Par un geste emplit de tendresse, Erza jeta des fleurs cueillies dans les parterres du village de Tahori dans le dernier feu qu’il ferait lors de cette nuit diabolique. Il était tard, probablement aux alentours des deux heures du matin. D’affreuses courbatures assaillaient leurs muscles durcit par l’effort continu, mais ils restèrent là, ensemble, quelques instants, pour rendre un dernier hommage à ses personnes disparut trop vite. Ils n’avaient aucune idée du nombre de corps qu’ils avaient déplacés, mais à cet instant là, cela n’avait plus d’importance, car au fond, ils savaient que toutes ses personnes vivraient désormais en paix.
Inconsciemment, Grey remercia le fait qu’ils étaient intervenus dans un simple petit village qui devait difficilement héberger plus de deux cents habitants. Avaient-ils vraiment brulé autant de corps ? Grey n’aurait su le dire, son cerveau était hors service depuis plusieurs heures déjà. Ils avaient fait un nombre incalculable d’aller retour en trimballant une charrette vers ce brasier, avançant tel un zombie parmi ses amis. Ce fut long, mais cela en valait la peine. Chacun avait pu vivre cet instant marginal de manière différente, rappelant à chacun ce qui était important pour eux. Erza eu une pensée envers ses amis de Fairy Tail qui étaient resté à la guilde, provoquant chez elle un pincement au cœur en imaginant la même scène dans la ville de Magnolia… ses amis ou le maître, ils étaient tous susceptibles d’être visé par les spectres. Elle frissonna, à cause de la fatigue ou de cette vision brulante qui se trouvait face à elle, elle ne savait pas vraiment, mais elle savait juste qu’il était temps de se retirer, leur mission à eux étaient accomplis.
Erza – Rentrons-nous reposer. On a fait tout ce que l’on a pu.
En silence, chacun détourna l’un après l’autre son visage du feu ardent. Dès les premiers instants où ils s’éloignèrent du foyer incandescent, le froid de la nuit rongea leurs joues encore habitué à la chaleur du feu. Ce retrait de chaleur qui leur rappelait que cette nuit, ils allaient tous dormir dans ce village sans vie. A priori, ils auraient tous été réticent à cette idée, mais à cette heure-ci, la fatigue était bien plus forte que leurs idéaux.
Au grand soulagement de la mage aux armures, la nuit dissimulait sans mal l’absence pourtant si évidente d’une présence humaine dans le village. C’était comme-ci les habitants étaient encore endormis chez eux, sans se préoccuper du lendemain. Erza pouvait encore s’imaginer au lever du soleil une de ses journées si agité pour préparer le festival du printemps fleuri. Elle esquissa un sourire triste à cette pensée. Elle savait parfaitement qu’en songeant à cela, elle se faisait du mal, pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser à ce village qui devait si plein de vie. Peut-être espérait-elle ainsi perpétuer leur mémoire…
Une fois arrivée près de la maison où Lucy se reposait, Erza se sépara de ses compagnons sans dire un mot, en s’éloignant vers un autre dôme. Grey s’arrêta et la regarda refermer la porte derrière elle avec Natsu. Sans aucun doute, la mage aux armures était blessé, comme eux tous. Ils avaient l’impression d’avoir vieillit de dix ans en une seule journée. Tout cela lui retournait l’estomac, même si il tentait tant bien que mal de dissimuler ses inquiétudes. Il savait que tout comme Erza, il avait besoin de réfléchir à tout cela, savoir comment appréhender l’avenir et se préparer mentalement pour la suite. Il n’aspirait qu’à une chose : la solitude, pour quelques heures. Il s’adressa alors à Natsu.
Grey – Je suppose que tu va retourner voir Lucy.
Natsu – Hum. Je vais relayer Wendy et Charuru.
Grey – Très bien… Je n’en aurais pas eu la force. Je crois que je ne vais pas réussir à dormir ce soir.
Sur ses mots, le mage de glace vagabonda sans regard vers le dragon slayer de feu pour s’enfoncer un peu plus profondément dans le village qu’il connaissait à présent comme sa poche, mais à contre cœur. Au fond de lui, il espérait… Il espérait que cette marche nocturne lui apporte quelque chose. Lorsqu’il comprit enfin ses propres intentions absurdes, Grey arbora un petit sourire en coin. En effet, il espérait bien retrouver un rescapé dans ce cimetière géant.
**************
Natsu savait pertinemment que pour lui aussi, le sommeil tarderait à venir, contrairement à Happy, déjà endormi, qu’il tenait dans ses bras. Ce dernier était tombé de fatigue quelques heures plus tôt. Natsu était fier de lui, Happy était devenu beaucoup plus fort depuis leur retour de l’île Tenro, et il avait pu ainsi aider ses amies dans cette sombre tâche qui était la leur cette nuit. Il avait parfois tendance à oublier son âge tellement qu’il était surpris par ses réactions beaucoup plus réfléchis qu’avant, plus mûres. Ils avaient grandit ensemble, tous vécu à deux, et pourtant, sur ce coup, Happy semblait avoir une longueur d’avance sur lui. Plusieurs fois il lui avait dit d’arrêter et de rentrer se reposer, mais à chaque fois, Happy se releva malgré l’épuisement, puisant à chaque fois un peu plus loin dans sa réserve de magie. Une image de Roméo s’immisça dans l’esprit de Natsu, comment aurait-il réagit face à tout cela ? La comparaison n’était que trop facile avec Happy : deux gamins dont leur enfance fut ôté sans foi ni loi. Roméo était déjà si désabusé par le sort, qu’il remercia Lucy de ne jamais l’avoir emmené dans l’une de ses missions. Natsu espérait juste qu’Happy, une fois tout cela terminé, ne devienne pas aussi amer que Roméo. Il inspira un grand coup, puis il se décida enfin à pénétrer dans la petite maison où Wendy veillait sur Lucy.
Le temps d’adapter sa vue à l’obscurité, il s’arrêta sur le palier de la porte pour chercher du regard ses camarades. La petite Wendy était assise sur un tabouret sur le bord du lit où Lucy semblait dormir profondément, et Charuru était roulé en boule au pied de Lucy. Il déposa Happy juste à côté de la chatte blanche, sachant pertinemment que cela ferait plaisir à Happy de se réveiller au matin à ses côtés. En déposant Happy sur le lit, Natsu se rappela de la fois où l’exceed bleu lui avait expliqué qu’il aimerait bien dormir avec Charuru, comme Natsu faisait régulièrement avec Lucy. Le mage de feu n’avait pas vraiment comprit le rapport entre Charuru et Lucy, puisqu’il avait bien comprit que pour l’exceed, la petite chatte blanche représentait bien plus qu’une amie, alors que du côté de Natsu, Lucy était l’incarnation de l’amie parfaite. Il se souvenait encore trop bien lorsqu’il avait tenté de lui expliquer que c’était différent, sans vraiment pouvoir détailler en quoi cela l’était… et il ne le savait toujours pas.
Ce n’est qu’en s’approchant un peu plus de ce lit que le souvenir de Natsu s’effaça, contrarié par une odeur dérangeante, une odeur qui émanait d’une zone entre le lit de Lucy et Wendy. Il mit pourtant quelques instants à reconnaitre cette odeur, son odorat était encore sacrément affecté par l’odeur incommodante des corps brulés des habitants de Tahori, ses capacités olfactives de dragon avaient de ce fait un peu de mal à assimiler la moindre odeur à une destination. Ainsi, il reconnut difficilement l’odeur de régurgitation qui provenait du sol, juste à côté de Wendy, odeur déjà peu agréable en soit qui se mêlait à celle encore plus répugnante qui était ancré en lui.
Pendant tout ce temps, il avait pris sur lui, il savait que ce qu’il faisait était ce qu’il y avait de mieux à faire. Et pourtant… Il ne cessait de repenser à ce brasier décomposant les corps des villageois. Reproduire ce bucher à toutes les missions de Lucy, c’était inimaginable, mais il tiendrait le coup. Combien de fois avait-elle vécu cela ? Obligé d’abandonner les corps désincarnés sur les lieux du crime, sans pouvoir faire autre chose que de partir pour de nouveau affronter le monde.
De ses deux mains, Natsu se frotta le visage, comme pour effacer cette odeur nauséabonde de cadavre qui semblait s’incruster dans ses narines. Puis, il remarqua le robinet de la kitchenette, où il se rua pour prendre un peu d’eau. L’eau s’écoulait sur ses mains, observant pendant quelques secondes ce flux immuable, puis d’un geste vif, Natsu aspergea son visage de plus en plus vite. Et tout à coup, une envie oppressante de laver tout son corps bourgeonna dans sa tête. Ce n’était pas ses mains qu’il fallait purifier, il voulait effacer l’idée saugrenue et si belle à la fois qu’il avait eu, d’avoir brulé la peau à vif de tout ses gens : hommes, femmes, enfants.
Pris de vertige, il s’assit par terre, quelques minutes, juste le temps de remettre de l’ordre dans son cerveau. Il n’avait jamais été aussi mal de toute sa vie. Si Natsu avait horreur d’une chose, c’était de rien maitriser. Pour lui, les choses étaient simples, il avançait aux côtés de ses amis, de Fairy Tail, cœur vaillant voué à protéger sa famille. Mais plus rien ne lui paraissait aussi simple, son esprit s’embrouillait, les odeurs, les souvenirs, tout se mélangeait. Ce qui était compliqué ? Il ne les prenait pas en compte, tout simplement. Alors pourquoi ne faisait-il pas de même aujourd’hui ? Pourquoi ne pouvait-il pas chasser de ses narines cette affreuse odeur ? En même temps, on avait rarement le droit de voir un tel chaos, digne d’un véritable champ de guerre.
Quand il sentit sa respiration se réguler de nouveau, il força sur ses jambes pour se relever, l’une après l’autre, malgré les courbatures. Une fois debout, il décida de porter Wendy sur le canapé qui se tenait à l’autre bout de la pièce, afin de mieux l’allonger. Il était certainement plus moelleux que cette vieille chaise où elle dormait. Il s’approcha doucement, et la porta adroitement, sans la réveiller. Il en fit tout autant en la déposant sur les cousins moelleux du divan. Il tira ensuite la chaise sans faire de bruit, pour la caler contre un mur de la pièce.
Assis, il regarda autour de lui, ses yeux passant de Wendy sur sa gauche à Lucy en face de lui, puis de Lucy a Happy. Il essayait de se concentrer sur le réel, mais à chaque clignement de paupière apparaissait diverses visions, entrecoupant sa vue de cadavres et de flammes ardentes. Il apposa sa tête contre le mur, elle semblait lui peser si lourd qu’il en avait mal à la nuque. Avec toute les horreurs qu’ils avaient vues aujourd’hui, ils n’étaient pas très étonnants que Wendy vomisse face à cette aversion.
Un violent mal de crâne assomma soudainement Natsu. De plus en plus d’images défilaient dans sa tête. L’odeur des corps brulés venaient encore et encore lui picoter les narines. Ses yeux étaient ouvert, et pourtant, il voyait des enfants jouer dans les rues qu’il avait arpentées toute la journée et une partie de la nuit, puis venait l’image inerte de leur corps, ses flammes… Ses propres flammes qui était jusque là signe de force et vie pour lui. Trahit par ses propres flammes… Non, c’était lui qui l’avait voulu. Elles revenaient sans cesse devant ses yeux, le narguant d’horreur. De nombreuses fois, il essaya de les chasser en fermant les yeux ou en se massant la tête, mais rien n’y faisait, il lui semblait que des millions et des millions de flash agressaient son cerveau désorienté. Il voyait ses amis, brulé tour à tour, puis Lucy qui dansait dans ses propres flammes, brandissant son précieux bâton comme une fleur délicate. Quoiqu’il fasse, il la voyait bruler alors qu’elle était bien là devant lui, en train de dormir tranquillement.
Cette vision l’insupporta. Il n’en pouvait plus, il s’appuyait en vain sur ses coudes pour maintenir sa tête au dessus de ses genoux usés par l’effort. Les autres étaient-ils dans le même état que lui ? Devenait-il fou ? Comment supporter la terreur qui s’emparait de son esprit…
Et il revit danser Lucy dans les flammes de l’enfer, et c’est alors qu’il comprit que pour elle, cela faisait cinq ans que tout cela durait. Tout d’un coup, Natsu comprenait désormais la nouvelle Lucy, celle qui s’éloignait de ses amis afin de mieux les épargner et qui s’endurcissait au fur et à mesure que le temps s’écoulait. Comment pouvait-on rester humain face à tout cela ? Les spectres n’épargnaient rien, ils avaient faim, faim de retrouver la paix, sans se soucier du prix à payer. Tuer était la meilleure solution pour faire réagir, pour faire attirer la paix.
Alors qu’il tentait d’échapper aux ténèbres, Na tsu ne remarqua pas la petite tache sombre qui s’était formé sur son pantalon. Les ténèbres avaient réussi à lui soutirer une larme…
La nuit était encore là quand Lucy se réveilla. Ouvrant doucement ses paupières, elle n’aurait su dire l’heure qu’il était. La pièce était fortement éclairée par la lune qui était à son zénith, permettant à Lucy de bien distinguer le lieu où elle était.
Encore légèrement fourbu et raidit par les courbatures, Lucy prit le temps de se redresser en poussant lentement sur ses bras encore frêles. Elle fut alors surprise de sentir un poids au pied du lit l’empêchant de s’étirer de tout son corps. Elle chercha du regard cette source gênante et aperçut Happy et Charuru lovés l’un contre l’autre sur le lit où elle était installé, et à sa droite Wendy recroquevillé sur elle-même sur un vieux divan. Sans avoir besoin de demander plus d’explication, elle comprit qu’ils avaient veillé toute la nuit, juste pour elle.
Touché dans un premier temps, elle ne tarda pas à perdre son sourire en se rappelant par bribes de cette nuit agitée qu’elle venait de passer. Tout en se mordant les lèvres, elle serra le drap de ses doigts encore faible, ne pouvant qu’appréhender leur réveil. Wendy…Charuru… Qu’allaient-elles dire sur sa fièvre et ses aigreurs ? La peur supplanta la honte dans le cœur de Lucy. Natsu-ce une voie sans issue pour elle ? Soucieuse de leurs réactions, elle ne fit pas attention qu’une autre personne était présente dans la pièce. Ce n’est que quelques instants plus tard qu’elle ressentit une autre désagréable sensation, celle de se sentir observé. Cherchant l’élément perturbateur, elle tourna la tête vers une masse ombragée qui se trouvait sur sa gauche, dans un coin sombre au fond de la pièce. Elle reconnut tout de suite le regard perçant de Natsu.
Surprise dans ses pensées, elle s’adressa à lui en chuchotant mais en cachant difficilement le tressaillement de sa voix :
Lucy – Natsu ?! Tu es là depuis longtemps ?
Natsu – Je ne sais pas, je ne compte plus vraiment le temps.
Lucy –Ah…Vous avez veillez sur moi j’imagine, comme pour un bébé.
Natsu – Oui, enfin, Wendy et Charuru se sont occupées de toi au début, mais je suis venu prendre le relai.
Lucy – Je vois… C’est pathétique…
Ses mots furent prononcés dans un faible murmure, un souffle auquel Natsu aurait voulu répondre mais il n’en eut pas le temps.
Lucy – Vous… Erza et Grey ? Où sont-ils ?
Natsu – Partis se reposer. Et toi aussi tu devrais en faire de même.
Lucy – J’ai déjà bien assez dormi, tu ne crois pas ? Et toi ?
Natsu – Disons que j’ai du mal à trouver le sommeil ses temps-ci.
Lucy – Oh…
Lucy ne sut quoi dire d’autres. Ce n’était pas vraiment bon signe si même Natsu avait des difficultés pour dormir. Pourquoi ? Malgré l’obscurité, elle détailla Natsu du regard. Elle remarqua les cernes qui s’étaient formé sous ses yeux, et les traits qui s’étaient formé sur son visage harassé. Elle avait l’impression… qu’il avait changée sans vraiment savoir en quoi. Derrière son air de grand gamin se reflétait désormais un homme, un homme qu’elle ne connaissait pas mais qui en même temps lui paraissait tellement familier. Ils avaient dû avoir une nuit bien difficile sans savoir vraiment en quoi… Puis, Lucy se rappela avoir entendu Wendy dans sa folie qui expliquait à Charuru qu’elle espérait que les autres aient bientôt fini dans le village... De quoi parlait-elle déjà ? De corps ?
La vérité la frappa de plein fouet. Tout à coup, la culpabilité se fraya un chemin jusque dans ses pensées. Sans elle, il ne serait pas tous dans cet état déplorable, où était le Natsu si intrépide et incrédule qu’elle connaissait ? Celui qui aurait su lui remonter le moral dans toute situation ? Elle se surprit à espérer voir un certain sourire, celui de Natsu, celui qui malgré les apparences enchantait son cœur de courage et de force. Elle en avait besoin, elle avait besoin de réconfort, d’être rassurée, d’être… Non, de protection ? Comment pouvait-elle penser à cela ? Face à ce sentiment, la colère remonta en elle. Encore une fois, elle se lamentait sur son sort. Elle se sentait si nulle, si coupable de tout ce qui pouvait se passer autour d’elle. Elle en venait presque à se détester de ne pas avoir plus insisté pour que ses amis ne l’accompagnent pas. Sans elle, Wendy n’aurait pas vu la monstruosité de ce monde, de même pour les autres. Honte et culpabilité cisaillaient son cœur meurtri.
Démoralisé, Lucy se rallongea dans son lit, préférant cacher sa tristesse sous les draps. Malgré tout, elle jetait de temps en temps un regard dans la direction de Natsu, cherchant un changement de comportement, espérant pouvoir se morfondre tranquillement comme elle savait si bien le faire. Mais à chaque regard qu’elle lui portait, elle pouvait le voir toujours immobile sur sa chaise, dont les yeux ne lâchaient pas le lit du regard. Perturbée et gênée, elle rompu le silence pour mettre un terme eu malaise.
Lucy – Tu sais Natsu, je ne vais pas réussir à dormir si je me sens observé comme ça.
Alors que Lucy s’attendait à une réponse verbale du dragon slayer, ce dernier, contre toute attente, se leva et se dirigea droit vers Lucy. Surprise et désarçonné, Lucy mit du temps à comprendre les intentions du mage de feu. Sans un mot, Natsu s’assit à côté d’elle en appuyant son dos contre la tête de lit. Lucy ouvrit la bouche pour lui crier dessus mais Natsu anticipa sa réaction sans geste brusque :
Natsu – Chut, tu vas les réveiller.
Lucy – Mais qu’est ce que tu fais bon sang ?
Natsu – Tu ne veux pas que je te regarde, alors je me rapproche pour regarder dans l’autre direction.
Lucy – Et voir ailleurs si j’y suis, ce n’est pas possible ?!
Natsu – Non.
Lucy – Tu ne peux pas juste fermer les yeux alors ?!
Natsu – Non. Je préfère voir la réalité.
La réponse de Natsu laissa Lucy assez perplexe. Sans réellement saisir le sens des paroles de Natsu, elle poursuivit cet échange où étonnement, Lucy réussi à garder son calme :
Lucy – Ne crois pas que je te laisserai t’incruster plus que ça dans mon lit Natsu, c’est fini ce temps là.
Natsu – Pfff, je parie que ça t’a manqué de ne plus nous voir à ton réveil !
Lucy – Ne va pas t’imaginer quoique ce soit. J’étais tranquille, j’ai évité très probablement un ulcère et j’ai fait des économies.
Natsu – Ne t’inquiète pas… On est déjà passé voir ton frigo avant de partir avec Happy.
Lucy – Quoi ?!
Natsu – Chut ! Tu es vraiment bruyante Luce.
Lucy – Mais je… Tu sais que tu m’énerves Natsu ?
Dans le noir, elle le regarda et distingua un mince sourire qui l’a réconforta. Elle lui tourna le dos pour s’endormir dans l’autre sens, et ferma les yeux, rassuré par la présence de ses amis à ses côtés. Avec tout ce qui c’était passé, Lucy tentait malgré tout de garder ses distances, surtout à l’égard de Natsu. Mais elle se sentait dépassé par les évènements. Elle voulait s’éloigner, leur dire de partir, et pourtant, son cœur tambourinait légèrement, lui indiquant qu’elle faiblissait face à eux…face à lui, qui persistait encore et encore à ne pas la lâcher. Cela l’énervait tellement,…et en même temps, elle se surprenait à aimer ça.
Cette mission l’épuisait bien plus que ce qu’elle n’aurait pu l’imaginer. La peur de perdre ses amis emplissait son cœur. Elle ferma les yeux quand elle sentit le corps chaud de son camarade s’allonger un peu plus dans le lit, sans pour autant rentrer dans les draps. Bercer par cette présence, elle se rendormi pour quelques heures.
*******************
Dans un dôme à l’autre bout du village, Grey se réveilla aux aurores, mais ce ne fut pas le réveil le plus agréable qu’il eut dans sa vie. Ses muscles étaient tout ankylosés, il avait même du mal à se relever à cause des muscles encore engourdis. Il n’avait que rarement eu autant de courbature. Il rigola de l’ironie de la situation :
Grey - En super condition pour battre le plus grand mage noir de tout les temps dite donc…
Alors qu’il observait le lieu où il se trouvait, il tenta de se souvenir la raison de sa présence dans ce dôme. Il en déduisit qu’il avait dû s’assoupir dans le coin de cette maison abandonné. Il fallait repartir, il imaginait déjà Erza en furie dès le matin, l’attendant de pied ferme pour lui signaler son retard. Il ne put effacer une moue de terreur en imaginant l’épée d’Erza en train de le frapper en pleine tête…
Grey soupira, combien de temps avait-il dormi ? Une heure ? Trois peut-être ? certainement pas assez. Mais comment trouver le sommeil quand on vient de participer à la plus grande crémation jamais connu ? Les bruits du crépitement du feu avaient harcelés toute la nuit son cerveau fourbu, sans relâche… Il s’était même étonné au réveil d’avoir réussi à s’endormir. Il n’aurait jamais pu deviner que cette mission serait aussi éprouvante, alors que le pire n’était pas encore arrivé.
Il se leva du fauteuil qui lui avait servit de lit pour la nuit pour retrouver ses amis dans la ville mortuaire. Alors qu’il allait franchir le pas de la porte, une voix surgissant de nulle part l’arrêta dans sa démarche :
… - Ne partez pas !
Grey se retourna légèrement surpris par ce cri de détresse qui avait raisonné dans la maison vide. Il regarda aux quatre coins de la pièce, sans pouvoir saisir l’origine de la voix enfantine. Avait-il halluciné ? Soudain, une fillette surgit de la penderie pour s’accrocher ardemment à la jambe du mage de glace. Grey mit quelques secondes avant de comprendre ce qu’il se passait, mais il s’accroupit aussitôt pour être à la hauteur de la petite fille.
Petite fille – Partez pas sans moi monsieur. Je savais pas si vous étiez un méchant ou pas, j’ai eu peur toute la nuit de vous approchez… Mais… Ne me laissez pas ici !
La fillette tremblait au rythme des larmes qui s’écoulait sur son visage, elle enfouissait son visage dans les bras de Grey, toute sa peine était reversé par de nombreuses larmes. L’affolement du mage de glace laissa très vite la place à un immense sourire. Il voyait de la vie… Finalement, après toute une nuit de recherche, il avait trouvé quelqu’un de vivant, il pouvait sentir le corps chaud de la petite fille tout près de son torse lui faisant oublier tout les malheurs de la veille. La vivacité de la fillette embauma son cœur, et il n’eut qu’une hâte, la montrer à ses amis, pour partager sa joie et cette vie.
Il l’attrapa dans ses bras et la porta en la serrant tout contre lui, geste qui eut pour effet d’adoucir les sanglots de la jeune fille.
Grey – Ne t’inquiète pas, tu es avec moi maintenant.
****************************
Natsu avait finit par réussir à s’endormir en restant auprès de Lucy. Au final, être à ses côtés était beaucoup plus efficace en termes de protection. Il avait pu la sentir bouger, percevoir sa respiration, se remuer, lui indiquant à chaque minute qu’elle était toujours là. Cette sensation était beaucoup plus fiable que ses yeux qui le trahissaient régulièrement, en parasitant son esprit par diverses images de bucher et de corps enflammés. Tranquillisé par la présence de Lucy, il s’était assoupie, épuisé par les deux nuits harassantes qu’il avait vécues.
Réveillé par un rayon du soleil, il ne put que découvrir l’énorme torticolis qui bloquait dorénavant sa nuque. Il tenta vainement de bouger sa tête de droite à gauche pour la débloquer, sans avoir beaucoup d’effet, abandonnant l’idée de soulager cette désagréable douleur. Encore allongé dans le lit, Natsu observa pendant quelques secondes le plafond de la maison, le cerveau complètement vidé de toute pensée, pour attendre… Il attendait, il voulait vérifier si une autre de ses images funestes allait perturber sa vision… Mais rien ne vint, soulageant Natsu quant à l’avenir de cette journée.
Une fois calmé, il prit le temps de vérifier la présence de ses camarades, mais il constata rapidement l’absence de quelqu’un, et bien évidemment, il s’agissait de Lucy. Natsu ronchonna suite à son manque de vigilance. Il s’agita dans tout les sens, humant l’air ambiant de la chambre. L’odeur de Lucy était encore bien présente, le laissant penser qu’elle n’était pas partie depuis très longtemps. Il ne détecta pas non plus d’odeur suspecte émanant d’une personne étrangère dans cette pièce, le rassurant sur ce point, mais Lucy était seule, et il était hors de question de la laisser ainsi. Il râla mentalement après Lucy qui n’en faisait qu’a sa tête, mettant à mal tous les efforts qu’il faisait pour protéger ses arrières. Etait-ce trop demander d’avoir un peu de considération ?
Sans réveiller les autres, Natsu courut en dehors du dôme pour suivre l’odeur de Lucy grâce à son flair. Sans hésiter, il sortit de la ville pour remonter la plaine vers le sud. Plus il avançait et plus Natsu entendait le bruit de vagues qui s’entrechoquait contre la falaise, ainsi que l’odeur d’iode se mêlant au parfum de Lucy. C’est alors qu’il l’a vit.
Caché derrière un immense mégalithe, une avancée vers la mer s’était formée par les vagues, formant une sorte de promontoire suspendu à plus de vingt mètre de haut. Lucy était là, assise au bord du promontoire, les jambes pendant dans le vide.
******************
Lucy avait pu apprécier un merveilleux lever de soleil. Petit à petit, les rayons étaient venus réchauffer sa peau pâle et fraiche. Le bruit fracassant des vagues se brisant sur les rochers affûtés par la mer la berçait. Ses yeux étaient porté en direction de l’horizon, cet horizon qui la faisait tant espérer qu’un jour, elle s’enfuirait par le ciel. Elle rêvait de s’envoler tel un une mouette au-dessus de l’océan, se laissant porter par les humeurs lunatique du vent. Dans cette douce brise rafraîchie, Lucy avait détaché ses cheveux pour pouvoir apprécier pleinement les douces caresses qui faisaient virevolter ses cheveux blond, fouettant doucement son visage à coup de va et vient. Elle écoutait cette mélodie sans réfléchir, en vidant son esprit. Il était tellement plus facile de fuir, de partir, loin de ses obligations et de ses chagrins qui taillaient son cœur de pierre, ou de sa maladie qui ne lui laissait aucun moment de répit. Fuir ou mourir, c’était son dilemme. Dans tout les cas, elle causerait bien des souffrances. C’était peut-être ça le plus terrifiant, savoir que l’on décevra quoiqu’il se passe, et qu’on ne pourra jamais soulager les souffrances des un et des autres sans faire un choix.
Au cours de la nuit, Lucy s’était bien rendue du compte de toute la peine qu’elle avait pu infliger à ses compagnons en les laissant la suivre en mission. Elle se remémorait les yeux vides de Wendy, le visage apeuré de Charuru, où encore le regard rigide de Natsu… Elle n’osait même pas imaginer leur réaction s’ils venaient à découvrir maintenant son destin fatidique. Ronger au plus profond de son âme par la culpabilité de son plus grand secret, Lucy avait eu du mal à réfléchir de manière raisonné, mais sa résolution était prise : elle allait devoir être encore plus ferme à l’avenir concernant ses compagnons. Plus personne ne l’accompagnerait en mission. Ce serait sont dernier voyage en communauté.
Ses pensées s’estompèrent quand une impression de déjà vu la submergea. Elle était épiée par quelqu’un, comme cette nuit. Elle soupira en devinant aisément qui était derrière tout cela, elle aurait aimé être une autre, être ce qu’elle ne devait pas être... Mais elle était la rédemptrice Lucy Heartfillia, mage de Fairy Tail condamné par la vie. Elle n’avait pas le choix.
Lucy – Qu’est ce que tu fou là ?
Natsu fit un bref pas en arrière lorsqu’il entendit la voix dur de Lucy, non pas par peur, mais du fait de la surprise. Alors que Lucy semblait tempérer son caractère avec le temps, il ne comprenait pas se nouveau revirement émotionnel. Toutefois, Natsu était prêt à affronter de nouveau la Lucy lunatique, et répondit le plus simplement du monde :
Natsu – Je ne t’ai pas vu au réveil, tu es parti sans prévenir.
Lucy – Et alors ? Je n’allais pas te réveiller, vous en avez assez fait cette nuit. Et j’ai le droit de vivre un peu, non ? Tu n’es pas obligé de me suivre comme ça Natsu, je ne t’ai rien demandé.
Natsu – Bah si, il fallait, c’est dangereux dehors.
Elle tourna la tête pour faire front au jeune garçon. Natsu se tenait derrière elle, droit comme une statue. Le vent faisait virevolter son écharpe à l’image de ses cheveux roses. Et Lucy s’attarda sur l’expression de son visage. Elle n’aimait pas le regard qu’il posait sur elle, c’était le regard qui disait qu’autrefois elle était faible, incapable de se défendre contre le moindre mage. Etait-ce ce qu’il insinuait ? La croyait-il incapable de se défendre seule malgré toutes ses années de travail acharné pour lutter pour sa survie ?
Lucy – Ne commence pas à m’énerver aussi tôt le matin, il me semble que je m’en suis très bien sorti jusqu’ici, et sans vous. Laisse-moi.
Natsu – Pas question, je reste, et puis, on est pas si mal ici. L’air marin, c’est bon pour la santé !
Natsu était parti pour s’asseoir à côté de Lucy, mais c’était sans compter sur la fougue de sa camarade qui s’était levé aussitôt qu’elle avait entendu les pas du mage de feu se rapprocher d’elle. C’est alors qu’il vit le visage tendu de la constellationniste, à la limite du haineux. Elle s’avança comme une furie vers lui, et le bouscula, le bouscula encore et encore tout en lui envoyant en pleine face tout ce qu’elle avait de plus amer à lui lancé :
Lucy – Tu te prends pour qui Natsu ? Hein ? Que tu peux revenir comme ça et sauver tout le monde ? Tu es toujours ce gamin immature que j’ai connu il y a sept ans. Oui, sept ans, ça fait loin, hein ? Et je vais t’apprendre quelque chose : on ne peut pas sauver tout le monde. C’est impossible ! Moi y-compris ! Et ce n’est pas en restant collé dans mes pattes que tu m’aideras. Mais toi, toi ! Tu es encore trop stupide pour comprendre ça ! J’en peux plus, tu m’entends ? J’en ai marre de toi ! Si tu veux m’aider, dégage de ma vie ! En rentrant à Fairy Tail, tu feras tes missions et je ferais les miennes de mon côté.
Natsu avait finit par trébucher sur un caillou sous le poids des coups de Lucy. Il n’avait encore jamais vu une telle colère se dégager de ce petit corps. Il ne reconnaissait plus sa Luce qui avait encore hier un sourire si radieux. Ce rituel avait-il blessé la rédemptrice au point de changer du tout au tout son comportement ? Encore une fois, Natsu ne comprenait pas, et cela l’agaçait au plus haut point. Mais il s’était juré de ne plus la laisser partir, alors il se releva, et une nouvelle fois il fit front à l’indomptable Lucy :
Natsu – Mais qu’est ce qui va pas chez toi Luce ? Il n’y a rien de mal à vouloir te protéger. Je crois que tu ne te rends pas bien compte de la menace qui pèse sur toi. On ne veut que ton bien.
Lucy – C’était donc bien ça… Vous me croyez donc toujours incapable de me défendre seule…ça fait plaisir de voir qu’on est soutenu.
Natsu – Non. Ça n’à rien avoir ! On est là pour être avec toi et t’aider.
Lucy – Ne joue pas à ça avec moi. Ses missions sont trop compliqué à plusieurs. Je regrette vraiment que vous soyez venu, surtout Wendy, la pauvre… Si je n’ai jamais voulu emmener Roméo jusqu’ici, ce n’était pas pour rien.
Natsu –Tu pense vraiment ce que tu dis ? Tu regrette ?
Lucy ne pris même pas le temps de lui répondre qu’elle reprit la route du chemin du retour vers Tahori. Pour elle, il était grand temps de rentrer à Magnolia, elle avait d’autres soucis en tête, comme les futures explications qu’elle devrait très probablement donné à Charuru et Wendy. Les états d’âme du mage de feu étaient alors le dernier de ses soucis. Natsu lui courut après et resta derrière elle en plongeant ses pas dans les siens. Lui aussi, il était à bout, la fatigue de la nuit se faisait ressentir, il perdait patience face à la constellationniste qu’il trouvait décidemment trop injuste à son écart.
Natsu – Lucy, je te parle ! T’as pas le droit de nous mettre à l’écart comme ça. T’as pas confiance en nous, c’est tout ! Tu n’étais pas comme ça avant ! A Fairy Tail, on n’écarte pas ses amis pour rien ! Tu te cache derrière des excuses bidon, mais si tu nous laissais un peu de place dans ta vie, tu verrais qu’on est assez fort pour rester à tes côtés.
Lucy *qui hurlait de colère* – Je vous avais déjà fait une place dans ma vie Natsu ! Il y a sept ans, vous aviez même pris trop de place dans mon cœur. J’ai vécu un enfer, pendant des années, je vous ai attendu… Mais personne n’est revenu... Cana, elle, elle était là au moins, mais personne ne peut réparer ce genre de douleur ! Et je ne veux plus commettre la même erreur… C’est trop dur à supporter. J’ai appris à être seule et je me débrouille mieux comme ça.
Natsu – On est là maintenant, on ne va plus t’abandonner, je te le promets.
Etait-il possible d’avoir un regard plus noir que celui de Lucy à cet instant ?
Lucy – Ne me promet plus jamais rien Natsu. Je ne te supporte plus…
Et elle courut, le plus vite possible, au bord des larmes qui menaçait à tout moment de perlé sur son visage. Une promesse ? Ne savait-il toujours pas que les promesses étaient une chose sacrée pour elle ? Comment pouvait-il encore osé lui promettre quelque chose après toutes ses années souffrances ? Cette fois, elle fuirait. Elle fuirait loin de lui, loin de ce genre de souvenir, loin de cette blessure qui apparemment n’avait toujours pas cicatrisé.
Natsu était abasourdi par les paroles agressives de la constellationniste, lui qui croyait avoir tout vu de la part de Lucy, il ne put que reconnaitre son erreur. Ses phrases si froide et si emplit de colère ne pouvait sortir de la bouche de sa Luce. Et il courut à son tour sans réfléchir, pour la rattraper avant qu’elle ne pénètre dans le village et que la conversation se termine sur une telle phrase douloureuse. Il courut à toute vitesse, et c’est aux portes du village qu’il réussi à la retenir en lui attrapant le bras. Il plongea ses yeux onyx dans le regard noircit de la belle. L’ambiance électrique était à son comble. Les deux amis se soutenaient le regard, les yeux plonger dans ceux de l’autre sans flancher. Natsu resserrait de plus en plus son sa poigne sur le bras de Lucy.
Lucy – Natsu, lâche moi, tu commence à me faire mal.
Natsu – Je ne te laisserais pas dire n’importe quoi ! On a toujours été juste et loyal envers toi, et je ne te lâcherai pas tant que tu ne reconnaîtras pas tes erreurs.
Lucy – Tu peux toujours crever.
Erza – On vous dérange peut-être ?
Oui, ils dérangeaient, Erza, Wendy, Happy et Charuru le comprirent vite lorsque les deux mages tournèrent brusquement la tête dans leur direction, le regard emplit d’animosité. Happy serra les dents face à la tension palpable qui envahissait l’air. Quant à Erza, elle n’aimait pas la tournure que prenait leur relation. Le reste du voyage allait certainement se compliquer. Qu’avait-il pu se passer en si peu de temps pour qu’une telle tension s’installe entre ses deux là ?
Toutefois, c’est grâce à Grey que l’ambiance retomba légèrement. Lorsqu’ils entendirent Grey crier leur noms, ils s’étaient tous retourné pour voir se dernier courir en portant quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Il arriva en face de ses compagnons de guilde essoufflé, et déposa sa découverte sur le sol.
Grey – Regarder, il y avait des survivants ! Enfin, une en l’occurrence. Oh, il y a un problème ? C’est quoi ses têtes ?
Erza – Laisse tomber Grey.
Erza s’agenouilla devant la petite fille et lui sourit chaleureusement. Cette dernière était si effrayé qu’elle se cacha dans les jambes de Grey, son nouveau protecteur.
Erza – Comment tu t’appelles ?
Hésitante, la petite fille se cacha un peu plus derrière le mage de glace.
Grey – Ne t’inquiète pas, elle n’est pas méchante.
Happy – Enfin, ça dépend des fois.
Erza – Qu’est ce que tu dis Happy ?!
Happy – Rien, rien ! Je ne veux pas mourir Erza !
Grey – Tu m’as l’air en pleine forme Erza.
Wendy – C’est vrai ça, on dirait que tu as déjà récupéré toute tes forces.
Erza – C’est parce qu’une mage de rang S se doit de ne jamais être fatigué !
Wendy – Aye… Erza est étonnante.
Natsu – Tu parles…
Petite fille – Une mage de rang S ? Vous devez être vachement forte.
Grey – C’est la plus effrayante mage de Fairy Tail.
Charuru – Mirajane est pas mal non plus quand elle veut.
Erza – Alors dit moi, quel est ton nom ?
Petite fille – Adèle.
Erza – C’est un joli prénom. Et tu as quel âge ?
Adèle – Huit ans madame.
Erza – Et bien tu dois être pleine de ressources pour avoir convaincu ce beau jeune homme de t’emmener. Tu peux m’appeler Erza. As-tu…de la famille dans la région ?
La petite fille secoua négativement de la tête, puis elle esquissa un sourire timide.
Adèle – Vous allez m’emmener avec vous ?
Erza – Bien sûr, on va te ramener dans notre guilde, celle de Fairy Tail, c’est à Magnolia, à l’est du pays. Je m’appelle Erza, et voici Wendy et Charuru, Natsu et Happy, et voici Lucy.
Tout de suite, Lucy remarqua un instant de flottement chez la fillette qui l’a fixait des yeux. Lucy n’eu pas le temps de comprendre le comportement de la jeune fille quand Adèle se jeta violemment sur elle, déchainé par la colère. A plusieurs reprises, elle frappa Lucy de toutes ses forces, et lui crachant au visage.
Adèle – Je te reconnais ! Tu ne sers à rien ! Tu fais honte aux rédemptrices ! Tu étais où quand on avait besoin de toi ? Tout le monde est mort à cause de toi ! Tu arrive trop tard ! Je te déteste ! Tu vas me le payer !
Voir cette petite fille l’a frappé avec tant de haine secoua Lucy qui avait du mal à se retenir de ne pas pleurer. Cette petite avait tellement raison, alors Lucy accusa les coups sans broncher jusqu’à ce que Grey attrape Adèle pour la maintenir dans ses bras.
Grey – Calme toi, elle n’y est pour rien.
Adèle – Laisse moi ! Elle perd son temps dans les banquets et autres missions stupide, alors qu’elle aurait pu venir sauver ma mère et mon frère !
Lucy – Laisse Grey, elle a raison, je suis arrivé trop tard…
Erza - Lucy, ce n’est pas ta faute, tu ne pouvais pas savoir.
Lucy – Arrête d’essayer de me déculpabiliser, ça ne sert à rien, le mal est fait. Elle a le droit d’être en colère contre moi… Nous ferions mieux de partir à présent.
Adèle – Je ne veux pas partir avec elle !
Grey – Tu n’as pas le choix, elle n’y ait pour rien Adèle. S’il existe un responsable ici, c’est Zeref.
Contenu dans les bras de Grey, la petite fille calma petit à petit ses sanglots, mais garda bien volontiers son regard haineux qu’elle dirigeait vers Lucy. Cette dernière avait déjà vu ce regard, après tout, ce n’était pas la première fois qu’elle arrivait « en retard ». Mais ce regard lui fit tant de mal, même si en apparence, elle se garda bien de le montrer. Le cumul de sa dispute avec Natsu et cette rencontre inattendu pesait lourdement sur son cœur.
Happy – Vous croyez qu’il n’y a plus personne ici ?
Grey – J’ai refait le tour de la ville cette nuit, personne ne m’a répondu, sauf cette petite.
Charuru – Et le manoir au sommet de la colline ? Il y a peut-être encore des gens là haut.
Adèle – Il n’y a plus personnes là haut. La famille avait déjà fui le village.
Erza – En laissant derrière eux les habitants ?
Adèle hocha la tête pour répondre à Erza. Si elle retrouvait ses personnes qui n’avaient pas prévenu les habitants de la menace, elle leur ferait payer cher.
Erza – Bien, partons. Magnolia nous attends.
L’équipe repartit sans dire un mot. Grey tenait la petite Adèle sur ses épaules qui semblait s’être calmé, Erza marchait en tête tendit que Natsu et Lucy se tenait à une distance plus que raisonnable l’un de l’autre. Wendy, Happy et Charuru se tenaient légèrement en retrait de la troupe, n’osant pas s’immiscer dans ce contexte conflictuel. Avec cette matinée chargée en émotion, Charuru n’avait pas eu le temps de prendre à part la constellationniste, afin de discuter de la nuit qu’elle avait passé. Pendant la nuit, elle avait eu le temps d’en discuter avec son amie Wendy, mais aussi tout le temps d’y réfléchir. Elle en avait déduit que ce qu’avait vécu Lucy cette nuit n’était pas normal, et elle fit vite le lien avec le jour où Happy était venu chercher Wendy pour soigner Lucy. Charuru tentait de se remémorer les paroles de l’exceed bleu avec précision. N’avait-il pas dit qu’elle tremblait énormément ? Cette nuit, Lucy s’était cambrée de douleur, était-ce une coïncidence ? Elle ne croyait pas le petit chat bleu capable de lui mentir, et surtout pas sur un sujet aussi important que ses amis… Par contre, c’était tout autre chose pour Lucy. En sept ans, son caractère avait changé, était-elle capable de mentir à ses amis ? Etait-ce le moment de lui en parler ? Devant tout le monde ? Peut-être pouvait-elle se mettre à l’écart pour aborder ce sujet. Elle était inquiète, et Wendy l’était tout autant. Et l’indifférence de Lucy commençait à drôlement agacé la petite chatte. Pas même un remerciement pour Wendy qui avait pris soin d’elle.
Le village de Tahori n’était désormais plus visible au loin, en plein milieu de la plaine. Au sein du groupe, le silence s’était installé confortablement, accélérant naturellement la marche du groupe vers la forêt. La tension qui régnait était aisément perceptible. Chacun avait ses préoccupations, notamment Charuru qui ne faisait que réfléchir. Elle devait trouver une réponse à ses questions et maintenant. En abordant Lucy au tac au tac, elle espérait pouvoir observer ses réactions et ainsi discerner la véracité de ses propos. Elle accéléra le pas pour se rapprocher de Lucy, mais elle fut distancée par Natsu qui était venu se placer à côté de la constellationniste. Elle vit alors Natsu chuchoter quelques paroles à sa partenaire.
Natsu – Faut qu’on parle.
Lucy – Je n’ai rien à te dire.
Natsu – Te fou pas de ma gueule, je n’ai pas vraiment apprécié tout ce que tu m’as dit ce matin.
Lucy – Et moi je n’apprécie pas du tout que tu me colle comme ça, ni qu’on m’espionne.
Natsu – Moi t’espionner ? Non mais tu délires !
Lucy – Bon, et bien parlons plutôt de harcèlement.
Natsu – Quoi ?!T’es taré ou quoi ?
Lucy – Je ne sais pas qui est le plus taré des deux.
Et pendant quelques minutes, Natsu et Lucy continuèrent de se quereller en chuchotant, malgré l’inutilité de minauder la conversation, car leur chamaillerie ne pouvait en aucun cas faire preuve de discrétion. Erza en avait plus que marre de cette tension palpable, elle les entendait encore et encore se chicaner dans son dos et elle ne supportait pas vraiment les messes basses. Elle n’était pas comme Mirajane, à se mêler des choses qui ne la regardaient pas, mais pourtant, ici, ça lui tapait sur le système. Grey et Natsu qui se bagarrent, c’était normal, mais Lucy et Natsu, c’était une autre affaire. Entre la constellationniste bornée et le mage de feu indélicat, la résolution de ce conflit n’était pas prête d’arrivé. C’était son devoir de faire quelque chose pour ses amis qui se disputaient probablement pour une chose futile. Erza se retourna et stoppa la marche de la troupe en plein milieu de la plaine.
Erza – Bon qu’est ce qu’il se passe ?
Surpris comme des gamins, Natsu et Lucy croisèrent en même temps leur bras, tournant la tête bien à l’opposé de l’autre, arguant chacun d’une vilaine moue de mécontentement.
Natsu – Rien.
Erza – C’est bon Natsu, on n’est pas stupide, vous tirez la gueule depuis ce matin.
Lucy – Ce ne sont pas tes affaires Erza. Cela ne vous regarde pas.
Grey – Ça nous regarde à partir du moment où vous faite chié tout le monde avec vos gamineries.
Natsu – On ne t’a pas causé le congélo.
Happy – Ça sent le poisson pas frais…
Chauru – Tais toi Happy, ce n’est pas le moment de plaisanter.
Wendy – Calmé vous…s’il vous plait.
Natsu – Reste en dehors de ça Wendy.
Lucy – Arrête de donner des ordres un peu.
Natsu – Quoi ? C’est pas toi qui m’as ordonné de te laisser tranquille ce matin ?! Princesse !
Lucy – Oui mais c’est normal quand on se sent envahit ! Et ne m’appelle pas comme ça !
Grey – Je sens que je vais leur en mettre une…
Erza – Au lieu de vous chamaillez, vous ne voulez pas nous expliquer l’origine du conflit pour qu’on trouve une solution ?
Lucy – Mais je l’a connais la solution, et je l’appliquerai dès qu’on sera rentré.
Wendy – De quoi tu parle Lucy-san ?
Lucy – De me débarrasser de ce pot de colle. Je ne le supporte plus.
Natsu – Au lieu de m’engueuler tu pourrais plutôt dire merci ! C’est qui qui à veiller sur toi toute la nuit ?
Lucy – J’ai t’ai dit merci ce matin, et je dis merci à Wendy et Charuru. Mais maintenant, j’ai plus besoin de garde derrière mon dos.
Grey – Tu n’es pas un peu ingrate Lucy sur ce coup ?
Lucy – Comment ? Moi ? Ingrate ? Ce n’est pas moi qui vous ai demandé de me suivre. Si vous étiez resté tranquillement à la guilde, vous n’auriez pas eu à vivre tout ça.
Cette phrase sonna le glas du peu de calme qu’avait pu observer Erza.
Erza – Ne prend pas ce ton avec nous Lucy, si on est venu c’était pour t’aider.
Lucy – Je n’ai rien demandé.
Grey – Peut-être, mais on fait partie de la même guilde je te rappel, et si on est là, c’est pour te protéger.
Erza – Tu sais Lucy, on est toujours plus fort avec ses amis à ses côtés.
Lucy – C’est bien beau ce discours digne d’un mage de Fairy Tail, mais en mission de rédemptrice, ce genre de précepte de s’applique pas.
Erza – Ne raconte pas n’importe quoi Lucy ! On a toujours besoin de ses amis en cas de danger !
Lucy – Je ne suis pas une gamine, je sais me défendre. Et il aurait été mieux pour tout le monde que personne ne voit ce massacre, et vous le savez très bien.
Happy – Arrêtez…
Natsu – Oui, ça aurait été mieux, mais on ne peut pas se voiler la face et se cacher en attendant que tout revienne dans l’ordre. On ne peut pas te laisser vivre tout cela toute seule. C’est dur, tout le monde prend sur soit, même Wendy. J’ai senti en rentrant cette nuit qu’elle avait vomi, surement trop dégouté par tout ça, mais regarde, elle tient le choc pour t’épauler jusqu’au bout.
Soudain, un blanc interrompit la conversation houleuse. Chacun regardait Natsu suite à ses derniers propos qui ne comprenait pas le nouveau malaise qui s’était installé.
Charuru – Qu’est ce que tu raconte ?
Wendy – Mais..Natsu san, je n’ai pas vomi cette nuit…
Erza – De quoi vous parlez ?
Natsu interrogeait Wendy du regard, pourquoi elle mentait ? Il n’y avait pas de honte après tout. Il posa ensuite ses yeux sur Charuru qui regardait farouchement Lucy. Que ce passait-il ?
Prise au piège, le cœur de Lucy s’accéléra, comme comprimé dans sa cage thoracique qui ne lui paraissait plus assez grande pour respirer. Elle essayait de garder le contrôle, de chercher ce qu’elle pouvait répondre tout en intimant à Charuru de ne pas poursuivre cette conversation. Tous les yeux étaient dorénavant braqués sur elle. Si Happy, Erza, Grey et Natsu pouvaient encore resté ignorant sur ce sujet, elle se doutait bien que son subterfuge auprès de Charuru et de Wendy ne ferait pas long feu après ses révélations. Submergé par la pression, Lucy sentait ses jambes vaciller sous son poids. Etait-elle obligée d’annoncer cela ici, de cette manière ? Non, elle ne l’avait pas imaginé comme ça, cette journée était-elle un cauchemar ? Une fois de plus, ses pensées se tournèrent vers Cana, son inconditionnelle sauveuse qui aujourd’hui ne viendrait certainement pas l’aider.
Sous les regards pesant de ses acolytes, Lucy se sentit obligé de prononcer une réponse pour s’échapper de la situation.
Lucy – Je…
C’est alors que la terre trembla violement sous leurs pieds. Sans leur laisser le temps de réagir, un énorme pic noir émergea en transperçant le sol en plein milieu du groupe, projetant sauvagement Lucy à quelques mètres de là.
Wendy / Grey / Natsu/Erza – Lucy !