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Un nouveau problème est apparu dernièrement : il était devenu impossible d'accéder aux pages dont le lien contient un espace.
J'en ai trouvé la raison dans une obscure discussion sur un forum perdu dans le net.
Il se trouve que la dernière mise à jour dud serveur (le logiciel, pas la machine) a intégré un changement au niveau de la sécurité (???).
Il faut maintenant ajouter un drapeau supplémentaire pour que ces liens ne soient plus rejetés.

Ça m'a pris du temps et pas mal de redémarrages (désolé pour ça) avant de trouver et de modifier les fichiers de confoguration des sites.

En principe j'ai tout modifié, mais n'hésitez pas à m'envoyer un message privé si vous en trouvez d'autres.

Merci.

 


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Legend of Zelda: Breath of the Wild

Les enfants élus Auteur: Feldspath Vue: 386
[Publiée le: 2022-12-12]    [Mise à Jour: 2023-03-20]
G  Signaler Général/Action-Aventure/Heroic Fantasy/De cape et d'épée/AmitiéPas de commentaire
Description:
Cette fanfic raconte l'enfance de Link et Zelda.

L'année de ses 10 ans, Link découvre qu'il a été choisi par les déesses pour sauver Hyrule de la résurrection du Fléau Ganon. Jusqu'alors simple apprenti soldat, l'enfant devient malgré lui l'objet de tous les espoirs du royaume et lutte pour se montrer à la hauteur de cette terrifiante responsabilité.
Lorsqu'il fait la rencontre de la princesse Zelda, son objectif se clarifie : faire ses preuves pour se montrer digne d'affronter le destin à ses côtés. Mais conquérir l'amitié de la princesse n'est pas si simple...
Les deux enfants devront affronter leurs démons et les menaces qui les guettent pour se préparer à la terrible destinée que les déesses leur ont confiée.

☀️ Un chapitre chaque lundi ! ☀️


Quelques notes avant de lire :
- Contenu sensible : pas de lemon ni de lime. Avertissement : certaines scènes de combat décrivent de la violence, des blessures et des décès.
- Si vous avez la gentillesse de laisser un commentaire, n'hésitez pas à être sincères : je serais ravie de connaître votre avis et je suis toujours ouverte aux critiques constructives !
- Je n'ai joué qu'à Breath of the Wild et à Twilight Princess, je ne suis pas experte du lore de la franchise The Legend of Zelda. Cette fanfiction s'appuie donc uniquement sur Breath of the Wild et sur quelques éléments du lore que j'ai lus sur internet. Mon histoire ne prend pas en compte les événements de Hyrule Warriors : l'ère du fléau.
Crédits:
Les personnages et l'univers appartiennent à la licence The Legend of Zelda (Nintendo)
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Chapitre 5 : apprentissages

[4903 mots]
Publié le: 2023-01-09Format imprimable  
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Link ouvrit les yeux sur un plafond inconnu. Son corps engourdi, qui avait été accoutumé à la rudesse de la paillasse qui lui servait habituellement de couchage, s'étonna du confort du matelas sur lequel il se découvrit allongé

Déboussolé, il amorça un mouvement brusque pour se redresser, mais son thorax le fit aussitôt souffrir. Grimaçant, il retomba sur le matelas. Il souffla pour chasser la douleur, puis s’assit avec plus de précautions. 

Il découvrit une pièce lumineuse que d’immenses fenêtres inondaient de soleil. Les tapis épais et les somptueuses tapisseries qui ornaient les murs portaient le blason de la famille royale ainsi que celui de l’ordre des chevaliers. Huit couchages répartis sur quatre lits superposés meublaient la pièce ; l’un d’eux était occupé par un adolescent plongé dans une lecture. Lorsqu’il aperçut Link, il ferma son livre et marmonna : 

- Oh, t’es réveillé. 

Il se leva et Link reconnut l’adolescent à la lance. Un hématome impressionnant noircissait sa tempe et gonflait la peau autour de son œil gauche. Il pouvait à peine ouvrir la paupière. Son œil droit le dévisageait avec froideur. 

- Il est réveillé ?

Une adolescente jaillit du lit sous celui de Link et s’accouda au bord de son matelas, les yeux pétillants de curiosité. L’enfant eut un mouvement de recul. 

- Bravo, tu as été impressionnant ! J’aurais bien aimé pouvoir me mesurer à toi. Ce n’est que partie remise ! 

Link la dévisagea avec surprise. Elle avait visiblement plus de quinze ans et portait une tenue d’apprentie chevaleresse

- Je suis Anya, dit-elle en pointant son propre visage. Et lui c’est Reiner. Maîtresse Bathylle nous a demandé de veiller sur toi jusqu’à ce que tu te réveilles.

- Où suis-je ? demanda-t-il d’une voix qu’il désespéra d’entendre trembler. 

- Dans notre dortoir, répondit-elle en souriant.

- Notre dortoir ? répéta Link avec stupeur.

- Le héros est long à la détente, maugréa Reiner. 

- Tu es un apprenti chevalier, maintenant, expliqua Anya. On t’a installé dans le dortoir. Maîtresse Bathylle n’a pas jugé tes blessures suffisamment graves pour t’envoyer à l’infirmerie. Elle a dit que tu as juste besoin de repos. Même si quelqu’un t’a visiblement fracturé une côte, ajouta-t-elle en fusillant Reiner du regard.

- Y’a rien de mal à blesser son adversaire au cours d’un duel, répondit-il en haussant les épaules.

- C’était un coup fourbe et pas du tout chevaleresque, s’indigna-t-elle.

- Au combat, le but c’est de vaincre. Tu seras chevaleresque quand tu te battras contre des idiots de bokoblins ? Ou quand tu devras faire face à un énorme moblin

- Ce sont des monstres, c’est pas pareil qu’un duel. 

- Ben voyons

Anya haussa les épaules et reporta son attention sur Link.

- Tu peux te lever ? On va te faire visiter. 

Link opina de la tête et descendit du lit superposé, luttant pour ne pas grimacer de douleur sous les lancements de sa côte fêlée. 

Reiner et Anya lui présentèrent le dortoir.

- Il y a huit apprentis par dortoir, expliqua Anya. Ta chambre est attribuée selon ton niveau. En général ça correspond aussi à l’âge, mais ça n’est pas ton cas. Tu vas partager ta chambre avec Reiner et les apprentis du plus haut niveau. 

Ils lui désignèrent le coffre dans lequel il pouvait ranger ses affaires. Certains autres occupants avaient tant rempli leur propre malle que le couvercle ne fermait plus. Link sentit ses joues rougir en songeant qu’il ne possédait presque rien à mettre dans la sienne. 

- Moi, je suis dans l’un des dortoirs des apprenties chevaleresses, c’est la porte juste en face de la vôtre, désigna Anya lorsqu'ils sortirent dans le couloir.

Ils l'emmenèrent ensuite dans la salle d’eau. Link fut estomaqué par le luxe de cette pièce destinée à faire sa toilette. Haute de plafond, le sol et les murs revêtus d’une magnifique pierre blanche et lisse, la salle était munie de nombreuses vasques remplies d’eau fumante. Une magnifique cheminée où crépitait un feu infusait une douce chaleur à l’air saturé de vapeur. Des miroirs étaient accrochés au-dessus des vasques et des paniers suspendus débordaient de savons colorés. Un grand bassin de plusieurs mètres de large avait été creusé au centre de la pièce ; plus d’une dizaine de personnes pouvait s’y baigner ensemble.

Lorsque Link demanda où il fallait aller faire chauffer l’eau, Reiner ricana :

- L’eau des vasques est changée plusieurs fois par jour par des domestiques. Ce n’est pas à nous de faire ça !

Link préféra cesser de poser des questions pour le reste de la visite. 

Toutes les portes du couloir donnaient sur les dortoirs des apprentis et son extrémité débouchait directement sur le sommet de l’une des murailles surplombant la cour où l’épreuve avait eu lieu. L’autre extrémité menait à une grande salle à manger où Reiner et Anya l’emmenèrent s’attabler. 

- On a raté le déjeuner à force d’attendre que tu te réveilles, grommela Reiner, j’espère qu’il reste quelque chose à se mettre sous la dent. 

Cependant, le souci de l’adolescent sembla bien vain à Link lorsqu’il aperçut la quantité de nourriture qui les attendait encore sur le buffet. Il sourit en reconnaissant quelques-uns des plates signatures de sa mère.

- Alors comme ça, c’est toi qui a retiré la Lame Purificatrice, s’exclama Anya lorsqu’ils s’attablèrent avec leurs assiettes remplies. Il y a plein d’apprentis qui sont jaloux de toi, tu sais. Tout le monde rêvait d’être l’élu Hylia. Mais vu ton talent, ce n’est pas étonnant qu’Elle t’ait choisi ! J’espère que tu m'accorderas un duel lorsque tu seras rétabli, Link. 

- Et moi, je veux ma revanche, intervint Reiner en rompant une miche de pain frais. 

- Il t’a battu alors qu’il était à bout de forces, ricana Anya en mordant à pleines dents dans un énorme morceau de venaison. T’auras aucune chance quand il sera au maximum de ses capacités. 

Reiner et Anya continuèrent à se disputer pendant l’ensemble du repas. Sourd à leurs chamailleries, Link mangea en silence, réconforté par la saveur familière des plats de sa mère.

Après le repas, ils rejoignirent le reste des apprentis chevaliers à l'entraînement. La maîtresse d’armes intima à Link de rester en observation pendant cette première session. L’enfant se demanda si elle avait pris cette décision pour lui laisser le temps de se rétablir, ou parce qu’aucun apprenti ne désirait s'entraîner avec lui après les affrontements de la matinée. 

Il resta donc sur le banc pendant l’ensemble de l’après-midi, regardant la maîtresse d’armes prodiguer ses enseignements. Il se sentit rapidement admiratif de sa technique et eut envie de s’essayer aux exercices que ses élèves pratiquaient avec maladresse. Il obéit cependant à l'ordre de rester immobile. Il remarqua qu’Anya excellait au maniement de l’épée. 

Le soir tombé, il suivit les apprentis dans le hall pour le dîner. Ne sachant où s'asseoir, il s’attabla timidement aux côtés d’Anya et de Reiner. Ces derniers l’accueillirent distraitement, trop occupés à continuer leurs querelles. Link s’en satisfit et mangea sans décrocher un mot. 

Après le repas, il fit usage de la salle d’eau avec les autres membres de sa chambre, tous âgés de quinze et seize ans, et se pressa d’aller se coucher lorsqu’ils furent de retour dans le dortoir. Quelques-uns de ses colocataires essayèrent de l’inclure dans les discussions animées et de lui poser des questions sur la Lame Purificatrice, mais ils y renoncèrent rapidement. 

Blotti dans les couvertures les plus douces et moelleuses dans lesquelles il lui ait été donné de s’étendre, Link se recroquevilla et essaya de chasser la détresse qui assaillait sa gorge et lui brûlait les yeux. 

***

Les premières semaines de sa vie d’apprenti chevalier furent éprouvantes. Le rythme de vie de l’école de chevalerie s’avéra bien plus strict que celui de l’école militaire, car davantage de disciplines y étaient enseignées. Link n’avait pas imaginé qu’être chevalier requérait tant d’aptitudes : à l'entraînement au maniement des armes s’ajoutaient des enseignements de stratégie militaire, des leçons d’équitation, ainsi que des cours d’érudition. 

L’enfant se passionna très vite pour les entraînements aux armes pendant lesquels Bathylle enseignait des techniques bien plus complexes que celles qu’il avait pu pratiquer à l’école militaire. Il aimait particulièrement les exercices d’escrime. Il prenait beaucoup de plaisir à apprendre de nouvelles parades et de nouveaux coups et s’y montra prodigieusement doué. En contrepartie, il sentit qu’aucun apprenti n’appréciait être son binôme pendant les cours. Même Anya, pourtant bienveillante à son égard, fut refroidie lorsqu’il la vainquit en combat singulier. Le duel fut pourtant rude et Link reconnut qu’elle méritait son statut d’épéiste la plus talentueuse de l’école de chevalerie. Cependant, il comprit que sa victoire signifiait qu’il lui en avait ravi le titre, et elle fut bien moins encline à être appairée à lui par la suite. 

En revanche, les enseignements martiaux théoriques lui opposèrent plus de résistance. La stratégie militaire lui parut d’abord insondable, car il n’avait jamais envisagé le combat comme quelque chose que l’on pouvait pratiquer assis dans une bibliothèque et penché sur une carte. La première fois qu’il entendit Bathylle poser des questions et vit les apprentis proposer des réponses en plaçant des figurines en bois sur une immense maquette représentant des plaines et des montagnes, il resta muet d’incompréhension. Lorsque la maîtresse d’armes l’interrogea, il regarda la maquette et les figurines avec perplexité. Son mutisme et son air embarrassé provoquèrent quelques rires. Bathylle soupira :

- Je vois. Il faut reprendre les bases. Reste avec moi après la leçon. 

Il s’exécuta et patienta jusqu’à la fin du cours, endurant quelques messes-basses moqueuses et tout à fait audibles. Il vit Anya lui adresser un clin d'œil encourageant puis frapper discrètement l’arrière du crâne d’un enfant médisant. 

Lorsque les apprentis eurent finalement quitté la vaste bibliothèque pour aller déjeuner, Bathylle ferma la porte et rejoignit son jeune élève. 

- Comme tu peux le constater, cette maquette représente le territoire d’Hyrule. Es-tu familier avec la géographie du royaume ?

Honteux, Link secoua négativement la tête. La maîtresse d’arme ne laissa pas paraître de signe d’impatience. 

- Tu dois absolument connaitre la géographie d’Hyrule sur le bout des doigts si tu veux devenir un bon tacticien. Regarde, là, c’est le château, expliqua-t-elle en posant l'index sur la sculpture d’une forteresse au centre de la maquette. C’est là où nous nous trouvons actuellement. Et ici, ce sont les Monts Géminés, dit-elle en désignant une montagne fendue en deux au sud-est de la maquette du château. Tu peux les apercevoir par la fenêtre de la bibliothèque, si tu te penches un peu. Va regarder. 

Perplexe, Link alla jusqu’à la fenêtre, l’ouvrit et se pencha. Il aperçut la silhouette familière de la montagne, à l’horizon de l’immense plaine au-delà de la citadelle qui encerclait le château. Mais à une telle distance, il ne remarqua pas qu’elle était fendue.

Lorsqu’il revint devant la maquette, il inspecta cette dernière avec attention. Les Monts Géminés se trouvaient très loin à l’horizon ; pourtant, sur la carte, beaucoup de territoires s’étendaient au-delà. Comprenant un peu mieux ce qu’il regardait, il fut soudain époustouflé.

- C’est… c’est immense ! ne put-il s’empêcher de s’exclamer. 

- Eh oui, Hyrule est un vaste royaume. Si tu trouves que les Monts Géminés sont lointains, qu’en est-il de la région d’Akkala, tout à l’est ? Ou du désert où vit le peuple Gerudo

Elle lui désigna les territoires au fur et à mesure qu’elle les nommait. Link fut pris de vertige devant la démesure représentée par cette maquette de deux mètres de large. 

- D’où viens-tu, Link ? demanda Bathylle. Tu es né au château ? 

- Non, répondit Link, je suis né à Emilith. Mais je ne m’en souviens pas vraiment. 

- Oh, Emilith. C’est un très beau village d’agriculteurs, très paisible. Regarde, c’est ici. 

Elle posa le doigt sur la petite sculpture d’un village niché tout à l’est de la carte, légèrement au sud par rapport à la position château. 

- Il faut environ une semaine pour s’y rendre à cheval, expliqua-t-elle. Un peu moins d’un mois à pied, pour des marcheurs aguerris. Tu as dû passer entre les Monts Géminés pour venir au château, mais tu étais peut-être trop jeune pour t’en rappeler. 

Tandis que Bathylle traçait du doigt le chemin entre Emilith et la citadelle, l’émerveillement gonflait dans le cœur de Link. Le monde était si vaste ! Il fut saisi du désir d’explorer toutes les contrées figurant sur la carte. Il demanda à Bathylle de lui nommer plusieurs régions. Elle se prêta au jeu quelques minutes, puis l’interrompit : 

- Je suis contente de voir que la géographie du royaume t’intéresse, mais je ne vais pas tout te nommer maintenant. Tu vas devoir l’apprendre par cœur, par toi-même. Tu peux emporter une carte avec toi pour l’étudier quand tu as le temps. Tu peux aussi venir consulter cette maquette quand tu le désires. 

Elle prit ensuite le temps de lui expliquer la fonction des figurines. Chacune d’entre elles représentait une troupe d’un certain type d’armée et d’un certain nombre. 

- Cette figurine de cheval représente cinq chevaliers. Celle-ci représente vingt soldats, et celle-là vingt archers. Ce sont nos forces armées. Ici, tu as les figurines de monstres. Tu vois, celle-ci représente une troupe de dix bokoblins, celle-ci de cinq moblins. Et celle-là indique la présence d’un Lynel

Link contempla la figurine musculeuse de cette créature à corps équin, torse d’homme et visage à mi-chemin entre l’humain et le fauve. 

- Un seul Lynel ? demanda-t-il en saisissant la petite sculpture.

- Crois-moi, une seule de ces créatures nécessite autant de forces armées qu’une centaine de bokoblins

Elle lui montra comment disposer les figurines sur la maquette et la signification des placements. Elle lui proposa ensuite un exercice de débutant : 

- Imaginons qu’un groupe de vingt bokoblins ait établi un camp ici. En général, on compte un soldat pour affronter un bokoblin, et un chevalier pour en combattre cinq. Mais ici, tu peux constater que les monstres se sont installés en haut d’une colline. Ils ont donc une excellente vue sur les environs et cribleront nos armées de flèches avant qu’elles ne puissent atteindre le campement. Tu peux donc déployer davantage de forces militaires pour en venir à bout, mais dans ce cas tu sacrifies des vies hyliennes. Vois-tu un autre moyen de placer les forces armées pour qu’elles atteignent ces monstres sans subir de pertes ? 

Link regarda la maquette attentivement. La solution lui parut évidente :

- Il y a une forêt sur ce côté de la colline. Si les troupes contournent la colline et s’y cachent, elles pourront approcher les bokoblins sans se faire repérer. Non ? 

Il plaça quatre chevaliers dans la forêt sur le flanc de la colline. Bathylle sourit :

- Oui, c’est ça. Je vois que tu as compris le principe. 

La maîtresse d’armes rangea les figurines dans leur boîte.

- Cet exercice était très basique. La plupart des problèmes de stratégie militaire impliquent plusieurs groupes de monstres répartis à divers endroits de la carte, certains avec un placement approximatif, et un nombre limité et souvent insuffisant d’armées à envoyer. Il faut aussi compter le temps de déplacement des troupes ; si tu ordonnes à tes soldats de contourner la montagne de Lanelle pour qu’ils ne soient pas repérés, mais que ça laisse largement aux monstres le temps de ravager le village d’Emilith, c’est une mauvaise décision. Il faut savoir tirer parti des caractéristiques du terrain, connaître les points forts et les points faibles de tes troupes, prendre des décisions d’urgence, et savoir faire des sacrifices.

Bathylle choisit dans la bibliothèque un ouvrage épais et une carte en papier. Elle les donna à Link.

- Voici une carte d’Hyrule, tu dois l’apprendre par cœur. Ceci est un manuel théorique sur les bases de l’art de la guerre. Étudie-le attentivement. Si tu as besoin d’aide, n’hésite pas à solliciter Reiner, c’est mon meilleur élément dans cette discipline. Maintenant, dépêche-toi d’aller manger, ou tu n’auras rien dans le ventre pour ta première leçon d’équitation. 

Link rangea les documents dans sa sacoche, remercia la maîtresse d’armes et prit congé. Encore émerveillé par ses découvertes sur la géographie d’Hyrule, il se hâta d’aller déjeuner et rejoignit le reste des élèves à l’écurie.

Il découvrit que la plupart des apprentis chevaliers possédaient déjà leur propre monture, ou utilisaient celle de leur famille. Link vit Anya sortir d’un box un cheval trapu à la robe pommelée, et Reiner mener à la longe un magnifique cheval alezan. L’éleveur et dresseur officiel du château confia des chevaux d'entraînement aux quelques apprentis dépourvus. Lorsque Link vit le maitre d’écurie se diriger vers lui avec une énorme bête au pelage bai, il entrouvrit la bouche, impressionné de se retrouver face à un cheval pour la première fois. 

- Vous êtes l’envoyé d’Hylia, n’est-ce pas ? demanda l’éleveur en s’inclinant profondément. Cette jeune jument est l’une de nos montures les plus prometteuses. J’espère qu’elle répondra à vos attentes pendant votre formation. 

Il tendit la longe à Link et ce dernier s’en saisit sans savoir qu’en faire. 

- Les élèves qui savent déjà chevaucher me suivent hors du château, cria Bathylle montée sur une énorme bête palomino. Nous allons nous entraîner au tir et au combat à l’épée dans la plaine. Quant aux autres, vous restez avec le maître d’écurie et suivez ses enseignements. 

Sans attendre, la maîtresse d’armes quitta l’écurie au trot, suivie par la majorité de ses élèves. Seuls les apprentis les plus jeunes restèrent dans la cour ; Link découvrit qu’il était le plus âgé à ne pas savoir chevaucher, et que ses cadets avaient bien plus d’expérience que lui. Les jeunes élèves menaient leur animal dans la cour de l’écurie, certains montaient déjà en selle. 

Link leva les yeux vers le cheval qu’on lui avait confié, la main crispée sur la longe. La bête l’observait de ses yeux noirs et brillants, sa queue blanche fouettait l’air. Il essaya d’imiter les autres apprentis, mais lorsqu’il voulut tirer sur la longe, l’animal s’ébroua brusquement. L’enfant sursauta et n’osa plus bouger. 

- C’est votre première fois en compagnie d’un cheval ? demanda le maître d’écurie en s’approchant.

Link hocha la tête avec embarras. Tous les autres apprentis se trouvaient désormais dans la cour de l’écurie et commençaient les exercices. Il était le seul à ne pas avoir avancé.

- Votre monture doit avoir confiance en vous, il faut donc la rassurer fréquemment. Si vous avez peur, elle sera craintive aussi. Pour être rassurant, il faut d’abord avoir confiance en soi-même. 

Tout en parlant, le maître d’écurie frotta l’encolure de la jument avec familiarité. Elle se laissa faire et secoua doucement la tête. L’assurance de son professeur rassura l’enfant, qui tendit la main et la posa timidement sur le museau. Très impressionné de toucher un cheval pour la première fois, il sourit en sentant la douceur de son poil, le souffle chaud et humide qui émanait de ses naseaux. Elle baissa un peu la tête et il put remonter les doigts le long de la ligne blanche qui marquait son front.

- Comment s’appelle-t-elle ? demanda Link sans quitter des yeux le regard de la jument.

- Epona

- Epona, répéta-t-il en caressant l’immense tête du bout des doigts.

- Elle est très jeune, elle a beaucoup à apprendre. Vous vous formerez ensemble. Pour cette première session, il vaut mieux que vous fassiez connaissance. Menez-la à la longe et faites-lui effectuer des exercices simples. N’essayez pas encore de la monter. 

Cette fois, lorsque Link tira sur la longe, la jument accepta d’avancer. 

L’équitation devint rapidement sa leçon favorite. 

*** 

- Et encore, l’Histoire du royaume, ça peut être intéressant. Mais là, ils nous font apprendre le nom des membres de la famille royale et des grandes familles de la cour sur huit générations !

- Quel enfer, acquiesça Neven d’un air compatissant en mordant dans une énorme part de gâteaux aux fruits. 

- Je m’améliore en stratégie militaire et j’ai finalement pu monter Epona… mais les cours d’érudition, je n’arrive pas à m’y faire, continua Link en mâchant sa propre pâtisserie. 

Neven rit et lui asséna un coup de poing dans l’épaule. 

- Ça y est, tu regrettes la formation de soldat ? Là au moins, t’avais juste besoin de savoir taper sur les autres. 

- J’ai pas vraiment choisi de devenir apprenti chevalier, grommela Link en frottant son bras endolori. 

- Arrête, tu en rêvais autant que nous tous, ricana Neven en postillonnant des miettes. Combien de fois on a parié sur celui de nous deux qui serait adoubé en premier ? 

- Par faits d’armes, oui, soupira Link. Mais je n’ai jamais imaginé devenir apprenti. 

Je n’ai jamais imaginé devenir l’élu d’Hylia, ajouta-t-il mentalement en fronçant les sourcils. 

- Tu dors dans des draps de soie, tu manges les meilleurs plats à volonté, des domestiques viennent chauffer l’eau de ton bain… de quoi tu te plains ? 

Elle lui désigna le sac débordant de gâteaux qu’il avait ramené du buffet dinatoire de l’école de chevalerie. Link haussa les épaules et leva les yeux vers le ciel étoilé. Neven et lui se donnaient régulièrement rendez-vous sur le toit de l’école militaire à la tombée du soir. Link préférait la compagnie de son amie, dont la présence autrefois quotidienne lui manquait, aux discussions graveleuses des adolescents de son dortoir. 

- C’est juste… beaucoup de changements d’un coup, finit-il par soupirer. 

- Je vois ça. C’est nouveau, cette tenue de péteux ? 

Link baissa les yeux sur lui-même. Il portait l’habit officiel des apprentis chevaliers. Le roi en personne lui avait fait fournir cette tenue que sa mère ne pouvait pas lui payer. Il sourit et raconta à Neven ses convocations chez le tailleur officiel de la cour. 

- Mais c’est idiot, s’exclama-t-elle, pourquoi est-ce que les nobles font coudre sur mesure des vêtements dans des tissus hors de prix, si c’est pour les abimer en s’entrainant ? Quitte à se prendre des coups et à suer, autant porter une tunique simple et un pantalon en toile qu’on se fiche de déchirer. 

- J’ai pensé la même chose, sourit Link. Mais la maîtresse d’armes m’a expliqué que porter cet habit sert surtout à montrer mon appartenance future à l’ordre des chevaliers. Depuis que je la porte au quotidien, je me fais moins remarquer parmi tous ces nobles… Et puis elle est super confortable. 

Neven tâta le tissu de la manche entre ses doigts couverts de sucre, acquiesça d’un air expert, puis recommença à se goinfrer. Lorsqu'il ne resta dans le sac qu’une poignée de miettes, elle poussa un bruyant soupir de contentement et s’allongea sur les tuiles. Link l’imita et ils observèrent en silence la lune et les étoiles. 

- Ils ne t’ont toujours pas rendu la Lame Purificatrice ? demanda finalement Neven à voix basse.

- Non. J’imagine qu’ils ne me la rendront pas avant que je sois adoubé. 

- Je rêve, pesta-t-elle. Ils n’ont pas le droit de te confisquer ce que la Déesse elle-même t’a confié !

Link resta muet. Une partie de lui-même vibrait d’impatience de s’essayer à manier l’Epée légendaire. Mais une autre partie de lui, insidieusement enfouie dans son ventre, redoutait de s’en saisir à nouveau. 

Il serra les dents en repensant au jour où il avait posé les mains sur son pommeau ailé. La peur glaçante de périr avait rapidement été balayée par une sensation enivrante de puissance. La lame avait scintillé et un léger mouvement suffit à la désolidariser du socle dans lequel elle reposait depuis des millénaires. Il frissonna en repensant au pouvoir grisant qu’il avait senti déferler en lui, à toute la violence qu’il y avait découverte nichée… 

- Eh, Link.

Il détacha son regard des étoiles pour tourner le visage vers Neven. Il fut surpris de lui découvrir une expression grave. 

- Une fois soldate, je ferai tout pour être adoubée et je viendrai t’aider à botter le cul du fléau. Je te laisserai pas seul dans cette merde. Tu peux compter sur moi. 

Link sourit doucement et posa son poing contre celui que Neven avait solennellement dressé devant lui. 

***

Un matin, la maîtresse d’armes fit apporter une immense caisse en bois dans la cour d'entraînement. Plusieurs soldats furent nécessaires pour la porter. Intrigués, les élèves jetaient des regards inquiets à cette boîte démesurée dont émanaient des grognements étouffés. 

- Le cours d’aujourd’hui est un peu différent de d’habitude, avertit Bathylle en balayant ses élèves d’un regard dur. Je vais demander à tous les apprentis de moins de quinze ans de quitter la cour et d’observer la session depuis le haut des murailles. Je ne veux que les élèves bientôt adoubés sur le terrain. 

Les jeunes élèves s'exécutèrent. A contrecœur, Link suivit le mouvement, mais la maîtresse d’armes le rappela :

- Sauf toi, Link.

Surpris, il acquiesça et reprit place dans la cour.

- Comme vous le savez, les monstres pullulent sur nos terres, reprit Bathylle. Plus le retour du fléau approche, plus ces horreurs sont nombreuses. Les chevaliers et chevaleresses d’Hyrule sont régulièrement envoyées à travers tout le royaume pour abattre ces créatures et protéger le peuple de leurs assauts. 

Elle frappa la caisse du plat de sa main. De violents coups et des cris monstrueux lui répondirent depuis l’intérieur, faisant trembler les parois de bois. 

- J’ai demandé qu’on capture des bokoblins afin que vous ayez un aperçu de ce qui vous attend lorsque vous serez adoubés. Oubliez vos duels courtois entre chevaliers et chevaleresses ; un combat contre un monstre est un combat à mort. 

Elle jaugea ses élèves du regard. Link vit du coin de l'œil Reiner se mordre la lèvre. 

- Les bokoblins sont des créatures stupides. Ce sont les monstres les moins dangereux que vous pourrez rencontrer, mais ne baissez pas votre garde pour autant. Dans la nature, ils tirent leur force de leur nombre. Le combat ici ne sera qu’un aperçu de ce qui vous attend. 

Elle marqua une pause.

- Vous devez abattre ces monstres. Pas de pitié. Munissez-vous de vraies armes puis fermez toutes les issues de la cour. 

Les apprentis s’exécutèrent. Link s’arma d’une épée courte et d’un bouclier léger. Il se plaça aux côtés d’Anya qui avait choisi un équipement similaire au sien. Elle lui adressa un hochement de tête encourageant puis fixa un regard attentif sur la caisse secouée. Link se sentait étrangement calme. Il remarqua le visage livide de Reiner dont les phalanges blanchissaient autour du manche de sa lance. La peur marquait plusieurs visages, mais Reiner semblait craindre cet exercice plus que quiconque. 

Lorsque toutes les issues furent bouclées, Bathylle balaya ses recrues d’un regard grave, et posa sa main sur le verrou de la caisse :

- N’oubliez pas mes enseignements. Si vous vous sentez dépassés, appelez-moi, je viendrai abattre ces monstres. Bien. Prêts ? 

Quelques apprentis acquiescèrent et la maîtresse d’armes fit sauter le loquet de la boîte. Le pan s’ouvrit, répandant une odeur pestilentielle, et six monstres rouges jaillirent dans la cour. Ces créatures bipèdes possédaient un corps anthropomorphe difforme, voûté et bedonnant. Leur tête disproportionnée, couronnée d’une petite corne, avait d’immenses oreilles et un large groin de porc, ainsi qu’une grande bouche ouverte en rictus. Simplement vêtus d’un pagne en peau de bête, les six bokoblins brandirent leurs gourdins et se précipitèrent vers les premiers apprentis sur lesquels leurs petits yeux furieux se posèrent. Les combats s’engagèrent.

Link se plaça en retrait et évalua la situation. Les six bokoblins, bien qu’hargneux et violents, ne pouvaient pas faire le poids face à la quinzaine d’apprentis restés dans la cour. Mais l’hésitation des élèves, qui devaient ôter une vie pour la première fois, compliquait le combat. Lui-même n’avait jamais utilisé une véritable arme contre un autre être vivant : les entraînements avec des épées en métal se pratiquaient toujours sur des mannequins, tandis que seules les armes en bois étaient autorisées pour les duels entre apprentis. Link se demanda quelle serait la sensation de sa lame pénétrant la chair, et il frissonna.

Cependant, les paroles de Bathylle résonnaient dans sa tête : Oubliez vos duels courtois entre chevaliers et chevaleresses ; un combat contre un monstre est un combat à mort. Fronçant les sourcils, il affermit sa poigne sur le pommeau de son épée et musela sa réticence. Puis il se jeta sur un bokoblin qui faisait face à trois apprentis hésitants, et frappa. 

Sa lame buta d’abord sur la peau dure du monstre, puis cette dernière céda et l’épée s’enfonça dans sa chair avec une facilité déconcertante. Du sang jaillit et le bokoblin hurla de douleur. Link poussa un cri et déplaça son épée dans le corps de la créature jusqu’à toucher un point vital. Le monstre poussa un râle étranglé et s’effondra. Sans réfléchir, Link se précipita sur le suivant, lui trancha la gorge, puis pourfendit le troisième. Il para le coup de gourdin que le quatrième essaya de lui asséner, et profita de cette ouverture pour lui transpercer le ventre. Les deux derniers, en voyant leurs semblables se faire massacrer, hurlèrent de rage et se précipitèrent de concert sur lui. Link évita sans peine les coups imprécis de leurs gourdins et effectua une attaque circulaire qui blessa les deux créatures. Exalté, il s’apprêtait à asséner le coup de grâce, lorsqu'un espadon trancha la tête des deux monstres à sa place. 

Link s’immobilisa brutalement en voyant le corps décapité des bokoblins s’effondrer devant lui. Perplexe, il leva les yeux et discerna à nouveau la cour d’entrainement. L’assemblée des apprentis le dévisageait avec des yeux écarquillés. Bathylle elle-même, baissant son espadon sanguinolent, le fixait d’un regard insondable. 

Link baissa son arme et essuya d’un revers de manche son visage qu’il découvrit maculé de sang.

 

Commentaire de l'auteur

Merci d'avoir lu le chapitre 5 ! J'ai beaucoup aimé l'écrire, j'espère qu'il vous a plu :)

A lundi prochain (16/02/2022) pour le chapitre 6 !
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