Bonsoir.
Un nouveau problème est apparu dernièrement : il était devenu impossible d'accéder aux pages dont le lien contient un espace.
J'en ai trouvé la raison dans une obscure discussion sur un forum perdu dans le net.
Il se trouve que la dernière mise à jour dud serveur (le logiciel, pas la machine) a intégré un changement au niveau de la sécurité (???).
Il faut maintenant ajouter un drapeau supplémentaire pour que ces liens ne soient plus rejetés.
Ça m'a pris du temps et pas mal de redémarrages (désolé pour ça) avant de trouver et de modifier les fichiers de confoguration des sites.
En principe j'ai tout modifié, mais n'hésitez pas à m'envoyer un message privé si vous en trouvez d'autres.
Merci.
Les enfants élus | Auteur: Feldspath | Vue: 385 |
[Publiée le: 2022-12-12] [Mise à Jour: 2023-03-20] | ||
G Signaler | Général/Action-Aventure/Heroic Fantasy/De cape et d'épée/Amitié | Pas de commentaire |
Cette fanfic raconte l'enfance de Link et Zelda. L'année de ses 10 ans, Link découvre qu'il a été choisi par les déesses pour sauver Hyrule de la résurrection du Fléau Ganon. Jusqu'alors simple apprenti soldat, l'enfant devient malgré lui l'objet de tous les espoirs du royaume et lutte pour se montrer à la hauteur de cette terrifiante responsabilité. Lorsqu'il fait la rencontre de la princesse Zelda, son objectif se clarifie : faire ses preuves pour se montrer digne d'affronter le destin à ses côtés. Mais conquérir l'amitié de la princesse n'est pas si simple... Les deux enfants devront affronter leurs démons et les menaces qui les guettent pour se préparer à la terrible destinée que les déesses leur ont confiée. ☀️ Un chapitre chaque lundi ! ☀️ Quelques notes avant de lire : - Contenu sensible : pas de lemon ni de lime. Avertissement : certaines scènes de combat décrivent de la violence, des blessures et des décès. - Si vous avez la gentillesse de laisser un commentaire, n'hésitez pas à être sincères : je serais ravie de connaître votre avis et je suis toujours ouverte aux critiques constructives ! - Je n'ai joué qu'à Breath of the Wild et à Twilight Princess, je ne suis pas experte du lore de la franchise The Legend of Zelda. Cette fanfiction s'appuie donc uniquement sur Breath of the Wild et sur quelques éléments du lore que j'ai lus sur internet. Mon histoire ne prend pas en compte les événements de Hyrule Warriors : l'ère du fléau. | ||
Crédits: Les personnages et l'univers appartiennent à la licence The Legend of Zelda (Nintendo) |
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Chapitre 9 : le conseil[3572 mots] |
Publié le: 2023-02-06 | ![]() |
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Les gardes qui escortaient Link frappèrent puis poussèrent la lourde porte de la bibliothèque. L’immense salle, investie en urgence au milieu de la nuit, avait été éclairée par quelques lampes et quelques torches, mais les ténèbres continuaient de dévorer les interminables rangées de livres. Autour d’une vaste table, Link découvrit un petit comité constitué par des membres éminents de la cour ainsi que par quelques chevaliers et chevaleresses de haut rang. Il reconnut immédiatement Impa accompagnée par deux autres personnes aux cheveux blancs. Toutes les trois portaient une tenue de combat serrée par-dessus laquelle elles avaient revêtu un ample vêtement traditionnel beige et rouge. Le roi présidait cette petite assemblée et parlait à voix basse avec le capitaine de la garde royale.
Lorsque l’élu d’Hylia entra, tous les regards se tournèrent vers lui.
- Approche, ordonna le roi à l’enfant qui s’inclinait depuis le seuil de la porte.
Très intimidé, Link s’approcha de la vaste table et s’assit sur le siège qu’on lui désigna. Les gardes qui l’escortaient s’inclinèrent et prirent congé, fermant la lourde porte dans un bruit sourd.
- Chevalier Link, commença le roi d’une voix calme, les services secrets ont informé mon Conseil que tu es celui qui a trouvé le corps d'Adelaïde d’Adeya, fille de la duchesse et du duc d’Adeya. Peux-tu nous expliquer ce que tu as vu ?
Link glissa un regard vers Impa qui le sondait avec des yeux scrutateurs. Il frissonna et reporta son attention sur le roi. Déployant toute sa volonté pour conserver une expression stoïque, il répondit d’une voix qu’il espérait calme :
- J’ai quitté la salle de réception peu après minuit. Lorsque j’ai voulu revenir, j’ai aperçu une silhouette qui se déplaçait dans les couloirs et qui semblait tirer quelque chose. Lorsqu’elle m’a aperçu, elle a fui dans une chambre. Je l’ai poursuivie mais je n’ai pas retrouvé sa trace dans la pièce. La fenêtre était ouverte. Lorsque je suis retourné dans le couloir, j’ai découvert le…
Il sentit sa voix trembler.
- … le corps. C’est à ce moment-là qu'Impa est apparue, conclut-il en désignant la concernée.
- Impa nous a dit que tu n’étais pas seul, intervint un conseiller en fronçant les sourcils. Et les gardes t’ont vu quitter la salle de réception avec une autre personne.
Link déglutit. Il ne voulait pas que Neven soit impliquée, mais il ne put se résoudre à mentir.
- Il s’agit d’une apprentie soldate avec qui j’ai fait mes classes, répondit-il d’une voix qu’il sentit faiblir. Elle était venue me chercher pour que nous allions ensemble à la fête de la citadelle. J’ai commencé par la suivre, mais j’ai renoncé et j’ai décidé de retourner au bal. C’est à ce moment-là que j’ai vu la silhouette.
- Et ni toi ni ta petite amie n’a pu voir le visage de cette personne ?
- Le couloir était très sombre. Il s’est enfui aussitôt lorsqu’il m’a aperçu.
- Et il a simplement disparu de la pièce ? Sorti par la fenêtre, à plus d’une centaine de mètres de hauteur au-dessus des douves ?
- Oui, répondit Link sans argumenter davantage.
- Si vous voulez mon avis, tout cela est très suspect, conclut le conseiller d’un air assuré. Ce petit chevalier a été retrouvé armé près du cadavre, et est le seul témoin de la présence d’un prétendu meurtrier volatilisé avant qu’il ait pu voir son visage…
Des chuchotements s’élevèrent parmi les membres du conseil. Tout en gardant un visage neutre, Link serra ses genoux dans ses poings, sous la table. Il avait parfaitement conscience que les circonstances faisaient de lui un suspect idéal.
- Ne tirez pas de conclusions hâtives, Lothar, le reprit Impa d’une voix tranchante. Vous accusez deux enfants, dont l’envoyé d’Hylia lui-même. La probabilité qu’ils soient coupables de ce meurtre est infinitésimale. Vous savez comme moi que le clan Yiga est responsable.
- Vous me dites de ne pas tirer de conclusions hâtives, ricana Lothar, mais votre accusation n’est pas plus sensée. Quels éléments avez-vous pour accuser un clan dont on n’a pas entendu parler depuis des siècles ?
- Le clan Yiga existe encore, gronda Impa, cela fait des années qu’il essaye discrètement d’attenter à la vie de la princesse. Et maintenant que le héros a récupéré la Lame Purificatrice, ils comprennent que le temps leur est compté. Leurs attaques seront désormais moins discrètes, et plus violentes. Nous en avons eu la preuve ce soir.
- Balivernes, dit le conseiller en levant les yeux au ciel, le clan Yiga est un mythe, un conte pour effrayer les enfants.
- Avant de rejoindre le conseil royal, répondit Impa avec froideur, la majorité d’entre vous ignorait l’existence du clan Sheikah. Pourtant, nous sommes bien là, ajouta-t-elle en se désignant elle-même ainsi que les deux personnes aux cheveux blancs. Notre spécialité est la dissimulation. Il en va de même pour le clan Yiga.
- Vous n’avez aucune preuve à nous montrer !
- Il suffit, interrompit le roi avec fermeté.
Impa et Lothar se turent. Le monarque désigna Link et dit d’une voix implacable :
- L’élu d’Hylia n’est pas un suspect. S’il dit que l’apprentie soldate était avec lui lorsqu’il a trouvé le cadavre, elle est également lavée de tout soupçon. Je ne tolérerai pas des accusations qui portent outrage à la déesse et à son envoyé.
Le conseiller adressa des yeux ronds au monarque, puis s’inclina sans parvenir à retenir tout à fait sa grimace. Link sentit le poids qui écrasait son torse s’alléger un peu.
- Quant à accuser le clan Yiga, nous manquons effectivement de preuves, continua le roi en s’adressant à Impa.
- Sire, répondit-elle d’une voix pressante. Je pense que le coupable s’est caché au plafond, c’est pourquoi le chevalier Link ne l’a pas trouvé en inspectant la pièce. Ensuite, notre altercation et notre examen du corps lui ont laissé le temps de sortir par la fenêtre et de rejoindre une autre pièce en désescaladant la façade. Peu de personnes en seraient capables, mais c’est un jeu d’enfant pour un membre des clans Sheikah et Yiga. En inspectant la chambre, j’ai trouvé des traces qui vont dans le sens de mon hypothèse. J’ai lancé des membres des services secrets sur sa piste.
Lothar claqua la langue avec agacement mais ne dit rien. Le roi se pencha sur la table, joignit ses mains devant son menton et enchaîna :
- Bien. Si le coupable se trouve encore dans le château, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour le débusquer. La priorité de ce conseil est maintenant de prendre les mesures nécessaires pour renforcer la protection de la princesse Zelda.
- Et la vôtre, sire, intervint une conseillère avec déférence.
- Non, trancha le roi. La sécurité de la détentrice du pouvoir du Sceau est notre priorité absolue. Si je suis assassiné, une régence pourra gouverner le royaume en attendant que ma fille soit en âge de prendre ma place. En revanche, si Zelda venait à mourir avant le retour du fléau, Hyrule tout entier serait condamné.
Il balaya l’assemblée d’un regard dur :
- Aussi, si vous devez choisir entre la vie de ma fille et la mienne, sauvez la princesse Zelda.
Un lourd silence s’abattit dans la bibliothèque obscure. Link déglutit en regardant les chevaliers et les chevaleresses de la garde royale acquiescer froidement.
- Ce soir, reprit le roi après un temps de pause, j’ai autorisé la princesse à aller visiter la cité Zora, afin qu’elle aille méditer dans les sources du domaine. Dans les circonstances actuelles, je ne veux pas la laisser quitter le château. Cependant, il est possible que ce voyage soit une solution pour qu’elle parvienne enfin à éveiller son pouvoir. Quelles dispositions me suggérez-vous ?
- Sa sécurité est une priorité, il me paraît inconcevable de la laisser partir.
- Mais l’éveil du pouvoir du sceau est urgent et capital. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous en emparer.
- Nous n’avons aucune garantie que ce voyage porte ses fruits. C’est trop risqué. Gardons-la en lieu sûr.
- Le château n’a plus tellement l’air d’être un lieu sûr…
- Renforçons sa garde devant sa chambre.
- Assignons-lui une escorte permanente. Chaque pièce dans laquelle elle se rend doit être préalablement inspectée.
- Il ne me paraît pas judicieux de la laisser se déplacer dans le royaume…
Link écouta en silence les conseillers et conseillères débattre du bienfondé du voyage de la princesse. Il se sentit estomaqué en comprenant que cette dernière avait toujours été cloîtrée dans le château. Il pensait jusqu’alors que la noblesse, et notamment les membres de la famille royale, étaient les individus les plus libres du royaume. Aujourd’hui, il apprenait que les déplacements de Zelda dépendaient des discussions d’un conseil auquel elle ne participait pas, que les hautes instances du royaume parlaient d’elle comme d’une épée à aiguiser puis à garder précieusement dans son fourreau jusqu’au jour de la bataille. Entendre les conseillers royaux déshumaniser ainsi la princesse le glaçait. Seule Impa avançait des arguments en faveur de son bien-être :
- Le fait qu’elle soit enfermée ici est peut-être une des raisons du retard de l’éveil de son pouvoir. Depuis sa plus tendre enfance, elle fait énormément d’efforts et prie plusieurs heures chaque jour dans les temples du château. Elle n’a pas failli un seul jour, même lorsqu’elle est épuisée, même lorsqu’elle est malade. Il me semble que ce voyage pourrait lui faire le plus grand bien.
Link, encore indécis sur son sentiment vis-à-vis d’Impa, éprouva soudain pour elle davantage de sympathie. Il vit le roi froncer les sourcils d’un air songeur tandis que le reste des conseillers contre-argumentaient.
- Bien, interrompit finalement le souverain, ma décision est prise.
La petite assemblée se tut et tous les yeux se levèrent vers le monarque. Link retint son souffle.
- Zelda partira pour le domaine Zora en fin de semaine, comme prévu. Mais nous allons constituer une escorte d’élite pour l’accompagner. Impa et le capitaine de la garde royale seront chargés de choisir des guerriers et des guerrières de confiance pour l’accompagner.
Les quelques conseillers qui commencèrent à exprimer leurs réticences se turent sous le regard implacable du roi. Ce dernier enchaîna sur les dispositions à prendre pour la sécurité du royaume et pour le duc et la duchesse d’Adeya. Il congédia finalement son conseil, mais ordonna à Link et Impa de rester auprès de lui.
Le jeune chevalier obéit et regarda l’ensemble du conseil royal prendre congé. Certains membres semblaient mécontents ou troublés. Il vit une conseillère au visage inquiet chuchoter à l’oreille du capitaine de la garde royale en désignant discrètement Lothar. L’enfant comprenait qu’une grande partie de la politique se tramait dans ces échanges chuchotés. Il observa et écouta attentivement tout ce qu’il pouvait percevoir. Il avait conscience que tout ce qu’il venait d’entendre relevait des affaires confidentielles du royaume et il avait du mal à comprendre pourquoi il avait été invité à assister au rassemblement des hautes instances politiques d’Hyrule.
Lorsque tous les membres du conseil eurent quitté la pièce, Link se tourna vers Impa et vers le roi. Tous deux le jaugeaient d’un œil inquisiteur, provoquant en lui un profond sentiment d’appréhension.
Sans un mot, Impa alla inspecter les recoins obscurs de la bibliothèque, vérifia que nulle oreille ne traînait derrière la lourde porte en bois massif ou entre les étagères de livres. Pendant ce temps, le roi consultait ses notes et y griffonnait des commentaires supplémentaires. Link demeura immobile et silencieux.
- Bien, reprit Impa lorsqu’elle eut achevé son examen des lieux. Commençons les choses sérieuses. Link, fit-elle sans ménagement en abattant sa main sur la table, tu certifies que tout ce que tu as dit au Conseil est véridique ?
- Oui, répondit-il après avoir dégluti.
- Lorsque la silhouette t’a vu et s’est enfuie, tu n’avais pas dégainé ton épée, n’est-ce pas ?
Link secoua négativement de la tête.
- Elle n’a donc pas pu te reconnaître. Elle n’a pas fui devant le héros d’Hyrule ni devant un chevalier, mais devant la silhouette d’un enfant.
- Qu’en déduis-tu ? demanda le roi d’un air grave.
- D’ordinaire, un Yiga n’aurait pas eu peur d’engager le combat, et n’aurait pas eu de scrupule à tuer un enfant.
- Cela ne remet-il pas en cause ton hypothèse ?
- Non. Je pense que s’il a fui, c’est parce qu’il voulait absolument éviter le risque d’être reconnu.
- Ce qui signifie qu’il s’agit potentiellement d’un résident du château, conclut sombrement le roi.
- Tout à fait. C’est pourquoi j’ai déjà envoyé des membres des services secrets pister les traces qu’il a laissées derrière lui. Avec un peu de chance, nous pourrons le débusquer avant qu’il poursuive ses agissements. Mais cela signifie aussi qu’il est possible que d’autres membres du clan Yiga soient infiltrés dans le château, peut-être même parmi les membres hauts placés de le cour. Nous devons faire preuve de la plus grande prudence et limiter au maximum les personnes auxquelles nous divulguons les dispositions prises pour protéger la princesse.
Elle marqua une pause avant d’ajouter sombrement :
- Permettez-moi d’exprimer mes suspicions vis-à-vis de Lothar. Son accusation à l’encontre de l’élu d’Hylia était extrêmement suspecte.
- Lothar siège au conseil depuis plus de dix ans. Cette accusation est très grave.
- Autorisez-moi à surveiller ses agissements. Je n’avancerai pas d'accusation supplémentaire sans preuve.
Le roi prit un temps de réflexion.
- Fort bien. Mais soyez discrète. Ne provoquons pas d’incident.
- Je m’y engage.
Elle se tourna ensuite vers Link :
- Link, il est essentiel que tu comprennes ce qui est en jeu. As-tu déjà entendu parler du clan Yiga ?
Il secoua négativement la tête. Impa s’assit sur un siège en face du sien, posa les mains sur la table, et commença son récit :
- Il y a très longtemps, le clan Sheikah, qui a juré allégeance à la famille royale et aux déesses depuis l’aube d’Hyrule, s’est divisé. Vois-tu, les Sheikah ont joué un rôle déterminant dans la défaite de la précédente incarnation du Fléau Ganon, il y a dix mille ans, en mettant leur technologie avancée au service du héros et de la princesse de cette époque. Après cette victoire, les Sheikah ont été vénérés. Cependant, les générations suivantes de la famille royale commencèrent à craindre que la puissance de ces technologies ne mette en péril leur propre pouvoir. Leur peur s’est répandue et les habitants d'Hyrule ont commis des actes de persécution à l’encontre de mes ancêtres. Cela a provoqué un schisme au sein du clan : certains Sheikah choisirent de rester fidèles à la famille royale et de renoncer à leur savoir, mais d'autres, outrés d’être maltraités alors que leur technologie avait été créée pour le bénéfice d'Hyrule, choisirent de jurer allégeance au Fléau Ganon et créèrent le clan Yiga. Leur objectif est d'œuvrer à la réussite de sa résurrection.
Link déglutit. Il ne put s’empêcher de penser que les Sheikahs d’alors avaient de bonnes raisons de renier la famille royale. Cependant, jurer allégeance à Ganon lui paraissait absurde : selon les légendes, le Fléau n’apportait que la mort et la destruction, corrompant tout ce qu’il touche pour ne laisser qu’un tas de cendres dans son sillage. Quel bénéfice les Yigas espéraient-ils tirer de sa victoire, quelle existence désiraient-ils mener dans un royaume réduit à l’état d’un champ de ruines et de cadavres ?
- Ils ont conservé les aptitudes de dissimulation et de camouflage propres à mon clan, continua Impa. Lorsqu’ils se déguisent et s’infiltrent parmi nous, ils sont extrêmement difficiles à détecter. Du moins, jusqu’à ce qu’ils passent à l’acte. Maintenant que tu as récupéré l'Épée et que le retour du fléau est prévu dans les prochaines années, leur prudence va très probablement s’étioler au profit d’actions plus radicales. Cela peut jouer en notre faveur, mais peut également avoir des conséquences désastreuses, comme nous l’avons vu ce soir. Ils ne reculent devant rien, vols, usurpation, kidnappings, emprisonnement, meurtre… il serait fatal de les sous-estimer. Le clan Yiga est notre principal ennemi, et toi et Zelda êtes leurs cibles. La princesse a déjà été l’objet de nombreuses tentatives d’assassinat depuis sa naissance, même si elle n’en a pas été informée.
Link sentit un frisson d’horreur lui parcourir l’échine. L’image du corps sans vie d’Adelaïde hantait ses rétines. Malgré lui, le visage de la princesse remplaça progressivement les traits de la défunte, et c’est le cadavre de Zelda qui apparaissait désormais inlassablement dans son esprit horrifié.
- Laissez-moi accompagner la princesse à la cité Zora, s’exclama-t-il sans réfléchir.
Impa lui adressa un regard étonné.
- Ce ne serait pas raisonnable de risquer la vie des deux élus lors de ce voyage, commença-t-elle. Nous devrions…
- Dire ça, coupa abruptement Link, ça revient à dire que vous êtes prête à laisser partir la princesse sans être sûre de sa sécurité.
Elle resta sans voix.
- Ce cortège doit devenir l’espace le plus sécurisé du royaume, continua-t-il témérairement. Si j’en fais partie, je serai non seulement protégé par l’ensemble de l’escorte, mais je serai une protection supplémentaire pour la princesse Zelda.
La Sheikah fronça les sourcils. Emporté dans son élan, Link enchaîna imprudemment :
- Si ma présence et celle de la princesse attirent le clan Yiga, ce sera peut-être même l’occasion d’en démasquer !
- Tu penses déjà être à la hauteur d’une telle mission ? demanda froidement Impa.
- Oui, répondit-il sans hésiter.
- Quelle impertinence !
Link soutint son regard avec hardiesse. Puis il se souvint brutalement qu’il se trouvait en présence de la lieutenante des services secrets, mais également du roi lui-même. Horrifié, il baissa les yeux et s’excusa platement.
- Mes mots ont dépassé ma pensée, prononça-t-il piteusement.
Il vit Impa serrer les poings sur la table. Il comprit qu’il avait dépassé les bornes et se prépara à subir la colère du roi. Cependant, le monarque ne sembla pas troublé par l’intervention impromptue du jeune chevalier.
- Derrière ce mutisme et ce visage inquiet, il y a en réalité un garçon qui a confiance en ses capacités, remarqua-t-il d’une voix tranquille.
Surpris, Link se risqua à lever les yeux vers son roi. Ce dernier le considérait avec une expression calme et grave. L’enfant se sentit écrasé sous le poids de ce regard et baissa à nouveau les yeux sur ses genoux.
- Je t’accorde de faire partie de l’escorte qui accompagnera ma fille à la cité Zora. Je pense en effet que votre sécurité mutuelle n’en sera que renforcée. Impa fera également partie du voyage afin d’assurer votre protection rapprochée face à un éventuel assaut du clan Yiga.
La Sheikah s’inclina respectueusement, et Link l’imita. Le soulagement qui se diffusait dans sa poitrine se disputait à la crainte de ne pas être à la hauteur de la témérité dont il venait de faire preuve. Terrasser tous les apprentis de l’école de chevalerie avec une épée en bois lui parut soudain dérisoire en comparaison d’une mission impliquant de véritables assassins. Mais il serra le poing avec détermination : il portait désormais le titre de chevalier. Il devait s’en montrer digne, et ne pas décevoir la confiance que son souverain plaçait en lui.
***
Sur ordre du roi, Link fut escorté à ses nouveaux appartements. Les premiers rayons du soleil commençaient à chasser l’obscurité. L’adrénaline qui avait envahi ses veines pendant les événements de la nuit refluait, et il se découvrit soudain perclus de fatigue. Le soldat qui l’accompagnait le guida dans l’aile de la garde royale, où logeaient les chevaliers et les chevaleresses de haut rang.
Il entra dans une pièce agrémentée d’un lit simple à baldaquin, d’un grand coffre et d’une cheminée étroite où crépitait un feu. Une vaste fenêtre dessinait des carrés de lumière sur le sol dallé. La chambre n’était pas grande, mais elle lui parut immense en comparaison du cagibi qu’il avait occupé plusieurs années avec sa mère. Bien qu’elle n’égalât pas le gigantisme du dortoir des apprentis chevaliers, il lui sembla absurde qu’on lui accorde un tel espace pour sa seule occupation.
Il remercia le garde qui l’escortait d’un hochement de tête et ce dernier prit congé. Link fit quelques pas dans la pièce. Il remarqua que ses rares affaires avaient déjà été rangées dans le coffre, ne couvrant même pas son fond matelassé. Il découvrit également une petite armure de chevalier forgée à sa taille. Il n’en avait jamais vu de si petite ; le plastron étroit et le casque miniature semblaient presque grotesques. Trop épuisé pour l’essayer, il ôta sa ceinture thoracique à laquelle était attachée l'Épée des Légendes et la rangea soigneusement sur un crochet près de la cheminée, à portée de bras depuis son couchage. Puis il se changea et s’allongea dans ses couvertures, qu’on avait préalablement fait chauffer à l’aide d’une bouillotte remplie d’eau brûlante. Cette petite attention le déstabilisa : il se sentit gêné de penser que des domestiques s’affairaient en son absence pour qu’il trouve un lit chauffé et un âtre allumé. Il avait longtemps vécu parmi les servants du château et il savait le dur labeur que requièrent ces gestes invisibles.
Le jour était désormais tout à fait levé. Depuis son lit, le jeune chevalier contempla par la fenêtre la ligne dentelée de l’horizon, puis ferma les yeux. Son adoubement, qui avait eu lieu l’après-midi même, semblait remonter à plus d’un mois. Il lui paraissait absurde de penser que le bal, la découverte du cadavre d’Adelaïde d’Adeya, puis le conseil royal rassemblé en urgence dans la bibliothèque au milieu de la nuit, avaient eu lieu dans la même journée.
Éreinté, il plongea finalement dans un sommeil troublé.
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