Chapitre 5

par Linoaheart

Happy survolait Magnolia à la rechercher de son compagnon. Lorsque Natsu avait quitté la guilde pour rejoindre Lucy, Laki avait empêché Happy de le suivre, estimant qu’il était préférable de le préserver un peu de tout cela, et ce dernier n’avait pas insisté plus que cela. Il ne voulait pas être mis à l’écart mais il ne voulait pas non plus être la source d’un danger en arrivant tardivement. Ce n’est qu’au retour d’Erza et en voyant Grey si dévasté, qu’Happy avait pris la décision de chercher celui qui comptait le plus à ses yeux.

Il était retourné sur le lieu du crime, avait regardé dans les moindres recoins de Magnolia, à la Cathédrale, leur restaurant préféré, Fairy Hills, mais pas la moindre trace de Natsu. Ce n’est qu’au bout d’une vingtaine de minutes de recherche qu’il se rendit compte qu’il n’y avait qu’un seul lieu où il n’avait pas cherché, et il se sentit même stupide de ne pas avoir y avoir songé plutôt. Il fit demi-tour pour ainsi se diriger vers l’appartement de Lucy où il repéra de loin Natsu assis sur le rebord de la fenêtre. Adossé contre le mur, une jambe pendant dans le vide, Le mage de feu s’appuyait sur son autre jambe qu’il avait repliée près de son corps. Soulagé de l’avoir enfin trouvé, Happy amorça sa descente et atterrit dans les bras accueillant du dragon slayer qui l’avait déjà repéré depuis quelques minutes. Ce dernier avait un regard perdu, posé sur Lucy qu’il regardait dormir.

Le sommeil de la jeune femme paraissait agité, décourageant Natsu de rentrer de plus près de peur de la réveiller. Happy suivit le regard de son compagnon pour observer à son tour sa camarade. Son petit cœur s’était serré quand Erza lui avait raconté ce qu’il s’était passé.

Happy - Natsu, cela fait un moment que je te cherche. On m’a dit que tu étais allé à l’église.

Natsu – Oui… Désolé, j’ai amené le corps de Joseph au prêtre.

Happy - Ah…


Happy n’avait pas vu ce qui c’était passé sur la colline, mais en voyant l’état de Grey à son arrivée guilde, il s’était douté que son plus fidèle ami n’aurait pas le morale au plus haut. Pour lui, il n’y avait pas de doute, Natsu était la personne la plus forte qu’il n’ait jamais connu. Pourquoi ? Car au fond, sa force se puisait dans sa sensibilité à l’égard de ceux qu’il aimait. C’était une force monstrueuse quand celle-ci se révélait, mais Happy savait que cette capacité à transformer ses sentiments en pouvoir pouvait aussi être un énorme point faible. Natsu avait toujours sur transformé sa colère utilement en combat. Mais quand était-il lorsque sa colère n’était d’aucune utilité ? Lucy faisait partit des personnes auxquelles Natsu et lui tenait le plus, comment pourrait-il supporter de subir sans agir ? Lui-même désemparé, Happy chercha un retour quelconque de son compagnon.

Happy - Natsu, tu es là depuis combien de temps ?

A cette question, le dragon slayer ne sut quoi répondre, réalisant qu’il n’avait pas vu le temps passer. Il s’était posé là, à ressasser cette affreuse soirée. Après avoir rencontré le prêtre, il s’était dirigé naturellement ici. Il n’avait pas voulu retourné à la guilde de peur d’avoir à commenter ce qu’il avait vu. Et puis, il fallait bien qu’il vérifie si l’autre pervers avait bien fait son boulot.

Natsu - Je ne sais pas…


Il laissa quelques secondes passer, avant de poursuivre sa pensée :


Natsu - Happy, si tu avais vu ça... C’était si… Je crois que c’est ce que Gildartz à voulu me dire sur l’île Tenro. La peur, c'est quelque chose de normale, et parfois il y a des choses qu’on ne peut pas vaincre.

Happy - Je suis sûr que tes flammes peuvent brûler tous les spectres Natsu ! s’exclama le petit chat bleu, intimement convaincu par les pouvoirs de son ami.

Natsu - Je le pensais aussi Happy, mais ce soir, j’ai eu la certitude que … que je ne pouvais rien y faire… Putain !


Il prit sa tête dans ses mains, passant ses doigts dans ses cheveux en massant son crâne douloureux. IL avait cette affreuse impression que la situation lui échappait. Il voulait faire quelque chose, et il ne pouvait rien faire, et ça, ça l’énervait au plus haut point. Il n’avait même pas pu raccompagner Lucy chez elle à cause de l’autre, alors que ça, il aurait pu le faire, et le faire très bien même.

Happy – Ses missions ne doivent pas être très drôles pour Lucy.

Sur cette phrase, Natsu s’imagina ses sept années à détruire les spectres. Bon, si il avait bien compris, ça faisait moins longtemps que cela, mais peu importe. Partir tous les jours, d’une ville à l’autre, toujours plus loin, toujours plus seule, à voir ces mêmes paysages désolés, des morts en continues…

C’est en songeant à cela qu’il songea à quelque chose. Devant ce tableau morbide, il réalisa qu’il pouvait aider Lucy à sa manière : il pouvait changer les idées de son amie ! Lui égayer un peu son quotidien et lui apporter un peu de « normalité » dans ce monde sinistre. L’emmener en mission par exemple et faire des tas de choses tous ensemble, se chamailler comme ils le font toujours, il la trouverait bizarre et puis elle rigolerait avec son petit rire qui lui est propre… être normal. Il pouvait bien faire ça pour elle après tout.

Happy voulut s’élancer dans la chambre de Lucy quand le dragon slayer lui proposa de rentrer chez eux. Déçu de ne pas pouvoir tenir compagnie à Lucy, le petit exceed consentit sans dire mot, préférant ne pas contrarier encore plus le mage de feu.



*****



Après avoir discuté tardivement chez eux, Natsu et Happy décidèrent de se lever tôt pour arriver à la guilde. Le programme du jour ? Trouver une mission sympa à faire avec Lucy et lui changer les idées ! Happy avait immédiatement adhérer à la proposition du mage de feu, espérant bien dévoiler tout son talent comique. Ils espéraient tous les deux que depuis la veille, de nouvelles missions seraient arrivées à la guilde. Après avoir petit déjeuné auprès de Mirajane, Natsu s’attela directement à la tâche avec Happy, en attendant l’arrivée de la constellationniste. Une nouvelle fois, il détailla le tableau des missions, lisant consciencieusement une à une les affichettes disposées par Kinana. Chaque mission de rédemptrice lui faisait mal au cœur. Il avait envie de toutes les arracher et de les brûler. Tant de gens dépendaient de Lucy aujourd’hui, c’était quelque chose qu’il trouvait terrifiant.

Mirajane sourit avec Erza quand elles comprirent ce que faisait le dragon slayer. Natsu était peut-être un peu bêta, mais on ne pouvait pas lui enlever son grand cœur. Mais c’était tout le contraire pour Cana, qui elle, restait de marbre face à cette situation. Il ne fallait surtout pas que Lucy parte en mission avec lui. Elle la connaissait trop bien pour savoir qu’elle voudrait lui montrer ses progrès en magie. Connaissant les deux, elle s’imaginait déjà Natsu en train de proposer un défi à Lucy, qui, au début, serait trop humble pour croire pouvoir battre le grand Salamander, mais elle céderait vite face à la tentation de démontrer son talent.

Devait-elle intervenir ? Pourtant, elle avait bien déjà essayé auprès de Natsu l’autre jour, mais c’était comme parler à un mur, il ne comprenait décidément rien… Lucy sera-t-elle être assez responsable pour ne pas y aller ? Après tout, Cana n’était pas sa mère mais elle avait à cœur d’essayer de lui éviter les ennuis. Elle leva sa chope de bière, et but une bonne gorgée tout en observant Natsu et Happy, poursuivant sa réflexion.

Gildartz - Ma puce, ne me dit pas que tu en pinces pour Natsu ?!

Surprise, Cana recracha sa bière en entendant l’insinuation grotesque de son père. Décidément, son père avait un don pour mettre les pieds dans le plat. Tout de suite, Mirajane rappliqua et l’interrogea mielleusement pour savoir quand c’était arrivé et tous les détails romantiques qui pouvaient aller avec.

Cana - Non mais vous délirez là ! Moi, si je devais choisir un homme, ce sera quelqu’un qui puisse me battre au concours de saké !

Gildartz rigola fort et passa sa main dans les cheveux de sa fille, geste qui agaça cette dernière, le rabrouant automatiquement qu’elle n’était plus une enfant. C’est alors que Natsu s’approcha avec Happy auprès de Mirajane secouant une feuille à la main.

Natsu - On va prendre cette mission avec Lucy ! s’exclama-t-il gaiement.

Cana fronça des sourcils, crispé par la tournure que prenait la situation. Mirajane, toute souriante, tendit la main pour prendre la mission que lui tendait Natsu, lorsque Cana lui arracha la feuille des mains.

Happy - Hey ! C’est notre mission Cana ! Voleuse!

Cana - Je ne vous la pique pas, répliqua t’elle. Je regarde juste, nuance.


Elle lut attentivement le descriptif de la mission. Celle-ci consistait à escorter simplement un couple de bourgeois entre deux petites villes. Rien de bien méchant a priori vu le montant de la récompense. Cependant, il fallait mieux être prudent, on ne savait jamais sur quel débile on pouvait tomber sur le chemin. Cana en avait souvent fait l’expérience. Et les spectres n'étaient jamais bien loin non plus.

Cana - Ecouter, je ne veux pas faire la méchante, mais je vous rappelle que vous avez disparut pendant sept ans...

Natsu – Tu radotes Cana, tu vieillis mal.


Paf, et un coup de chope de bière en pleine tête du mage de feu, ne manquant pas de faire rire les quelques membres de la guilde déjà présent.

Cana - Laisse moi finir Natsu ! Sept ans, ce n’est pas rien, et ça veut dire que les autres ont sept fois plus d’expérience magique que vous. Est-ce que vous réalisez ce que ça veux dire ? Vous n’êtes plus aussi fort que ça.

Natsu et Happy se regardèrent, ils n’avaient pas pensé à ce petit détail. Mais tout de même, il était un dragon slayer après tout, ses flammes pouvait tout brûler, n’est ce pas ?

Natsu - N’importe quoi Cana ! Je peux battre qui je veux !

Le mage de feu arracha la mission des mains de Cana et la rangea soigneusement dans sa poche. En catimini, Max s’était rapproché, intéressé par la discussion. Il était vrai qu’il n’avait pas du tout réfléchit à cette possibilité, mais l’opportunité de faire ses preuves était là, et la tentation était trop tentante.

Max - Mais Cana à raison ! Cela veut dire que… J’ai mes chances après tout …Natsu, je te défi !

Natsu – Yosh ! Je m’enflamme ! s’écria Natsu trop ravie à l’idée d’enfin pouvoir un peu se défouler.


L’ensemble de la guilde se regroupa à l’extérieur, prêt pour un duel de choc. Natsu et Max se retrouvèrent pour débuter leur petit duel sans attendre plus longtemps pour débuter le combat. Arrivant seulement, Grey observa l’agitation et comprit tout de suite de quoi il ressortait. Natsu avait dû encore faire des siennes. Il regarda l’heureux protagoniste et fut très étonné d’apercevoir Max et sa magie de sable, qui contre toute attente se débrouillait plutôt bien. Voir tellement bien qu’il réussit à mettre Natsu à terre. Les membres de l’équipe Tenro, stupéfait par la mise à terre du mage de feu, comprirent aussitôt ce que Cana avait voulu dire : que leurs lacunes magiques allaient être difficile à combler.

Déstabilisé par la difficulté inattendue du combat, Natsu piqua une crise.

Natsu - Rhaaaa ! s’énerva t’il. Attends de voir ! Poing du dragon de feu !

Max – Cercle de sable protecteur !


Esquivant son attaque et se protégeant par un mur de sable, Max contre-attaqua et balaya Natsu au niveau des jambes par une lame de sable. A son grand étonnement, Natsu était de nouveau à terre. Auparavant, Max n'aurait jamais pu le battre à ce point même si pour lui le combat n'était pas fini, mais pour Max, c’était déjà une grande victoire. Motivé comme jamais, percevant une lueur de victoire se profiler devant lui, Max lança une nouvelle attaque de sable que Natsu contra par un poing de feu qui stoppa l’attaque sans pour autant éteindre le flot de sable qui se dirigeait sur lui. Ils renforcèrent chacun l’intensité de leurs attaques, l’un augmentant la quantité de sable et l’autre la force de ses flammes. Une goutte de sueur coulait sur le front de Max qui commençait à avoir du mal à maintenir l’intensité de son attaque, se sentant faiblir, détail qui n’échappa pas au mage de feu qui se concentra pour augmenter son poing de feu. Il était prêt à relancer son pouvoir lorsqu’il vit du coin de l’œil Cana qui les observait d’un regard désolé. « Beaucoup de choses ont changés », la phrase de Cana résonna en lui comme un glas funèbre et sans le vouloir, il revit par flash la soirée de la veille, l’attaque des spectres, son impuissance, la mort de cet homme père de famille qui le touchait tant, Lucy qui dansait… Et cet instant de faiblesse suffit à Max pour prendre l'ascendant sur le mage de feu en relançant une autre attaque de sable foudroyant, renversant définitivement Natsu.

Remarquant que le mage de feu restait à terre, Max resta là ahuri quelques instants, avant de laisser éclater sa joie et de savourer sa victoire.

Max - J’y crois pas, je n’aurais jamais imaginé pouvoir battre Natsu !! Oye les gars, la tournée est pour moi !

Dans une euphorie générale, tout le monde suivit Max à l’intérieur de la guilde, laissant Natsu tout pantois. Perdre contre Guildartz était une chose, mais perdre contre Max, l’orgueil du mage de feu venait de prendre un sacré revers. Les autres étaient déjà partis pour fêter la victoire étonnante de Max sur le dragon slayer, ne laissant pas le temps à ce dernier de prendre sa revanche face à cette stupide balayette. Pourtant, Natsu était sûr qu’il aurait pu le battre si seulement… Si seulement quoi ? Il s’était laissé perturber par ses émotions et cela lui avait coûté la victoire.

Avant de rentrer dans la guilde, Grey regarda son ami ce morfondre et eut malgré tout de la peine pour son rival, hésitant même à le réconforter mais à dire vrai, si il avait été à sa place, il n’aurait pas supporté qu’il ramène sa face de crétin. Alors il s’en alla, laissant Happy trouver les mots qui réconforteraient son ami.

Ne supportant pas des rester là, Natsu s'en alla, la moue boudeuse avec Happy et se dirigea vers leur étang de pêche avec l'exceed afin de se ressourcer. Ses plans étaient un peu tombés à plat face à cette nouvelle vérité. Il était convaincu qu'il aurait pu battre Max, mais personne n’allait le croire maintenant. Il aurait pu le battre, oui, même si il devait bien le reconnaître, avec bien plus de difficultés que par le passé, et cette vérité le gênait beaucoup. Comment pouvait-il prétendre aider Lucy s’il perdait contre Max ? Pêcher le calmerait peut-être. Et il avait raison. La pêche, ça, c’était une activité qui ne demandait pas grand-chose : ce vider l’esprit et attendre patiemment que le poisson pointe le bout de son nez. Et pour ça, Happy et Natsu étaient les meilleurs.

Après plus d’une heure de pêche sans avoir attrapé un seul poisson, Natsu râla et posa sa canne à pêche à côté de lui. Il s’allongea dans l’herbe, souhaitant faire une petite sieste quand il sentit quelque chose lui faire mal dans la poche droite de son pantalon. Ne se rappelant pas de ce que pouvait contenir cette poche, il farfouilla dedans et en ressortit l’objet douloureux : la clé d’or qu’ils avaient ramené pour Lucy. Happy découvrant l'objet, devint tout excité et voulut rentrer immédiatement à la guilde pour pouvoir la donner à Lucy. Natsu acquiesça et s’imagina tout de suite la joie de son amie qui lui permit d’apaiser sa déception passagère.



*******



En fin d’après midi, Cana s’était dirigée chez Lucy. Le fait qu’Happy et Natsu veuillent prendre une mission pour Lucy éveilla beaucoup de doute en elle. Elle aurait aimé prendre conseil auprès d’autres personnes, mais sa promesse à l’égard de Lucy l’en empêchait. Elle était même mal à l’aise avec Guildartz, son père qui semblait vouloir nouer des liens forts avec elle. Il était dur de résister à cette envie de se décharger de ce poids avec lui. Mais au fond, jamais elle ne trahirait sa promesse, même avec son père. C’est pourquoi Cana ressenti le besoin d’en discuter directement avec l’intéressée. Pour protéger Lucy, elle était prête à beaucoup de chose, mais il ne fallait pas que celle-ci prenne des risques. Elle espérait qu’elle était consciente des bouleversements qui s’étaient produit avec le retour de l’équipe Tenro.

Normalement, si Lucy n’avait pas utilisé plus de magie que prévu au cours de sa mission, Lucy n’allait pas tarder à être sur pied. Sur le chemin, Cana repensa encore à cette promesse et au jour où elle avait appris, en même temps que Lucy d’ailleurs, que celle-ci était atteinte de cette maladie incurable, il ya déjà quatre ans de cela. Depuis ce jour, elle avait décidé de tout faire pour que Lucy reste le plus longtemps possible parmi Fairy Tail.



Début FLASH BACK



C’était il y a quatre ans, en l’an X 787. Cana et Lucy allaient de temps en temps en mission ensemble entre deux missions de rédemptrice. Les deux jeunes femmes étaient devenues des mages très fortes, redorant notamment le blason de Fairy Tail. Lucy, en plus de pouvoir invoquer deux esprits en même temps, avait effectué plusieurs entraînements dans le but de maîtriser une magie parallèle intimement liée à celle des esprits : la magie des étoiles, cette même magie même qui lui permettait d'utiliser le sort Urano Metria.

Depuis son déclic et son échec face à Zeref, Lucy n’avait qu’une seule chose en tête : devenir plus forte pour pouvoir protéger sa guilde et mettre fin au règne du mage noir. Elle voulait croire et garder l’espoir qu’il existait un moyen de le battre, et surtout de venger l’humiliation et la terreur qu’il faisait subir au monde. Ainsi, Lucy tentait comme elle le pouvait d’alterner entraînement, mission classique et son rôle de rédemptrice. Elle enchaînait mission sur mission, s’accordant peu de temps de répits. A l’époque, les rédemptrices était beaucoup plus nombreuses et le nombre de spectres était moins important. Elle pouvait se permettre de ne pas consacrer tout son temps à ce fardeau qui incombait aux constellationnistes choisies. En conséquence, Lucy était très peu présente à la guilde. Elle les aidait d’une manière plus externe à celle-ci, en diffusant une bonne image de Fairy Tail grâce à ses missions de rédemptrices. Elle voulait être forte pour les protéger, c’était tout ce qui comptait à ses yeux, quitte à se sacrifier pendant quelques temps. Elle pensait sincèrement qu’ils auraient tout le temps de profiter plus tard, quand les années seraient plus faciles à vivre, lorsque le problème spectre serait résolu.

Au fil du temps, Cana avait remarqué qu’il fallait à Lucy de plus en plus de repos pour se remettre d’une mission, inquiétant celle-ci sérieusement. Elle la réprimandait régulièrement de trop en faire, sans que la jeune blonde ne fasse plus attention que ça à ses remarques. La constellationniste ne voulait rien savoir et continuait ses péripéties et sa quête. Pour elle, c’était normale d’être sur les rotules, elle ne s’accordait que très peu de pause, toujours dans le but de progresser. Toutefois, la vérité était là et n’échappa pas à Cana : Lucy était de plus en plus fatiguée après chaque mission.

Ce n’est qu’un jour, en se rendant au manoir Heartfillia pour récupérer des affaires dans le cadre d’une vente du terrain familiale suite à la faillite de l’entreprise de son père que Lucy se posa réellement des questions en croisant une de ses anciennes domestiques. Alors que Lucy n’avait jamais abordé la mort de sa mère en détail avec Cana, la domestique avait prit la liberté de se remémorer les doux et bons souvenirs qu’elle avait de Layla Heartfillia, la mère de Lucy, avec son héritière. Cependant, au cours de ce récit nostalgique, certains détails, trop précis pour relever du fruit du hasard, interpella Lucy et Cana.

Maria - A chaque fois que je vous voie Mademoiselle, je ne peux m’empêcher de penser à votre chère mère. Vous avez vraiment hérité de toute sa beauté. Votre mère était si forte, on l’aimait tous ici vous savez... Même dans ses dernières heures, elle restait une personne chaleureuse. Cette maladie était vraiment affreuse, heureusement que vous avez été épargnée Mademoiselle Lucy, Dieu soit loué… Mais vous devriez faire attention. On ne sait jamais. Moi, j’ai toujours eu peur d’être contaminé, mais on m’a expliqué que ce n’était pas possible.


La jeune femme blonde, très surprise par les derniers mots de la domestique, sentit surgir en elle un grand malaise devant ce qu’elle croyait être la vérité.


Lucy - Que voulez vous dire Maria ? Je croyais qu'elle était décédée suite à un accident.


Visiblement gênée par cette question, la domestique mit un terme très rapidement à la conversation et indiqua à Cana et à Lucy le nom du médecin qui s’occupait de Layla Heartifillia. Sûrement avait elle voulu se débarrasser de sa culpabilité, ou peut-être était-ce une manière de rejeter la responsabilité de ce secret sur quelqu’un d’autre. Cana n’avait jamais trop su. En tout cas, la domestique avait bien compris qu’elle avait commis un impair en parlant de la raison du décès de Layla avec sa fille.

Contrarié par cette annonce, Lucy décida d’aller voir ce fameux docteur. C’était pour elle la solution la plus saine car elle ne voulait pas importuner son père pour un si triste souvenir. Leur relation s’était légèrement amélioré, elle ne voulait pas la gâcher tout de suite. Pour autant qu’elle se souvienne, son père lui avait toujours dit que la mort de sa mère était accidentelle, sans vraiment rentrer dans les détails, pourquoi aurait-il menti à ce sujet ? Peut être que mlagré ses airs de père durs, il avait voulu la protéger en expliquant à sa chère enfant trop jeune pour perdre sa mère qu’elle était morte sans souffrir. Toutefois, les propos de la domestique avaient piqué sa curiosité. Et c'était même plus que de la curiosité, elle voulait juste connaître la vérité, même si cette vérité ne changerait rien au présent : sa mère était morte, peut importe le pourquoi du comment.

Suivant les indications de la domestique, les deux jeunes femmes traversèrent le domaine des Heartfillia pour se rendre chez le médecin de famille, où apparemment ce dernier habitait toujours, un peu plus au nord-ouest du manoir. Lucy ne se souvenait que très peu de lui. Apparemment, il attendait son expulsion définitive suite à la faillite de l'entreprise Heartfillia, trop attaché à sa maison pour partir avant la date péremptoire. Reconnaissant de suite Lucy, le médecin avait accueillit les jeunes femmes à bras ouvert. Malheureusement, cette visite amicale prit rapidement l’allure d’une consultation.

Lucy était assise sur le canapé du salon, tandis que Cana se tenait debout, derrière ce même canapé à regarder par la fenêtre la terre déserté des Heartfillia. C’était un chalet très sommaire, décoré que de quelques bibelots de ça et là, qui aurait mérité un petit nettoyage de fond, mais la pièce restait tout de même chaleureuse malgré la vétusté du lieu. Le docteur, comme toute personne ayant fréquenté la famille Heartfillia, était raffiné, poli, et il ne manqua pas à ses devoirs en proposant thé et gâteaux à ses invités de marque. Il essuya un refus auprès de Cana, mais Lucy accepta en gage de politesse, ayant encore quelques réflexes de sa vie passée. Lucy, qui tenait sur ses genoux une tasse de thé sur une coupelle, avait du mal à cacher sa nervosité quant à sa présence ici. Depuis sa conversation avec la domestique, un mauvais pressentiment s’était insidieusement ancré en elle, un malaise qui ne la quittait plus.

Lucy – Je vous remercie pour votre accueil Docteur Panasson. C’est très gentil à vous de prendre le temps de nous recevoir malgré notre visite impromptue, dit-elle poliment en sirotant doucement son thé.

Docteur Panasson - C’est un plaisir pour moi de recevoir la fille de Layla. Je ne vous ai pas ausculté très souvent pendant votre enfance, n’étant pas pédiatre, mais je me souviens encore très bien de vous, vous étiez très taquine vous savez.

Lucy – Ah oui, sans doute. Vous savez, je ne souhaite pas vous retenir très longtemps. C’est juste…La jeune femme déglutit et resserra légèrement la hanse de sa tasse avant de reprendre sa phrase. C’est juste que j’aurai voulu en savoir plus sur le décès de ma mère. C’est un sujet tabou avec mon père, voyez-vous, et je n’en ai que très peu de souvenir.

Dr Panasson – Oui, je comprends tout à fait. Je ferais de mon mieux pour vous éclairez sur ce drame Mademoiselle Heartfillia. Vous étiez si petite… Je peux vous dire en tout cas que vous vous en êtes merveilleusement bien sorti. Votre situation était délicate, mais regardez quelle magnifique jeune femme vous êtes devenu ! Si on m’avait dit un jour qu’une rédemptrice allait prendre le thé avec chez moi, je pense que…

Lucy – Je vous remercie docteur, mais… ce n’est pas vraiment ma question.

Dr Panasson - Oui, excusez moi, se confondant en excuse. C’est certainement dû à la joie de vous revoir et de voir comment vous vous êtes épanouie. C’est important pour un médecin de savoir comment vont ses patients et…Hum, Hum… Excusez-moi, je m’égare encore. Votre mère était atteinte d’une maladie très rare, que j’ai décelée assez tardivement mais cela est dû à une méconnaissance médicale certaine sur le sujet. D’après mes grimoires, elle a été recensée pour la première fois il y a peu près trois milles ans. Toutefois, la rareté de cette maladie a fait qu’elle a été très peu diagnostiquée par manque de connaissance certainement. C’est une maladie basée sur la puissance magique de la personne. Plus la personne a recours à sa magie et plus celle-ci consomme son capitale vie de manière proportionnelle. Ainsi, les personnes qui sont atteintes de cette maladie ne vivent malheureusement pas très longtemps, comme votre défunte mère.

Lucy - Co…comment ça ? Sa vie diminue ?


Alors que Lucy commençait à paniquer face aux explications du médecin, c’était tout le contraire pour ce dernier qui commençait à s’emballer, trop heureux de débuter un dialogue scientifique argumenté avec une personne censé.

Dr Panasson – C'est très simple. Dans le cadre de cette maladie, appelé communément la maladie de Ren, c’est un principe de proportionnalité qui s’applique. Tant que la personne ne possède pas un grand niveau magique, la maladie ne se ressent presque pas pour la personne malade. Mais lorsque ses pouvoirs s’amplifient, l’utilisation de ses mêmes pouvoirs perturbe le métabolisme humain rendant le flux magique qui parcourt notre corps instable. Comme vous le savez, ce flux magique est pour tous les mages un élément vital. Pour eux, il y a une santé physique, mais aussi une santé magique. On peut mourir en utilisant trop de magie Mademoiselle, le saviez- vous ? Or, si ce flux magique est défaillant, le corps tout entier le sera également. Ces deux éléments ne font qu’un. C’est dans ce contexte fragile que naît cette maladie. Ainsi, après une utilisation trop radicale des pouvoirs magiques d’une personne atteinte de cette maladie, le corps tente de réparer cette fluctuation instable de magie, entraînant divers symptômes selon la puissance magique utilisée.

Lucy - Des symptômes ? Lesquels ?

Dr Panasson - Tout dépend de l’échelon magique et de la sensibilité de la personne je dirais, mais aussi de la quantité de magie utilisée. Il a été recensé comme symptome notamment la fatigue, tout comme des crampes musculaires, des vertiges pouvant aller jusqu'à des nausées, des mots de tête ou encore la perte de connaissance. Votre mère était une grande constellationniste, de ce fait, ses symptômes étaient très prononcés.

Attentive depuis le début, Cana, écarquilla les yeux en entendant cela, puis se tourna prestement vers Lucy. Cette dernière tentait de maîtriser ses mains qui tremblotait sur sa tasse de thé qui par la même s’entrechoquait avec la coupelle. Toutes deux étaient en train de comprendre que les affaiblissements récents de Lucy étaient loin d’être si anodin. Malheureusement, les symptômes évoqués par le médecin étaient très évocateur pour Lucy qui en connaissait déjà quelques un, à son plus grand regret.

Le docteur pensa tout d’abord que les yeux embués de larmes de Lucy était dû au souvenir déplaisant de la mort de sa mère rejaillissant du passé. Toutes les vérités ne sont pas faciles à entendre après tout. Toutefois, à la question suivante, il comprit que ce n’était pas cette vérité là qui était à l’origine de ses larmes. Avec tout l’aplomb qu’elle disposait, Lucy osa poser la dernière question :

Lucy – Est-ce… Est-ce héréditaire docteur ?

La jeune femme connaissait déjà la réponse à sa question, mais elle se sentait obliger de la poser pour écarter le moindre doute sur la chose car il existait tout de même une infime chance que ce qu’elle ressentait après chaque mission ne soit que le fruit de son entrainement exacerbé. La jeune femme blonde fixait le sol, le regard vide, essayant de se souvenir des détails de la mort de sa mère. Elle n’en avait pas, ou très peu. Elle se souvenait brièvement de la voir étendue par terre sur le sol de la salle à manger avant que sa domestique ne l’emmène dans sa chambre sous les ordres de son père. Par contre, elle se souvenait très bien que sa mère était régulièrement fatiguée, que son père la grondait souvent lorsque Lucy allait la voir et lui demandait de la laisser tranquille pour qu’elle se repose. La raison était maintenant évidente pour elle, mais elle était trop jeune à l’époque pour comprendre.

Docteur Panasson - Je… ne sais pas vraiment. Je n’ai pas lu d’étude sur la génétique, tenta t’il vainement se justifier. C’est possible d’avoir des prédispositions j’imagine. Mademoiselle Lucy, ne me dites pas que…

Lucy se releva en coupant la parole du Docteur Pannasson, et lui tendit la main, préférant mettre fin à cette entrevue :

Lucy - Je vous remercie docteur, pour tout. Je ne pensais pas en venant ici apprendre… ce genre de chose, mais je vous en suis reconnaissante d’avoir pu éclairer mes interrogations.

Le docteur ne sachant quoi répondre, tendit la main à son tour et serra celle de la jeune femme. La main de Lucy lui sembla si froide qu’il en fut tout bouleversé. Alors qu’elle s’apprêtait à partir, le docteur se ressaisit pour formuler encore quelques mots à son intention.

Dr Panasson - Mademoiselle Lucy, vous pouvez vivre encore longtemps vous savez. Quel âge avez-vous maintenant ? Vingt ans environ ? Non ? Si vous faites attention à votre consommation magique, vous pouvez facilement vivre jusqu’à vos 35 ans voir 40 ans.

Lucy ne se sentit pas la force de répondre et continua sa marche vers la porte d’entrée. Cana, elle, était resté coi, choquée, tremblante face à cette nouvelle qui la bouleversait si profondément. Quand sa camarade eut franchit la porte, Cana se décida à réagir et à se ressaisir afin de rattraper Lucy. Déjà loin devant, cette dernière avait adopté une marche rapide, donnant bien évidemment l’impression à Cana que Lucy cherchait à fuir cette maison.

Uses pas étaient de plus en plus rapide, un sentiment profond d’injustice remontait du plus profond d’elle même : ses amis qui disparaissaient, Zeref et l’arrivée des spectres, son choix de devenir une rédemptrice, sa mère et cette putain de maladie. Elle avait besoin de hurler, d’injurier le monde et le fameux salut que les rédemptrices étaient censé apporter, une envie folle de tout lâcher, tout abandonner, ne serait ce que quelques secondes. Un mal de tête fracassant martela son cerveau qui ne voulait pas accepter cette annonce sournoise lorsqu’elle sentit Cana lui attraper le bras pour la retourner face à elle.

Alors que celle-ci se lamentait sur son sort, Lucy se sentit désarmer face à la tristesse de sa coéquipière dont les joues abondaient de larmes. Elle n’avait jamais vu Cana dans un état pareil. Elle la détailla du regard, remarquant que celle-ci lui parlait, mais elle n’entendait rien. Lucy avait l’impression d’avoir pénétré un autre monde, un monde où toutes ses certitudes étaient en train de s’écrouler. Elle voyait Cana lui saisir les mains et qui continuait de lui parler. C’était comme une bulle de chagrin qui l’assommait. Soudain, une larme tomba sur la main de Lucy qui s’éveilla de son cauchemar. Cana semblait aussi affolée qu’elle, ses larmes ne cessaient de s’écouler de ses beaux yeux marron. Aussitôt, le son fit son retour, et la voix tressaillante de son amie l’accabla. Elle se sentit alors si égoïste de faire subir cela à son amie, elle était juste venue l’accompagner, argumentant d’une bonne journée entre copine qui finirait au bar pour venir avec Lucy. Le contraste dans l’attitude de Cana l’effraya. Si la mage aux cartes réagissait comme cela, alors comment régiraient les autres membres de la guilde ? Non, elle ne voulait pas revoir ce regard, ses larmes, ce regard angoissé qui trahissait sa propre condamnation. Non jamais ! Elle ne voulait pas faire plus de mal qu’elle n’en faisait déjà. Cana n’aurait jamais dû apprendre cela et elle s’en mordait les doigts.


Cana – Tu m’écoutes Lucy ? On va faire des recherches, on ne sait jamais, peut-être que quelqu’un quelque part pourra t’aider. Les autres pays voisins sont peut être plus avancée que nous médicalement parlant. Et puis, en attendant, tu peux arrêter tes missions, te reposer, ne plus utiliser ta magie, ou sinon…

Lucy - Arrête Cana, ça suffit ! L’interrompit-elle, ne supportant plus les propositions de son amie. Tu l’as bien entendu, non ? Tout comme moi ! C’est incurable alors n’invente pas d’espoir là où il n’y en a pas. Je ne peux pas arrêter d’être mage, ce serait renoncer à être moi…Et je ne peux pas arrêter d’être rédemptrice maintenant que je suis engagée, on compte sur moi.

Cana - Ne dis pas ça Lucy ! Je ne veux pas te perdre et personne ne le veux ! Fairy Tail ne te laissera pas poursuivre tes missions. Si tu ne veux pas faire de recherche, moi j’en ferais ! Je ne laisserai pas une amie de plus mourir devant mes yeux !


Une amie de plus ? Qui était mort ? Réalisant que Cana parlait de l’équipe Tenro, Lucy se renferma. Il était vrai que dans cette histoire, Cana avait peut-être perdu un père, ce qui devait être bien dur à surmonter. Elle se rappela alors de la scène que lui avait fait Cana quand elle avait choisit de devenir une rédemptrice. Elle lui avait hurlé dessus, la traitant de folle tout en citant d’autres noms d’oiseaux. La guilde ne s’était pas réjouit de cette nouvelle non plus, car c’était mettre en première ligne sur un champ de bataille une camarade. Cette attention l’avait touchée au plus profond d’elle, ce n’était pas de l’égoïsme, c’était simplement de l’amour. Et ce sentiment fit de nouveau surface à cet instant précis.

Quant à Cana, elle se sentait si mal. Elle ne pouvait pas laisser partir Lucy, son amie, sa sœur de guilde. Depuis deux ans, elles étaient devenues très soudées et pour elle, il était impossible de vivre à la guilde sans Lucy. Chacune était devenue le pilier de l’autre, réconfortant chacune leur tour celle qui en avait le plus besoin. Le mot impossible n’existait pas à Fairy Tail et le mot incurable rimait avec impossible. Cana trouverait une solution, coûte que coûte.

Lucy, chamboulé par ses propres émotions et par celles de Cana, était perdue. Que dire ? Que faire ? Après tout, si proposer de rechercher une solution pouvait soulager son amie, elle n’avait pas à hésiter.

Lucy - Cana, écoute moi.

La constellationniste posa ses mains sur les épaules de Cana, cherchant à bien retenir son attention. La jeune femme brune se détendit légèrement au contact de son amie.

Lucy - Je veux bien que l’on fasse des recherches, toi et moi. Pour commencer, on pourra déjà allez voir mon père pour voir ce qu’il peut nous dire, sans forcément lui expliquer les choses en profondeurs. Je n’ai pas vraiment envie qu’il comprenne que… Que sa fille va… Enfin, tu comprends. En échange, tu dois me promettre une chose.

Cana - Quoi ? S’étonna-t-elle.

Lucy - Personne ne doit le savoir, tu m’entends ? C’est peut-être beaucoup te demander, je sais, mais je ne veux plus revoir ce regard Cana. La guilde souffre déjà assez de l’absence des autres et de l’arrivée des spectres, je ne veux pas leurs causer plus de peine, ce n’est pas le moment. Je t’assure Cana, quand ce docteur à compris, j’ai vu ce regard accablant. Toi aussi tu as eu ce regard. Comprends moi, je ne t’en veux pas, ni à lui d’ailleurs, mais… C’est trop dur à supporter. Voir cela tous les jours, la tristesse, la peine, le désespoir, c’est hors de questions. C’est déjà compliqué de garder la tête hors de l’eau avec les spectres alors je ne veux pas me rajouter une difficulté supplémentaire. Je ne veux plus le revoir, tu m’entends ?! Je ne veux pas faire souffrir la guilde une fois de plus.


La mage aux cartes, désorientée, ne comprenait pas vraiment la requête de son amie, mais celle-ci ne posa pas plus de question. L’esprit embrouillé par le chagrin, elle secoua la tête en signe d’accord. Après tout, la vie de son amie était plus importante que tout et annoncer ce genre de nouvelle à la guilde était loin d’être sa priorité, elle comprenait très bien qu’elle souhaite les protéger et leur épargner cela, convaincue que cela ne durerait qu’un temps avant de trouver un remède.

Lucy - Dis le Cana, promets le moi ! insista t’elle.

Cana - Oui… Je te le promets.



Fin du FLASH BACK



Cana se trouvait à présent devant la porte d’entrée de son amie. Elle était loin de s’imaginer que ce jour là, cette promesse allait encore tenir quatre ans après. Elle pensait qu’elles auraient trouvé une solution bien avant. Malheureusement, elles n’avaient eu aucune piste concluante, et malgré tout, elle avait tenu sa promesse, même si, avec le temps passant, elle se demandait si le maintien de ce secret était encore nécessaire, surtout avec le retour de l’équipe Tenro. Et plus le temps passait, et plus un mensonge de cette ampleur serait difficile à accepter. Comment réagiraient les membres de la guilde si ils apprenaient que pendant quatre années ont leur avaient menti ? Elle, elle savait qu’elle aurait été furieuse. Alors, devant cette impasse, autant poursuivre ce mensonge, d’autant qu’elle était coincée par cette fameuse promesse. Elle savait la valeur que Lucy accordait aux promesses, la rompre revenait à briser son amitié avec elle, et cela, il en était hors de question. Un soir, Lucy lui avait raconté celle que lui avait fait Natsu avant de partir pour l’île Tenro, et elle n’avait pu que constater cette croyance mystique qu’elle donnait aux promesses, les vénérant presque jusqu’à en perdre tout notion de rationalité. Rompre sa propre promesse décevrait énormément la constellationniste, Cana en avait bien conscience, elle tenait bien trop à l’amitié et à l’estime que lui portait Lucy pour tenter quoique ce soit. Lucy était une des rares à ne pas la considérer comme la simple poche de Fairy Tail, elle la considérait en tant que femme, fille et amie.

Reprenant doucement ses esprits, elle toqua et annonça sa présence avant d’entrer en poussant délicatement la porte. Elle trouva Lucy, qui se tenait debout devant son bureau en train de ranger des papiers. La constellationniste se retourna et lui sourit timidement, avant de poursuivre ses petites affaires. Après avoir refermé la porte, Cana s’affala sur le lit de sa camarade.

Cana - Comment te sens-tu ?

Lucy – En pleine forme.


Encore en pyjama, Lucy partit se changer à la salle de bain pour enfiler un short bleu et un t-shirt noir. Connaissant son amie par cœur, Lucy savait parfaitement la raison de la présence de Cana. Elle était même presque étonnée de ne pas l’avoir vu rappliquer plus tôt. Si Cana était là, c’était pour parler de leur retour, c’était une évidence, mais Lucy n’avait pas vraiment envie d’aborder ce sujet. Même si à son retour à l’appartement la veille au soir ne lui avait pas permit d’y réfléchir, elle avait eu tout le temps en ce début de matinée, ayant même du mal à réaliser qu’ils étaient enfin rentrés. Malgré les douleurs de la nuit passée, elle s’était réveillée telle une petite fille qui avait appris qu’elle passerait toue la journée au parc, aussi excitée qu’une puce, avant de réaliser toutes les complications que cela allait entrainer.

Lucy prit alors tout son temps pour s’habiller. Ne pouvant échapper à cette conversation sans rester enfermé dans sa salle de bain, Lucy prit son courage à deux mains et s’avança pour s’asseoir sur le lit à côté de Cana. Elle attendit patiemment que cette dernière engage la conversation.

Cana - Au moins, l’équipe Tenro est au courant pour tes activités « non lucratives » maintenant, ironisa t’elle.

Lucy - Mouai,…répondit-elle d’un ton un peu maussade avant de se réjouir à nouveau en pensant à l’équipe Tenro. Je n’en reviens toujours pas qu’ils soient tous revenu ! C’est tellement inespéré !

Cana - S’il y avait bien quelqu’un qui osait encore y croire c’était toi et Roméo.

Lucy - Et pourtant, parfois je me demandais si je ne faisais pas fausse route. Au final, on avait bien raison de toujours y croire.

Cana - Oui, et on peut toujours y croire pour toi aussi.


Comprenant le sous entendu concernant sa maladie, Lucy se renfrogna n’aimant pas vraiment aborder le sujet.


Lucy – Mon cas est différent Cana, tu le sais bien.

Cana - Et tu vas faire comment maintenant qu’ils sont rentrés ? Notre petit secret ne va pas pouvoir perdurer très longtemps.

Lucy - On a bien réussi à tenir jusque là.

Cana – Exact, mais cela ne va pas être facile, surtout avec Natsu et Happy. Dès le premier jour, Ils ont été assez intrusifs. Je les ai même chassés de chez toi.

Lucy – Quoi ?! s’énerva t’elle devant cette révélation.

Cana – Et oui, tu t’attendais à quoi ? Pour eux, rien n’a changé tu sais. Ils avaient l’habitude de squatter chez toi tout le temps avant et je doute qu’il s’arrête de faire cela du jour au lendemain. Je voudrais juste…Je ne voudrais pas que tu sois trop imprudente tout cela pour protéger ton secret.

Lucy - Je m’en charge Cana, ne t’inquiète pas, je peux gérer ça toute seule. Je ne vais pas t’imposer d’autre chose. Bon, maintenant que tu m’as fait la morale, partons à la guilde. Je ne voudrais pas qu’ils se posent trop de questions.


Lucy était sereine face à cette problématique. Personne ne l’accompagnait à ses missions de rédemptrices, sauf Cana exceptionnellement, personne. Lucy n’avait pas besoin de beaucoup d’argument pour inviter les gens à ne pas la suivre, la peur était en principe suffisante pour dissuader quiconque de l’accompagner. Et quand bien même, dans l’hypothèse où Natsu et Happy insisteraient, ce qu’elle trouverait ridicule, elle savait qu’elle saurait trouver les mots, quitte à être dur avec eux.

Malgré les mots réconfortant de Lucy, Cana restait sur sa réserve, la théorie était bien belle, mais la pratique, c’était une toute autre affaire.