Natsu avait pris sa décision. Déterminé, il ne comptait pas céder sa place aussi rapidement, motivé plus que jamais afin de persuader la constellationniste de partir en mission avec eux. Après sa discussion avec Grey, il était intimement convaincu que le refus de Lucy de partir en mission avec eux n’était pas sincère, même si la raison de son rejet lui échappait pour l’instant. Après avoir rejoint la guilde et informer sur la route Happy de la nature de ses plans, c’est-à-dire faire changer d’avis la belle blonde. Cette dernière était revenue à la guilde, papillonnant de part et d’autre en ses amis. Echangeant un regard complice avec Happy, ils entamèrent leur plan d’actions. Ils passèrent toute la fin de journée à s’entêter et à demander à Lucy de faire une mission avec eux. Pour cela, il employa les grands moyens, en passant par toutes les étapes :
• Demande simple auprès de l’intéressée : refus net.
• Numéro de danse avec Happy : reprise de la lecture d’un roman inconnu.
• Offrir un verre de saké contre une mission : elle interrompu sa conversation avec Gajeel en envoyant son poing dans la figure.
• Se déguiser en Cana et renouveler la demande : ignorance totale de son interlocuteur, agrémenté d’un petit « Pffff » en prime tout en poursuivant sa conversation avec Luxus.
• Menace et chantage : un Lucy kick.
• Agitation et caprice digne d’un enfant de 4 ans : une requête auprès de Wendy demandant si Natsu et Happy n’étaient pas atteint d’une maladie dégénérative du cerveau.
• Offrir du poisson tous les jours en échange d’une seule mission (suggestion d’Happy) : poursuit purement et simplement sa discussion avec Cana.
• Proposer de faire à manger tous les soirs pendant un mois : « Plutôt crevé…ça sera plus rapide » lui avait-elle répondu.
• Agiter la feuille de mission devant les yeux de Lucy et la supplier du regard : roulement des yeux vers le ciel, avant de reprendre sa discussion avec Levy sur les nouveaux bouquins à lire.
La situation amusa grandement la guilde, leur offrant un divertissement très jouissif en observant le dragon slayer et l’exceed bleu enchainer les grimaces et autres pitreries, au plus grand damne de Lucy.
Grey, qui était rentré à la guilde, était resté sans voix, dépité parce qu’il était en train de voir. Certes il lui avait dit d’insister un peu dans sa demande, mais pas d’être oppressant. Il était bien placé pour savoir que cal pouvait être vraiment très, très fatigant à la longue. En songeant à ce cela, il remarqua Juvia qui entra à son tour dans la guilde, cherchant directement du regard sur son Grey-sama. De suite des rougeurs s’emparèrent du visage pâle de la mage d’eau. Sans attendre une seconde de plus et profitant de la diversion que pouvait lui offrir Happy et Natsu, Grey s’avança vers elle, serrant les poings afin de se donner un peu de courage. Il avait longuement réfléchi à son plan d’action, mais n’était tout de même pas très à l’aise avec ce qu’il comptait faire. Mais ce qui le motivait surtout à cet instant, c’était qu’il avait l’occasion de pouvoir frimer devant Natsu. Alors que le mage de feu galérait depuis plusieurs heures à obtenir l’accord de Lucy pour aller en mission, lui, savait pertinemment qu’il n’aurait aucun souci dans ce qu’il s’apprêtait à proposer à Juvia. Grey arborait déjà un grand sourire rien qu’en imaginant la tête du mage de feu. Rien que pour cela, ça valait bien le coup de faire un effort dans son attitude à l’égard de la mage d’eau. Il se racla la gorge avant de prendre un ton faussement enjoué :
Grey - Juvia ! Tu es enfin rentrée !
Juvia - Juvia ne savait pas que Grey-sama l’attendait… répondit-elle surprise. Si elle avait su, elle serait venue plus tôt.
Grey – Non, non, ne te fait pas de soucis. Viens, pour me faire pardonner pour ce matin, allons au cinéma magique ce soir… tous les deux.
Malgré le brouhaha ambiant, la demande surprenante du mage de glace n’échappa pas à ses compagnons de guilde. Alors que Mirajane voyait sa vue se troubler certainement à cause des petits cœurs qui battaient devant ses yeux, Elfmann en profita pour s’écrier que Grey était un homme. Gajeel, lui, surprit par ce revirement de situation, recracha son bout de ferraille qui atterrit malencontreusement sur Macao, Levy joignant ses mains à la vue de cette scène romantique, et Natsu cru voir sa mâchoire tomber, tandis que Lucy émit un petit sourire du coin des lèvres. Juvia, elle, ne savait pas si elle était encore dans un de ses rêves à l’eau de rose mais elle se sentait d’ores-et-déjà prise de vertige, signalant un évanouissement imminent.
Juvia - Que…comment ? Juvia à t’elle bien entendu ?! demanda-t-elle joyeusement.
Il sourit, et hocha simplement la tête en guise de réponse, ce qui fut de trop pour Juvia qui s’évanouit dans les bras de Grey, la rattrapant aisément. Il était tant de mettre un terme à l’attitude invasive de Juvia.
Grey - Je la ramène chez elle. A plus tard les nazes !
Grey, qui avait déjà imaginé sa soirée de A à Z, savait que ce soir, il allait faire un carnage auprès de la mage d’eau. Sûr de lui, il s’imaginait demain libre comme l’air. Heureusement pour lui, il savait que le ridicule ne tuait pas… Parce que ce soir, il allait la harceler comme jamais ! Mais c’était hors de question de faire ça à la guilde. Il prenait déjà beaucoup sur lui, il comptait bien garder un minimum de dignité, sans avoir à se justifier devant ses camarades.
Natsu regarda son rival quitter la guilde, ce dernier lui adressant un regard victorieux, l’enfonçant un peu plus dans son échec du jour. Légitimement crispé d’être battu par son rival, il se rapprocha de Lucy, lançant une bouteille à la mer :
Natsu - Lucy, tu veux aller au cinéma ce soir ?
Assise au bar, toujours avec un verre à la main, Lucy se retourna et regarda Natsu qui avait l’air le plus sérieux du monde. Elle resta quelques instants pantois devant le summum de la bêtise que pouvait atteindre le mage de feu. Exaspérée par cette requête peu commune, une veine enfla sur son front. Aller au cinéma, c’était comme lui donner un rencart et cet idiot ne s’en rendait même pas compte. Après ce qu’elle venait de subir toute cette fin de journée, cette demande sonnait pour elle comme un véritable foutage de gueule qu’elle ne pouvait supporter.
Pendant que Mirajane avait du mal à contenir son emballement, que Gajeel était en train s’étouffer pendant que Levy lui tapait dans le dos pour l’aider, Lucy se leva déchainée :
Lucy - Putain Natsu ! Tu ne comprends jamais rien ! Je te le dis une dernière fois : NOOOONNNNN !!!! hurla t’elle.
Elle arracha la feuille de mission des mains de Natsu, la roula en boule devant lui, espérant lui montrer plus concrètement ce qu’elle pensait de sa proposition, rangeant la feuille dans sa besace avant de quitter une nouvelle fois la guilde. Ne sachant pas si elle serait capable de supporter encore longtemps d’autres débilités de ce genre, son départ brutal lui avait apparu comme la meilleure solution.
Lorsqu’elle eut franchit la porte, Natsu, à cran, laissa ses nerfs à vifs s’exprimer :
Natsu - Merde ! Pourquoi l’autre enfoiré y arrive et pas moi !
Happy - Je crois qu’on a tout essayé là…marmonna l’exceed bleu, tout aussi dépité que lui par cet échec cuisant.
Wendy - Lucy a vraiment été ferme sur la question, c’est peut-être que temporaire, essaya de rassurer la petite mage.
Gajeel - Hihi ! La tête de flamme s’est pris un gros vent ! Préviens-moi quand tu recommenceras ton p’tit spectacle, c’était bien sympa !
Levy – Oui, ça t’évitera de t’étouffer…ajouta t’elle, exaspérée.
Natsu - Je ne t’ai pas sonné la boite de conserve.
Gajeel – Répète un peu pour voir ?!!
Pendant que Natsu et Gajeel réglaient leur compte, le mage de feu ayant bien besoin de se défouler, Happy resta là sans savoir que faire. La décision de Lucy qui semblait irrévocable lui infligeait une grande tristesse. Cela semblait signifier qu’une seule chose : l’équipe allait être brisée. Une petite larme commença à couler sur le pelage bleu du petit chat. Malgré la distance qu’elle s’imposait entre elle, et lui, Charuru, peinée par la situation, s’approcha de Happy pour le consoler.
Charuru – Ça va lui passer Happy, ne te mets pas dans un état pareil. Elle a peut-être besoin de temps, tout simplement. Elle reviendra vers vous, j’en suis sûr mais certainement pas avant d’avoir fini ses missions de rédemptrice.
Happy - Tu crois Charuru ? Sans Lucy, les missions vont être moins drôles. Je vais embêter qui moi maintenant ?
Sentant la détresse de son ami, Natsu avait mis un terme à son combat pour se rapprocher du petit exceed. Il posa une main sur la tête de son fidèle chat et lui dit :
Natsu - Yosh, t’inquiète pas Happy, on est une équipe, non ? On trouvera un moyen de la faire changer d’avis.
Le mage de feu lui sourit en lui montrant toutes ses dents. Happy sentit alors son cœur se remplir d’espoir comme à chaque fois que Natsu lui remontait le moral et sécha ses larmes.
Happy - Aye sir!
Charuru – Ah!!! On retrouve notre Happy ! C’est beaucoup mieux comme ça.
Happy - Natsu !!! Charuru m’a dit que j’étais mignon !!!!
Charuru - Faut pas exagérer non plus…, regrettant aussitôt d’avoir voulu réconforter ce dernier.
Natsu - Allez viens Happy. On va aller manger, on reviendra demain.
Happy - Aye ! Charuru, je vais revenir et t’offrir plein de poisson !
Charuru – Génial…
Saluant tout le monde, Natsu et Happy quittèrent la guilde en courant en direction du centre-ville de Magnolia.
Mirajane - Dommage qu’Erza n’ait pas pu voir tout ça.
Kinana – Ça faisait tellement longtemps que la guilde n’avait pas été aussi animée, ça fait chaud au cœur.
Mirajane - Bon, Grey, c’est comme si c’était fait. Natsu, il faut laisser décanter… Gajeel !!!! Viens par ici, il faut que je te parle. Gajeel ?!
Le tabouret où Gajeel était initialement assis était devenu désespérément vide, avec pour seul preuve de son passage un morceau de fer roulant sur le sol.
Levy - Il est parti en courant à l’entente de son nom. Tu fais drôlement peur Mira-san, lui sourit-elle.
Mirajane - Oh… Dommage. Sinon Levy, tu vas faire quoi ce soir ?
Levy - Je ne vais pas tarder à rentrer à Fairy Hills. Je suis exténuée après cette journée. Demain, je pars en mission avec Jett et Droy. Ils sont si contents que l’on soit rentré que je n’ai pas osé refuser leur proposition.
Mirajane - Je n’en doute pas. Alors, repose-toi bien.
Kinana – Vous avez pensé à regarder la cartographie spectrale ?
Levy – Non...avoua t’elle penaude. Qu’est-ce donc ?
Kinana – Le conseil de la magie a établi une carte mise à jour en temps réel afin de localiser au mieux les spectres en fonction des signalements qui ont été fait dans le pays et les zones transfrontalières. Cela permet aux mages et autres commerçants de tenter de se déplacer dans Fiore sans trop de risque.
Macao - Ce n’est pas fiable à 100%, mais c’est mieux que rien.
Levy – Vous me faites peur… pâlit la mage des mots en comprenant les risques.
Macao – Jet et Droy ont l’habitude, ils ont dû faire les démarches, ne t’inquiète pas.
Levy – Merci pour l’info.
A son tour, Levy quitta la guilde, peu rassurer par cette dernière information qu’on lui avait donnée. En refermant la porte, celle-ci s’étonna de voir la nuit déjà tombée. Instinctivement, elle resserra son petit gilet contre elle et fit quelques pas, avant de sentir une présence non loin d’elle. Elle se retourna et vit adossé contre le mur de la guilde Gajeel, visiblement en pleine réflexion.
Levy – Gajeel ? Je te croyais rentrer.
Le dragon slayer d’acier la regarda droit dans les yeux et se décolla du mur pour se rapprocher d’elle, laissant Levy perplexe face à son attitude.
Gajeel – Je voulais surtout fuir Mirajane qui était parti dans ses lubies de bonne marieuse.
La remarque fit rire la petite bleue. Jusqu’à ce que le mage de fer reprenne la conversation.
Gajeel – Alors comme ça, tu pars en mission ?
La jeune femme allait lui demander comment il le savait, jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’il avait écouté la conversation. Méfiante, elle rétorqua aussitôt :
Levy – Tu m’espionnes ?
Gajeel – Pas du tout. Ou si tu considères cela comme de l’espionnage, dis-toi alors que j’ai espionner toute la guilde.
Levy – T’as réponse à tout toi.
Gajeel – Comme toi.
Elle fronça les sourcils, pas vraiment satisfaite par ce compliment.
Gajeel – Et sinon, ça va ?... Je veux dire, pour demain ?
Levy – Ah… A vrai dire, j’appréhende un peu de partir en mission. La perspective de tomber éventuellement sur des spectres ne me plaît pas vraiment. Jet et Droy ont l’habitude mais moi, … Je dois avouer que ça m’angoisse un peu.
Gajeel – Bah si c’est que ça, je peux venir avec toi crevette.
Craignant d’avoir mal compris sa proposition, Levy le regarda perplexe, attendant silencieusement de lui des explications.
Gajeel – Bah quoi ? fit-il un peu gêné par le regard de Levy. C’est normal que tu ne sois pas rassuré de partir avec ses deux ballots. Je vous protégerai si besoin.
Levy – Contre les spectres ? argua t’elle, peu convaincu
Gajeel – Ouai, on n’a peut-être pas de sceptre mais moi j’ai un super sens de l’odorat et une très bonne ouïe. Je repérerai le danger de loin. On a un sixième sens pour repérer les dangers nous les dragons slayers, dit-il fièrement en croisant les bras et gonflant le torse.
Levy – Je ne suis pas certaine que les spectres ont une odeur. Et je ne suis pas sûre non plus que tu avais repéré Acnologia sur l’île Tenro… répliqua t’elle sceptique. Et la mission ne dure qu’une journée et n’est pas très intéressante.
Gajeel – Bon la crevette, dis-le tout de suite si je te dérange ! grogna-t-il, vexé.
Levy – Pas du tout ! J’ai pas dit ça…
Gajeel – Alors, c’est oui ou non ?
Levy – Si Jet et Droy sont d’accord, je n’y vois pas d’inconvénient.
Gajeel – J’en fais mon affaire. Je préviendrai Lilly. A demain crevette.
Les mains dans les poches, il laissa Levy, satisfait d’avoir trouvé une occupation pour le lendemain. Le peu de mission accrochés sur le tableau de la guilde l’avait déprimé, se demandant bien ce qu’il pourrait faire de ses prochaines journées. Rester à la guilde et ne rien faire comme Nab, c’était pas pour lui. Spectres ou non, il avait besoin de bouger, se sentir libre, mais les réserves de Lilly sur le fait qu’ils n’avaient pas encore les codes de ce nouveau monde l’avait convaincu de prendre son mal en patience. Toutefois, en entendant Levy annoncer à Mirajane qu’elle partait en missions avec les deux boulets, il c’était dit pourquoi pas lui. Il avait sauté sur l’occasion, d’autant plus que même s’il se refusait de se l’avouer, passer du temps avec Levy était aussi ce qui avait jouer dans sa décision. Il ne restait plus qu’à convaincre Lilly. Jett et Droy comprendront bien qu’ils seraient de la partie quand ils verraient sa tronche au point de rendez-vous.
********************
Serveur – Votre ration supplémentaire de poisson, Monsieur.
L’homme en tenue de service déposa le plat sur la table, écartant et récupérant au passage les autres plats déjà vides. En train de s’empiffrer copieusement, Natsu et Happy dévoraient littéralement tout ce qui était amener sur leur table, commandant plat sur plat. Après une vingtaine de minutes de dégustation, Happy s’allongea vaincu par la satiété sur la banquette, prêt à rendre tout ce qu’il venait d’avaler. Assis en face de lui, Natsu terminait son poulet qu’il avalait goulument, se léchant les doigts de plaisir, avant de s’affaler à son tour, complètement repu. Il ne put retenir un rot de plaisir, qui fit rire son coéquipier. Pendant quelques instants, ils profitèrent silencieusement de ce pur moment de bonheur que représentait pour eux le fait d’avoir le ventre bien plein, surtout après la journée mouvementée qu’ils venaient de passer, jusqu’au moment où le serveur arriva pour déposer la note sur la table. Le restaurant se vidant petit à petit de ses clients, Happy et Natsu se décidèrent à se redresser, comptant bien rentrer chez eux à leurs tours. Ils n’avaient pas lésiné sur les commandes, estimant que ce repas serait leur digne récompense pour cette journée. Le mage de feu, sorti une liasse de jewel qu’il avait récupéré depuis sa part de la réserve Tenro tout en attrapant la note afin de compter ce qu’il devait. Son visage vira au pâle lorsqu’il vit le montant faramineux du repas. En voyant son camarade déchanté, Happy comprit aussitôt qu’ils allaient encore devoir passer par la case plonge avant de pouvoir espérer rentrer chez eux.
Natsu – Quoi ?! Mais c’est pas possible ! Il doit y avoir une erreur, c’est le double du prix que ce que l’on paye d’habitude. Pourtant, on a pas presque rien mangé !
Happy – Hey hey, je ne suis pas sûr que Lucy dira ça, dit-il en souriant.
Natsu – Happy, regarde !
Plaçant devant les yeux de l’exceed la note, Happy pâlit à son tour, ne s’attendant pas à un tel montant.
Happy – Oh, non !!! J’ai pas envie de faire la plonge…
La tête déconfite du mage de feu et de l’exceed alerta le serveur, qui s’empressa de chercher son patron. Natsu et Happy se doutaient qu’ils n’étaient pas prêts de rentrer chez eux.
Non loin de là, Lucy avait décidé de prolonger son parcours en faisant une petite visite nocturne de Magnolia, question de dégourdir ses jambes et de s’aérer l’esprit. Pensive, elle ne regardait la ville qu’à moitié, ne pouvant s’empêcher de repenser à cette journée usante. Alors qu’elle avait décidé de rentrer chez elle, des voix fortes attirèrent son attention dans une rue adjacente où elle se trouvait. Elle stoppa sa marche, et remarqua quelques personnes en train d’observer l’intérieur d’un restaurant. Préférant dans un premier temps reprendre sa route, sa curiosité prit le pas sur le rationnel et elle se décida à se rapprocher de l’entrée du restaurant, entendant de mieux en mieux les réflexions des personnes présentes : « C’est une honte », « Je ne pensais pas ça d’eux », « Quand on a pas les moyens de payer, on ne va pas au restaurant ». Lucy comprenait mieux que des pauvres malheureux, certainement affamés par ses temps difficiles avaient eu le malheur de s’aventurer dans ce restaurant. Le réapprovisionnement des stocks était parfois difficile en fonction du repérage des spectres sur le territoire, empêchant les convois d’arriver à destination. Non seulement les denrées n’étaient désormais plus aussi abondantes que par le passé mais cela entrainait une augmentation significative du prix d’achat de la nourriture de première nécessité, atteignant parfois des sommes exorbitantes. Malheureusement, beaucoup de personne n’arrivait plus à subvenir à leur besoin dans ce contexte entrainant une hausse des vols à l’étalage. Ce constat affligeait Lucy, souhaitant toujours essayer d’aider comme elle le pouvait son prochain. Peut-être pourrait-elle faire entendre raison le patron du restaurant.
A son approche, les remarques se transformèrent en murmures, chacun lui laissant la place pour qu’elle puisse se rendre compte elle-même de ce qu’ils se passait. Et c’est alors que Lucy se sentie au fond du gouffre en remarquant une touffe rose suppliant à genou le patron du restaurant et une boule de poil bleu accroché au pantalon de ce dernier, implorant sa pitié. Accablant, c’était le seul mot qui venait à l’esprit de Lucy, qui hésita même à faire demi-tour. La compassion qui l’avait animé quelques secondes plutôt c’était aussitôt évaporé lorsqu’elle avait découvert l’identité des auteurs de cette filouterie.
Natsu – Je vous en prie ! Je vous assure qu’on était pas venue dans l’intention de ne pas payer, mais on ne pensait pas que c’était si cher !
Patron – Vraiment ?! Mais vous sortez d’où pour croire qu’avec ce que vous avez mangé, 10000 jewels serait suffisant ?! s’exclama t’il furieux.
Happy – Comprenez nous, on ne savait pas ! Votre poisson était très bon mais vraiment trop cher !
« Happy dans toute sa finesse » songea la constellationniste qui hésitait entre sourire ou déprimer.
Natsu – On peut faire la plonge si vous voulez.
Patron – Et tu crois quoi ? J’ai déjà un plongeur, je ne vais pas le virer parce que deux petits cons ont décidé qu’ils allaient manger à l’œil.
Happy – Le nettoyage de la salle ?
Patron – Pareil, je ne vais pas virer ma femme de ménage. Elle a autant besoin que moi de son salaire.
Devant l’impasse, les deux compères hésitèrent à partir en courant, juste au moment où le patron attrapa Happy par le sac à dos et le tira pour examiner la marque de la guilde
Patron – Et en plus vous êtes de Fairy Tail, vous devriez avoir honte de ternir l’image de votre guilde !
Natsu – Quoi ?! Répètes un peu pour voir ?! Lâche Happy tout de suite.
Se redressant pour faire face au patron, Natsu serra les poings ne supportant pas qu’on l’accuse ainsi sans raison. Lucy jugea alors opportun d’intervenir et entra dans le restaurant. Les autres clients la remarquèrent de suite et l’atmosphère du restaurant changea, c’est Happy qui la remarqua en premier et fut soulagé de la voir arriver, se débattant et s’échappant de la poigne du patron, pour se jeter dans les jambes de Lucy.
Happy – Lucy ! Notre sauveuse ! Ce vilain pas beau ne veut pas nous croire !
Patron – T’as dit quoi sale chat ?!
Natsu – Oye Lucy !
A la vue de Lucy, l’attitude de Natsu changea, ce dernier se grattant la tête avec le sourire, gêné mais visiblement heureux de la voir, certain qu’elle saura les sortir de cette impasse.
Patron – Dame Lucy, je suis honoré de vous voir dans mon restaurant, fit-il en s’inclinant légèrement devant elle.
Natsu et Happy s’échangèrent un regard interrogatif devant l’attitude mielleuse du patron du restaurant.
Lucy – Que se passe t’il ici Monsieur ?
Patron – Cela m’embête de vous dire ça mais… Ils ont essayé de partir sans payer.
Happy – C’est pas vrai ! ragea l’exceed. On voulait payer mais on n’avait pas assez !
Natsu – On vous a proposé de partir chercher la somme manquante mais vous avez refusé.
Patron – Et quelle garantie j’avais de vous revoir un jour, hein p’tit malin ?
Lucy – Votre garantie était qu’ils sont de Fairy Tail. Si vous aviez un quelconque soucis, vous auriez très bien pu venir à la guilde pour régler votre litige. Fairy Tail à t-il déjà manqué à ses promesses ?
Patron – Non, mais… Comprenez-moi Dame Lucy, loin de moi de manquer de respect à vous et à votre guilde, mais je ne peux pas me permettre d’avoir un tel trou dans ma caisse. Vous n’avez pas vu tout ce qu’ils ont mangé Dame Lucy, ils ont dévalisé mon garde manger !
Lucy- Si si, j’imagine bien… se désola la jeune femme. Bon, combien vous doivent-ils ?
Le patron remit la note à Lucy, qui regarda encore plus circonspecte ses deux compagnons devant la somme démesurée du repas. Elle attrapa sa besace, en sortie quelques billets et les remis au propriétaire.
Lucy – Vous pouvez garder le supplément, en guise de notre bonne foi.
Le patron s’inclina à nouveau, remercia gracieusement la rédemptrice avant de retourner derrière son comptoir. Lucy tourna les talons prête à quitter le restaurant avant d’être interpellé par Natsu et Happy. Elle se retourna et les virent se prosterner en plein milieu du restaurant :
Natsu – Merci Lucy !!!
Happy – Tu es notre maître !!!
Devant cette image de déjà vu qui lui serra le cœur, Lucy ne répondit pas et préféra s’en aller. C’était sans compter sur Natsu qui la rattrapa et l’attrapa par le bras.
Natsu – Attend Lucy ! On peut…
Il s’arrêta en voyant le regard sévère de Lucy, lui intimant de ne pas poursuivre sa phrase. Il la relâcha à regret et la laissa partir sans un mot.
Une fois de retour à son appartement et après avoir pris un bon bain afin de détendre ses nerfs à fleur de peau, Lucy avait choisi de bouquiner tranquillement. Allongé sur son lit, elle apprécia cet instant de calme. Rien de tel qu’une bonne lecture pour s’évader. Ça ne lui plaisait pas particulièrement plus que ça d’être aussi sèche avec Natsu et Happy, mais si elle voulait protéger son « petit » secret le plus longtemps possible, c’était la seule solution. Tant pis si elle devait se refuser de passer du temps avec eux, c’était la meilleure chose à faire, même si au fond d’elle, elle désirait tout l’inverse.
Elle aurait aussi voulu passer plus de temps avec les autres membres de la guilde avant de repartir dans une mission de rédemptrice, profiter du retour de l’équipe Tenro, mais avec Happy et Natsu qui ont été plus qu’insistant avec elle, elle n’avait pas pu profiter pleinement de ses retrouvailles, et cela la mettait hors d’elle. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’être furieuse contre Natsu, lui imputant entièrement la faute de cette journée manquée. Tout ça, parque qu’ils voulaient faire une mission avec elle. Même pour une simple mission, venir avec elle était futile. Trop de contrainte, trop de code de bienséance… rien qui ne pourraient intéressé Happy et Natsu.
De toute façon, il était simplement hors de question d’emmener qui que ce soit à une de ses missions, et encore moins celle de rédemptrices. Il lui fallait rester concentrer sur sa tâche et sur elle-même, se gérer, optimiser sa magie pour une durée de vie optimum. Avoir quelqu’un avec elle en mission, c’était rajouter un facteur risque, quelqu’un de plus à protéger. Cela faisait maintenant quatre ans qu’elle vivait avec sa maladie, il fallait déjà qu’elle arrive à se gérer elle-même avant de pouvoir protéger les autres.
Malgré tout, il fallait bien qu’elle paye son loyer. L’échéance n’allait pas tarder et sa tâche de rédemptrice ne lui laissait guère de temps pour cela. Elle ferma son livre et le posa à côté d’elle. Elle se souleva légèrement les fesses et retira de la poche de son short la mission chiffonnée qu’elle avait prise à Natsu. :
« Escorté un couple de bourgeois entre la ville de Jintsu à Onibus
Récompense : 300 000 joyaux »
Le prix pour environ deux loyers, c’était exactement ce qu’il lui fallait. Heureusement pour elle qu’elle n’avait pas écouté sa première envie de jeter la mission. Cette mission était d’une difficulté très sommaire et qui aurait pour avantage de s’effectuer plutôt rapidement. D’autant plus qu’il y avait une très faible probabilité qu’elle ait à utiliser ses pouvoirs. Ces bourgeois étaient de plus en plus nombreux à être à l’origine de ce type de requête, ce qui arrangeait grandement la constellationniste. Ils étaient tellement apeurés par Zeref ou par les spectres qu’ils en devenaient littéralement paranos, s’octroyant les services de mage pour des raisons toutes plus futiles les unes que les autres. Pourtant, si un spectre devait passer sur leur chemin, le trépas ne les épargnera pas.
C’était pour Lucy une raison de plus pour accepter cette mission. Il n’y avait plus qu’à trouver le moyen de partir sans Natsu et Happy. Elle se doutait bien qu’après tout le cinéma qu’ils avaient pu lui faire aujourd’hui, ils ne la laisseront pas partir aussi facilement. Elle se consola en se disant qu’elle n’avait au moins pas à échapper ni à Grey, qui n’avait apparemment pas l’intention de s’incruster, ni à Erza qu’elle n’avait pas croisé. Un train pour demain à la première heure saurait faire l’affaire.
***************************
Ils étaient retournés chez eux, vannés par cette fin de journée et avait aussitôt prit la direction du plumard : Happy sur sa couchette et Natsu dans son hamac. Le sommeil était arrivé rapidement, les emportant dans le monde des rêves. Mais pour le mage de feu, les rêves laissèrent place au cauchemar.
Natsu se sentait bien, si bien… Il ne savait pas comment il était arrivé là, mais il avait cette sensation que c’était là où était sa place, à cet endroit.
Happy volait au-dessus de lui. Il faisait beau, pas un seul nuage dans le ciel, il était bien, là, allongé dans l’herbe haute et verdoyante. Natsu respirait à plein poumon l’air frais qui l’entourait. Une légère brise s’élevait, lui chatouillant le visage pour son plus grand plaisir. Il sentait son corps se transporter et s’apaiser. Il avait même l’impression de s’unir à cet environnement, en parfaite communion avec la nature. Rien ne semblait pouvoir gâcher ce moment de sérénité en compagnie de son coéquipier de toujours. Les yeux fermés, avec pour seule sensation le soleil lui réchauffant les paupières, il laissa passer le temps.
Soudain, il eut froid, chose qui n’était pas commun pour le mage de feu. Il rouvrit les yeux et s’aperçut que le ciel s’était chargé de nuages menaçants se mouvant rapidement dans les rafales de vent. La noirceur du ciel contrastait avec le vert de l’herbe de la prairie. Il découvrit alors qu’il était seul au milieu de cette plaine.
Natsu - Happy ? Tu es où mon vieux ?
Natsu - … Happy ?
Natsu - HAPPY !!!!!!
Il cria le nom de son ami à plein poumon, craignant qu’il lui soit arrivé quelque chose, et le mage de feu commença à courir à travers l’herbe haute de la plaine. Il courrait à en perdre haleine, cherchant son compagnon, s’affolant au fil des minutes. Après un certain temps passé, Natsu se résigna, constatant qu’il était seul en ce lieu. Et c’est là qu’une autre vérité lui vint à l’esprit : il ne savait pas où il se trouvait.
C’est alors qu’un vent violent se leva dans son dos, si fort qu’il manqua presque de tomber à la renverse. Faisant un effort surhumain pour ne pas perdre son équilibre, il réussit à se retourner… Mouvement qu’il regretta presque aussitôt lorsqu’il vit se dresser devant lui un spectre si grand qu’il recula sous la panique. La peur lui rongeait les entrailles, et paralysé face à l’immense créature, il sentit sa magie s’évaporer comme si le vent s’emparait de son pouvoir. Il n’avait encore jamais ressenti une telle peur : l’angoisse de mourir, l’angoisse de ne pas avoir vécu, l’angoisse de ne pas avoir profité de la vie.
En détaillant le spectre de plus près, Natsu jura que le spectre possédait un visage, doté en plus d’un sourire sournois, semblant jubiler face à son prochain festin. Et avant que le mage de feu ne puisse réagir, le spectre s’abattit sur lui avec une telle rapidité que Natsu eu juste le temps de croiser les bras devant son visage pour se protéger, geste instinctif mais concrètement inutile.
Ce dernier se réveilla en sursaut, couvert de sueur. Il chercha son compagnon des yeux, et se radoucit en le voyant, dormant toujours tranquillement dans son petit nid. Il attrapa sa tête dans ses mains, soulagé d’avoir retrouvé la réalité. Il n’était pas commun pour lui de cauchemarder ainsi. Il regarda par la fenêtre et remarqua que le jour n’allait pas tarder à se lever, apercevant les couleurs de l’aurore à travers les rideaux. Il s’étira puis quitta son hamac pour se diriger vers la salle de bain, ouvrant le robinet d’eau pour s’asperger le visage. Avec un réveil si brutal, l’envie de retourner dans les bras de morphée avait disparu, encore trop secoué par son cauchemar. Il détestait les cauchemars, c’était quelque chose que personne ne pouvait contrôler et un lieu où personne ne pouvait venir vous aider. C’était un sentiment de faiblesse qu’il exécrait par-dessus tout.
Natsu retourna dans le salon et constata que son compagnon dormait toujours d’un sommeil profond. Refusant de perturber les probables jolis rêves de son compagnon, il préféra prendre la direction de la guilde en pensant que Mirajane ou Macao seraient peut-être déjà présents. Connaissant son compagnon qui était un excellent dormeur tout comme lui, il ne serait pas réveillé avant deux ou trois heures, il avait largement le temps de faire l’aller-retour.
Prenant son gilet, il sortit dehors et une brise chaude matinale vint effleurer le corps de Natsu. Rassurer par cette brise moins glaciale que dans son rêve, il resserra son écharpe autour de son cou et s’élança sur le chemin le menant à sa deuxième maison. Dans le silence du matin, il arriva rapidement à la guilde, et poussa pour une fois la porte sans l’éclater contre le mur, découvrant que la taverne était vide.
Déçu de constater que personne n’était encore arrivé, il s’avança tout de même pour s’asseoir près du comptoir. Personne ? Autant en profiter pour s’offrir un bon petit déjeuner à l’insu de tous. Il fit le contour du bar et commença à prendre un bol, des céréales et tira un tiroir pour prendre une cuillère lorsqu’il remarqua au bout du bar une lettre et un stylo. Tout en empoignant une bonne dose de céréales qu’il engouffra dans sa bouche, il se rapprocha dudit papier pour regarder de quoi il s’agissait. Le mage de feu reposa ce qu’il avait dans les mains sur le comptoir et débuta la lecture, mâchouillant énergiquement ses céréales. Peut-être que Mirajane avait décidé de prendre des congés avec son frère et sa sœur.
« Mira, je pars en mission. Je t’ai noté la référence à la fin de cette lettre. Je suis partie ce matin et devrait être de retour demain. A bientôt.
Lucy »
Le mage de feu vit rouge en voyant le nom de l’auteur de la lettre et constata que la mission qu’avait choisi Lucy était justement celle qu’ils avaient prévu avec Happy pour partir avec elle. Face à cette bassesse, il serra ses mains, froissant le papier écrit par Lucy. Elle avait osé partir en douce. Il leva les yeux vers le velux de la guilde et vit les rayons du soleil qui commençait à s’élever vers l’horizon.
Natsu - Si tu crois gagner comme ça, tu vas voir !
Il lâcha la feuille qui tomba, complètement chiffonné sur le sol du bar et se mit à courir à toute jambe. Le premier train en partance de Magnolia n’allait pas tarder à prendre le départ. Avec un peu de chance, il aurait assez de temps pour aller chercher Happy et chopper le train. Il courra en direction de sa maison pour réveiller son compagnon et plier bagage. Il fallait faire vite. Il n’aurait pas cru qu’un jour il serait aussi pressé de prendre un train.
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Après avoir déposé son sceptre à côté d’elle, Lucy s’était assise sur une banquette du train qui lui était réservé. Un compartiment du wagon rien que pour elle parce que « elle le méritait » comme lui avait indiqué le responsable de la compagnie ferroviaire. C’était étonnant comme ce statut de rédemptrice était à la fois source de regroupement social, mais aussi source d’une extrême solitude. Depuis qu’elle était devenue rédemptrice, les voyages en train se passaient dans le plus grand silence. Alors qu’en ville elle était sollicitée constamment, les gens n’osaient jamais la déranger lorsqu’elle prenait le train. Elle avait même l’impression qu’ils la craignaient, comme si elle pouvait leur attirer le mauvais œil. En même temps, sa simple venue dans les bourgs signifiait très souvent la présence d’un péril imminent. Elle soupira pour évacuer toutes ses pensées négatives. Heureusement que de temps à autre, elle effectuait des missions avec Roméo ou Cana, sinon elle aurait certainement succombé à la folie, même si, elle n’en doutait pas, qu’elle le deviendrait tôt ou tard. Sauf si elle mourrait avant évidemment. Elle trouvait cela particulièrement ironique. Elle sauvait des gens tous les jours, mais elle était incapable de sauver sa propre vie. C’était peut-être le prix à payer d’avoir par le passé toujours compter sur les autres. Puisqu’elle était condamnée, elle considérait que la meilleure façon de rentabiliser son temps sur terre était de vivre à fond pour les autres, d’où son choix de se consacrer entièrement à ses missions de rédemptrices.
Pourtant, elle était persuadée que sans toutes ses épreuves, elle ne serait pas devenue la femme forte d’aujourd’hui. Jamais elle n’aurait eu l’objectif de vaincre Zeref si ce dernier ne s’en était pas pris à Cana lors de leur mission, si elle n’avait pas failli, attendant que quelqu’un la sauve encore une fois... C’était peut-être l’erreur de sa vie. Jamais elle n’aurait eu le courage de devenir rédemptrice sans cette mauvaise rencontre. Ce jour viendra où elle le rencontrera à nouveau, elle le savait, puisque le mage noir prenait un malin plaisir à anéantir une à une les rédemptrices pour des raisons obscures. Ce jour-là serait son unique chance pour défaire le plus grand mage noir de tous les temps, pour elle, pour la guilde, pour le monde. C’était peut-être présomptueux de s’imaginer pouvoir être celle qui mettre un terme au règne de Zeref, mais elle sentait qu’elle n’avait pas le choix que d’avancer en ce sens. C’était nécessaire, il fallait qu’elle soit assez forte pour le vaincre et elle se persuadait qu’elle le serait le moment venu.
Voyant qu’elle n’arrivait pas à se défaire de ses pensées négatives, elle tenta de se changer les idées en observant les allées et venues des passants. Elle tourna la tête par la fenêtre, et regarda au loin. De la gare, elle pouvait distinguer le toit de la guilde. Elle aurait tant aimé passé plus de temps avec ses amis revenus de l’île Tenro, mais elle s’était fait une raison depuis longtemps. Sa tâche de rédemptrice était aujourd’hui sa seule priorité, et la priorité de tous. Toute la guilde avait fait des compromis pour qu’elle puisse assumer ses nouvelles fonctions sans le moindre souci. Même sa propriétaire avait voulu l’aider en lui établissant un bail à titre gratuit. Mais Lucy n’était pas dupe, elle savait que ce geste monstrueusement généreux entrainerait cette femme dans la pauvreté suite à l’augmentation du coût de la vie. Elle avait accepté par politesse la proposition. Toutefois, elle continuait toujours à payer son loyer, au plus grand soulagement de sa propriétaire. La politesse… c’est ce qu’elle faisait de mieux aujourd’hui. Alors qu’elle avait fugué le monde hypocrite et codé de la bourgeoisie de l’entreprise familiale, elle se retrouvait à nouveau coincée, à obéir à de nouvelles règles, certes différentes, mais des règles qui répondait à un code bien précis : la loi de la vie et de la mort.
Un petit rire imperceptible sortit de sa gorge sèche. Son comportement la désola. Malgré ses privilèges, elle arrivait encore à se plaindre. Elle ne pouvait que constater que cette compétence qui lui sciait à merveille apparemment.
La sirène du train résonna dans la gare, annonçant son départ. Le train commença à avancer doucement et prit rapidement de la vitesse, quittant la ville de Magnolia. Deux heures de train l’attendaient, encore… A force de prendre ce moyen de transport, Lucy en était presque à détester ce genre de voyage. Le train était devenue une vraie résidence secondaire.
Contrôleur - C’est quoi ça ! Un peu de tenue monsieur ! s’exclama le contrôleur.
Lucy soupira, avec l’inflation, les prix des billets de train avaient eu aussi prit une flambée. Elle ne serait pas étonnée de voir encore une personne qui était monté à bord sans payer son billet train.
… - Mais monsieur, il est juste malade en train ! Vous inquiétez pas, ça ira mieux à l’arrivée !
Lucy tressaillit au son de cette voix. « Impossible » pensa-t-elle, ils n’auraient tout de même pas osé ? Pourtant cette voix, elle en était certaine et l’aurait reconnu entre mille, c’était celle du petit exceed bleu.
Happy - Natsu ! Vite faut te bouger ! Si Lucy nous attrape, je ne donne pas cher de notre peau ! chuchota t’il comme il put, malgré le bruit du train.
Le doute définitivement levé, Lucy se pencha très discrètement sur le côté de sa banquette, afin de situer Natsu et Happy dans le wagon. Comment avaient-ils su ? Pourquoi s’entêtaient-ils à la suivre comme ça et qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir faire d’eux ? Il fallait croire qu’elle n’avait pas été assez clair sur ses intentions, vu comme ils persistaient à la suivre. Elle essaya de reprendre son calme, réfléchir aux solutions qui se présentaient à elle.
Elle se leva de la banquette et avança en direction des bruits de nausées. Livide, Natsu était à plat ventre sur le sol, les bras pendant le long de son corps juste devant la porte du train. A peine avait-il posé un pied dans le train qu’il avait été pris de nausée. Lucy rigola intérieurement, les années lui ayant probablement fait oublié ce spectacle affligeant que pouvait offrir le mage de feu dans les transports en commun. Le contrôleur, paniqué de voir Lucy se rapprocher, se confondit en excuse.
Contrôleur - Oh Dame Lucy ! Je suis terriblement désolé pour ce désagrément. Nous… Nous allons nous occuper de cet homme très rapidement, vous pouvez vous rasseoir et profiter de votre voyage.
Lucy - Oh mais ne soyez pas si nerveux monsieur. Je les connais, ils sont de ma guilde.
Contrôleur – De votre guilde ?
Ce dernier s’étonna, ne se rappelant pas de mémoire avoir vu par le passé un chat bleu et une personne aux cheveux roses au sein de Fairy Tail.
Désormais devant Natsu, la constellationniste posa un pied sur l’épaule de Natsu, complètement amorphe. Puis, elle le poussa du bout de sa botte pour montrer le logo rouge de la guilde pour confirmer ses dires.
On entendit alors un léger bruit venant du corps inerte de Natsu.
Natsu - Lucy… Ai… Aide-moi, essaya-t-il d’articuler entre deux nausées.
Lucy - Mais bien sûr Natsu ! Je ne vais pas te laisser comme ça voyons.
Très naturellement, Lucy força l’ouverture de la porte du train qui avait déjà pris sa vitesse de croisière et commença à pousser avec le pied Natsu en dehors du wagon, en espérant bien pouvoir se débarrasser de lui. Paniqué mais incapable de contredire la rédemptrice, le contrôleur essaya de convaincre la jeune femme du mieux qu’il put :
Contrôleur - Mais Dame Lucy, que faites-vous ?! Vous ne pouvez pas faire ça ! Il va mourir !
Lucy - Mais non ! Il est costaud comme un roc. Je vous assure ! Il est comme de la mauvaise herbe, il revient tout le temps…
Happy - Lucy!!! Tu es cruel !!! Fais pas ça ! supplia l’exceed peu rassuré par les intentions de la constellationniste.
Alors que Natsu, complétement amorphe était incapable de lutter, Lucy mit encore plus d’énergie dans son œuvre, ayant presque atteint son but. Constatant que la rédemptrice n’avait pas l’air de changer d’avis, le contrôleur prit son courage en main et osa lui prendre le bras pour l’empêcher de commettre l’irréparable. En croisant le regard noir de Lucy, il retira dans la foulée sa main. Il n’était pas bon pour sa carrière de s’attirer les foudres d’une rédemptrice.
Contrôleur - Madame, la compagnie des chemins de fer est responsable de la sécurité de ses passagers à partir du moment où le train à démarrer. Je vous en prie, laissez le tranquille. On l’obligera à faire le chemin inverse si vous le souhaiter.
Lucy - Aller ! Détendez-vous ! Vous allez voir, ça va être marrant, persista la jeune femme.
Happy – Lucy arrête !
Le ton sec de Happy interpella Lucy, qui regarda le petit chat qui s’était placé entre Natsu et la porte du wagon ouverte directement sur la plaine. Le paysage défilait à toute vitesse. Le petit chat bleu avait les yeux remplit de larme, visiblement apeuré, faisant de suite culpabiliser la constellationniste. Happy regardait Lucy fixement avec un regard si…si…si… Elle ne sut trouver les mots, il était à la fois fâché et si mignon que Lucy ne sut résister à sa requête.
Lucy – C’est bon, j’ai compris, arrête de me regarder comme ça. Mais ne compte pas sur moi pour l’installer sur la banquette.
Râlant de n’avoir pas pu se débarrasser d’eux, Lucy leur tourna le dos et repartit s’asseoir dans le compartiment. Ils avaient gagné la première manche, mais elle jura qu’ils ne s’en sortiraient pas aussi facilement…
Le contrôleur regarda Happy avec un air d’incompréhension.
Happy - Ne vous inquiétez pas, elle fait peur, mais là c’était rien ! Il faut voir quand elle s’arrache les cheveux.
Lucy – Happy, si tu préfères que je change d’avis, dis-le tout de suite !
Elle avait parlé fort pour bien se faire comprendre du petit exceed, sa voix résonnant depuis le fond du wagon. Lucy s’aperçut que le peu de passager présent à cette heure matinale la dévisageait. Elle n’avait plus l’habitude d’attirer l’attention ainsi, enfin pas de cette façon en tout cas. Elle se rendait compte qu’elle en avait même oublié ses années où sa guilde se faisait remarquer pour ses pitreries. Fairy Tail avait perdu sa réputation de fouteur de trouble, elle était même devenue une guilde imposant le respect et la sagesse, ce qui, réalisa t’elle, était assez sarcastique. Cette épisode nostalgique lui rappela que les choses allaient de nouveau changer. Et même si elle ne l’avouera à quiconque, cette petite interlude lui avait bien plus.
Le contrôleur s’était rapproché de Lucy avec ce qui ressemblait à un cadavre :
Contrôleur - Excusez-moi Dame Lucy, mais ce… monsieur gêne le passage. Puisque vous le connaissez, puis-je l’installer en face de vous ?
Lucy - Faite donc, je n’ai pas vraiment le choix de toute façon.
Une fois que la chose baveuse et vomissante fut déposée sur la banquette, le contrôleur salua Lucy, et lui souhaita un bon voyage avant de quitter le wagon, espérant sincèrement que cet incident ne remontera pas jusqu’à ses supérieurs hiérarchiques. Quant à Lucy, elle s’était collée à la fenêtre, les jambes croisées, à regarder le paysage défiler. C’était sans compter sur Natsu qui réussit on ne sait comment à vomir sur les bottes de Lucy.
Lucy- Arg…Natsu fait attention ! Baaaah, c’est dégoutant… ça ne m’avait vraiment pas manqué ça.
Alors qu’elle s’afférait à nettoyer à l’aide d’un mouchoir ses jolies bottes, elle remarqua du coin de l’œil Happy debout à côté d’elle tout sourire. Elle s’arrêta et le toisa du regard :
Lucy - Ne me dis pas que tes larmes, c’était du bidon.
Happy *avec un grand sourire* - Aye !
Se maudissant pour sa naïveté, Lucy roula les yeux et sermonna Happy.
Lucy - Décidément, vous vous êtes bien trouvé tous les deux. Je crois que vous n’avez pas bien compris dans quoi vous vous embarquez.
Happy - Aye !
Lucy – Je t’assure que ça ne se reproduira plus. Vous pouvez toujours courir pour venir à ma prochaine mission.
Happy – Aye !
Lucy – Quand je pense que vous m’avez suivi, ça me rend dingue.
Happy – Aye !
Lucy - Tu ne veux pas arrêter de dire « Aye »
Happy – Aye !
L’exceed bleu fit alors un petit voyage grâce à la semelle de Lucy encore légèrement humide à cause du vomi, valdinguant jusque de l’autre côté du wagon. Après s’être remis du choc, Happy se rapatria à côté de Lucy avec une démarche plus ou moins chancelante.
Lucy - Mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour que vous me suiviez comme ça ? Pourtant, j’ai essayé de vous dire ça avec des mots simples. Mais non, ça ne suffit pas. Je t’assure Happy, la prochaine fois, je vous balance vraiment en dehors du train, et ce n’est pas le contrôleur qui me retiendra ! Non mais depuis quand on s’impose comme ça, ce n’est pas comme si…
La jeune femme blonde interrompa son monologue, sentant Happy venir sur ses genoux, se rouler en boule, et semblant s’endormir aussi rapidement qu’un paresseux. Surprise, Lucy ne bougea plus, les mains en l’air, puis se fit une raison avant de se détendre. Après tout, il ne servait à rien de s’énerver pour le moment, étant de toute façon obligé de voyager avec eux. Peut-être pouvait elle lâcher un peu de lest pour cette fois-ci. Et puis, entre celui-là qui dormait, et l’autre qui était à moitié dans le coma, elle serait tranquille pour le reste du voyage.
De jolis souvenirs refirent surface. C’était des souvenirs qu’elle avait enfoui au plus profond de son esprit car ils avaient toujours été trop blessant à se remémorer : Happy et Natsu s’incrustant chez elle dans la nuit, Happy et Natsu en train de prendre un bain dans son appartement… Ah oui, cette fois-ci, c’était un véritable désastre, ils avaient tout inondé. Elle s’était juré de ne plus les forcer à prendre de bain. Ou encore, elle se revoyait dans sa chambre avec Natsu lui assurait qu’il continuerait de faire équipe quoiqu’il arrive après l’examen de rang S… Son sourire ce fana rien qu’à la pensée de cet examen qui semblait lui avoir pourrie la vie. Il lui semblait que tout c’était enchainé si vite après ce jour. Les malheurs s’enchainant sans cesse, elle avait besoin d’un responsable pour pouvoir avancer dans sa vie. Oui, son esprit avait besoin d’un coupable… C’était à cause de cet examen que tout était arrivé, et surtout à cause de ce satané Zeref. Sur ses pensées, elle se permit de s’endormir, se poser. Après tout ce tumulte, un peu de repos était plus que bienvenue avant cette mission. Et puis, elle savait que le contrôleur n’hésiterait pas à la réveiller si besoin à son arrêt.
Natsu – Luuu…Luucyyyy … Je…je…pas bien…balbutia t’il.
Lucy *marmonnant* - Oui oui Natsu, profite, ma vengeance sera bien pire que ses petites nausées…
La jeune femme essaya de se rassurer, espérant que la mission se déroulerait sans encombre. Une seule pensée arriva sournoisement dans son esprit avant qu’elle ne sombre dans le sommeil : pourvu qu’elle n’ait pas à utiliser ses pouvoirs.