G10 : Congés pour une archéologue.

 

Odile Knowing boudait. Cette jeune archéologue et membre du DSAR était en congé forcé. D’ordinaire, n’importe qui aurait hurlé de joie de prendre des vacances mais pas elle. La raison, les découvertes qu’elle allait manquer dans les temples Xel’Nagas. Mathio l’avait recrutée dans des circonstances assez… particulières. Malgré ce recrutement un peu forcé, elle s’était vite accommodée à son nouveau travail. Tout un monde inconnu qui s’était ouvert à elle. Même dans ses rêves les plus fous, elle n’aurait pas imaginé faire autant de découvertes. Seulement, c’était un bourreau du travail et sa santé en pâtissait tellement qu’on l’obligea à se reposer.

C’était pourquoi le leader de la Team Rocket lui avait imposée deux semaines de repos. Le climat d’Alola était propice à des vacances. C’était donc d’humeur massacrante qu’Odile quitta Alola Rocket. Afin qu’elle ne travaille pas, on avait enfermé son PC dans un coffre-fort et fermé l’accès à son bureau. Pour son premier jour, Odile allait voir un membre de sa famille qui s’avéra se trouver dans la même région qu’elle. Il s’agissait de…

-Luna ! Comment tu vas ?!

-ça va, répondit la pharmacienne. Tu aurais pu envoyer plus de lettres à la famille.

-Mon contrat comporte une clause de confidentialité. Je ne peux pas raconter ce que je fais.

-Attendez, s’étonna Soleil qui était là, vous êtes de la même famille ?

-Nous sommes cousines, expliqua Luna.

-Et c’est qui lui, demanda Odile. Ton petit copain ?

Luna afficha une tête de dégout. Soleil, son petit ami ? Aucune chance ! Au mieux, elle le voyait comme un ami. Odile dut rapidement abandonner son envie de charrier sa cousine qui n’avait que faire des sentiments amoureux.

-C’est moi ou on est suivi, remarqua le coursier en observant quatre personnes qui les suivaient au loin.

-C’est certainement une escouade Rocket chargée de veiller sur ma sécurité, devina Odile. Il faut croire que le Boss s’inquiète sur mon sort.

-Tu fais quoi pour que ta sécurité soit menacée, demanda Luna inquiète.

-De l’archéologie, répondit Odile. Et non, je ne dirais pas de quoi il en retourne. Je n’ai pas envie de finir au fond de l’océan les pieds dans du béton. Mathio déteste les traitres et il leur fait payer cher.

La pharmacienne se mordit les lèvres.  Elle ne cachait pas son désir de savoir ce que faisait sa cousine. Seulement, les représailles de Mathio semblaient être assez inquiétantes pour se taire. Après tout, en quoi des fouilles archéologiques pouvaient être importantes pour le leader de la Team Rocket. Pourquoi cachait-il tout ce qui touchait à ces recherches ? Malheureusement, Odile n’était pas encline à parler et partit pour profiter d’Alola. Autant dire qu’il y avait matière à se divertir dans cette région.

-Ah que c’est bon les vacances, dit Odile qui se relaxait à la plage en bronzant. J’avais complètement oublié le bien que ça faisait.

-Tu as toujours été une travailleuse acharnée, lui fit remarquer Luna. Je peux voir des traces de surmenage.

-Et tu n’as pas idée des interventions musclées pour m’obliger à me reposer.

-C’est moi ou l’excentricité est de famille, demanda Soleil.

-Quoi ?! Je me trouve plus saine d’esprit qu’Odile, s’écria Luna.

-Soleil, Luna est-elle toujours accro au poison ?

-Elle possède des pokémons de type Poison, ça compte ?

Odile soupira devant cette révélation. Pour elle, ça n’aurait été qu’une question de temps avant que ça n’arrive. Soudain, un éclair de lucidité frappa l’esprit de l’archéologue qui avait remarqué quelque chose. Elle connaissait bien sa cousine et aurait dû le voir immédiatement.

-Soleil, ça te dirait d’en savoir plus sur Luna, proposa Odile.

-C’est vrai qu’elle ne parle pas beaucoup d’elle, se rappela Soleil. Là, je suis curieux.

Luna voulut faire taire sa cousine mais un Alakazam l’immobilisa. Visiblement, on tenait à raconter cette histoire.

-Tu dois t’en douter, Luna est issue d’une famille de chercheurs, commença Odile. De mon côté, j’étais tournée vers l’archéologie via mon père. Vois-tu, Luna est une prodige et son génie est si grand qu’elle a eu son doctorat à six ans.

-Sérieux, s’écria Soleil surpris. Ça ne s’obtient pas après des années d’étude ?

-Effectivement. Comme je l’ai dit, Luna est un génie et possède un talent qui fait honneur à la famille. Seulement, et tu l’as vu de tes propres yeux, elle a un très grand intérêt pour les pokémons de type poison. Elle a donc étudié le sujet et a commencé à créer des toxiques. A cause de cette lubie, elle avait reçu le charmant surnom de Mademoiselle Poison. Seulement, une enfant de six ans n’avait pas assez de recul sur les conséquences de ses actions. J’en veux pour preuve la fois où elle a fait fondre une salle de laboratoire avec un poison de sa création. Ou encore la fois où elle avait tenté une expérience pour changer le type des pokémons en type poison.

Soleil trembla d’effroi. Luna, cette charmante fille avec une gout assez prononcé pour le type poison venait s’avérer encore plus dangereuse. Si elle le voulait, elle pourrait le tuer de façon assez sordide. 

-Ce dernier incident avait eu au moins le mérite de lui apprendre les dangers du poison, continua Odile. Elle s’est empoisonnée elle-même par manque de prudence. Résultat, elle s’est mise à étudier les anti-poisons et les antidotes l’amenant à s’intéresser au domaine pharmaceutique. Crois-moi, ce fut un grand soulagement pour la famille qu’elle soit devenue pharmacienne. C’est sans surprise qu’elle obtint son diplôme à l’âge de dix ans.

-Pas faux, admit Soleil. Douée comme elle est, ce n’était pas impossible pour elle.

-Je n’ai pas besoin d’entendre toute mon histoire, s’écria Luna qui rougissait.

-Qui as-tu empoisonné, demanda soudainement et sérieusement sa cousine.

-Hein, s’étonna Luna.

-Je te connais, expliqua Odile. Les rares fois où tu sors de ton laboratoire, c’est pour voir la famille, assister à des évènements importants ou bien aller sur le terrain pour récolter des ingrédients. J’opte pour la troisième option. De plus, tu adores le climat froid de notre bonne vieille Sinnoh.

Le visage de la pharmacienne se figea de terreur. Le pire, c’était qu’elle avait vu juste. Il était inutile de nier les faits. Odile n’était pas facile à duper. En quelques instants, elle eut la vérité qu’elle attendait : le Tiplouf qu’on lui avait confié comme assistant était empoisonné. Seulement, un centre pokémon n’aurait pas été en mesure de soigner le pokémon. Profitant d’une livraison pour le professeur Euphorbe, elle était venue à Alola pour les ingrédients qui lui faisaient défaut.

-Par Arceus, soupira Odile, tu as encore recommencé. Tu savais que les poisons sont dangereux. Malgré ça, tu en as créé d’autres.

-C’est juste par expérimentation personnelle. Et puis, je conçois les antidotes.

-Tu sais ce que tu es en train de créer ? Des armes. Le poison est une arme mortelle. Je sais que tu n’as pas de mauvaises intentions mais dès que tes petites créations quitteront le cadre du laboratoire, qui sait ce qui pourrait passer avec. Tu peux être certaine que ce ne sera pas pour de nobles causes.

Luna ne disait rien. Dans un sens, elle admettait que sa cousine avait raison. Avec son talent, créer un poison capable de détruire le monde serait de l’ordre du possible. Heureusement, sa famille l’arrêterait à temps.

-Vous êtes un peu sévère, dit Soleil.

-Un peu que je dois l’être, s’exclama Odile qui gardait son calme. Déjà que la laisser manipuler des substances dangereuses à son âge est irresponsable. C’est une mauvaise manie des grandes familles de Sinnoh. Malheureusement, elle n’est pas près de disparaitre aussi longtemps que de grands talents verront le jour.

-Tu nageais déjà dans l’archéologie à mon âge, lâcha Luna.

-Mais je n’étais pas complètement plongée dedans, se défendit l’archéologue. Père me montrait ses découvertes et me raconter leur histoire. J’apprenais les ficelles du métier dans le foyer familial. J’ai mis les pieds sur le terrain dès que j’ai eu seize ans. Ensuite, j’ai pu mettre en pratique ce que j’ai appris. Ce que j’essaie de dire, c’est que tu joues avec le poison. Sans mauvais jeu de mots. Jusqu’à maintenant, personne n’est mort mais un jour viendra où ça se produira. Quand ça arrivera, tu peux être certaine qu’il y aura de sérieuses conséquences.

L’avertissement avait tout d’une sérieuse menace et Luna l’avait bien sentie. Comme n’importe quel humain, elle craignait la mort mais elle ne s’était pas confrontée à la chose. Quant à Odile, elle avait été témoin des horreurs commis par les ennemis de Mathio. Elle savait donc qu’il existait des gens qui utilisaient la science à des fins immorales. Voir sa chère cousine étudier les poisons par hobby la dérangeait mais le pire était encore à venir.

Alors qu’ils quittaient la plage, une large limousine noire s’arrêta devant eux et la vitre arrière s’ouvrit. Un homme âgé de plus de quarante ans se montre et dit :

-Je vous dépose quelque part ?