentit le regard de Lucy s’incruster dans le sien, un regard de défiance intense, mais qui ne déstabilisa pas pour autant la mage en armure. Qu’aurait pu donner l’issue du combat qui avait failli débuter un peu plus tôt ? Erza était curieuse de le savoir mais combattre n’était pas non plus sa priorité. Lucy s’arrêta net en face de la troupe et bien décidé à mettre les choses au clair, elle entama la conversation en s’adressant sèchement à chacun d’eux.
Lucy – La mission va se passer selon mes règles. Premièrement, je vous laisse venir avec moi cette fois-ci mais ce serait la seule et unique fois. Je vous tolère juste. Comptez sur moi pour ne pas me faire avoir une deuxième fois. Deuxièmement, quand on arrivera près de la zone spectrale, je veux que vous restiez en dehors de ça. Je vous interdis formellement de vous approcher des spectres.
Le ton autoritaire de Lucy fit frissonner Happy, ce dernier se plaçant directement au garde à vous en écoutant attentivement les instructions données. Pour Grey et Natsu, ils avaient aussitôt stoppé leur bagarre pour constater qu’un nouveau despote avait pris place au sein du groupe, à leur plus grand malheur.
Grey – Et troisièmement ?
Arquant un sourcil, elle dévisagea Grey, puis, à la plus grande surprise de tous, le visage fermé de Lucy se transforma en un sourire que Grey qualifia aussitôt de diabolique.
Lucy – Troisièmement, je vous fracasserai le crâne si je vous entends vous engueulez encore une fois !
Erza – Ses conditions me vont très bien ! Ça va me faire des vacances de ne pas m’occuper d’eux.
Natsu/Grey – Pas à nous !!! répliquèrent-ils à l’unisson.
Happy – L’équipe est reformée !
Erza - Allez tous à bords.
Natsu – Yosh !
Il avança, motivé par ce nouveau départ, quand Natsu se stoppa devant la porte du train. Il ne put retenir plus longtemps les nausées qui l’assaillaient d’ores-et-déjà. Découragé, sa motivation était retombée tel un soufflet rien qu’à l’idée de ne poser ne serait-ce qu’un seul pied dans ce maudit train.
Natsu – Peu pas…beurps !
Lucy – Mais si !
Arrivant par derrière, Lucy lui flanqua un énorme coup de pied dans les fesses, faisant rouler Natsu jusque dans le train pour ensuite s’étaler contre la paroi du wagon. Elle monta à sa suite et salua le contrôleur, qui, par hasard, fut le même que celui de leur trajet pour Jintsu, qui resta estomaqué devant la violence dont pouvait faire preuve la rédemptrice de Magnolia.
Grey et Erza se regardèrent et sourirent avant de monter à leur tour dans le train, rejoignant Happy et Lucy sur la banquette où ils avaient pris place. Happy s’était posé à côté de Lucy, content de pouvoir reprendre la route avec son amie.
Happy – Quand je pense qu’au début tu voulais absolument le faire sortir du train et que maintenant tu le pousse dedans… Tu es vraiment bizarre Lucy !
Lucy – Ah ne commence pas Happy ! Mes menaces sont aussi valables pour toi.
Happy – T’oserais pas, lui répondit-il au tac au tac, sûr de lui.
Lucy – Vraiment ? Si tu tiens à mourir, je peux te faire de suite une petite démonstration.
Pour affirmer sa résolution, Lucy leva doucement sa main en direction de l’exceed bleu, démontrant qu’elle était prête à passer à l’acte, affichant avec plaisir un sourire sournois qui suffit à convaincre Happy.
Happy – Non, non, c’est bon je te crois ! Regarde, je m’assois et je ne bouge plus une patte. Parole de chat !
Lucy – Je doute de l’efficience de cette parole…
L’annonce du départ du train résonna dans l’enceinte de la gare, c’était le début de ce qui promettait d’être pour Lucy un long voyage. Les passagers observaient d’un air intrigué les personnes qui accompagnaient la rédemptrice pendant son périple. Voir la rédemptrice être accompagnée ainsi était une chose inhabituelle, et il fallait dire que l’escorte en question se révélait être particulièrement peu discrète.
Erza - On ne va peut-être pas laisser Natsu par terre comme ça. Je vais le chercher.
Lucy - Je te préviens Erza, c’est hors de question qu’il soit à côté de moi. La dernière fois, il a vomi sur mes bottes.
Erza – Mais non, ne t’inquiète pas. Grey, installe-toi à côté de Lucy, je vais prendre Natsu sur mes genoux. Si tu es d’accord Natsu, fait un bruit.
Natsu – Bourmps…
Grey - Il va me faire chier jusqu’au bout celui-là, dit-il en changeant de siège pour s’installer à côté de Lucy. Au fait, Tahori, ce n’est pas la ville complètement à l’ouest du pays ?
Lucy – Oui, mais c’est plutôt un petit village. Elle surplombe la mer du haut des falaises, à environ une centaine de mètres au-dessus d’elle.
Erza – C’est exact, j’ai hâte de voir ce village, il parait qu’il est magnifique. Un des plus beaux de Fiore.
Grey – Ouai, mais on n’est pas près d’arrivés, c’est ça ?
Erza – Le trajet est plutôt long en effet. La première destination se trouve être Crocus, qui ne sera qu’une ville étape pour rejoindre Axtis en train qui est situé un peu plus au nord de Tahori.
Natsu – Nooonnrourps !
Grey – Je crois qu’il n’est pas content.
Happy – Il ne va jamais vouloir prendre le train pour le retour…
Lucy - Et bien il restera là-bas. Et ça fera une raison de plus pour qu’il ne s’incruste plus dans mes missions.
Erza – Pour finir et malheureusement, dit-elle en coupant le débat sur la possibilité que oui ou non Natsu remonte un jour dans un moyen de transport, le train ne va pas jusqu'à Tahori. Il faudra terminer le chemin à pied, ce sera certainement une marche de plusieurs heures.
Happy – Et bah, si j’avais su, j’aurais emmené un jeu de carte pour faire passer le temps.
Lucy - Libre à toi de faire demi-tour, Happy. Personne ne te retient.
Happy – Tu serais trop triste si je m’en allais.
Lucy – Non.
Happy – Si.
Lucy – Non.
Happy – Si !!!
Lucy – Non.
Happy – Si et si !
Grey – Ça va être long…
Lucy – Bon écoute Happy, tu commences à me…
Natsu – Bouroups…Luc…beurop…
Le mage de feu tendait le bras comme un appel à l’aide dans le supplice qu’il était en train de vivre, dans l’indifférence la plus totale.
Lucy – Toi lâche moi aussi.
Grey – Pas sûr qu’il te lâche celui-là.
Il avait lancé cette pique sournoisement, et malgré le regard froid de Lucy, il ne se démonta pas et affronta son amie en fixant ses yeux marrons, visiblement contrarié.
Epuisée, la constellationniste soupira, préférant ne pas s’attarder plus longtemps sur cette remarque que Grey lui avait jetée en pleine face. Elle ne doutait pas que ce genre de remarque ne serait pas la dernière de leur voyage, justifiant qu’elle ne riposte pas à cette attaque. Elle décida de laisser tomber malgré les répliques de Happy qui, au bout de plusieurs minutes d’absence de réponse de la constellationniste, finit par se taire à son tour. Rapidement, elle sombra dans le sommeil, littéralement vidé par ce début de journée exténuant. Le calme de Lucy sembla se propager à ses camarades qui ne firent plus un bruit. Seul le bruit du train frappant les rails accaparait les pensées d’Erza. Elle regardait son amie dormir tranquillement contre la fenêtre. Happy en avait profité pour se faufiler sur les genoux de la constellationniste à son insu une fois qu’il était sûr que celle-ci ce soit bien endormie une quinzaine de minute plutôt. Lucy avait changé, et étrangement, elle lui rappelait quelqu’un : elle, quand elle avait abandonné ses amis à la Tour du paradis. Seule, Erza s’était refermée sur elle-même en se protégeant au sein de son armure. Elle avait été si peiné d’avoir abandonné ses amis et d’avoir été trahit par Jellal que la blessure n’avait toujours pas véritablement cicatrisée. Jellal… Mais où pouvait-il être aujourd’hui ? Elle avait besoin de lui parler, de connaître la raison de son évasion. Elle devait le voir, même si l’idée de croiser un jour sa route la terrifiait, car elle n’était clairement pas indifférente à son amie d’enfance, même si elle feindrait tout autant l’indifférence face à lui.
Elle chassa son ami d’enfance de ses pensées, avant de revenir vers Lucy. La jeune femme qui était si émotive dans ses souvenirs semblait avoir disparu. Elle savait que ce n’était qu’une façade, mais elle était mal placée pour venir remettre en cause son attitude. Tout comme Natsu et Grey, elle ne la lâchera pas, car si Erza savait ce qu’avait été la meilleure chose dans sa vie, c’était d’avoir été entouré par ses amis de Fairy Tail. C’était eux, qui avait fait tomber sa carapace et qui lui permettait aujourd’hui d’être toujours debout, de toujours se surpasser. Lucy avait-elle oublié le pouvoir des sentiments et de l’amitié qui les unissaient ?
En face d’Erza, Grey se posait lui aussi beaucoup de question. Il n’aimait pas vraiment le comportement de Lucy qu’il trouvait assez dédaigneuse envers eux, mais surtout envers Natsu. Il n’admettrait jamais que Natsu soit quelqu’un d’important pour lui, mais cela ne l’empêchait pas de trouver que le comportement de Lucy envers lui était injustifié. Même si par le passé elle avait pu s’engueuler avec Natsu, ce n’était jamais par méchanceté. Aujourd’hui, c’était différent. Tout était différent. Sentant un regard posé sur lui, Grey releva les yeux et croisa le regard d’Erza qui était posé sur lui.
Grey – Quoi ?
Erza – Rien.
Natsu – Buerps.
Sans attendre un bruit suspect de plus, Erza assomma Natsu sans aucun avertissement pour le jeune homme. Pour lui, c’était encore le meilleur moyen pour qu’il se repose.
Grey – Toujours aussi délicate, confirma t’il narquois.
Erza - C’est pour son bien.
Grey - Ouai… On n’a pas tous la même définition de ce mot j’imagine…
Il laissa quelques secondes sa phrase en suspens, avant de reprendre.
Grey – Je suppose qu’il en est de même pour Lucy concernant cette mission. Qu’est-ce qu’on fait là en réalité Erza ? Ne te trompe pas, je suis content de retourner en mission avec vous et Lucy, mais pour une mission de rédemptrice ? On n’a pas notre place face aux spectres. Explique-moi, pourquoi avoir forcé le passage ?
Ne s’étonnant pas de cette question, Erza adopta alors un regard sérieux, invitant le mage de glace à écouter attentivement sa réponse. Ne souhaitant pas que la conversation soit entendu de leur amie, Erza s’approcha de Lucy et claqua à plusieurs reprises des doigts en face de son visage, cherchant une réaction, un tic qui lui indiquerait que celle-ci ne dormirait pas vraiment. Après avoir vérifié et être certain du sommeil profond de Lucy, Erza donna très simplement l’explication de leur présence :
Erza – Une autre rédemptrice a été tuée. Je l’ai appris hier soir. Je ne crois pas que Lucy soit au courant.
La mâchoire du mage de glace se crispa, sentant la colère remonter en lui. Il se doutait bien que leur présence n’était pas fortuite mais il ne pensait pas que la situation serait aussi sensible. Il restait combien de rédemptrice maintenant ? Quatre ? songea t’il. Dans tous les cas, le faible nombre de rédemptrice devenait une source d’inquiétude très préoccupante.
Erza – Il est évident que le tour de Lucy va bientôt arriver, et on fera tout pour que ça n’arrive pas. Dans le doute, j’ai choisi cette mission car elle est à l’exacte opposée de la dernière position connue du mage noir. Ce n’est pas très fiable, je le conçois, mais je me suis dit que l’éloigner serait déjà une bonne solution avant d’engager tout combat avec Zeref.
Grey – Je ne suis pas sûr qu’à nous quatre nous puissions faire quoique ce soit.
Erza – C’est même certain. Cela me fait mal de le reconnaitre mais nous sommes en retard dans notre progression magique, ce qui est un handicap qui n’est clairement pas à négliger. Toutefois, nous pourrons au moins aider Lucy à fuir le moment venu.
Grey – Elle ne fuira pas, elle est trop bornée pour ça.
Erza – On verra bien. Je n’ai encore pas réfléchi à tout cela et je n’ai pas beaucoup de renseignement non plus. J’ai étudié tout ce que j’ai pu à la guilde sur l’histoire des spectres, le mage noir, mais je ne sais absolument pas si tout cela sera utile. J’ai de bonne chance de croire que cette mission sera en toute somme banale. Dans tous les cas, je ne prendrai pas le risque de perdre l’un de nous. Maintenant, repose-toi Grey, on a beaucoup de chemin avant de pouvoir achever cette mission.
Chacun ferma les yeux pour s’assoupir, bercé par les oscillations du train. Ce que Erza n’avait pas vérifier, c’était si Happy s’était réellement endormi, et ce n’était pas le cas. Il avait bien entendu les propos d’Erza et il avait les larmes aux yeux rien qu’à l’idée de savoir que Lucy était en danger. Il se jura d’en parler à Natsu le plus rapidement possible.
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Quand Lucy se réveilla, elle s’aperçut que ses compagnons avaient à leur tour sombré dans le sommeil. Elle resta alors plongée dans ses pensées, s’enfonçant dans les méandres de ses sentiments. Les paroles de Loki et de Roméo raisonnaient en boucle dans sa tête, comme une comptine qu’elle n’arrivait pas à retenir :
« Je refuse que ce soit au prix de ta vie »
« Ne soit pas trop dur avec eux »
Des paroles sages qui résonnaient en elle telle une horloge au rythme bien réglé. Elle était en colère contre ses esprits, mais elle n’arrivait pas à leur en vouloir pour ce qu’ils avaient fait. Elle était en colère car elle se retrouvait là à devoir gérer une situation qui n’aurait pas dû exister. Elle était en colère contre eux, tout ceux qui osait dormir tranquillement dans ce train, qui s’incrustaient dans ses missions alors qu’ils n’y avaient pas leur place. Son regard se posa sur chacun d’eux : Erza, la guerrière aux grands airs autoritaires dissimulant un cœur de tendre, Grey, qui malgré ses apparences froides se souciait bien plus que quiconque des autres, Happy, cette boule de vie joyeuse, puis Natsu… En posant ses yeux sur lui, sa colère refit surface comme une seconde nature. Elle venait de subir une véritable trahison de la part de ses esprits, et pourtant, elle ne leurs en voulait pas. Alors que Natsu, elle n’y arrivait pas, elle n’arrivait pas à faire taire ce sentiment d’abandon qui la poursuivait depuis maintenant plusieurs années. Elle savait qu’elle devrait plus timoré dans ses réactions en vers lui, mais c’était plus fort qu’elle. Comment pourrait-elle remédier à cela ? Mais surtout, devait-elle être un peu plus elle-même au risque que lui et Happy ne se rapprochent encore plus d’elle ? Etre elle-même… mais qui était Lucy aujourd’hui ? Elle n’était même pas sûre de connaître elle-même la réponse. Ce constat saigna le cœur de la jeune femme, se rendant compte qu’elle s’était un peu perdue au fil des missions, pensant tout maîtriser mais comme toujours, elle ne maitrisait rien. Elle n’arriverait jamais à être à la hauteur, comme Erza ou Cana. Loki lui avait affirmé qu’elle ne pouvait rien faire contre Zeref, pourtant, ils s’étaient préparés ensemble à ce combat. Ses esprits l’épaulaient jours après jours pour ce grand final, aurait-ce été un travail inutile ?
Lucy se recroquevilla un peu plus sur elle-même, étouffée par ce sentiment d’échec qui s’installait en elle malgré ses progrès. Elle regarda alors le paysage défiler, espérant qu’elle cesserait au bout d’un certain temps de broyer un peu plus du noir.