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Coup de cœur

Hasard...

- Mais c'est les soldes !

Loki s'arrêta brusquement et envisagea dans la micro seconde un repli vers son bureau. Sa curiosité l'emportant malgré tout, il avança légèrement la tête et jeta un œil prudent dans le salon. La provenance du cri était sans appel : l'agent Barton. Loki tourna la tête un moment pour regarder le vide devant lui. Clint Barton faisait une scène dans la tour, quelle surprise.

L'archer se tenait au beau milieu de piles bien alignées de diverses boîtes. Loki en avisa quelques unes estampillées par des logos de boulangerie et une envie de donuts s'éveilla en lui.

- Ça a commencé avec les smoothies, pourquoi est-ce qu'ils font des soldes sur les smoothies Natasha ? Et ça s'étend à tous les produits.

- Comme tous les ans, Clint. C'est le principe de la période des soldes.

- On vit dans une boucle ! s'horrifia l'archer en levant les bras au ciel. Pourquoi tout le monde fait comme si c'était normal ?

Boucle... Cercle... Donut... Loki secoua la tête et se concentra.

- Les soldes, murmura-t-il pour lui même en se remettant hors de la vue des mortels pour sortir son Stark phone.

Une brève recherche plus tard, il repartait vers son bureau, téléphone collé à l'oreille. Il passait la porte de ce dernier quand sa nouvelle recrue décrocha.

- J'ai un autre travail vous savez, soupira Matt. Vous ne pouvez pas m'appeler à n'importe quelle heure.

- Des soldes, attaqua Loki sans préambule.

- Des soldes ?

- Il faut qu'on fasse des soldes.

Matt se pinça l'arête du nez et prit un instant pour s'éloigner de ses clients qui attendaient le début de leur audience avec un sourire d'excuse. Il profita de ces quelques pas pour sortir de son rôle d'avocat afin de répondre au dieu ; hors de portée, il reprit la discussion.

- Pourquoi ? On a des stocks à écouler ? Une nouvelle gamme qui arrive ?

- Non je gère très bien mes stocks, répondit fièrement Loki. Nous n'avons jamais eu de rupture ni de quantité excessive.

Matt haussa les sourcils.

- Félicitations ?

- Merci. Pour en revenir aux soldes, j'ai vu que ça augmentait les ventes.

- Probablement. Un petit pourcentage de réduction peut attirer de nouveaux clients sans campagne publicitaire excessive. Comme la prise en charge des frais de livraisons sur une période limitée. Avec les commandes internet ça marche bien ce genre d'opération.

- Les frais de livraisons ? répéta pensivement le Jotun en s'installant dans son fauteuil. Tu es aussi notre comptable, tu devrais savoir qu'ils sont inexistants.

- Je n'ai pas encore pu rattraper tout le bazar sans queue ni tête que vous aviez stocké au feeling, se justifia l'avocat.

Entre les papiers qui concernaient véritablement l'entreprise et devaient être conservés, les factures d'essence ou de restaurants et les pertes astronomiques du compte de la boîte labellisées « belotte » (il fallait qu'il se penche sur la question très sérieusement il ne comprenait pas.) la paperasse administrative s'entassait continuellement, dans un désordre aberrant.

- Attends, on ne paie aucun frais de livraison ? Ce n'est pas possible.

- Un... arrangement avec les services concernés, éluda Loki en posant ses talons sur son bureau. Et pour les soldes ?

- Je vais voir ce que je peux faire, soupira Matt avec un soupçon de défaitisme.

Loki raccrocha aussitôt, tout ragaillardi. Ce qui lui fallait avec des soldes, c'était un bon coup de pub !

- Ah ! Pousse-toi le chat !

L'animal qui faisait gentiment sa toilette sur le clavier de l'ordinateur fut houspillé jusqu'à ce que fuite s'en suive. Pour se venger, il partir roder dans la Tour à la recherche de documents confidentiels qu'il pourrait chirurgicalement rendre illisibles à coups de griffes. Les dossiers cartonnés illustrés par de grands mots en capitales rouges étaient plus agréables à ses coussinets.

Laissant son chat à ses histoires machiavéliques, Loki élabora son plan d'attaque. Après une petite heure, il envoya une notification de réunion à ses chers subalternes. Le show pouvait commencer.

- Loki ?

Le concerné leva le nez de son ordinateur. Pepper. Pepper et sa fille.

- Tu peux surveiller Morgan un instant s'il te plaît ? Clint a visiblement profité des soldes pour acheter des j-o-u-e-t-s et il faut que j'aille faire le tri avant que quelqu'un ne s'en aperçoive.

Le dieu soupira, baissa les yeux vers l'enfant et fit un sourire maladroit.

- D'accord. Mais pas pour longtemps.

- Merci beaucoup tu me simplifies la vie ! Sois sage ma chérie, maman reviens vite.

L'enfant sur les genoux, Loki reprit sa préparation diabolique. Néanmoins, la situation peu pratique nécessitait un léger changement pour éviter qu'il ne soit ralenti dans un élan créatif destructeur. Morgan tendait trop souvent les mains pour lui subtiliser des stylos qu'elle laissait tomber par terre dès qu'un autre attirait son attention, le tout en babillant joyeusement.

Il n'y avait pas mille solutions possibles. Loki souleva l'enfant et partit dans la Tour à la recherche du harnais. Il accéléra le pas en apercevant Clint au détour d'un couloir. Assit en tailleur au pied d'un mur, il discutait avec Fury. Le Fury canin. Celui qui était censé rester dans le hall et ne pas aller dans les étages. Stark allait être ra-vi.

Pepper ne revenant pas et Loki devant assumer ses responsabilités de patron, il lança sa réunion comme prévu, Morgan en pleine sieste harnachée sur le torse. L'enchanteresse trouva la scène effroyablement niaise et fit une capture d'écran qu'elle sauvegarda précieusement.

Le dieu se tenait sur le côté de son tableau blanc, un feutre à la main. Face à lui sur son écran, les visages ennuyés de personnes forcées de répondre à ses réunions vidéos. Dormammu, fort de son expérience en SAV avait passé un cap dans la maîtrise de la technologie et jouait discrètement sur un site de belotte en ligne sur le second moniteur de son ordinateur. Il espérait chaudement que personne ne remarquerait les étranges coups d'œil un peu trop fréquent. Heureusement pour lui, bien trop ennuyés et pas si intéressés que ça par la réunion, ses collèges (enfin surtout l'enchanteresse) regardait juste la caméra de Loki et ne lui prêtait aucune attention. Il était sauf. Après un rapide récapitulatif des ventes de la semaine écoulée, il était temps d'attaquer le vrai point du jour. Le dieu avait l'enthousiasme d'un enfant.

- Maintenant, imaginez une sorte de maison, dit-il en traçant une forme qu'on pouvait imaginer cubique.

Morgan aurait probablement pu dessiner la même chose si elle avait été réveillée. Le Jotun n'avait pas besoin de s'attarder sur des images bien illustrées pour expliquer la situation à son équipe alors pourquoi perdre du temps ? Une forme vaguement appropriée et il pouvait enchaîner. Enfin il pourrait enchaîner si ses employés ne l'interrompaient pas en permanence pour des questions futiles.

- Pourquoi une maison ? demanda très justement l'avocat. Je ne vois pas le lien avec ce qu'on vend.

- Chut, pas important. Et cette maison a des pattes, des grandes pattes, des énormes pattes de... de crocodile ! J'adore ces bestioles.

- Oh ! s'exclama l'enchanteresse, comme Baba Yaga !

- Baba... Yaga ?

- Une sorcière dans une histoire midgardienne.

- Un conte russe, précisa Murdock.

- Jamais entendu parler.

- Elle a une maison, ou peut-être plus une cabane, ça se passe dans les bois il me semble... Enfin cette maison a des pattes de poulets pour rattraper les victimes qui voudraient s'échapper.

- Et dire que certaines personnes me trouvent cruel, marmonna Dormammu dans son coin.

- Des pattes de poulet ? C'est ridicule. Ça sera bien plus classe avec des pattes de crocodile.

- Et je crois qu'on dit aussi que ses fils sont des serpents, précisa Amora.

Loki se redressa vivement.

- C'est totalement hors propos ! Recentrons nous sur mon idée. Avec une maison à pattes. Ce qui n'a. Jamais. Été fait.

- Comme tu veux boss.

Celui-ci s'éclaircit la gorge et tapota le côté de son tableau avec le bouchon de son feutre.

- Cette maison va se balader dans New York, peut-être même plus loin après la phase de test, pour lancer des publicités un peu partout.

- Lancer ?

- Oui. Quelqu'un à la fenêtre j'imagine. Il y a bien des étudiants qui cherchent des solutions pour payer leurs études dans cette ville. Ou un ventilateur placé derrière une pile de feuilles, c'est un détail.

- Un détail qui a son importance, dit Amora. Un ventilateur ça s'achète et on en fait ce qu'on veut. Un étudiant par contre, ça va faire de la paperasse.

Ce dernier mot fit tiquer l'avocat qui en profita pour prendre la parole.

- J'ai un mauvais pressentiment.

- Il va falloir arrêter les interventions défaitistes ça ne va pas du tout avec l'ambiance de la boîte. L'idée est géniale, qu'est-ce qu'il pourrait bien arriver de grave ?

Sur l'écran, les employés de Loki firent silence de longues secondes. Et — Loki en avait tristement l'habitude maintenant — les propositions fusèrent :

- La maison se rebelle et échappe complètement à notre contrôle ?

- Elle tue des centaines de gens sous ses pattes de crocodile géantes ?

- Quelqu'un remplace nos publicités par des prospectus pour de la livraison de nourriture à domicile ?

- On nous colle un procès pour plagiat ou contrefaçon ?

- Je dois rappeler la possibilité de pertes humaines ?

- La véritable Baba Yaga débarque à New York ?

- Mais elle n'existe pas, dit Matt. C'est un conte.

Un nouveau silence se fit.

- Dis... Tu sais quand même qui est ton employeur ? Qui est Dormammu ? Qui je suis, moi ?

L'avocat pencha légèrement la tête sur le côté.

- Exact, reconnu-t-il. Ce point reste envisageable. Donc, on a déjà parlé des possibles morts par centaines. On peut ajouter des dommages collatéraux colossaux. Quoi d'autre...

- Après le drame, qui va forcément arriver, on apprend que c'est notre idée ?

- Les Avengers la font exploser ?

Loki resta un instant sans voix. Ses employés étaient toujours bien plus loquaces quand il s'agissait de détruire ses idées. Il allait procéder à des retenues sur salaire s'ils continuaient.

-Vous exagérez. Ça n'a aucune chance d'arriver. On lance ça la semaine prochaine.

•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•

04:27, l'écran du téléphone d'Amora s'alluma sur le dessin d'un serpent et sa sonnerie retentit dans sa chambre.

- Mais il était en silencieux, gémit-elle en décrochant à tâtons.

- J'ai eu une idée brillante ! Encore plus que d'habitude !

Amora se frotta les yeux et éloigna l'appareil de son oreille.

- Je t'écoute, marmonna-t-elle pour mettre le plus vite possible fin à son supplice.

- Plus de maisons !

- ... Quoi ?

- Il nous faut plus de maisons, une c'est bien, mais deux c'est mieux et trois encore mieux ! Alors imagine qu'on prenne...

- Ouais super on en parle demain, bailla Amora en raccrochant.

Elle mit aussitôt le téléphone en mode avion et retourna à sa nuit.

Loki resta à fixer son portable, un air royalement outré collé au visage. Il allait de ce pas lui rendre visite et lui expliquer ce qu'il pensait de ses manières au téléphone quand il tomba sur le nouveau nom dans ses contacts. Il se reprit et appela son nouveau meilleur ami. Une fois. Il tapota son bureau du bout des ongles. Deux fois. Son pied tressailli. La troisième fois, après deux interminables sonneries, Matt Murdock décrocha enfin, la respiration lourde.

- Quoi ? Je suis occupé.

- Qu'est-ce qui peut être plus important que ma super idée ?

Daredevil serra et desserra les doigts autour de sa matraque, résistant à l'envie de répondre que les trois criminels pour l'instant inconscients qui gisaient à ses pieds l'étaient très certainement. Il regretta d'avoir pris son téléphone mais il avait prévue une distraction rapide et quoi de mieux qu'une sonnerie impromptue pour cela ? Il essuya son nez ensanglanté avec le dos de sa main armée et renifla.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Attends tu ne dors pas ? Je croyais que vous dormiez la nuit vous autres.

- ... J'ai des... Obligations.

- D'accord, dit Loki qui ne s'intéressait pas à ce point à la vie de ses employés. Mon idée c'est de mettre plus de maisons.

Matt donna un coup de matraque dans le tibia d'un des hommes qui venait de reprendre connaissance et essayait de s'éloigner en rampant au sol et tendit l'oreille. Il n'y avait que trois battements de cœur autour de lui, tout était encore sous contrôle.

- Tu veux plus de maisons ?

- C'est ça.

- Tu m'as vraiment appelé pour ça ?

- C'est toi qui gère le budget je dois te tenir au courant, se justifia Loki.

L'autre soupira dans son téléphone.

- Je vois ça plus tard.

Loki raccrocha, satisfait. Un problème de moins. Son regard glissa sur la tasse de café qui trainait près de sa main. Plus précisément sur le dessous de verre sous la tasse. Loki poussa cette dernière et récupéra sa carte du SHIELD. Il la fit passer entre ses doigts avec une moue songeuse. Puis, il fronça les sourcils et l'approcha de son visage. Des empreintes de dents en déformaient un angle. Il baissa les yeux sur le chat qui ronronnait innocemment, lové sur un tas de feuilles.

- Hum…

Il tapota le haut du crâne de l'animal avec deux doigts en cogitant de plus belle.

•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•

Une courte semaine plus tard, Loki avait donné rendez-vous à Amora dans un quartier résidentiel. Les deux furent les premiers à voir une maison à pattes. La première création se leva lentement, elle trébucha et s'accoutuma à l'équilibre fragile entre ses deux pattes.

- Pourquoi deux pattes ? demanda Amora, bras croisés. Quatre auraient été plus stables.

Loki lâcha un bruit de réflexion et tourna la tête vers une seconde maison. Il haussa les épaules.

- Va pour quatre pattes.

Ignorant la première maison qui partait en louvoyant vers le centre, Loki fit apparaître quatre gigantesques pattes de crocodile.

- Mieux ? fit-il en fronçant les sourcils.

- En fait non... C'est tout aussi bizarre. Mais qui sait, elle pourrait aller plus vite ?

Non. Absolument pas. Elle écrasait juste plus de voitures à chaque pas. Les pattes supplémentaires n'avaient rien ajoutées à ses performances.

- On s'arrête là ?

Loki approuva. Deux maisons pour la phase de test, des dizaines pour le grand jour.

•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•

Les newyorkais avaient malheureusement l'habitude de se réveiller pour découvrir la ville envahie par des aliens, leurs voitures aux vitres explosées — dégâts collatéraux d'une course poursuite endiablée — ou purement et simplement réduites en miettes. Parfois, un pan de mur de leur immeuble ou une portion de route avait été arraché pour servir de munitions à Hulk. En de plus rares occasions, une armure vide venait leur tendre un chèque, maigre consolation monétaire offerte par Stark Industries. Pourtant, chaque matin, ils ressentaient une terrible appréhension en sortant de chez eux ; résidu du mince espoir qu'ils entretenaient encore. La journée commencerait-elle normalement ? Et quand ce n'était pas le cas, quel était le degré d'impossibilité de l'événement qui se déroulait sous leurs yeux ?

En cette belle matinée, le taux de probabilité de l'événement qui allait détruire trois quartiers de la ville était si faible qu'il en était presque égal à zéro ; et pourtant...

Le goudron des routes était enfoncé étrangement, donnant l'impression qu'une... Patte de crocodile géante s'y était appuyée. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'était l'explication donnée par les médias. Et on ne remettait jamais en cause les informations passées à la télévision. En dehors de ça, la journée semblait normale. Les Avengers s'étaient défoulés pendant la nuit et n'avaient pas encore fait leur ménage, ça arrivait. Puis, une série de cris monta brusquement à l'extrémité d'une avenue et se répandit dans la foule.

Une maison flottait dans les airs, au milieu d'une brume étrange. Un second toit apparu derrière alors qu'une patte écailleuse titanesque s'extirpait du brouillard pour écraser un bus.

Un cri de victoire étouffé monta du public humain. L'homme à l'origine du bruit s'attira des regards outrés de ses voisins. Oser célébrer l'énième destruction de la ville en public ? Franchement...

- Pardon c'est... Ma voiture est juste à côté, je viens de faire changer le pare-brise et elle n'a pas été...

La deuxième maison s'avança et une puis deux pattes passèrent sur la voiture, la transformant assurément en une étrange crêpe métallique. Dans un lourd silence, les visages qui avaient suivit la destruction se tournèrent pour pouvoir observer la douloureuse réalisation du propriétaire. Il fondit en larmes.

Plus haut, loin des préoccupations de franchise et d'assurance, Steve agrippa une main sur le haut d'un des fauteuils du Quinjet et porta l'autre à son oreille.

- Pardon Tony, tu peux répéter ?

- Une maison avec des pattes de crocodile, captain.

Le soldat grimaça légèrement. Non, ça ne faisait pas plus sens la seconde fois.

- Tu vois, il y a forcément eu un moment dans la... création de cette chose où quelqu'un s'est dit « je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ça va mal tourner.» Et ce qu'on peut retenir de cette histoire, c'est que cette personne n'a pas été écoutée. Et c'est bien dommage parce qu'elle avait raison.

- Merci pour cette analyse Clint. Maintenant est-ce que tu peux ouvrir la trappe pour qu'on saute ?

- Oh oui bien sûr.

- C'est bien gentil de sauter mais je ne vois toujours pas comment on va pouvoir les arrêter...

- On coupe les pattes ?

- On improvisera une fois qu'elles seront loin des civils.

•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•

Matt grogna et replia les côtés de son coussin pour protéger ses oreilles du bruit incessant des sonneries de téléphone. Il entendit quand même les pas de Foggy quand il quitta son fauteuil.

- Ça va ?

- Nan, grogna-t-il en fermant les yeux. Fais-moi penser à acheter des bouchons d'oreilles Foggy.

- Ça fait des mois que tu le dis.

- J'étais occupé.

- Tu es toujours occupé Matt. Prends une aspirine et réponds au téléphone s'il te plaît on ne va pas s'en sortir sinon.

Un téléphone sonna de nouveau et Matt lâcha un bruit de souffrance. Foggy décrocha.

- Cabinet Nelson & Murdock, Nelson j'écoute.

- Il me faut absolument une relecture de mon contrat d'assurance.

L'avocat haussa les sourcils, les gens n'avaient plus aucun savoir vivre.

- Bonjour, reprit-il. Je peux savoir pour quoi ?

- Comment ? Mais vous n'êtes pas au courant de ces choses qui détruisent la ville ?

- Évidemment que je suis au courant, nous recevons beaucoup d'appels à ce sujet mais il est toujours possible qu'on nous contacte pour autre chose.

- Très bien. Moi c'est pour ce problème.

Matt grogna et appuya un peu plus le coussin. Foggy baissa légèrement la voix.

- Oui bien sûr.

- Mon assurance me couvre pour les dégâts des Avengers mais on m'a refusé une indemnité, il me faut...

- Une relecture oui. Je comprends mais les dégâts d'aujourd'hui ne sont pas tous causés par les Avengers.

- Mais mon assurance...

- J'entends bien ce que vous me dites...

- Je suis couvert !

- Monsieur s'il vous plaît. Écoutez-moi. Si votre assurance couvre les dégâts Avengers c'est très bien pour vous mais seulement si on confirme que c'est de leur fait.

- Si ce n'était pas les Avengers, qui pourrait faire ça à notre ville ?

- Mais comment voulez-vous que je le sache ? Je suis avocat pas enquêteur.

- Alors personne ne sait d'où vient cette maison aux pattes de poulet ?

- Non, non ça c'était dans le conte, aujourd'hui c'était des pattes de crocodile.

Matt entendit l'interlocuteur de Foggy s'effondrer.

- ... Je veux quitter cette ville. On n'est pas en Floride ici, pourquoi j'aurais besoin d'une assurance anti crocodile ?

- Je... je comprends oui. Je suis désolé je ne pensais pas non plus mettre ça dans un contrat un jour. Je vais prendre votre nom et je vous recontacte dès qu'on a l'identité du coupable pour relire votre contrat et voir ce qu'on peut faire.

Foggy termina son appel et retourna vers Matt.

- Alors...

- J'ai entendu toute la conversation c'est bon. Encore un...

- C'est le... (Foggy regarda une feuille en poussant un soupir.) Quarante huitième.

- Tu te souviens de la période où on cherchait désespérément des clients ? Ça me manque.

- Tu veux qu'on retourne dans les rappels de la banque et des impôts ?

Matt se redressa en délaissant son coussin.

-Tu sais ce que je veux dire.

- Est-ce que tu sais à qui on doit tout ça ?

Matt tourna la tête vers son ami.

- C'est possible.

- Évidemment...

- Hé ! Pas cette fois ! J'ai été contacté pour surveiller quelqu'un.

- Contacté ? Par qui ?

- Techniquement par Docteur Strange.

- Docteur... Le docteur Strange ?

-Oui Foggy. Le docteur Strange.

- Je pensais que tu ne te mêlais pas des histoires des Avengers ?

- Strange n'est pas un Avengers. Il m'a contacté en tant que fondateur des Défenseurs. Tu sais, mon équipe...?

Foggy le fixa en fronçant les sourcils.

- Combien d'équipes de super-héros se battent dans notre ville ?

Matt plissa les yeux derrière ses lunettes en entendant une alarme dans leur rue.

- Franchement Foggy je n'en sais rien. Beaucoup ?

Puis il tourna la tête vers la porte et celle de Foggy plongea vers l'avant.

- Pitié non…

- Un client, conclut Matt avant qu'une silhouette ne se découpe à travers la porte vitrée.

•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•°•

Loki croisa les bras, devant la télévision. La superbe idée de publicité avait mal tournée. Qui aurait pu le prévoir ? Il se gratta la nuque et remit son oreillette en place.

- C'est un créatif qu'il nous manque dans cette boîte...

- C'est hors de question, répondit Matt, implacable, dans son oreille.

- Je vais prendre le poste dans ce cas.

- Je vais trouver quelqu'un, coupa l'autre. Ça sera mieux pour tout le monde. Laisse-moi juste quelques semaines, ta publicité me donne beaucoup de travail.

Magnanime, Loki accepta. Puis il raccrocha, et décida que c'était le moment parfait pour aller voir ce que représentait ce « beaucoup de travail ».

Matt s'immobilisa brusquement alors qu'il allait sauter d'un toit. Un cœur battait dans son dos. Un cœur qui n'était pas là une seconde plus tôt. Quelqu'un qui n'était pas arrivé en marchant, comme un humain normal. Il inspira lentement par le nez. Evidemment.

- ... Loki ?

Intrigué, le dieu pencha la tête sur le côté alors que Daredevil lui faisait face.

- Tu m'as reconnu facilement.

- L'odeur.

- On ne s'était jamais rencontré avant, lui rappela le Jotun.

- Non mais j'ai eu la chance de souvent passer derrière tes destructions dans la ville. L'odeur de ta magie est facilement identifiable.

- L'odeur de... Ma magie laisse une odeur ?!

- Pour moi en tout cas. Et, crois-moi, l'odeur reste sur toi.

Loki regarda ses vêtements avec une moue dégoûtée. Voilà une information qui allait le suivre toute sa vie. Daredevil retourna à sa contemplation sonore de la ville.

- Qu'est-ce que tu fais là Loki ? En général tu restes dans Manhattan.

- Je te cherchais mais il y a plus important. Tu es quoi ? Un justicier aveugle ? C'est original.

- C'est secret surtout.

- Secret ? Tu ne fais pas comme la bande de Stark ?

- Être un Avengers ? N'importe quoi. Contrairement à eux j'aime le côté secret de mon identité secrète.

- J'ai aisément deviné que tu étais le diable. Ça donne l'impression d'être très facile pour tout le monde.

- Et je préfère rester loin de Stark, poursuivit Matt en faisant mine de n'avoir rien entendu.

Loki hocha la tête. Ça, il pouvait comprendre. Matt leva une main pour pointer un index dans sa direction.

- Si tu me cherchais pour me demander si je peux aussi être le « créatif » de ta boîte, c'est non. Et si c'est pour me demander si j'ai trouvé quelqu'un, c'est également non. Maintenant si...

Il tourna brusquement la tête vers la droite et l'inclina rapidement de droite à gauche.

- Il faut que j'y aille.

Et il s'élança vers le vide. Loki mit les mains dans ses poches et baissa les yeux sur ses chaussures volantes. C'était l'heure de suivre un peu les occupations de ses employés.