Dans un brouhaha continue, la guilde de Fairy Tail s’évertuait à faire ce qu’elle faisait de mieux : vivre et profiter de la vie en compagnie de leur grande famille. Ce son typique de la taverne de Fairy Tail résonnait comme une fabuleuse mélodie pour le mage de feu qui savait avec certitude que jamais il se lasser de cette vie ici. Instinctivement avec Happy, ils avaient pressé le pas en apercevant la grande porte de la vieille bâtisse fatiguée par les multiples rénovations qu’elle avait pu subir. C’était leur foyer, leur chez eux, un havre de paix qui méritait que chacun lui démontre toute l’affection qu’il pouvait avoir pour cet édifice. Les canines du mage de feu pointèrent leur nez, dans un sourire ne présageant rien de bon pour ce qui sera très bientôt l’ancienne porte de Fairy Tail.
Toute la guilde sursauta face au fracas retentissant et en découvrant une nouvelle fois la porte de la guilde se briser en mille morceaux. Aucun ne fut surpris de voir Natsu, pied engagé dans le bois et le poing conquérant, suivit de près par son compagnon de toujours.
Natsu – Yosh !! On est de retour ! hurla t’il victorieux.
Macao – Natsu ! La porte ! Tu vas la payer toi-même, je te préviens !!
Le quatrième maître de Fairy Tail s’arracha les cheveux devant le désastre. Désolé pour lui mais malgré tout heureux, Roméo se tenait derrière son père, lui tapotant l’épaule en réconfort.
Mirajane – Bon retour à vous deux.
La barmaid les accueillis d’un chaleureux sourire tout en continuant à essuyer le verre qu’elle tenait avec son torchon, invitant les deux amis à se rapprocher du comptoir. Heureux d’être de retour, ils avancèrent et prirent place sur un siège aux côtés d’Erza, de Grey, et non loin de là se tenait Cana qui buvait comme à son habitude.
Mirajane – Alors, vous étiez passés où ?
Happy – On était en mission avec Lucy !
Erza – On s’en doutait.
Natsu –Yosh ! C’était extra ! s’extasia t’il.
Cana – Ah bon ? s’étonna-t-elle. Elle ne vous a pas plutôt taper ?
Happy – Accessoirement oui ! Mais des fois, elle était gentille ! En fait, moi elle m’aime bien mais c’est normal. Comment pourrait-on ne pas aimer un chat bleu qui parle aussi mignon que moi ?
Grey – Tu crois ça toi ?
Mirajane – C’est sûr. Les exceeds sont tous très mignon.
Happy – Haha ! Tu vois Grey ? Regarde, Natsu, ce n’est pas un chat qui parle et je te jure que Lucy lui en a fait baver.
Grey – Pourquoi ? Qu’est-ce que t’as encore fait le flamby ?
Natsu – Je t’ai pas causé le glaçon ! s’agaça t’il machinalement à la question de Grey.
Remarquant le regard inquisiteur d’Erza, l’intéressé se gratta la tête gêné tout en souriant. Il s’attendait à ce que d’une minute à l’autre qu’elle lui fasse un interrogatoire à la Titania, et il était déjà prêt à courir la queue entre les jambes. Aussi, il garda le silence, préférant ne pas à avoir à s’étaler sur le sujet. Il s’en voulait déjà assez d’avoir mis les pieds dans le plat avec Lucy, il n’était pas nécessaire d’en rajouter une couche auprès de ses amis.
Face à ce silence inhabituel du mage de feu et à son air dépité, les quatre mages s’interrogèrent mutuellement du regard. Que s’était-il passé pour que le dragon slayer tire ce genre de tête ?
Grey – Bah ça ne m’étonne pas, une allumette, ça ne peut dire que des conneries.
Happy observait son compagnon qui ne donnait aucune réplique à son grand rival. Même Grey fut déçu et comprit la gravité de la situation.
Cana – J’ai l’impression qu’elle a été très charmante avec vous, ajouta t’elle ironiquement, épiant du coin de l’œil une éventuelle réaction du mage de feu.
Happy – Pas vraiment… Pourtant, sur le trajet du retour, Lucy semblait plus détendu qu’au début. Mais elle n’a plus dit un mot quand…
Natsu – Happy !!!
Repris sèchement par le mage de feu, Happy ne cacha pas sa surprise avant de comprendre l’impair qu’il venait de commettre. Il se mordit la lèvre de honte, et se consterna en voyant la peine qu’il avait provoquée chez Natsu. Comprenant encore plus le mal être de son ami, il culpabilisa en comprenant la gaffe qu’il venait de faire.
Sans plus de détail, Cana eut vite fait de saisir de quoi il s’agissait. Il n’y avait pas beaucoup de sujet sensible qui pouvait réduire ainsi en silence la constellationniste. Lorsque Lucy exécrait quelque chose, elle le faisait savoir et ne ruminait pas seule dans son coin. C’était seulement lorsque la question la touchait personnellement qu’elle ne se montrait que peu démonstrative. Sûre d’elle, Cana en profita pour enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie.
Cana – C’est son père. N’est-ce pas Natsu ? J’imagine que tu as eu la bonne idée de lui en parler.
Cette affirmation fit remonter un frisson désagréable le long de l’échine du mage de feu. Ce dernier releva la tête et croisa le regard de Cana qui arborait une expression très neutre, mais il sut aussitôt que sa question n’en était pas une. Froidement, il l’a fixa, sentant la colère remonter en lui face à cette femme qui semblait à cet instant prendre un malin plaisir à le mettre plus bas que terre.
Cana savoura son petit effet qu’elle avait eu sur Natsu. Loin d’être véhémente, c’était plutôt une invitation directe qu’elle adressait au mage de feu celle l’invitant à ne pas se mêler des affaires de Lucy. Les yeux onyx de Natsu l’a foudroyait du regard, lui faisant bien comprendre tout son ressentiment à son égard. La dernière fois qu’il l’avait regardé ainsi, c’était le jour où ils avaient eu leur petite conversation privée dans les appartements de Lucy, où là encore elle lui avait gentiment expliqué à Natsu et Happy d’aller voir ailleurs.
Cana – Apparemment, je ne me suis pas trompée, dit-elle en buvant sa choppe comme si de rien n’était. Je vois que tu as toujours le don pour appuyer là où ça peut faire mal.
Erza – On nous l’a appris aussi pendant que vous n’étiez pas là. Je suis désolée pour vous si ça s’est mal passé.
La remarque d’Erza accentua encore un peu plus le désarroi de Natsu, se désolant d’être le seul à mis les pieds dans le plat. Espérant faire revenir l’enthousiasme de son camarade, le petit chat bleu eut une idée pour lui changer les esprits.
Happy – Vous savez quoi ? On a pu assister à un beau combat pendant la mission. Lucy a battu un voleur en quelques minutes à peine !
En entendant la remarque de l’exceed, Cana se crispa instantanément, manquant de justesse de recracher sa boisson. Craignant le pire, elle posa cette fois-ci sa choppe pour se concentrer sur ce que Happy venait de leur dire. Une seule question lui vint en tête : Qu’avait-elle pu faire encore comme connerie ?
Le judicieux changement de sujet opéré par Happy avait fonctionné. Ravivé par la conversation, Natsu afficha un grand sourire et s’exclama à son tour.
Natsu – Grave ! Vous saviez qu’elle pouvait invoquer trois esprits en même temps maintenant ? Et puis, elle a de nouveau pouvoir !
Happy - Aye ! Elle a invoqué un genre de rayon lumineux, elle l’a appelé comment déjà ?
Natsu – Rayon lunaire ! Il fallait voir ça, le rayon était éblouissant ! Même éclatant ! Et le mec fut KO d’un seul coup ! Bam !
Grey – Putain, on aurait dû s’incruster nous aussi. J’aurai bien aimé voir ça.
Erza – Lucy est une fille sérieuse qui a toujours eu de bonnes capacités magiques. Je suis ravie d’entendre qu’elle s’épanouit magiquement parlant.
Mirajane – C’est vraiment impressionnant, elle a beaucoup progressé.
Sans renchérir, Cana se leva et quitta précipitamment la guilde en faisant mine d’être désintéressée par la conversation. Sans tenir rigueur de ce départ, Natsu et Happy poursuivirent dans la genèse de leur aventure.
Natsu – Et puis elle a esquivé tous les coups, elle était super rapide !
Happy – Un coup à droite ! Un coup à gauche ! On aurait dit une flèche.
Grey – Et toi ? Tu étais où le chalumeau ?
Natsu - Ta gueule le nudiste ! Tu ne vois pas que je parle ?!
Happy – Natsu avait été mis au tapie.
Natsu – Happy !!! Sale traître !
Grey – C’est pas vrai ? Mais j’ai vraiment tout loupé !! La honte !
Erza – Grey, ce n’est pas gentil de te moquer d’un camarade impuissant.
Le mage de glace, qui avait de suite comprit le double sens de la phrase, explosa de rire, au grand damne de Natsu qui grognait auprès d’Erza, sans comprendre autre chose que le sens premier des mots qu’elle avait pu prononcer.
Mirajane regardait la scène attendrit. Lorsqu’elle avait perdu Lisanna et qu’elle avait perdu le goût pour les combats, elle s’était longuement interrogé sur le sens qu’elle donnerait à sa vie. Et là, depuis son comptoir, elle pouvait observer toutes les personnes de la guilde : leurs gestes, leurs expressions du visage... Apprendre à mieux connaitre les êtres qu’elle chérissait tant. Ce job avait pris une réelle place dans son cœur car elle pouvait voir des choses que personne ne voyait. De remarquer certaines petites choses de la vie. Personne ne doutait de la complicité que Natsu, Happy et Lucy avait développé entre eux (tout du moins, avant les évènements Tenro), mais pour elle, il y avait bien plus dans leurs regards. Les yeux pétillants de Natsu lorsqu’il parlait de Lucy étaient pour la barmaid le signe d’une amitié bien plus profonde que ce qu’il pouvait laisser penser, même s’il faudra certainement beaucoup de temps pour le mage de feu avant de réaliser quoique ce soit.
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La chaleur étouffait Cana qui n’avait cessé de courir pour traverser Magnolia. Elle n’avait pas attendu la fin de la discussion pour comprendre que son amie était très probablement dans un sale état. Elle râla intérieurement devant ce futur constat. Cela faisait seulement huit jours qu’ils étaient revenus, et en huit jours, ils avaient foutu une merde pas possible. Elle le savait, les avait prévenus, mais non, ils étaient tout bonnement de véritables crétins, peu importait pour Cana qu’il soit au courant de la situation. Mais la plus stupide sur ce coup, c’était bien évidemment Lucy. Elle râla une nouvelle fois en se demandant qui allait encore récupérer la constellationniste à la petite cuillère, tout en connaissant parfaitement la réponse.
Elle grimpa aussi vite que possible les marches menant à l’appartement de son amie, et la première chose qu’elle remarqua fut que la porte était restée entrouverte. Elle franchit le seuil de l’appartement et trouva Lucy non loin de là, inconsciente, un bras sur son lit, mais tout le reste du corps étendu sur le sol. Cana s’approcha hâtivement de son amie, et s’accroupit auprès d’elle. Doucement, elle retourna la jeune femme blonde pour la blottir dans ses bras, puis elle prit délicatement le visage de Lucy entre ses mains. Désolée par ce qu’elle voyait, Cana effleura le visage de son amie en essuyant de ses doigts un très léger filet de sang qui s’échappait de la commissure de ses lèvres.
Cana – Lucy, tu m’entends ?
Lucy – Hum…
La jeune femme blonde avait répondu dans un râle, mais restait inconsciente, semblant se complaire dans la douleur. Ce fut la seule réponse qu’elle eut de son amie. Ne souhaitant pas en rester là, elle secoua alors légèrement son amie, souhaitant vivement qu’elle lui donne un signe de vie plus probant qu’un simple râle.
Cana – Lucy ? Hey ho, je suis là.
Au son de cette voix familière, Lucy émergea de ses sombres rêves pour entrevoir le visage de Cana. Aussitôt, un tendre sourire prit place sur son visage, révélateur du lien qui unissait les deux jeunes femmes. Dans un souffle erratique, Lucy essaya de répondre à son amie qu’elle voyait visiblement inquiète.
Lucy – Je…Je me doutais bien…que tu viendrais.
Cana – Bah oui idiote ! Quand j’ai entendu ses crétins raconter comment tu avais « super bien » géré en mission, j’ai vite compris.
Elle avait dit cette phrase bien plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu, mais les émotions avaient submergé Cana pendant quelques secondes, tentant vainement de maitriser le manège des montagnes russes subit par son cœur qui oscillait entre l’inquiétude et le soulagement.
Lucy – Vive l’ironie, hein ?
Cana – Tais-toi, garde tes forces, je vais t’installer sur ton lit.
Lucy - Hey,…Si… Si tu m’avais vu…Je les ai épatés, je crois.
Pendant que Cana tentait de soulever son amie et de la mettre dans son lit, Lucy, mi-consciente, mi-endormi, continua de parler entre deux spasmes :
Lucy – Je lui ..ai fait sa fête. Tu…tu sais, c’était l’homme aux bombes de...de Clover. Tu..te rappelles ?
Cana – Et bah justement, il n’était pas si puissant que ça ce mec, tu aurais pu te contenter d’invoquer juste un seul esprit. Ça ne vaut pas le coup de se mettre dans des états comme ça… Surtout pour cet idiot.
Lucy – Ce voleur… méritait une leçon.
Cana - Je ne te parlais pas de cet idiot-là.
Lucy – Si, je l’ai…je les aie impressionnés. Depuis le temps que…que j’attendais ça, je me… suis entrainé dur pour … pour leur retour, pour… pour montrer ma valeur.
Après quelques efforts supplémentaires, Cana déposa Lucy dans son lit tout en prenant soin de la recouvrir de son drap.
Cana – Tu sais bien que tu n’as rien à prouver Lucy. Tu peux dormir tranquille maintenant.
Lucy n’attendit pas cette injonction et sombra dès qu’elle eut senti le drap rassurant de son lit caresser sa peau, mais elle entendit tout de même la dernière phrase de Cana :
Cana – Tu as réussi ton coup ma belle, ils ne parlent que de toi là-haut.
Le sourire aux lèvres, Lucy s’endormi dans la seconde suivante. Malgré les réprimandes qu’elle pouvait faire, Cana était touchée par la sottise de son amie. Elle aussi avait vécu pendant sept ans avec des milliers de remords. Elle connaissait Lucy, connaissait ses doutes, ses peurs, alors juste une fois, Cana voulu bien admettre ce petit écart de conduite de la part de son amie. Rien qu’en la regardant dormir, elle comprit que son amie avait déjà radoucit son cœur de pierre. Ce petit chat bleu et ce garçon avaient le don de lui faire faire n’importe quoi, comme autrefois. Et même si elle trouva cette relation très belle, Cana se décida à ne pas les laisser faire.
La mage aux cartes resta une dizaine de minute au chevet de son amie afin de s’assurer de son état de santé. Malgré le sommeil, Lucy était régulièrement soumise à quelques spasmes peu violents, mais qui restait toujours inquiétant. Cana savait que ses spasmes étaient incontrôlables et avait déjà vu son amie maintes fois dans cet état. Pourtant, elle avait toujours du mal à s’y faire. En observant Lucy, Cana se tranquillisa en voyant la respiration de celle-ci devenir plus régulière à chaque minute écoulée, signe que le plus dur était manifestement derrière elle. Dans un geste fraternel, elle caressa les cheveux de Lucy avant de se décider à quitter l’appartement.
Le soupir de Cana au moment où elle referma la porte d’entrée fut le reflet de sa profonde contrariété. On était qu’en fin de journée et elle savait déjà que certaines personnes allaient se poser des questions sur l’absence de la constellationniste, et que se passerait il s’ils la voyaient dans cet état ? Elle osa espérer que personne ne se présente à l’appartement et comptait veiller personnellement à cela depuis la guilde.
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Macao – Qui a encore détruit le bar ?!
Max – Je vais te faire manger tes chaussettes !
Elfman – Viens te battre si tu es un homme !
Natsu – Je m’enflamme ! Je vais tous vous cramez !
Wakaba – C’est pas fini ce bordel ! Je vais vous faire fermer vos clapets, on ne peut me^me pas fumer en paix.
Bixlow – Qui t’a dit qu’on voulait supporter tes odeurs de cigare ?
Evergreen – C’est clair, l’odeur du tabac, c’est affreux et très mauvais pour le teint.
Wakaba – Je m’en fou de mon teint ! Je vais buter quiconque qui m’empêchera de fumer.
Grey – Et bien on va voir ça tout de suite.
Wakaba – Ramène ta fraise Grey !
Natsu – La ferme ! Je vous défonce tous !
Grey – Ice make…
Natsu – Poing du dragon…
Erza – Ça suffit ! Je vais tous vous massacrez.
C’était un matin à la guilde comme tous les autres, depuis le retour de l’équipe Tenro. Une bataille, une réprimande, un passage à vide, puis rebelote, une éternelle rengaine à l’image de Fairy Tail. Lucky faisait part des potins à Mirajane sur les autres guildes, d’autres discutaient de leur prochaine mission. Fairy Tail avait retrouvé son rythme d’antan, ce rythme qui faisait sa force et sa fierté. De nouveaux groupes se formaient, d’autres se retrouvaient, la guilde était encore en émoi, se réjouissant en permanence de leur retrouvaille.
Après une remise au calme imposée par la reine des fées Titania, chacun vaquait désormais à leurs occupations, faisant passer le temps. Mirajane secoua sa robe poussiéreuse, et repris la remise en place des chaises déplacés ou cassé suite à éniéme bagarre qui venait de se terminer. Elle adressa un clin d’œil complice à sa sœur Lisanna qui l’aidait elle aussi. Adressant un jolie sourire à sa grande sœur, elle reprit sa tâche en nettoyant la table où s’étaient renversés des verres. C’était sa cinquième et dernière table, et elle comptait bien se prendre une pause bien mérité à la fin de celle-ci. Une fois fini, elle essuya son front, satisfaite du travail accompli, lorsqu’elle se fit bousculer par un jeune homme aux cheveux roses, lui faisant renverser par mégarde un autre verre sur la table.
Lisanna – Natsu ! l’interpella t’elle mi amusé, mi agacé de devoir tout recommencé.
Natsu – Yosh ! Lisanna. Ça va ?
Lisanna – Ça va plutôt bien, merci. Même si ça ira mieux quand je pourrais enfin me poser. Si bien sûr vous arrêtez un peu de mettre le désordre dans la guilde.
Elle leva le doigt vers lui en guise de mise en garde amicale, avant de rigoler devant la naturelle nonchalance du mage de feu.
Natsu – Et après tout ça, tu vas faire quoi ?
Lisanna - On va bientôt partir en mission avec Elfmann et Ever.
Natsu – Ever ? Elle fait partie de votre équipe ? demanda-t-il, surpris.
Lisanna – Mirajane n’avait pas envie de faire une mission. Elle a beaucoup de boulot depuis qu’elle a repris la gestion du bar et des missions. En tant que guilde hébergeant une rédemptrice, la guilde croule sous la paperasse, ce qui désespère le Maître. Alors tu connais Mira, elle se donne à fond pour l’aider au mieux. C’est vrai que nous avons de quoi payer notre nouveau loyer avec ce que la guilde nous a offert. Mais je m’ennuis un peu à vrai dire et je veux découvrir ce qui semble être un nouveau monde ! Alors, j’ai invité Ever à venir avec moi… Bon elle ne savait pas que Elfmann venait, ni lui d’ailleurs. Si tu avais vu sa tête Natsu, C’était très rigolo !
Natsu – Pourquoi ? Il n’était pas content ?
Lisanna – Mais non béta ! Il était juste gêné. Il avait les joues en feu ! Tu sais, ils se sont plus ou moins rapprochés sur l’ile Tenro, je l’ai vu.
Natsu – Ah oui, j’ai vu qu’ils étaient plus proche. C’est toujours chouette de découvrir une nouvelle amitié.
Devant autant de candeur, Lisanna se frappa le front de sa main, exaspérée par son ami d’enfance. Irrémédiablement, il ne comprenait rien à l’amour. Le Natsu d’Edolas lui avait semblé beaucoup plus réceptif à ce sujet.
Lisanna – Mais réfléchis Natsu ! On n’est pas gêné quand on part avec une amie en mission…
Natsu – Comprends rien… T’as bien dit qu’il était gêné, non ?
Lisanna – Bon attend, peut être qu’un exemple plus concret te permettra de mieux comprendre…Elf-nichan ! Viens voir s’il te plait!
Elfmann – Oui sœurette ?
Lisanna – J’expliquai à Natsu comment tu te sentais bizarre quand Evergreen se rapprochait de toi.
Natsu – Lisanna dit que tu es gêné et je comprends pas pourquoi, c’est cool de partir en mission avec une amie. Tu vas pouvoir la défier en combat !
Le visage d’Elfman vira du rose bonbon, au rouge vif. Ils aimaient ses sœurs à en mourir, mais elles étaient parfois si diaboliques, chacune à leur manière certes… mais diaboliques tout de même. Devant le piège que lui avait tendu Lisanna, il tenta de garder son sang-froid dans sa réponse, malgré un bégayement soudain.
Elfman - Que..tu…N’importe quoi ! Elle..je…C’est pas un homme ! Les seuls moments où je me sens bizarre, c’est quand cette sauvage me transforme en pierre !
Rapidement, Elfman tourna ses talons dans la foulée et parti à l’autre bout de la salle, bien à l’opposé de sa sœur, mais aussi d’Evergreen.
Extrêmement satisfaite du malaise qu’elle venait de provoquer chez son frère, Lisanna se retourna en croisant les mains dans son dos et s’adressa à Natsu avec un grand sourire.
Lisanna – Alors ? Tu en penses quoi ?
Natsu – Qu’il n’aime pas être changé en statut de pierre, et il a bien raison.
Lisanna – J’abandonne… Bon je vais me préparer pour ma mission. Tu devrais allez voir Lucy, elle n’est toujours pas venue à la guilde aujourd’hui.
Natsu – Ouai ! Bonne idée.
La mage de take-over se retourna pour prendre la direction de la sortie mais à peine avait-elle fait quelques pas qu’elle sentit une main s’agripper à son bras. Elle chercha l’auteur de ce geste et vit Natsu qui avait repris son sérieux.
Natsu – Fais attention à toi, Lisanna.
Lisanna – Ne t’inquiète pas Natsu, il faut bien vivre non ?
Touché par cette sollicitude, elle lui adressa un clin d’œil qui n’avait pas pour autant rassurer le dragon slayer. Il savait qu’elle avait raison et lui adressa à son tour un grand sourire. Le monde n’était plus celui qu’il connaissait. Avec les spectres, toutes missions devenaient beaucoup plus risquées. Lisanna était déjà partie une fois, et il ne voulait plus jamais revivre ça. Il ne savait pas s’il pourrait supporter à nouveau cette douleur. Pourtant, il savait bien que tout le monde mourrait un jour, il le savait mais il ne pouvait s’y faire. Rien que de s’imaginer en train de perdre un seul de ses amis lui faisait terriblement mal. Il eut alors un petit flash où il revit Lucy en train de danser sous le soleil couchant tout en effectuant sa cérémonie. Cet instant très bref le perturba un instant, mais lui rappela qu’il voulait quelques secondes plus tôt prendre le chemin en direction de l’appartement de Lucy.
Natsu - Happy ! Viens on va chez Lucy !
L’exceed s’envola, réjouit par cette nouvelle et se rapprocha directement de son ami, avant d’être interpellé par une voix féminine.
Cana - Natsu, attends !
Natsu se retourna et interrogea Cana du regard. Cette dernière, qui avait surveillé Natsu et Happy jusque-là, cherchait désespérément une idée pour les retenir à la guilde, loin de Lucy. Elle y avait réfléchi toute la nuit sans vraiment trouver de solution. Elle était même arrivée aux aurores à la guilde afin de les surveiller de près, en espérant secrètement qu’ils n’auraient pas eu l’idée d’aller chez Lucy sans passer par la case guilde. Qu’est ce qui pourrait retenir le dragon slayer d’aller la voir ? A part éventuellement le défier dans un combat singulier, elle ne trouvait pas de contre argument, mais elle n’avait pas la moindre envie de se plier à cette idée. Elle n’était plus de ce genre-là, à engager un combat sans raison, sauf bien sûr si cela touchait de près ou de loin à son penchant pour la boisson.
Cana – Je crois que Lucy n’est pas chez elle. Elle m’a dit qu’elle reviendrait qu’en fin d’après-midi.
Natsu – Ah bon ? C’est pas grave, on passera voir quand même si elle n’est pas rentrer.
Cana – Euh, oui mais il y a de nouvelles missions qui sont arrivées je crois. Tu devrais regarder. N’est-ce pas Mirajane ?
Prise au dépourvu et intrigué par cette interpellation, Mirajane releva la tête et confirma les dires de Cana.
Mirajane – Euh, oui je crois. Mais l’essentiel concerne notre rédemptrice.
Cana – Tu devrais peut-être en choisir une avant de partir non ?
C’était de loin l’idée la plus stupide qu’elle n’ait jamais eu juste après celle d’avoir refusé l’examen de rang S. Alors qu’elle cherchait par tous les moyens à éloigner le dragon slayer de Lucy, elle lui proposait maintenant de faire une mission avec elle. A croire que le dicton disant que la nuit portait conseil ne lui était pas destiné. Elle qui jurait de protéger Lucy l’envoyait directement au casse-pipe.
Natsu – On verra ça plus tard. Merci quand même Cana.
Content du revirement de position de Cana par rapport à sa situation avec Lucy, il la salua et s’en alla tranquillement avec Happy à ses côtés.
Nerveuse, Cana se rongea l’ongle du pouce nerveusement, ne sachant plus quoi faire, à part prier pour qu’elle soit simplement endormie et qu’il ne tente pas de la réveiller. Quelle idée ça ??? On n’était pas censé dormir en plein milieu de l’après-midi. Enfin si, elle pouvait toujours dire qu’elle faisait une sieste, ça pouvait passer avec lui. Ou pas… Ayant peur de la tournure que pouvait prendre cette rencontre, elle se leva pour les rejoindre, bien décidée à les rattraper.
A côté d’elle se trouvait Gildartz, qui observait sa fille complétement désorientée depuis le début. Il aurait tant aimé l’aider mais ne se considérait pas assez légitime pour une telle approche. Malgré cela, depuis qu’il avait pris l’étiquette du patriarche, il se souciait de tout ce qui pouvait être en lien avec sa fille. Lorsque Cana l’avait emmené en dehors de la guilde à leur retour de l’île Tenro, il était resté très perplexe. Il avait toujours apprécié ce petit bout de femme au caractère bien trempée mais ne s’était pas soucié plus que ça de Cana par rapport aux autres enfants de la guilde. Quand Cana lui avait révélé qu’il était son père, il avait été bouleversé. Au gré de ses nombreuses conquêtes (intimement convaincu que cela arriverait tôt ou tard, aucun moyen de contraception n’étant à cent pour cent efficace et d’autant que sa libido était loin d’être en berne), il avait toujours cru que le jour où l’une d’entre elle se présenterait pour lui annoncer une hypothétique paternité qu’alors, son monde s’effondrerait. Ce jour-là, face à Cana, ce fut tout le contraire. Un bonheur intense l’avait envahi et sans parole, ni demande de confirmation de la part de cana, il l’avait enlacé avec amour. Aujourd’hui, voir sa fille dans cet état lui brisait le cœur, quand bien même que sa paternité était toute nouvelle, il n’en ressentait pas moins l’affection qu’il portait à la jeune femme. Alors que Cana s’apprêtait à s’élancer à la poursuite de Natsu, Gildartz céda à ses inquiétudes et décida d’assumer ses responsabilités de père.
Gildartz – Cana, tout va bien ?
Soucieuse, la voix de son père l’a fit sortir de ses pensées. Pressée, elle voulait rejoindre Lucy au plus vite, prenant à peine le temps de répondre à son père.
Cana – Oui oui, mais là j’ai pas le temps.
Gildartz – Oh, je vois.
Malgré ses grands airs de guerrier solitaire, Gildartz fut blessé par ce retour vif de la part de sa fille et eut du mal à ne pas laisser transparaitre ces sentiments, mais il ne préféra pas insister. Il s’assit à côté d’elle et but tout simplement son verre sans rien dire.
Mordant sa lèvre inférieure, Cana réalisa que les mots étaient sortis bien plus durement que ce qu’elle aurait voulu. Elle avait cette désagréable sensation de ne rien maitriser aujourd’hui. Elle était perdue, opprimée par les choix qu’elle devait faire. Happy et Natsu avait déjà quitté la guilde, elle pouvait peut-être encore les rattraper même si elle ne voyait pas vraiment d’alternative à sa problématique. Détourner l’attention du dragon slayer n’avait pas été une réussite jusqu’alors et interdire à Natsu l’accès à l’appartement de Lucy allait encore plus le pousser à aller la voir. Tandis qu’avec son père, elle avait tout à construire encore. Elle essaya de se justifier, ne souhaitant pour rien au monde créer un conflit avec son père.
Cana – Je suis désolée, je ne voulais pas dire ça comme ça.
Gildartz – C’est vrai ma fille chérie ?!!
Il sauta de joie, comme si rien de s’était passé. La brune se renfrogna, culpabilisant de s’être fait avoir devant l’air triste de son père.
Cana - Ah bah il ne t’en fallait pas beaucoup pour te remonter le moral à ce que je vois.
Gildartz – Je n’étais pas déprimé, qu’est-ce que tu crois ? Par contre toi, on pourrait le croire. Je persiste à croire que tu as un faible pour Natsu. Tu es jalouse de Lucy, hein ? Avoue-le.
Cana – Tu vas arrêter avec ça ! Si tu continues, je vais couper le peu de relation que nous avons développé en tant que père et fille.
Gildartz – Ça va, ça va, je rigole. Je me demandais juste ce qu’il avait pu te dire pour que tu réfléchisses autant. Mais justement, à propos de…notre relation… J’aimerais vraiment que l’on fasse une mission ensemble, juste tous les deux. Ça pourrait être sympa ! Je te jure que je ne te couverai pas, foi de papa !
A cet instant-là, le cœur de Cana résonna comme un tambour, faisant écho jusque dans ses oreilles. Encore prête à l’instant à quitter la guilde pour rejoindre Lucy, elle ne s’attendait vraiment pas à ce genre proposition. Si on lui avait dit il y a encore un mois de cela que son père disparu lui proposerait de faire une mission en duo, elle était sûre qu’elle aurait rigolé au nez de cette personne. Son petit cœur planait de bonheur à la simple pensée de cette si belle offre. Il y avait tant de temps perdu, tant de souffrance pour un simple orgueil… Mais plus important, il y avait Lucy et les missions de Gildartz était loin d’être des missions de courtes durées. Ce même cœur qui battait si vite était partagé entre son désir de se rapprocher de son père et son devoir de protéger Lucy. Réfléchir à cette question était trop dur, elle avait besoin de temps. Elle n’arrivait pas à trancher dans ses priorités. Elle ne se voyait tout simplement pas abandonner Lucy.
Cana – Euh…je vais y penser, répondit-elle timidement.
Gildartz – Pas de problème. Je comprendrai si tu refusais.
Cana – Hum…
Gildartz attrapa deux verres et en tendit un à sa fille, l’invitant à trinquer silencieusement. Malgré ses doutes, Cana se laissa aller à ce moment d’intimité, et ils trinquèrent à leur nouvelle famille.
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Happy – Tiens ? Les rideaux sont fermés. Cana avait raison, elle n’est apparemment pas rentrée.
Natsu – Oui bah on va rentrer quand même, dit-il avec un grand sourire aux lèvres.
Happy – J’ai peur Natsu, si elle apprend qu’on est rentré chez elle en son absence, je sens qu’elle va nous trucider à son retour…répliqua t’il en frissonnant.
Natsu – Ne m’en parle pas… frissonna t’il aussi d’effroi. Mais j’y vais quand même !
Happy – Tu es sado ou quoi ?
Natsu – Non, mais j’aime bien la tête qu’elle fait quand elle s’énerve !
Happy – T’as raison, elle est trop drôle quand elle hurle de partout !
Ils rigolèrent mutuellement avant d’entreprendre la montée de la façade de l’appartement de la constellationniste. Il était bien sûr hors de question pour ces deux-là rentrent par la porte d’entrée. Natsu poussa la fenêtre et rentra dans la chambre sombre de Lucy avec Happy. Une fois à l’intérieur, ils remarquèrent que Lucy était en réalité dans son lit, visiblement en train de dormir. Etonné, Natsu referma rapidement les rideaux pour ne pas réveiller la belle endormie. Ravi de la savoir ici, Natsu jubila. C’était beaucoup plus drôle de la réveiller avec un seau d’eau ou en sautant sur son lit, et il savait qu’Happy serait du même avis que lui. Peut-être même qu’il prendrait le temps de trouver un charmant feutre noir pour lui dessiner une jolie moustache.
Happy fut le premier à se poser sur le lit de Lucy. Celle-ci était allongée sur le dos, bien enroulée dans sa couette, un bras étendu longeant son corps et l’autre bras posé sur son front légèrement en sueur.
D’une approche furtive, Natsu se rapprocha aussi, prêt à lui hurler dans les oreilles, juste avant que Happy ne l’interrompe en chuchotant :
Happy – Regarde Natsu, Lucy n’a pas l’air de bien dormir.
A cette remarque, le mage de feu observa alors en détail sa camarade. Il remarqua alors les perles de sueur qui avait pris place sur le visage fin de Lucy. Son visage paraissait même crispé, laissant apparaitre une veine sur son front. Plus bas, les prémices d’une ridule semblaient naître au bord de ses yeux, donnant à la jeune femme des traits encore plus sérieux. Natsu rapprocha son visage de celui de Lucy, très près, très très près, où il entreprit de détailler toutes les différences physiques que Lucy avait pu prendre avec l’âge. Malgré sept années passées, son visage était le même, quoique plus fatigué. Happy et lui comparait chaque trait du visage de Lucy. Les deux amis gloussèrent à plusieurs reprises et le plus discrètement possible à chaque défaut qu’ils pouvaient croiser.
Happy – Tu imagines si d’un coup elle se réveillait ? Elle prendrait peur avec ta tête.
Natsu se redressa et chuchota à son tour à son ami.
Natsu –Pourquoi avec ma tête ? Toi aussi tu la regardes comme moi. Tu peux parler !
Happy – Oui mais moi je suis un chat. Les chats, ça ne mate pas les filles qui dorment à leur insu.
Natsu – Arrête de me faire passer pour je ne sais pas qui ! dit-il un peu plus fort que ce qu’il aurait dû.
Happy – Chuuuuutttt ! Tu parles trop fort ! Je ne veux pas réveiller le démon qui se trouve juste en dessous de nous.
Natsu - J’ai rien fait de mal. Bon, on va y aller, c’est vrai qu’elle n’a pas l’air bien. Elle va nous étriper si on reste là. Viens, on s’en va.
Happy suivit son ami et répondit – Je suis sûr qu’elle t’aurait pris pour un pervers !
Natsu – N’importe quoi ! Je ne suis pas comme le nudiste moi !
Sur cette taquinerie, Natsu et Happy s’envolèrent aussi simplement qu’ils étaient venus, laissant le silence reprendre ses droits dans l’appartement de la constellationniste. Celle-ci en profita pour ouvrir faiblement les yeux. Ils avaient eu de la chance qu’elle fût encore trop faible pour leur répliquer un Lucy kick. Oui, car il s’était approché trop près de son visage… bien trop près ; elle avait même pu sentir son souffle chaud se dispersant dans ses cheveux. Toujours à agir sans réfléchir, ne connaissait-il donc pas la notion d’intimité ? Elle le savait débile et ignorant mais cela n’expliquait pas tout. Il était visiblement dépourvu de tout bon sens.
Des frissons lui parcourut le corps, elle avait eu chaud, dans tous les sens du terme. Heureusement qu’ils n’avaient pas eu l’idée de la réveiller, parce qu’elle n’aurait pas pu faire grand-chose. Elle n’aurait même pas pu faire semblant d’être surprise, elle n’en n’aurait pas eu la force. C’était triste… Triste et compliqué.
Être dans cet état, aussi impuissante, l’irritait au plus haut point. Cette maladie lui pourrissait la vie et elle ne pouvait rien y faire. Elle avait eu de la chance pour cette fois-ci, mais si quelqu’un venait encore de manière impromptue chez elle, qu’est-ce qu’elle ferait ? La question n’avait jamais eu besoin de se poser auparavant, les autres membres de la guilde connaissant les bonnes manières frappaient avant d’entrer chez elle, lui laissant toute liberté pour les inviter à rentrer ou non dans son appartement. Que ferait-elle la prochaine fois ? Elle resterait là, allonger comme une vieille chaussette en attendant que ses personnes veuillent bien repartir ? Non, cette option n’était aucunement envisageable, il fallait qu’elle se remue, qu’elle prenne sur elle. Elle allait lutter, elle avait besoin de se secouer : « Allez ! Ressaisi toi ma vieille, bouge, fais quelque chose, même si ça te fait un peu souffrir ». Il fallait récupérer, et maintenant. Après toute la fierté qu’elle avait pu ressentir la veille, elle se maudit d’avoir eu l’idée de craner devant eux…
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Les deux compagnons étaient encore au pied de l’appartement de Lucy, assis au bord de la rivière qui traversait Magnolia. Happy cherchait des poissons des yeux, tandis que Natsu jetait dans l’eau les quelques petits cailloux qu’il pouvait trouver sur la route. Ils n’avaient pas eu le cœur de réveiller la constellationniste, et ils se retrouvaient soudainement sans projet pour le reste de la journée.
Natsu – Bon, on fait quoi ?
Happy – Bah, on retourne à la guilde ? On n’a pas grand-chose d’autre à faire de toute façon.
Natsu – Ouais, allons-y.
Déçu par cette option qui ne le motivait pas franchement plus que cela, il accepta quand même, préférant celle-ci plutôt que celle où il devait retourner chez lui. Aller à la guilde n’était pas un problème en soit, il adorait y être, c’était sa maison, mais il s’était fait à l’idée de passer du temps avec Lucy et voir ses plans tomber à l’eau lui sapait un peu le moral. Il dépassa sa contrariété et le mage de feu se releva énergiquement, suivit de Happy. Ils remontèrent la rue de quelques pas lorsqu’ils entendirent un bruit de verre brisé. Les sens de Natsu se mirent immédiatement en alerte.
Happy – Ça venait d’où ?
Sûr de lui, il répondit au tac au tac.
Natsu - L’appartement de Lucy.
Ni une, ni deux, Natsu se retourna brusquement, et s’envola grâce à Happy jusqu'à la fenêtre de Lucy. Happy lâcha Natsu à l’intérieur de l’appartement où il se rattrapa adroitement. Il regarda aussitôt en direction du lit de la mage et constata de suite qu’il était vide. Trouvant celle qu’il cherchait, il observa Lucy qui était accrochée à son bureau, avec à ses côtés des bouts de verres éparpillés un peu partout sur le sol.
Natsu – Lucy, ça va ?
Persuadée qu’ils étaient déjà loin, Lucy avait décidé de se lever pour voir si elle tenait debout, mais cet essai fut un lamentable échec. Elle ne pouvait que s’injurier mentalement face à sa propre bêtise. Elle aurait dû attendre plus longtemps pour se lever…Une terrible erreur. Ses jambes ne l’avaient pas soutenu et dans son effort, elle s’était écroulée magistralement sur le bureau, envoyant valser un vase en verre avec elle en essayant vainement de se rattraper au meuble. Heureusement pour elle, elle eut juste le temps de se relever et de prendre appuie sur le bureau lorsqu’elle entendit sa fenêtre s’ouvrir brutalement. Elle due saisir à pleine main son le coin du meuble pour éviter que ses jambes ne se dérobent de nouveau sous son poids. Puis, elle poussa de toutes ses forces sur ses bras se retourna pour prendre appui avec son postérieur sur le rebord du bureau.
Malgré tout, elle sentait encore ses jambes flageoler et sa tête l’avertit par de faibles vertiges que le moindre mouvement lui serait fatal.
Lucy – Oui, oui. Vous pouvez repartir, il n’y rien de grave. J’ai juste trébuché.
Elle voulut leur faire un signe de la main pour les rassurer mais elle n’osa pas changer sa posture qu’elle sentait si précaire, ses jambes menaçant de s’affaisser à tout moment. Elle essaya tout de même de se redresser le plus droit possible et sentit une légère douleur sous son pied. Lucy n’avait pas fait attention au bout de verre qui s’était coincé sous sa voute plantaire, et qui ne manqua pas de lui lacérer sa chair. Elle résista à la douleur qu’elle trouva assez ridicule comparé aux souffrances qu’elle avait pu vivre cette nuit. Immobile, elle se pétrifia lorsqu’elle vit Happy se rapprocher d’elle, commençant à ramasser les bouts de verres qui s’étaient dispersés un peu partout sur le sol. Elle grimaça, voyant le petit exceed se rapprocher inexorablement de son pied qui saignait. Elle devait le convaincre à tout prix de ne pas s’approcher d’elle, sous peine de devoir tenter un déplacement pour le laisser ramasser le bout de verre qui était en train de la blesser, chose qu’elle savait ne pas être en mesure de faire.
Lucy - Laisse s’il te plait, je vais nettoyer. Vraiment, vous pouvez repartir.
Happy – Bah non attend, il y a des morceaux partout.
Happy ramassait un par un les morceaux, attentif au moindre oubli, lorsqu’il se stoppa sur le pied de Lucy. Il remarqua tout de suite la tâche de sang qui commençait à se former sous son pied. Natsu avait quant à lui repéré rapidement l’odeur du sang, odeur qu’il n’avait jamais particulièrement appréciée. Mais c’était surtout la posture statique de sa coéquipière et le teint blafard de celle-ci qui l’avait interpellé. Lucy se tenait bizarrement, rigidement accrochée à son bureau.
Happy - Lucy, tu saignes du pied.
Lucy - Ah oui, mince, euh… Je vais désinfecter ça.
Elle avait voulu réfléchir à ce qu’elle aurait pu dire mais la fatigue la tenaillant, les mots étaient sorti tout seuls, ne sachant quoi répondre pour défendre sa position. Sa propre réponse ne lui laissait plus le choix, elle devait faire quelque chose. La seule solution qui se présentait à elle et qui lui paraissait la plus sage fut de s’asseoir sur la chaise qui se tenait juste derrière elle. Elle leva très lentement sa main en arrière en espérant attraper le dossier de la chaise sans pouvoir maitriser les tremblements de celle-ci, chose qui n’échappa pas à Natsu. Le mage de feu n’eut pas le temps d’y réfléchir plus longuement car la constellationniste s’écroula dans la foulée sur le sol, se rattrapant à nouveau comme elle put au rebord de son bureau. Natsu était aussitôt venu soutenir son amie tandis que le petit exceed s’était quant à lui écarté, manquant de se faire écraser par la jeune femme. A présent, Natsu était accroupie auprès de Lucy, tandis qu’elle, a genou, s’accrochait au bureau à la limite de planter ses ongles dans l’acajou.
Natsu – Lucy, ça ne va pas, tu trembles de partout, qu’est ce qui se passe ? lui demanda-t-il, de plus en plus inquiet.
Lucy – Ça ? Oh, euh rien, j’ai… un peu froid. Oui, j’ai dû choper une bonne vieille grippe, c’est tout.
Happy – Une grippe ? A cette époque de l’année ?
Lucy – C’est la fin du printemps… ça arrive parfois.
Elle se mordit la joue intérieure, ayant une envie irrépressible de rire face à ce mensonge peu crédible qu’elle venait de leur sortir. Elle était foutue, c’était la seule pensée qui lui venait à l’esprit, mais un sursaut d’espoir refit surface lorsque le dragon slayer lui répondit :
Natsu – C’est une grippe carabinée ça. T’as vraiment pas de chance avec cette maladie toi.
Etonnée par cette remarque, ne compris pas de suite pourquoi le dragon slayer lui disait cela, jusqu’à ce qu’elle comprenne la référence au jour où elle avait dû rester au lit, lors de la fête des cerisiers, repensant à ce moment avec nostalgie tout en étant plus que soulagé de voir son alibi plausible.
Lucy – Tu n’imagines même pas…répondit-elle avec légère once d’ironie dans la voix.
Sans faire plus attention à la remarque de sa camarade, Natsu tenta d’aider son amie en lui attrapant le bras afin de la remettre sur pied. A ce contact, Lucy sursauta, craignant que la situation ne tourne au cauchemar.
Lucy – Non, lâche moi Natsu. C’est bon, je peux me débrouiller maintenant.
Natsu – Tu rigoles ? Tu tiens à peine sur tes jambes.
Lucy – Tu me gonfles Natsu, je ne t’ai rien demandé alors maintenant va t’en.
Natsu – Si tu as la grippe, tu dois te reposer alors arrête de passer tes nerfs sur moi !
Rassuré de voir que son mensonge était plus crédible que ce qu’elle pensait, elle ne put qu’espérer qu’une seule chose : que ces deux-là lui foutent la paix. Elle était fatiguée, usée de devoir faire semblant. Elle voulait juste retourner dans son lit pour se reposer et attendre que ses maudites crampes passent. Elle allait craquer, le chagrin qui émergeait en elle se transforma dans sa voix en une injonction hargneuse et non négociable.
Lucy – Partez…
Happy – On ne va pas…
Lucy – PARTEZ !!!
La tête de Lucy se logea dans le creux de son coude qui était toujours appuyé au bureau, essayant de contrôler les larmes qui lui montaient aux yeux. Dans un dernier effort, elle avait pu ordonner leur départ mais elle craignait désormais de ne plus avoir la force pour tout le reste. Ne voyant aucune réaction de leur part, elle prit peur pour la suite des évènements. Elle était trop épuisée et vidée pour lutter contre qui que ce soit et la phrase que prononça Natsu sonna comme un glas funèbre pour Lucy.
Natsu – Happy, va chercher Wendy s’il te plait.
Happy – Aye.
Lucy – Non !!! cria t’elle désespérément. Saleté de chat viens là tout de suite !
Sa voix s’éteignit dans le silence, Happy ayant déjà disparu au loin sous les ordres avenants de Natsu. Lucy se retrouvait désormais seule avec le mage de feu, qui n’était vraisemblablement pas décidé à partir, ce qui n’arrangeait en rien la situation. Il lui fallait une stratégie pour qu’il ne pose pas plus de question. Heureusement qu’il était assez naïf pour croire à cette histoire de grippe… Quoiqu’en y réfléchissant bien, cette hypothèse était tout à fait crédible. Une véritable grippe pouvait affaiblir tellement le corps humain que sa chute pouvait facilement s’expliquer ainsi. A un jour près, cette excuse n’aurait pas marché, on ne crache pas du sang lorsque l’on a une grippe…
S’énerver n’allait pas l’aider à faire avancer les choses, elle le savait pertinemment mais elle n’arrivait pas à s’en empêcher. Elle ne voulait pas dévoiler toute sa faiblesse et le fait que ce soit Natsu qui lui témoignait tant de compassion n’arrangeait en rien son stress. Elle se sentait ridicule. En une seule journée elle avait réussi à les impressionner, faire une magnifique démonstration de force et maintenant, elle se retrouvait là, par terre, à implorer son corps pour qu’il obéisse à ses supplications. C’était pathétique. A cette pensée, elle rigola légèrement, mais suffisamment pour que le dragon slayer remarque son rire.
Natsu - Tu es vraiment bizarre Lucy.
L’intéressée releva sa tête, et de sa main souleva les mèches blondes qui collaient son front trempé. Elle ne devait pas être belle à voir. Mais que pouvait-elle y faire ? Et pourtant, Lucy fut surprise de voir le regard bienveillant de Natsu qui était posé sur elle. Après tout ce qu’elle faisait pour l’éloigner d’elle, il était toujours là. Elle se décourageait de le voir un jour quitter cet endroit.
Lucy – Puisque tu ne veux pas partir, tu veux bien aller me chercher un verre d’eau s’il te plait ? Et de quoi me désinfecter tant qu’on y est.
Sans donner de réponse, Natsu s’exécuta et parti en direction de la cuisine. Pendant ce temps, Lucy réfléchissait au moyen d’échapper à Wendy tout en tentant de se relever. Elle posa ses deux mains sur son bureau et appuya de toutes ses forces pour soulever son corps qui lui paraissait bien lourd. Après beaucoup d’effort, elle arriva à se redresser sur ses jambes mais comprit vite son erreur en retombant aussitôt, assaillit par un nouveau vertige.
Alors qu’elle s’attendait à atteindre violement le parquet, Natsu arriva juste à temps pour la rattraper une nouvelle fois. Désormais à genou, elle releva la tête et croisa le regard perçant du dragon slayer. Un regard profond qui semblait pénétrer son esprit. Légèrement gênée, elle n’en laissa pourtant rien paraitre en reprenant le fil de la conversation :
Lucy – Et mon verre d’eau ?
Natsu – Il pouvait attendre. Ta peut-être changé pour certaines choses mais je te connais assez bien pour savoir que tu es assez têtu pour tenter un truc dans ce genre.
Prise au dépourvu, Lucy s’étonna une nouvelle fois de la prévenance de son ami. Il la connaissait ? Vraiment ? Pourtant pour elle, c’était tout le contraire. Elle était déroutée par les réactions du mage de feu, comme si elle ne l’avait jamais connu. Ces souvenirs de lui étaient si lointain, elle ne se souvenait que de son côté gamin, sa profonde aspiration pour la bouffe et de son adage fétiche « on fonce dans le tas », mais pas de ce genre d’attention. Et là, Natsu la tenait, dans ses bras, et la gêne s’invita cette fois sur son visage. Elle n’était pas vraiment habituée à une telle proximité, avec quiconque, et surtout pas avec lui.
Natsu – Tiens, t’as les joues rouges, comme Elfman tout à l’heure.
Lucy – Elfman ? l’interrogea t’elle étonnée.
Natsu – Ouai, j’ai rien compris. Lisanna m’a dit qu’Elfman était rouge parce qu’Evergreen venait avec eux en mission. Apparemment, ça lui posait un problème. Et toi, c’est quoi ton problème ?
Elle soupira intérieurement, comprenant mieux le quiproquo que Natsu venait de lui raconter. Elle avait entendu parler les Rainjinstu taquiner Evergreen à ce sujet. Ne souhaitant en rien être comparée à cette amourette entre Elfman et Evergreen, elle s’agita et se débattit pour s’écarter des bras de Natsu pour reprendre un semblant de maîtrise sur son esprit.
Lucy – C’est toi mon problème, je n’ai toujours pas mon verre d’eau.
Natsu – Ok ! Ok ! Je vais te le chercher, mais t’a pas intérêt de bouger de là.
Lucy - *pensant* Cana, viens me sortir de là…
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Happy venait de pénétrer l’enceinte de la guilde et cherchait désespérément la mage guérisseuse des yeux. Ce n’était pas un cas d’urgence mais Happy n’aimait pas voir son amie malade, Lucy était beaucoup plus drôle quand elle était en bonne santé. Quoique cette affirmation demandait réflexion au vue de la mission qu’il venait de faire avec elle, mais ce n’était pas le moment pour méditer sur le sujet. Ses yeux firent rapidement le tour de la guilde sans pour autant trouver la petite dragon slayer du ciel. Par contre, il fut soulagé de voir Charuru qui discutait avec Cana et Wakaba dans un coin de la guilde. Il s’élança de suite auprès de la petite chatte.
Happy – Charuru !
Charruru – Qu’est ce qu’il y a Happy ?
Happy – Je cherche Wendy. On a besoin d’elle.
Charuru – Quelqu’un est blessé ?
Happy – Non, mais Lucy à la grippe.
Cana avala de travers sa gorgée de saké en entendant le petit chat parlé. Wakaba lui tapota le dos, pendant que la mage aux cartes tentait reprendre son souffle. Une grippe ? Vraiment ? Mais quelle piètre menteuse elle pouvait faire.
Charuru – Wendy doit se reposer. Elle n’est pas là pour guérir tous les petits tracas de la guilde.
Cana – Charuru à raison, c’est rien une grippe.
Happy - S’il te plait Charuru…
Pour convaincre l’exceed blanche de l’urgence de la situation, Happy adopta son regard le plus tendre et le plus larmoyant qu’il pouvait lui faire, affichant une moue que n’importe qui ayant un tant soit peu de sensibilité aurait jugé d’adorable. Cette stratégie fut payante puisque Charuru céda, ne supportant pas de subir cela.
Charuru – Ok ok, je vais la chercher.
Happy – Merci Charuru ! Je te donnerais un poisson ! Non, des tas de poisson !
Charuru – Pas la peine, vraiment…
Happy – Je repars, on vous attend chez Lucy.
Cana - Attend moi, je viens avec toi Happy.
****************************************
Natsu – Allez Lucy ! Arrête de te débattre ! J’en ai marre de tes claques, laisse-moi te porter et te mettre sur ton lit. Tu fais que de tomber !
Lucy – Non !!! Pas envie. J’ai encore ma dignité.
Elle croisa les bras, boudeuse. Cela faisait une dizaine de minutes que Natsu insistait pour la porter mais il en était hors de question, fierté de Heartfillia.
Natsu – T’as vraiment envie de rester sur le sol toute la fin de journée?
Lucy - …
Natsu – Bon, alors laisse toi faire. Et après c’est moi qu’on traite de gamin…
Lucy – Je te jure Natsu que je te ferai payer cet affront.
Natsu – Ouai, bah j’aimerais bien voir ça.
Sur ces paroles, Natsu se baissa auprès de Lucy qui était encore accroupit sur le sol et la porta en passant un bras sous ses jambes et l’autre sous son dos. Les brusques mouvements de son corps courbaturé soutirèrent une grimace de la part de la constellationniste. Natsu posa doucement Lucy sur son lit et se retourna aussitôt pour partir en direction de la salle de bain.
Lucy s’apprêtait à lui demander ce qu’il allait faire dans sa salle de bain, mais elle se ravisa en pensant que ce détail était probablement le cadet de ses soucis. Wendy allait arriver et elle risquait de l’ausculter. Il fallait éviter cela à tout prix car elle ne savait pas si la petite fille était capable de détecter sa maladie par ses pouvoirs. Eviter ce risque était sa priorité. Il fallait trouver une issue, un subterfuge, mais comment ?
Prise dans ses pensées, elle ne remarqua pas Natsu revenir de la salle de bain avec un gant imbibé d’eau fraiche et du désinfectant. Ce n’est que lorsque le matelas s’affaissa sur sa gauche qu’elle remarqua la présence du dragon slayer. Il posa le gant frais sur le front de Lucy tout en tapotant pour mieux éponger la sueur. Stupéfaite une nouvelle fois par l’attitude du mage de feu, elle l’observa en train de lui sourire bêtement tandis qu’il épongeait la sueur de sa camarade, relevant une pointe de sadisme dans ses yeux. Elle devait vraiment être dans un sale état pour qu’il s’occupe d’elle comme ça.
Natsu – Tu es trempée. Tu dois avoir une sacrée fièvre. On dirait que tu sors du sauna !
La petite blague de Natsu eu pour effet immédiat de sortir Lucy de ses pensées et lui arracha le gant des mains vindicative.
Lucy – Ça va, je vais le faire… Je ne suis pas complètement impotente.
Elle plaça son gant sur son front et comprit la métaphore de Natsu en sentant les goutes perler sur sa poitrine. Délivré de sa première corvée, Natsu se retourna en allant s’assoir au pied du lit pour s’attarder sur la blessure de son amie. Il s’appliqua à soigner la blessure malgré quelques maladresses dans ses gestes. Il n’avait pas pour habitude de soigner ses blessures lorsque celui-ci en avait. Toutefois, il avait déjà eu à s’occuper de Happy, et dans la mesure où il était responsable de l’exceed, il avait appris à faire les premiers soins pour parer toute éventualité.
Lucy le laissa faire, s’amusant de voir Natsu s’appliquer à la tâche. Elle entreprit alors de se rafraichir de nouveau le visage tout en regardant Natsu s’occuper d’elle, rafraichissant ensuite sa nuque tout en descendant le long de sa poitrine qui était-elle aussi trempée de sueur. C’est alors que Lucy s’interrogea face aux souvenirs qu’elle avait de lui. Il ne lui semblait pas qu’il avait pris le temps de la soigner par le passé, certainement parce que Wendy avait toujours été dans les parages. Les petites attentions qu’il lui portait était beaucoup plus voyante, comme lorsque Happy et Natsu avaient déplacé le cerisier de Magnolia sur un bateau. Il était trop indélicat pour le reste.
Elle était donc curieuse face à ce phénomène prénommé Natsu. Une petite voix se demandait si cette aventure sur l’île Tenro ne l’avait pas fait murir. Peut-être s’était-il un peu plus ouvert aux choses de la vie ? Elle se demandait s’il était toujours ce gamin qui ne s’intéressait à rien d’autre qu’à tabasser tout ce qui se présentait sur son passage.
Dans sa réflexion, elle se rendit compte qu’elle se trouvait en tenue plutôt légère. Elle gardait toujours sous l’oreiller une tenue de nuit, lui évitant dans les pires moments de devoir rejoindre son dressing mais aussi lui permettant d’avoir sous la main une tenue plus confortable. Seulement, ces vêtements de rechange étaient toujours très sommaires, en l’occurrence un boxer dentelée très court et un débardeur blanc moulant sa poitrine sans excès mais ne laissant aucun doute sur la présence ou non d’un soutien-gorge, et en l’état il n’y en avait aucun. Et pourtant, Natsu était là, concentré à soigner sa plaie, complétement indifférent à la petite tenue de Lucy. Définitivement, elle trouvait ce garçon aux cheveux roses peu commun. L’idée n’était pas de se jeter des fleurs, loin de là, mais tout homme normalement constitué aurait profité de la situation et éventuellement tenté une approche auprès de la jeune femme, ou bien a minima rougit devant cette situation embarrassante. Mais non, Natsu restait cet éternel enfant, occultant tout ce qui pouvait touché de près ou de loin à la pudeur. Jamais Lucy n’avait pu relever le moindre malaise à ce sujet de la part de Natsu. Etait-ce son éducation faite par un dragon, qui était somme toute peu banale, qui l’avait fait ainsi ? Ou bien encore peut être aussi que les bains d’enfance imposés par Erza avaient dû avoir quelques conséquences sur la perception de la nudité du jeune homme vis-à-vis des autres. Certes il n’était pas du niveau de Grey à se déshabiller à tout va, mais il restait tout de même totalement inconscient des problèmes moraux que cela pouvait engendrer. Pourtant, ils avaient connu leurs lots de moments gênants entre eux, mais systématiquement, c’était Lucy qui se retrouvait dans l’embarras sans que Natsu ne semble jamais saisir l’origine de la problématique.
A cet instant, tout était embarrassant mais Lucy ne s’en formalisa pas. Elle avait depuis bien longtemps passé ce stade de la découverte du corps. Mais elle était là, à s’éponger le corps à certains endroits critique : passant doucement sur son cou et redescendant lentement vers sa poitrine et aucune réaction de la part de Natsu. Il n’y avait là aucune déception ressentie, juste un simple constat indéniable sur la nature même du dragon slayer.
Interrompant ses pensées, elle aperçut Natsu en train de se redresser, ayant manifestement terminé de prodiguer les soins. Il l’a regarda et Lucy constata que ce dernier semblait s’impatienter. C’est lorsqu’il se leva en prenant rapidement la direction de la fenêtre qu’elle sourit, voyant que le garçon n’avait pas calculé le moindre de ses gestes.
Natsu – Putain, mais ils font quoi ? Ils devraient déjà être là.
Sans étonnement une fois de plus, Lucy sortie définitivement de sa réflexion, reprenant sa première préoccupation en main : faire en sorte de voir déguerpir Natsu.
Lucy – Ils vont arriver. Tu t’es assez occupé de moi, tu en as assez fait. Vas-y maintenant.
Natsu – Ouai ! Je suis gentil moi ! C’est pas comme toi en ce moment.
La violence de cette phrase la désarçonna un instant, ne s’attendant pas à ce genre de retour de la part de Natsu alors que quelques secondes auparavant, il était en train de prendre soin d’elle. Elle mourrait d’envie de l’envoyer balader et de lui rappeler qui avait blessé l’autre en premier, mais répondre à cette remarque était inutile. Elle voulait juste qu’il parte. Lucy baissa la tête et reposa le gant sur ses jambes entre ses deux mains. Elle n’aimait pas vraiment ce rôle de méchante qu’elle adoptait presque inconsciemment, mais c’était sa protection, personne ne devait la franchir, si bien qu’elle ne comptait pas s’excuser de son comportement quelques peu belliqueux envers lui.
Malgré ce reproche, Natsu faisait désormais face à sa camarade et affichait un grand sourire. Lui, il désirait simplement faire la paix avec Lucy. Au fil des heures, il avait cette intime conviction que la situation s’améliorait et il ne pouvait que s’en réjouir. Convaincu que le fait d’avoir insisté pour venir en mission était et serait la solution à leur mésentente, Natsu poursuivi dans cette voie sans se soucier de ce que pouvait penser la jeune femme.
Natsu – Tu vas voir Wendy va te remettre sur pied en moins de deux. Et puis après, on repartira en mission. Même pour tes missions de rédemptrice si tu veux. Avec Happy, on s’en fiche.
« Et c’est reparti… » songea t-elle dans un long soupir. La lassitude s’empara de Lucy face à la redondance de ce sujet de discorde.
Lucy – Ce n’est pas un lieu pour vous.
Natsu – Et alors ? Dans tous les cas, ça craint. C’est tout de même plus drôle quand on est plusieurs que tout seul, non ? Et s’il y un obstacle qui se présente, il aura juste à le fracasser et puis c’est tout. On est toujours plus fort quand nos amis sont à nos côtés. C’est ce que nous avons appris lors de l’examen de rang S.
« C’est aussi une faiblesse », c’est ce que Lucy pensa à cet instant où Natsu tentait d’ébranler toutes les vérités qu’elle avait si difficilement construites jusque-là. Ça, c’était typiquement le genre de chose que le mage de feu savait très bien faire, et c’est exactement pour cette raison là qu’elle ne voulait plus l’entendre. Son désarroi était tel que Lucy eut même l’envie pressante que Wendy arrive au plus vite avant qu’elle ne craque définitivement et finisse par accepter leur présence en mission dans le seul et unique but d’avoir enfin un peu de tranquillité. Malheureusement, une fois que la brèche serait ouverte, elle ne pourrait plus jamais la refermer.
Natsu – Quand tu iras mieux, on ira à la guilde pour prendre une mission, et on partira tous ensemble. Avec Erza et Grey si tu veux, même si je n’ai pas bien envie de revoir sa sale tronche de glaçon pervers, mais je peux faire un effort... Et puis, on devra vaincre Zeref aussi. Je vais lui foutre une raclée monumentale, tu vas voir! Ce sera la fin des spectres, les gens seront heureux et toi tu ne danseras plus jamais. On recommencera comme avant à faire des missions pour payer ton loyer.
Il laissa échapper un rire en songeant à eux dans cette période lointaine, et lui affirma l’air moqueur.
Natsu - Je suis sûr que même dans vingt ans, tu seras toujours en retard pour payer ton loyer !
Ses paroles résonnèrent en Lucy comme un écho vide de sens. Dans vingt ans ? Faire des missions ? Ne plus faire de cérémonie ? Cette expectative était véritablement tentante, si bien qu’elle voulut y croire pendant quelques instants, se projeter dans ce beau futur plus serein. Mais elle n’y vit que du vide, son futur n’étant que le reflet du néant qu’incarnait sa mort. Certes, sa solitude lui pesait parfois, mais être seule lui facilitait bien les choses. Aujourd’hui, prendre le risque de perdre un ami était hors de question, et révéler sa maladie encore moins. Lorsqu’ils connaitraient son état, ils s’empresseraient de l’accompagner sur chaque mission afin de lui éviter toute utilisation de sa magie, augmentant encore plus la possibilité d’un accident spectrale. Tout ce qu’elle faisait, elle le faisait pour sa guilde. Macao lui avait déjà reproché à plusieurs reprises cette distance qu’elle avait instauré entre elle et la guilde, mais elle ne souhaitait blesser personne et par ricochet, ne souhaitait pas être a nouveau blesser.
Elle voyait bien que Natsu attendait une réaction de sa part, et une réaction bien précise. Peut-être que faire un compromis était la bonne solution. Elle avala sa salive et ouvrit la bouche pour s’adresser enfin à Natsu, qui était pendu à ses lèvres :
Lucy – Je crois que…
Happy - C’est nous !
Sauver par le gong, Happy arriva en trombe par la fenêtre, alors que la porte d’entrée commença à s’ouvrir.
Natsu – Ah, enfin Wendy est arrivée.
Cana - Non, ce n’est pas Wendy.
Lucy – Cana…
Prononcer ce prénom fut un véritable soulagement pour la jeune femme. L’arrivée de Cana ne pouvait signifier qu’une chose : elle était sauvée mettant un terme à son instant de faiblesse.