Bonsoir.
Un nouveau problème est apparu dernièrement : il était devenu impossible d'accéder aux pages dont le lien contient un espace.
J'en ai trouvé la raison dans une obscure discussion sur un forum perdu dans le net.
Il se trouve que la dernière mise à jour dud serveur (le logiciel, pas la machine) a intégré un changement au niveau de la sécurité (???).
Il faut maintenant ajouter un drapeau supplémentaire pour que ces liens ne soient plus rejetés.
Ça m'a pris du temps et pas mal de redémarrages (désolé pour ça) avant de trouver et de modifier les fichiers de confoguration des sites.
En principe j'ai tout modifié, mais n'hésitez pas à m'envoyer un message privé si vous en trouvez d'autres.
Merci.
Les enfants élus | Auteur: Feldspath | Vue: 388 |
[Publiée le: 2022-12-12] [Mise à Jour: 2023-03-20] | ||
G Signaler | Général/Action-Aventure/Heroic Fantasy/De cape et d'épée/Amitié | Pas de commentaire |
Cette fanfic raconte l'enfance de Link et Zelda. L'année de ses 10 ans, Link découvre qu'il a été choisi par les déesses pour sauver Hyrule de la résurrection du Fléau Ganon. Jusqu'alors simple apprenti soldat, l'enfant devient malgré lui l'objet de tous les espoirs du royaume et lutte pour se montrer à la hauteur de cette terrifiante responsabilité. Lorsqu'il fait la rencontre de la princesse Zelda, son objectif se clarifie : faire ses preuves pour se montrer digne d'affronter le destin à ses côtés. Mais conquérir l'amitié de la princesse n'est pas si simple... Les deux enfants devront affronter leurs démons et les menaces qui les guettent pour se préparer à la terrible destinée que les déesses leur ont confiée. ☀️ Un chapitre chaque lundi ! ☀️ Quelques notes avant de lire : - Contenu sensible : pas de lemon ni de lime. Avertissement : certaines scènes de combat décrivent de la violence, des blessures et des décès. - Si vous avez la gentillesse de laisser un commentaire, n'hésitez pas à être sincères : je serais ravie de connaître votre avis et je suis toujours ouverte aux critiques constructives ! - Je n'ai joué qu'à Breath of the Wild et à Twilight Princess, je ne suis pas experte du lore de la franchise The Legend of Zelda. Cette fanfiction s'appuie donc uniquement sur Breath of the Wild et sur quelques éléments du lore que j'ai lus sur internet. Mon histoire ne prend pas en compte les événements de Hyrule Warriors : l'ère du fléau. | ||
Crédits: Les personnages et l'univers appartiennent à la licence The Legend of Zelda (Nintendo) |
<< ( Préc ) | ( Suiv ) >> |
Chapitre 11 : La cité Zora[4013 mots] |
Publié le: 2023-02-20 | ![]() |
Taille du Texte: (+) : (-) |
“Sous son apparence d’opulente cité pacifiste, dont le savoir-faire des architectes ne semble avoir été mis à profit que pour parer la ville de sculptures grandiloquentes, la cité Zora est en réalité une véritable forteresse. Suspendue dans un gouffre niché au cœur de hautes falaises, à plusieurs dizaines de mètres de hauteur au-dessus d’un lac agité par de forts courants, son accès par la voie terrestre est fastidieux et peu sûr. Seuls ses natifs peuvent bénéficier de son accès par la voie des eaux, car ils possèdent la faculté de remonter les cascades qui déferlent de la cité jusqu’au lac en contrebas. Plonger dans l’une de ces chutes d’eau garantit à un hylien une violente noyade, tandis qu’un Zora y voit de commodes ascenseurs jusqu’à sa cité.
Un visiteur terrestre doit gravir des routes caillouteuses longées de falaises escarpées et d’un torrent furieux. Plusieurs heures de cette dangereuse excursion le séparent de la splendide cité. Lorsqu’enfin le voyageur quitte l'étau des falaises, il débouche sur un immense pont qui relie la terre ferme à la ville suspendue. Le touriste ou le commerçant se réjouit de la vue exquise de ce pont magnifique, qui signe la fin d’un périple éreintant et le début d’un agréable séjour ; un envahisseur, lui, se trouve obligé d’avancer à découvert sur une centaine de mètres avant de pouvoir atteindre la cité, laissant largement le temps aux fiers guerriers et guerrières Zora de le repérer, et de l’accueillir de leurs lances.”
C’est ce que Link avait pu lire dans l'un des manuels de stratégie militaire qu’il avait étudiés. Cependant, les schémas illustrés de son livre ne l'avaient pas préparé à la magnificence réelle de la cité du peuple aquatique. La troupe venait de poser le pied sur le pont dont le manuel vantait la praticité stratégique. Large d’une dizaine de mètres, long d’une centaine, l’infrastructure était façonnée dans une étrange pierre bleue translucide et brillante. A l’autre bout, la cité Zora se dressait dans toute sa splendeur.
D'innombrables ponts et escaliers symétriques formaient des courbes gracieuses autour des plateformes construites sur plusieurs étages. De l’eau coulait joyeusement dans les rampes pentues, formant de longs toboggans qui menaient aux différents niveaux de la cité et finissaient leur course dans les cascades qui se déversaient de la cité pour s’écraser dans le lac en contrebas. Toute la cité semblait avoir été construite dans le souci d’une symétrie parfaite, jusqu’aux joyaux qui sertissaient chaque rampe d’escalier, aux motifs géométriques dessinés sur le dallage des sols, aux enjolivures et sculptures raffinées qui paraient chaque mur et chaque pilier. L’étrange pierre bleue dont toute la ville était façonnée émettait par endroits une douce lumière, là où le soleil ne pouvait s'immiscer.
La princesse Mipha et son escorte menèrent la troupe à travers la cité. Link ne se lassait pas de regarder autour de lui, fasciné de voir des Zora remonter des cascades avec des filets chargés de poissons frétillants, des architectes parfaire l’angle du visage d’une statue du bout de leurs outils, des doyens errer le long des ponts en adressant un regard désapprobateur aux enfants hilares dévalant des toboggans d’eau.
L’édifice principal de la cité était surmonté d’une titanesque sculpture de poisson dont la gueule béante s’ouvrait sur l’entrée du palais du roi Dorefah. Zelda et les deux ingénieurs furent invités à y entrer, tandis qu’on demanda à l’escorte de rester sur l’esplanade.
- Si vous le permettez, nous aimerions inviter le chevalier Link à nous suivre dans le palais, dit Mipha à la princesse hylienne. Mon père et son conseil souhaitent rencontrer le héros d’Hylia.
Zelda acquiesça et adressa un mouvement de menton à Link pour lui intimer de les suivre. Ce dernier baissa la tête et obéit. Depuis l’incident des chevaux, son cœur refusait de se calmer. La princesse avait rapidement récupéré contenance après sa chute, mais Link avait distinctement vu ses mains trembler pendant tout le reste du trajet. Lui-même avait encore du mal à refouler le contrecoup de l’adrénaline.
Il pénétra à la suite de Zelda et des ingénieurs dans le palais du roi Dorefah. Il resta quelques pas derrière eux, dans une posture de garde, mais Mipha lui fit signe de s’avancer.
- Ils ne craignent rien ici, lui glissa-t-elle gentiment lorsqu’il arriva à sa hauteur.
Link acquiesça sans parvenir à lui rendre son sourire. Il leva les yeux et manqua de sursauter lorsqu’il vit le roi Dorefah assis sur son trône. Il pensait ne plus pouvoir être surpris par la taille des Zoras, qui atteignaient en moyenne les deux mètres et demi. Le roi Dorefah en mesurait près de quatre, et presque autant en largeur. Il ressemblait à un énorme requin auquel des membres de bipède auraient poussé. Lorsque la princesse Zelda s’agenouilla devant lui, elle parut plus minuscule que jamais. Link l’imita, ainsi que Pru’ha et Faras.
- Mes respects, roi Dorefah. Je vous remercie de m’accueillir, ainsi que les ingénieurs Sheikah et nos chevaliers, dans votre magnifique cité.
- Relevez-vous, princesse d’Hyrule, et soyez remerciée d'honorer le domaine Zora de votre présence. Nous sommes très reconnaissants que le Roi Roham ait accédé à notre requête d'envoyer des ingénieurs Sheikah examiner la relique que nous avons trouvée.
Zelda se leva. Link, à l’instar de Pru’ha et Faras, préféra garder genou à terre.
- Je vous adresse toutes mes félicitations, ainsi que celle de mon père, pour la naissance de votre fils le prince Sidon, dit Zelda avec douceur. Nous vous avons apporté un cadeau pour célébrer cet heureux événement.
Le sourire du roi Dorefah révéla sa dentition acérée.
- Il a hérité de la magnifique écaille rouge de sa mère, comme notre bien-aimée Mipha. Souhaitez-vous le rencontrer ? Nous serions honorés que sa naissance soit bénie par la Prêtresse Royale en personne.
Zelda accepta avec une joie non feinte. Le roi Dorefah se pencha sur une bassine richement incrustée de joyaux installée près de son trône. Il plongea les mains dans l’eau et en sortit une toute petite créature aux écailles rouges. Le nourrisson geignit d’être ainsi sorti de l’eau et se blottit dans les immenses paumes palmées de son père. Le souverain fit signe à Zelda de s’approcher et plaça le bébé dans ses bras. Ce dernier semblait minuscule dans les mains gigantesques du roi mais était bien gros pour les bras d'une enfant hylienne. La princesse le souleva avec précaution et le cala contre elle, ployant un peu sous son poids. Ses vêtements furent trempés par les écailles ruisselantes du petit Zora mais cela n’altéra pas son sourire.
- Prince Sidon, précieux fils du roi Dorefah et de la reine Midoré, reçois de ma main la bénédiction d’Hylia. Je te confie la force de Farore, le courage de Din, et la sagesse de Nayru. Puissent les déesses guider tes pas et protéger les tiens.
Du bout des doigts, elle traça sur le front bombé de Sidon le symbole de la Triforce. Le petit Zora bailla de sa bouche dénuée de dents et s'endormit dans les bras de la princesse.
- Merci, prêtresse royale. Puissent mon fils et ma fille connaître une ère de paix, conclut le roi Dorefah en croisant les mains sur son ventre.
- Nous le souhaitons tous, répondit Zelda en ajustant la position du prince endormi dans ses bras.
Mipha vint soulager la princesse hylienne du poids de son petit frère et replaça ce dernier dans le berceau rempli d'eau près du trône.
- C'est pour garantir cette paix que nous avons fait appel à vos ingénieurs, reprit Dorefah. Comme notre diplomate l'a expliqué au roi Roham, nous avons trouvé une immense relique au fond du Lac du Barrage de l'Est, et nous sommes convaincus qu'il s'agit d'une antique machine Sheikah, conçue pour affronter le fléau. Si nous parvenons à la remettre en état de marche, nul doute qu'elle pourrait devenir une arme redoutable pour nous aider à vaincre Ganon lorsqu'il reparaîtra.
- Mon père a compris l'avantage stratégique que représente une telle découverte et vous confie les compétences de Faras et de Pru'ha, nos deux meilleurs scientifiques.
Zelda désigna les deux ingénieurs, qui s'inclinèrent plus profondément à la mention de leur nom. Le roi Dorefah sembla satisfait.
- Que Roham en soit remercié.
Il se pencha ensuite vers Link et détailla l’enfant d’un regard curieux.
- Et j’en déduis que vous êtes le héros envoyé par Hylia.
- C’est exact, votre majesté, répondit Zelda à la place du concerné. Je vous présente le chevalier Link, élu des déesses et porteur de la Lame Purificatrice. Nous remercions la princesse Mipha de nous avoir gratifié de sa présence lors de la cérémonie de son adoubement, la semaine dernière.
- Je vous adresse mes félicitations pour votre adoubement, dit courtoisement le roi Dorefah à l’adresse de Link. C’est un grand honneur pour mon peuple d’accueillir les deux élus des déesses dans notre domaine. Nous plaçons tous nos espoirs en vous. Soyez sûrs que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous assister dans votre quête.
Le garçon acquiesça poliment et laissa Zelda enchaîner. La conversation continua de s'éterniser en courtoisies et discussions sur les affaires courantes du royaume. Link écouta avec admiration la princesse converser avec l’imposant monarque Zora, sereine et gracieuse malgré son jeune âge et sa tenue trempée. Du haut de ses douze ans, Zelda possédait une aisance diplomatique impressionnante.
Le seigneur Dorefah les congédia finalement en confiant à Mipha le soin de les guider dans la cité. Le soir tombait et la princesse Zora commença par leur présenter les quartiers à coucher, afin que chacun puisse se délester de ses affaires de voyage. L’auberge de la cité avait été aménagée pour recevoir l’escorte militaire, tandis que des chambres personnelles avaient été prévues pour Zelda, les deux ingénieurs, et, à sa grande surprise, pour Link.
- Je peux dormir avec le reste de la troupe, balbutia le jeune chevalier à Mipha lorsqu’elle lui montra la magnifique chambre qu’on avait prévue pour lui.
- C’est la moindre des choses que de recevoir l’élu d’Hylia dignement, lui répondit-elle en souriant doucement. Tu es l’une des figures les plus importantes du royaume, tu sais.
Link n’argumenta pas davantage. Il avait espéré profiter de la nuit pour surveiller les agissements suspects des membres de la troupe. Cependant, sa chambre individuelle avait l’avantage de jouxter celle de Zelda, lui offrant l’opportunité de monter la garde pendant la nuit sans attirer l’attention. Impa saurait se charger de débusquer les faux chevaliers.
A mesure que l’obscurité engloutissait le domaine Zora, les murs et les piliers de la ville s’illuminèrent, sous le regard ébloui des hyliens qui y logeaient pour la première fois. Link fut installé aux côtés de Zelda pour le dîner et put profiter de la conversation des architectes Zoras, qui expliquaient à Pru’ha et Faras cet étrange phénomène lumineux : la ville était entièrement bâtie dans un minerai rare, les gemmes nox, possédant la particularité d’absorber la lumière du soleil et de la restituer à la tombée de la nuit. Le jeune chevalier écouta ces conversations avec intérêt en dévorant les plats de poisson frais qu'on leur servait.
Au cours du dîner, il remarqua que Zelda ne faisait plus preuve d’autant de froideur à son égard qu'auparavant : bien qu’elle fut absorbée par les discussions entre les architectes et les ingénieurs, et qu’elle conversa longuement avec le roi Dorefah et la princesse Mipha, elle profita d'un moment de battement pour s'adresser à lui à voix basse :
- J'ai mis le scarabée dans une boîte, j'espère pouvoir m'en occuper suffisamment bien pour le ramener au château. Il est vraiment magnifique, avec sa carapace dorée ! Je l'installerai dans mon étude.
Link ne put réprimer le sourire qui lui brûlait les joues :
- Je suis sûr qu'il est entre de bonnes mains.
Il ne trouva rien de plus intelligent à dire mais Zelda sembla contente qu'il lui réponde.
- Si tu trouves d'autres insectes, n'hésite pas à les attraper. Après ce voyage, je ne sortirai probablement pas du château avant un long moment et je serais contente d'avoir plusieurs spécimens à observer !
Link acquiesça mais, avant qu'il ne trouve quelque chose à répondre, Zelda fut interpellée par d'autres convives. Il continua à manger en silence, savourant la joie que cette brève conversation avait fait naître en lui.
Lorsque le repas fut fini, chacun regagna ses appartements. Sur le pas de sa porte, Zelda souhaita une bonne nuit à Pru'ha et à Faras, puis se tourna vers Link pour le saluer également. Il lui répondit en s'inclinant et chacun entra dans sa chambre.
Une fois seul, Link se libéra de sa lourde armure qu'il n'avait pas encore l'habitude de porter. Vêtu d'une tunique simple et d'un pantalon en toile, il ne se coucha pas pour autant, et enfila à nouveau la ceinture thoracique qui lui permettait de porter son épée. Il s'assit dans un fauteuil et attendit, vigilant.
On toqua finalement à sa porte. Il ouvrit et laissa entrer Impa, qui se glissa dans la pièce comme une ombre. Elle avait troqué son encombrant déguisement de chevaleresse pour une tenue de dissimulation portant l’emblème Sheikah. Elle inspecta la pièce puis posa son regard sur Link.
- Je suis contente de voir que tu n'as pas eu l'imprudence de t'endormir, dit-elle à voix basse.
- Je vous attendais, répondit simplement Link.
- Bien. Alors voilà comment on va s'organiser. Je vais mener mon enquête pour débusquer les traîtres qui se cachent dans la troupe. Les Zoras ne doivent surtout pas savoir que des Yigas sont infiltrés parmi nous. Si le roi Dorefah apprend que nous avons fait entrer l'ennemi dans son domaine, même à notre insu, cela peut avoir de graves conséquences diplomatiques, surtout dans le contexte de la naissance récente du prince et de la santé déclinante de la reine Midoré.
Link acquiesça, mais il regretta de ne pas pouvoir compter sur les puissants guerriers Zoras pour les épauler.
- Ton rôle sera de veiller discrètement sur la sécurité de la princesse, enchaîna-t-elle. Et j'insiste sur la discrétion : elle ne doit pas non plus savoir que des assassins se terrent parmi nous pour la tuer.
Il déglutit.
- Je pense qu'on devrait la mettre au courant, se permit-il d'intervenir. Elle sera plus prudente si elle sait qu'elle n'est pas en sécurité.
- Mais cela risque de la perturber, et nous ne devons en aucun cas compromettre sa concentration lorsqu'elle ira méditer dans les sources Zora. Le stress pourrait être un obstacle supplémentaire à l'éveil du pouvoir du Sceau. Or, c'est la priorité absolue.
Link y consentit, bien qu'il n'aimât pas l'idée de cacher une information aussi importante à la princesse.
- Nous allons nous relayer pour monter la garde devant sa chambre, enchaîna Impa. Il faut tout de même que tu dormes un peu, tu ne pourras pas rester éveillé pendant tout le séjour. Je prends la première garde. Dors quelques heures puis viens me remplacer.
***
Zelda s'éveilla avant les premières lueurs de l'aube. Mipha lui avait promis de venir la chercher dès le lever du jour pour l’emmener à la cascade de Sera, une des sources sacrées du domaine. Consciente qu’elle s’était réveillée trop tôt, la princesse hylienne se retourna dans ses couvertures mais ne parvint pas à refermer les yeux. Rien dans sa vie n’avait été aussi palpitant que ce voyage. Pour la première fois de sa vie, on lui offrait le monde hors du château. Elle désirait ardemment découvrir les alentours de la cité Zora et fouler du pied et du regard tout ce qu’elle n’avait jusqu’alors exploré qu’à travers des livres. De plus, la découverte de l’antique machine au fond du Barrage du Lac de l’Est démangeait sa passion pour les technologies Sheikah ; elle n’arrivait pas à arrêter d’y penser. En allant prier tôt le matin, elle espérait pouvoir rejoindre Pru’ha et Faras plus tard dans la journée et voir de ses propres yeux la machine gigantesque.
Incapable de contenir son impatience, elle sauta hors de son lit et s’empressa de faire ses ablutions dans la petite fontaine d’eau tiède qui chantait joyeusement au centre de sa chambre. Elle se vêtit ensuite de sa robe de prêtresse et se coiffa prestement. Une fois prête, elle regarda avidement par la fenêtre, mais constata que le soleil soulignait tout juste le sommet des falaises d’une fine ligne dorée. Elle essaya de s’occuper, nourrit son scarabée et explora sa chambre somptueuse, mais elle se trouva rapidement désœuvrée. Elle soupira et s’assit sur son lit. Après quelques secondes d’inactivité, elle décida que rien ne lui interdisait de quitter sa chambre et de se promener dans la cité. Sans y réfléchir davantage, elle se chaussa et sortit.
La lumière qui émanait de la pierre bleue de l’architecture Zora s’estompait à mesure que les premiers rayons du soleil pénétraient la cuve formée par les falaises. Zelda marcha tranquillement dans la ville presque déserte, saluant les quelques gardes Zora qu’elle croisait. Ces derniers semblaient surpris de la voir si tôt levée mais se contentaient de lui répondre courtoisement et continuaient leur ronde sans s’inquiéter de la voir errer seule. Le maigre nombre de guerriers et de guerrières mobilisées traduisait la confiance des Zoras quant à la sécurité de leur ville. Zelda souhaita en soupirant qu’il en fut de même au château d’Hyrule : elle ne supportait plus d’être talonnée à longueur de journée par d’absurdes escortes. Avait-elle vraiment besoin d’être continuellement surveillée lorsqu’elle parcourait les couloirs de sa propre demeure ?
Elle savoura cette occasion unique de se déplacer seule, libre d’assouvir son désir d’explorer cet environnement inconnu. Elle gravit les marches qui menaient aux plateformes supérieures, observa les bretelles d’eau qui permettaient aux Zoras d’accéder aux différents niveaux de la cité, admirant l’ingéniosité des architectes. Lorsqu’elle atteint l'extrémité ouest, elle déboucha sur l’un des deux ponts latéraux qui reliaient la cité aux flancs des falaises. Pour accéder à ce pont, il fallait passer par un kiosque, composé de quatre piliers richement ornés et surmontés d’un toit alambiqué. Ce petit espace permettait d’avoir une vue dégagée sur les alentours et Zelda se demanda s’il s’agissait en réalité d’un poste de garde. Cependant, aucun guerrier ne s’y trouvait. Elle franchit le kiosque et s’engagea sur le pont. Elle en parcourut la moitié puis se pencha pour observer le lac en contrebas.
Soudain, un mouvement dans sa vision périphérique la fit sursauter. Elle se redressa et tourna la tête, mais ses yeux ne trouvèrent que le pont et le kiosque vides. Tout au plus lui sembla-t-il entendre le bruit lointain d’un objet percutant la surface du lac et sombrer dans son eau trouble.
***
Lorsque Link vit Zelda quitter sa chambre et s’aventurer seule dans la ville endormie, son cœur manqua un battement. Sa nuit de garde avait été calme, et il avait naïvement accueilli les premiers rayons du soleil comme le signe que le danger était passé.
Il suivit discrètement la princesse à travers la cité et comprit qu’elle s’accordait une simple promenade matinale. Il se sentit mal à l’aise de la prendre en filature et hésita un instant à se manifester et à lui proposer de l’accompagner. Mais il chassa aussitôt cette idée saugrenue : il doutait que la princesse accepte une promenade en sa compagnie. Il s’épargna donc ce malaise, bien qu’une partie de lui regrettât de ne pas s’y essayer.
Le plus difficile fut de ne pas se faire remarquer par les gardes Zoras que la princesse croisait ; s’ils ne semblaient pas s’étonner de voir la princesse errer ainsi à l’aube, Link ne doutait pas qu’ils trouveraient étrange de le surprendre caché vingt pas derrière elle. Il réussit à rester discret et suivit Zelda jusqu’à l’extrémité ouest de la ville. Elle s’aventura dans le petit kiosque qui permettait d’accéder à l’un des ponts latéraux de la cité. Aucun Zora n’y montait la garde, et un mauvais pressentiment fit frissonner l’échine du jeune chevalier. Tandis que Zelda s’engageait sur le pont, Link fit quelques pas de côté pour inspecter attentivement la structure. Son sang se figea alors dans ses veines.
Quelqu’un était perché sur le toit du kiosque. Il était vêtu d’une tenue rouge et noire très similaire à la tenue de dissimulation que portait habituellement Impa, et son visage était dissimulé derrière un masque décoré par le symbole Sheikah dessiné à l’envers. Link ne pouvait pas voir ses yeux mais le mouvement de sa tête lui fit comprendre qu’il suivait le déplacement de la princesse du regard. Le jeune chevalier se précipita sur l’un des piliers qui reliaient la petite plateforme au toit. Il avait conscience qu’il était désormais visible de Zelda si elle se retournait, mais l’urgence l’empêcha de s’en soucier. Il grimpa aussi vite qu’il put, aidé par les prises offertes par les ornements sculptés sur le pilier. Il se hissa sur le toit au moment où l’individu encocha deux flèches à son arc.
Link se jeta de toutes ses forces sur le Yiga, qui poussa une exclamation étouffée et tomba à plat ventre sur le toit. L’arc à double encoche échappa à ses mains, rebondit et tomba dans le lac. Le chevalier dégaina son épée et plaça sa lame luisante sous la gorge de l’agresseur.
- Ne bouge pas ou je t’égorge, lui glissa-t-il à voix basse en exerçant suffisamment de pression pour inciser légèrement la peau de son cou.
Le Yiga ricana.
- Tu n’en feras rien, petit héros. Hylia nous a bien facilité la tâche d’avoir nommé un gamin pour porter l’Épée légendaire.
Link arracha le masque sordide, sous lequel il découvrit le visage de l’un des chevaliers de la troupe. Il plaqua une main sur la bouche du traître, et, de l’autre, enfonça la pointe de son épée dans sa clavicule. L’homme poussa un glapissement de souffrance que Link étouffa du mieux qu’il put.
- Tu vas me donner le nom de tous les traîtres qui se cachent dans l’escorte, chuchota Link.
- Que dirais-tu de venir avec moi pour les rencontrer ? dit le Yiga en souriant malgré ses halètements de souffrance. Ils détiennent le petit prince poisson. Sidon, c’est ça ? Tu ne vas pas le laisser se faire tuer ?
Estomaqué, Link marqua un instant d’hésitation. Son ennemi en profita pour donner un soudain coup d’épaule en arrière, déséquilibrant l’enfant qui lâcha momentanément prise. D’un mouvement agile, le Yiga se retourna et le plaqua sur le toit en l’écrasant de tout son poids. Link essaya de se dégager mais les larges mains se refermaient déjà autour de sa gorge.
- Tu vois ? Tu n’es qu’un morveux ! chuchota-t-il en contemplant l’enfant qu’il étranglait s’agiter vainement. Et quand j’en aurai fini avec toi, j’irai égorger ta précieuse petite princesse qui est juste là, en bas. Je vais utiliser ta fameuse épée. Ce sera plus cocasse.
Link se débattit de toutes ses forces, mais, écrasé par le poids de l’adulte, il n’en perdit que plus vite son souffle. Asphyxié, il sentit le pommeau de son arme lui glisser des doigts. Sa vue se troubla. Il ferma les yeux et ouvrit la bouche en quête d’air. Le cri qu’il voulut pousser pour avertir Zelda resta bloqué dans sa gorge. Succombant au désespoir, il ne trouva qu’une personne à appeler à l’aide.
“Hylia !”
Rien ne se passa, et il sentit son esprit sombrer dans une terrifiante obscurité. Paralysé par la douleur, il trouva encore le courage de formuler une dernière prière.
“Déesse, pitié, protégez Zelda !”
Une intense chaleur émana soudain de l’Épée qu’il tenait encore du bout des doigts. Une énergie inattendue banda ses muscles et lui permit de raffermir sa poigne autour de son pommeau, juste avant que l’arme ne bascule dans le vide. D’un geste brutal, Link leva le bras et trancha la gorge du Yiga. Le traître écarquilla les yeux. Les mots qu’il voulut prononcer s’étouffèrent dans un gargouillis ensanglanté et il s’effondra sur l’enfant suffoquant.
<< ( Préc ) | ( Suiv ) >> |