Bonsoir.
Un nouveau problème est apparu dernièrement : il était devenu impossible d'accéder aux pages dont le lien contient un espace.
J'en ai trouvé la raison dans une obscure discussion sur un forum perdu dans le net.
Il se trouve que la dernière mise à jour dud serveur (le logiciel, pas la machine) a intégré un changement au niveau de la sécurité (???).
Il faut maintenant ajouter un drapeau supplémentaire pour que ces liens ne soient plus rejetés.
Ça m'a pris du temps et pas mal de redémarrages (désolé pour ça) avant de trouver et de modifier les fichiers de confoguration des sites.
En principe j'ai tout modifié, mais n'hésitez pas à m'envoyer un message privé si vous en trouvez d'autres.
Merci.
Les enfants élus | Auteur: Feldspath | Vue: 387 |
[Publiée le: 2022-12-12] [Mise à Jour: 2023-03-20] | ||
G Signaler | Général/Action-Aventure/Heroic Fantasy/De cape et d'épée/Amitié | Pas de commentaire |
Cette fanfic raconte l'enfance de Link et Zelda. L'année de ses 10 ans, Link découvre qu'il a été choisi par les déesses pour sauver Hyrule de la résurrection du Fléau Ganon. Jusqu'alors simple apprenti soldat, l'enfant devient malgré lui l'objet de tous les espoirs du royaume et lutte pour se montrer à la hauteur de cette terrifiante responsabilité. Lorsqu'il fait la rencontre de la princesse Zelda, son objectif se clarifie : faire ses preuves pour se montrer digne d'affronter le destin à ses côtés. Mais conquérir l'amitié de la princesse n'est pas si simple... Les deux enfants devront affronter leurs démons et les menaces qui les guettent pour se préparer à la terrible destinée que les déesses leur ont confiée. ☀️ Un chapitre chaque lundi ! ☀️ Quelques notes avant de lire : - Contenu sensible : pas de lemon ni de lime. Avertissement : certaines scènes de combat décrivent de la violence, des blessures et des décès. - Si vous avez la gentillesse de laisser un commentaire, n'hésitez pas à être sincères : je serais ravie de connaître votre avis et je suis toujours ouverte aux critiques constructives ! - Je n'ai joué qu'à Breath of the Wild et à Twilight Princess, je ne suis pas experte du lore de la franchise The Legend of Zelda. Cette fanfiction s'appuie donc uniquement sur Breath of the Wild et sur quelques éléments du lore que j'ai lus sur internet. Mon histoire ne prend pas en compte les événements de Hyrule Warriors : l'ère du fléau. | ||
Crédits: Les personnages et l'univers appartiennent à la licence The Legend of Zelda (Nintendo) |
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Chapitre 10 : Chevauchée[3162 mots] |
Publié le: 2023-02-13 | ![]() |
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Le matin du départ, Link, équipé de sa petite armure de chevalier, se rendit aux écuries. Le roi en personne avait ordonné qu’on lui offre un cheval en l’honneur de son adoubement. Estomaqué d’être gratifié d’un tel présent, dont le prix dépassait largement la somme que sa mère pouvait amasser en une vie de travail, Link demanda expressément qu’on lui confie Epona. Indépendamment de son coût exorbitant, ce cadeau du roi était le plus beau présent de sa vie : Epona avait été sa compagne d’apprentissage et il débordait de joie à l’idée qu’elle devienne la camarade de ses missions et de ses voyages.
Il la trouva déjà harnachée et piaffant d’impatience, visiblement ravie par la perspective d’une sortie en dehors de l’enceinte du château. Le jeune chevalier lui sourit et caressa affectueusement son encolure. Il sentit le souffle chaud et humide d’Epona mouiller ses joues tandis qu’elle le reniflait avidement. Il rit et lui offrit la pomme qu’il avait choisie pour elle sur le buffet du petit déjeuner. Lorsque la jument eut dévoré sa friandise et frotté son museau contre sa joue avec reconnaissance, Link la mena dans la cour où se réunissait la troupe.
L’escorte prévue pour accompagner les ingénieurs Sheikah et la princesse jusqu’au domaine Zora comptait une vingtaine de guerrières et de guerriers chevronnés, choisis parmi les plus hauts gradés de la garde royale. Link savait que des agents des services secrets se trouvaient camouflés parmi eux. Hormis Impa, dont il reconnut le visage bien qu’elle fut déguisée à la perfection, il fut incapable de différencier les guerriers Sheikahs des véritables chevaliers et chevaleresses. Il frissonna en pensant qu’il serait tout aussi incapable de discerner un Yiga infiltré dans leurs rangs.
Lorsque la troupe fut au complet et au garde-à-vous, Zelda entra dans la cour, suivie par deux jeunes adultes aux cheveux blancs dont l’apparence excentrique attira tous les regards. Une femme munie de lunettes rouges et rondes avançait d’une démarche sautillante, suivie de près par un homme au torse fièrement bombé et aux lunettes si épaisses qu’on ne distinguait plus ses yeux. La princesse, quant à elle, avait troqué ses habituelles robes cérémonieuses pour le confort d’un pantalon de voyage.
Ils avancèrent vers les trois chevaux qui les attendaient au centre de la cour. Les deux Sheikah s’installèrent chacun sur les montures à la robe commune, tandis que le maître d’écurie aidait la princesse à monter une magnifique bête au pelage blanc. Cette dernière piaffait nerveusement et Zelda, maladroitement perchée sur la selle, semblait inquiète.
- Il est bien dressé, mais il a un tempérament farouche, lui expliqua le maître d’écurie en lui confiant les rênes. Soyez patiente et ne cédez pas à ses caprices.
Zelda ne sembla pas rassurée par les paroles de l’éleveur.
Les chevaliers et les chevaleresses se hissèrent à leur tour sur leurs montures et formèrent quatre rangs de cinq guerriers. Deux rangs ouvraient la voie, tandis que les deux autres fermaient la marche ; ainsi, les deux ingénieurs et la princesse se trouvaient à l’abri au centre de la formation. Comme convenu, Link prit place au milieu de la troisième rangée, juste derrière la croupe blanche de la monture de Zelda. Il savait qu’Impa se trouvait sur le cheval en face de celui de la princesse, de sorte que cette dernière se trouvait encadrée par quatre éléments de confiance : trois Sheikah et l’envoyé d’Hylia.
Le cortège quitta le château et traversa solennellement la citadelle d’Hyrule sous le regard curieux des citoyens, puis s’élança dans la plaine en direction de l’est.
Le trajet devait durer trois jours et des points d’étape avaient été décidés en amont du voyage. Les chevaux trottaient à petite allure et Link, d’abord aux abois en songeant aux potentiels assassins camouflés parmi eux, se surpris finalement à savourer cette traversée paisible de la plaine d’Hyrule. Émerveillé de découvrir le monde, il ne se lassait pas de regarder autour de lui, ravi d’apercevoir des cerfs détaler ou une nuée d’oiseaux jaillir des hautes herbes pour se précipiter dans le ciel. Il respirait avec plaisir l’odeur de la terre humide retournée par les sabots des chevaux. Sous ses cuisses, il sentait Epona trotter joyeusement. Il se penchait souvent pour flatter son cou, attendri de la voir si gaie.
Placé juste derrière Zelda, il ne put s’empêcher de lui jeter des regards réguliers. Il remarqua son dos rigide et ses mains crispées autour des rênes. Son beau cheval blanc secouait souvent la tête d’un air impatient et ne semblait pas apprécier que ses mouvements soient contraints par ceux du cortège. Link aurait voulu conseiller à la princesse de lui caresser l’encolure et de prendre le temps de l’apaiser, mais il ne trouva pas le courage de s’adresser à elle. Depuis le bal, il avait compris qu’elle ne l’appréciait guère, et il n’avait de toutes façons pas la témérité d’engager une conversation avec l'héritière du trône.
Il pouvait entendre ses discussions avec les deux ingénieurs Sheikah, dont il apprit le nom : Pru’ha, dont la joie espiègle et insouciante ponctuait sa voix de nombreux rires, et Faras, qui ne tarissait pas d’éloges sur sa propre personne. La princesse se montrait très familière avec eux et Link en déduisit qu’elle avait l’habitude de les fréquenter.
Tous les trois discutaient avec animation des antiques technologies Sheikah. Link éprouva beaucoup d’admiration envers Zelda lorsqu’il l’entendit attester d’un grand savoir sur ces sujets pointus. Il n’y comprenait pas grand-chose, mais elle formulait des hypothèses qui enthousiasmaient les deux ingénieurs et donnaient naissance à des débats animés. En écoutant leur conversation, Link comprit que le clan Sheikah avait récemment découvert une mystérieuse tablette, vestige de la prodigieuse technologie de leurs ancêtres. Les ingénieurs supposaient que cette tablette pourrait être la clé d’activation des Gardiens, ces machines de guerre conçues pour combattre la précédente incarnation du fléau. Les ingénieurs travaillaient à leur restauration dans l’espoir de remettre cette puissance au service du royaume. Cependant, le savoir de leurs ancêtres était perdu et ils devaient également élucider leur fonctionnement une fois les machines remises en état de marche. Zelda semblait passionnée par la discussion et citait sans cesse des manuscrits qu’elle avait dénichés sur le sujet.
Au bout de quelques heures de chevauchée, leur conversation quitta finalement les antiques technologies Sheikah pour dériver vers de nouveaux sujets.
- Je suis tellement heureuse de quitter le château, confia Zelda à ses deux compagnons. J’ai toujours rêvé de voir la faune et la flore d’Hyrule de mes propres yeux. Combien de fois ai-je dévoré les encyclopédies illustrées de la bibliothèque… il y a encore tant de choses à découvrir !
- Je partage votre enthousiasme, répondit Pru’ha de son rire espiègle. Savez-vous que les Gerudo ont récemment remarqué que la faune et la flore de leur désert ont développé une grande résistance aux courants électriques ?
- Oui ! s’exclama Zelda avec ravissement. Je suis convaincue que quelques recherches sur ces espèces pourraient nous permettre d’élaborer des remèdes qui augmenteraient notre propre résistance à l’électricité !
- Tout à fait, intervint Faras en acquiesçant d’un air expert. J’ai moi-même conçu une concoction qui soulage des fortes chaleurs, grâce aux propriétés exceptionnelles des espèces qui vivent dans la région enneigée de Lanelle.
- Peuh ! Tu n’as fait que reproduire les mêmes expériences qui ont donné naissance aux potions qui protègent du froid, ricana Pru’ha en lui tirant la langue.
Les deux ingénieurs se disputèrent un peu, jusqu’à ce que Zelda dise rêveusement :
- J’espère pouvoir profiter de cette sortie pour explorer un peu Hyrule et observer la faune et la flore. Peut-être pourrais-je attraper une de ces libellules qui ne craignent pas le feu ? Ou trouver une Princesse de la Sérénité, ces fleurs si rares et fragiles qu’on n’arrive pas à les faire pousser ? Oh, et j’adorerais dénicher un de ces scarabées que j’ai vus dans l’encyclopédie illustrée…
Faras et Pru’ha s’interrompirent et échangèrent un regard gêné.
- Pardonnez-moi, princesse, intervint finalement Faras, mais les directives de votre père le roi ont été très claires. Nous devons réduire les pauses du voyage au strict nécessaire et nous concentrer sur l’étude de la machine découverte par les Zora. Quant à vous…
- Je dois passer mes journées à prier dans les sources qui entourent la cité, récita Zelda en s’assombrissant.
- Oui. Puis nous devons rentrer au château aussitôt notre travail accompli. Je pense que nous n’aurons pas le temps d’explorer les environs ni de chercher des insectes et des fleurs.
Zelda acquiesça, l’air peinée. Elle resta silencieuse jusqu’à ce que la troupe atteigne la première étape.
***
Le premier soir, le détachement fit étape à la garnison du Camp des Landes, un avant-poste fortifié bâti au bord de l’affluent où commençait la rivière Zora. Les soldats affectés, avertis de la venue de la princesse, des ingénieurs et de leur escorte, avaient préparé la caserne et leur offrirent le couvert et le couchage.
Le jour suivant, ils empruntèrent la route qui longeait la rivière Zora. Une embuscade de bokoblins, qui se firent massacrer en quelques minutes par la troupe d’élite, fut la seule péripétie de ce trajet. Zelda fut perturbée de voir les créatures se faire tuer. Elle n’en dit rien, certaine d’être moquée si elle exprimait de l’empathie pour ces monstres. Les gerbes de sang n’en restèrent pas moins gravées dans ses rétines pour le reste de la journée.
En fin d’après-midi, ils installèrent un campement à l’entrée des terres Zora.
- Nous avons envoyé un messager prévenir le peuple Zora de notre arrivée imminente. Le roi Dorefah enverra l’un de ses sujets descendre la rivière demain matin pour nous guider jusqu’à la cité. Nous arriverons probablement demain en fin d’après-midi.
Zelda remercia le chevalier qui s’inclina et retourna dresser les tentes pour la nuit. Elle proposa son aide à maintes reprises mais les guerriers s’y opposèrent fermement. Elle contempla quelques minutes les chevaliers et les chevaleresses affairées, puis décida de s’éloigner un peu pour ne pas gêner davantage la construction du campement.
Elle savait qu’elle ne devait pas se soustraire à la surveillance de la troupe, aussi décida-t-elle simplement d’aller s'asseoir sur la berge de la Zora, une centaine de mètres plus loin. L'eau était si claire qu’elle pouvait contempler les plantes aquatiques qui dansaient dans le lit de la rivière. Elle apercevait parfois des carpes qui avançaient en battant de la queue et suivait leur déplacement du regard, admirant le reflet du soleil sur leurs écailles scintillantes. Qu’il était bon de voir le monde autrement que par les fenêtres du château et les pages des encyclopédies ! Elle n’avait jamais ressenti une telle joie. Autour d’elle, le monde grouillait de vie. Elle pouvait entendre le chant des oiseaux et le froissement de leurs ailes, le bruissement du vent dans la frondaison. Elle respirait à pleins poumons les odeurs de la végétation humide, plongeait les mains dans l’eau glacée de la rivière et enfonçait ses doigts dans la vase visqueuse. Elle se sentit finalement impatiente de découvrir les sources Zora dans lesquelles Mipha l’avait invitée à venir méditer. Peut-être que ce foisonnement de vie inspirerait ses prières ? Elle le souhaita ardemment.
Elle demeura assise sur la berge de la rivière à contempler le monde un long moment. Puis un mouvement dans sa vision périphérique la fit sursauter. Elle se retourna et découvrit Link qui marchait le long de la berge. Elle pensait qu’il allait passer son chemin sans lui adresser la parole, aussi fut-elle surprise lorsqu’il s’arrêta près d’elle.
- Princesse Zelda ? prononça-t-il en s’inclinant.
- Eh bien ? répondit-elle avec plus de froideur qu’elle ne l’aurait souhaité.
Elle regretta sa voix glaciale car il se raidit aussitôt. Elle vit la pointe de ses oreilles rougir. Il sembla hésiter et Zelda retint un soupir agacé. Ce garçon ne savait-il donc pas parler ? Partagée entre la curiosité et l’irritation, elle croisa les bras. Il releva un peu la tête et dit simplement :
- Pardon, ce n’est rien.
Il se détourna aussitôt et s’éloigna. Désarçonnée par sa réaction, elle regretta soudain de s’être montrée si froide. Elle se mordit la lèvre et chercha un moyen de le rappeler.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle promptement.
Elle désigna les mains scellées du garçon, qui semblait tenir quelque chose enfermé au creux de ses paumes.
***
Link s’arrêta aussitôt et sentit sa gorge se serrer d’embarras. Il se maudit d’avoir eu l’idée d’amener sa trouvaille à la princesse. Il avait pourtant compris qu’elle ne l’appréciait guère. Il désirait ardemment s’enfuir, mais une question de l’héritière du trône avait valeur d’ordre. Il rebroussa donc chemin, retourna auprès d’elle et tendit ses mains closes. Elle se pencha dessus, visiblement curieuse. Il baissa le regard et entrouvrit les doigts, sentant la pointe de ses oreilles virer au cramoisi.
- Oh ! s’exclama-t-elle joyeusement. Un scarabé armo !
Surpris et soulagé d'entendre son ravissement, Link se risqua à lever les yeux. Il découvrit un visage où toute froideur avait disparu : les yeux de Zelda pétillaient d’émerveillement.
- C’est extrêmement rare ! Je n’en ai vu que dans des encyclopédies illustrées… Puis-je ?
Sans préambule, elle colla ses mains aux siennes pour récupérer le gros insecte doré. Link tressaillit au contact de ces doigts à la douceur délicate. Il espéra qu’elle ne sentait pas les cals dont le maniement des armes avait couvert ses paumes. Il écarta précautionneusement les doigts pour libérer le scarabée et le transféra dans les mains de la princesse. Elle sourit, l’air enchanté, et examina l’insecte qui se promenait sur sa peau.
- Il parait que certaines espèces ont des propriétés très particulières, expliqua-t-elle avec excitation sans quitter la créature des yeux. Utilisés comme ingrédients dans des remèdes, ces scarabées pourraient augmenter temporairement la résistance de l’épiderme d’un hylien. Mais ils sont si rares que peu d’expériences ont pu être menées à ce sujet… oh, il faut que je le montre à Pru’ha et Faras !
Elle fit volte-face et commença à trottiner joyeusement vers le campement. Mais, elle s’arrêta presque aussitôt et se tourna vers lui avec un air embarrassé :
- Pardon, je me suis laissée emporter… Il est à toi, je ne devrais pas le prendre comme ça.
- Non, dit spontanément Link. Je l’ai attrapé pour vous.
Il vit les yeux de Zelda s’écarquiller et ses pommettes rosir légèrement.
- Oh… dans ce cas… merci.
Elle lui adressa un regard curieux, puis le salua en souriant avant de reprendre le chemin du campement, les mains serrées autour de son trésor.
***
Le lendemain matin, la princesse Mipha elle-même, accompagnée de deux guerrières Zora, descendit la rivière jusqu’au campement pour accueillir Zelda et les ingénieurs.
- Nous allons remonter le cours d’eau jusqu’à la Cité, expliqua la princesse Zora de sa voix douce. Un sentier le longe, vous n’aurez qu’à nous suivre depuis la terre ferme. Soyez prudents avec vos chevaux : la route peut être dangereuse.
Les trois Zora les guidèrent ainsi le long d’un chemin escarpé serpentant entre des flancs de falaise et le précipice au fond duquel mugissait le torrent. Ce dernier prenait directement sa source à la cité Zora, qui ne se trouvait plus qu’à quelques heures de marche.
Les chevaux devaient progresser au pas les uns derrière les autres, car le sentier était trop étroit pour que deux équidés avancent côte à côte. Link, qui se trouvait toujours derrière la princesse, constata avec inquiétude que la monture royale s’agitait plus encore qu’à l’ordinaire. L’étalon était peut-être nerveux du fait de l’étroitesse de la route ou du rugissement du torrent qui résonnait sur la roche des falaises, mais l’enfant sentit que son comportement avait quelque chose d’étrange. Epona aussi semblait mal à l’aise et peinait à avancer.
- ça va ? murmura Link aux oreilles agitées de la jument
Pour toute réponse, elle secoua la tête avec un souffle gémissant. Link fronça les sourcils : quelque chose n’allait pas. Il examina attentivement ce qu’il pouvait voir de sa monture mais il ne constata rien d’anormal depuis la selle. Ce n’est que lorsqu’il aperçut les traces de sang sur la route devant lui qu’il comprit.
Son sentiment d’urgence lui donna le courage de crier :
- Halte !
Il tira fermement sur les rênes d’Epona pour enjoindre cette dernière à s’arrêter immédiatement. Le chevalier qui le suivait s’exclama avec surprise et colère et plusieurs chevaux se heurtèrent derrière lui. Link ignora les remontrances et sauta du dos d’Epona.
- Princesse Zelda ! appela-t-il, vous devez descendre de votre monture !
Elle tourna vers lui un regard surpris. Elle tira sur les rênes pour arrêter son cheval mais ce dernier s’ébroua brutalement. Elle laissa échapper un cri de surprise lorsque la force de la tête tirant sur la bride la fit basculer en avant. Elle se rattrapa à la crinière de la bête qui hennit sauvagement et se cabra pour se débarrasser de sa cavalière. Zelda fut projetée en arrière.
Foudroyé de peur, Link se précipita vers le point de chute. Une chevaleresse le devança et réceptionna la princesse avant qu’elle ne percute le sol. Sous le choc, les deux corps basculèrent et s’écrasèrent au bord précipice au fond duquel le torrent rugissait. Link se jeta sur elles et saisit le bras de la chevaleresse. Il tira de toutes ses forces, bientôt aidé par d’autres membres de la troupe. Ils hissèrent les deux corps le plus loin possible du danger.
Lorsque la princesse et sa protectrice furent traînées en sûreté au centre du sentier, cette dernière leva la tête et adressa à Link un regard enragé. L’enfant reconnut Impa dans son déguisement de chevaleresse.
- Qu’est-ce qui t’a pris ? siffla-t-elle d’une voix glacée de rage, tu veux la tuer ?
Link sentit deux guerriers le saisir par les bras comme pour l’empêcher d’attaquer Zelda, qui, prostrée dans les bras d’Impa, avait levé vers lui un regard pétrifié.
- Bien sûr que non ! se défendit Link. Son cheval est blessé ! Il allait la désarçonner d’un moment à l’autre ! J’ai voulu empêcher ça mais…
- Comment ça, son cheval est blessé ?
- Epona aussi, je crois, dit Link en essayant de maîtriser les tremblements de sa voix. Regardez sous leurs sabots.
Un chevalier avait saisi la bride du cheval royal qui, paniqué, se débattait sauvagement. Il fallut plusieurs guerriers pour le maîtriser. Lorsqu’ils purent finalement examiner ses pattes, ils découvrirent de profondes incisions dans la partie tendre du pied, ordinairement protégée par le solide rempart du sabot. Les mêmes entailles furent découvertes sur Epona. La terre salissant les plaies empêchait le saignement d’être trop abondant, mais ces blessures leur causaient certainement une grande souffrance.
- Ils se seraient blessés en marchant sur des pierres tranchantes ? demanda Faras d’une voix blanche.
- Les incisions sont trop nettes, remarqua sombrement Pru’ha.
- Inspectez tous les chevaux, ordonna Impa qui tenait toujours Zelda serrée contre elle.
La troupe s’exécuta. Aucun autre cheval n’était blessé.
Link, qui avait été relâché, échangea un regard avec la lieutenante des services secrets. Ils n’eurent pas besoin de parler. Ce sabotage cruel, qui avait probablement été perpétré la nuit précédente, parlait de lui-même.
Des Yigas se terraient dans la troupe.
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